Giorgi Mikadze au Duc des Lombards
Ce soir le Géorgien l’a prouvé : il est l’un des nouveaux noms majeurs du piano jazz, et son trio l’un des plus excitants depuis quelques années.
Giorgi Mikadze est un homme d’expérience, mais la carrière dans le jazz de cet ex enfant prodige, formé à l’école classique en Géorgie au début des années 1990, est encore jeune. Ce soir, c’était d’ailleurs son tout premier concert (jazz précise-t-il) en France, pour célébrer la sortie chez PeeWee Records (label français, c’est une longue et belle histoire) de son deuxième album sous son nom, celui qui va le faire connaître dans la jazzosphère. « Face To Face » a valu à Giorgi Mikadze une Révélation ! Jazz Magazine dans notre n°767.
Dans son trio, on retrouve deux figures du jazz francophone : le contrebassiste François Moutin et l’étoile montante de la batterie, Raphaël Pannier, rencontré lors de leurs études à la Berklee School of Music de Boston.
Toutes les qualités de son disque prennent une ampleur plus grande encore : d’abord ces thèmes inhabituels (beaucoup empruntés à des compositeurs géorgiens) et la façon dont le pianiste les a arrangés pour le trio. Ils confèrent à la formation cette couleur très originale, avec un côté air populaire, des échos de la tradition classique russe comme de celle du piano jazz. Mais aussi une cohésion de groupe rare, le bassiste et le batteur, toujours discursifs, enrichissant autant que soutenant le style virevoltant, spectaculaire mais pas démonstratif, de Giorgi Mikadze. Tout ce qui fait un bon trio de piano est là (beaucoup de nuances, beaucoup d’attention prêtée à l’autre) mais jamais on a l’impression d’entendre celui de quelqu’un d’autre, et c’est assez peu banal pour le souligner.
Si les chiffres ne sont pas toujours de bons indicateurs pour prédire l’avenir de quelqu’un, ces deux sets à guichets fermés pour le premier concert français de ce trio ne présage que du bon, tandis que déjà la personnalité et le jeu du pianiste, qui ne font qu’un, annoncent une détermination qui devrait constituer un excellent point de départ pour la suite de ses aventures. La nouvelle génération du piano jazz, dont voici un personnage d’une indéniable originalité, promet décidément beaucoup.