Jad Salameh et son trio retournent le Sunside
Une introduction introspective, toute en arpèges doux et cristallins installe dans une salle pourtant chauffée à blanc le plus solennel des silence, avant que ne se déchaîne la tornade de textures de Rebound. D’emblée, ces deux extrêmes annoncent toutes les nuances que le trio a exploré au cours de son set, et le récit peut commencer : “We Lunatics Run The Asylum”, le nouvel album de Jad Salameh, en gestation depuis 2017, avait déjà des allures d’histoire aux tournures tantôt épiques ou mélancoliques, mais hier soir, l’histoire était plus prenante et intense que jamais.
Souvent optimiste et lumineuse, empreinte de poésie, c’est une musique d’où peut à tout moment surgir une sombreur, une inquiétude poignantes, le trio sont parvenu à sublimer, chacune des propositions du bassiste Arthur Henn et Kevin Lucchetti approfondissant plus encore le propos de cet album en forme d’état des lieux de la situation de l’Humanité à notre époque, le leader témoignant en même temps de la richesse de son imaginaire et de la maîtrise instrumentale (toucher, nuances, intensité) indispensable à sa pleine expression.
C’est l’une des premières fois que ce trio se produit dans ce genre de contexte mais Jad Salameh, Arthur Henn et Kevin Lucchetti ont déjà fait la démonstration d’une complicité comme peu de formations parviennent à en développer, et leur avenir s’annonce radieux. Ces trois-là sont à suivre de près, et ils ne tarderont pas à revenir, notamment à Paris cet été. Yazid Kouloughli