Jazz à Coutances : "Brasser un public plus jeune"
Trois questions à Gérard “Gégé“ Collet, membre emblématique de la commission de programmation du festival Jazz Sous Les Pommiers depuis la toute première édition. Passionné de jazz, il joue le rôle d“’interface”avec les musiciens français qu’il côtoie à Paris.
- Quels ont été les moments forts du festival cette année ?
Je joue de la clarinette… et cette année a vu énormément de clarinettistes se produire. Le concert qui m’a le plus marqué est celui d’Anat Cohen accompagné du Trio Basileiro. C’était magique, magnifique. Anat Cohen joue avec une fluidité et harmonie très sensibles. On sent qu’elle ne fait pas d’efforts, elle est toujours juste sur l’accord. C’est virtuose sans être démonstratif. Je pense aussi à Gianluigi Trovesi, un grand copain, déjà venu à quatre ou cinq reprises. La dernière fois, c’était il y a dix ans. Je garde le souvenir d’une de ses créations à Coutances, l’un de ses meilleurs concerts, avec un trio baroque, un trio classique et enfin, un trio jazz. À la fin de ce concert le public était très ému et chantait le thème du dernier morceau. C’était magique. Je l’ai revu en concert par la suite, dans un autre cadre, mais ça n’avait pas la même saveur. Quelque chose de particulier s’était vraiment créé à Coutances. Et c’est souvent le cas quand il s’agit des créations.
Quel bilan général peut-on tirer quant à cette 36ème édition ?
Il est difficile de jauger tous les paramètres qui permettent le bon déroulement du festival. Mais ce que je peux dire c’est qu’au démarrage, 18 000 billets ont été vendus le premier jour. Et puis, le soleil… Les gens ont le sourire quand ils font la queue pour les concerts. Et ça change tout. Le public est plus affable et plus réceptif. Quand tu es organisateur, que ça fait longtemps que tu es là, tu croises plus facilement les regards. Un petit sourire par-là, et ça veut dire beaucoup de choses. L’année dernière, Denis Le Bas parlait déjà d’un très beau millésime. Là, avec 96% d’affluence, c’est encore mieux. C’est fou ! Peu de concerts n’étaient pas complets. On ne peut pas rêver mieux. Qui plus est, la famille des acteurs s’agrandit : médias, programmateurs, etc. De plus en plus de gens s’intéressent au festival. On note une véritable progression à ce niveau-là. Quant aux bénévoles, tout le monde s’emploie, encore une fois, à accueillir avec chaleur et faire en sorte que tout se déroule dans les meilleures conditions.
Qui auriez-vous envie de voir l’an prochain à Coutances ?
Aujourd’hui, je suis plutôt tourné vers les nouveaux musiciens, les nouveaux courants, vers ceux qui pourraient rajeunir le public du festival. On court après Trombone Shorty depuis des années par exemple… Je pense aussi à Kamasi Washington ou à Thundercat. Ce sont des musiciens qui ont trouvé une façon de mélanger les genres donc permettre de brasser un public transgénérationnel. Coutances a eu son lot de stars. Et la plupart de ces stars vieillissent… Il est temps de se tourner vers la jeune garde de plus en plus innovante. En France, on a aussi un noyau de musiciens qui commencent à raconter de nouvelles choses. Je pense notamment à Theo Ceccaldi, Madeleine & Salomon, Thomas de Pourquery ou Sandra Nkaké. Ces gens-là ont emmagasiné énormément d’influences qu’ils digèrent en faisant autre chose que du jazz pur et simple. C’est cela qui nous permettra de retrouver un public plus jeune et encore plus curieux. On a amorcé cela avec Paul Lay, Sylvain Rifflet, Anne Paceo ou encore Fidel Fourneyron cette année.
Propos recueillis par Katia Touré |Trois questions à Gérard “Gégé“ Collet, membre emblématique de la commission de programmation du festival Jazz Sous Les Pommiers depuis la toute première édition. Passionné de jazz, il joue le rôle d“’interface”avec les musiciens français qu’il côtoie à Paris.
- Quels ont été les moments forts du festival cette année ?
Je joue de la clarinette… et cette année a vu énormément de clarinettistes se produire. Le concert qui m’a le plus marqué est celui d’Anat Cohen accompagné du Trio Basileiro. C’était magique, magnifique. Anat Cohen joue avec une fluidité et harmonie très sensibles. On sent qu’elle ne fait pas d’efforts, elle est toujours juste sur l’accord. C’est virtuose sans être démonstratif. Je pense aussi à Gianluigi Trovesi, un grand copain, déjà venu à quatre ou cinq reprises. La dernière fois, c’était il y a dix ans. Je garde le souvenir d’une de ses créations à Coutances, l’un de ses meilleurs concerts, avec un trio baroque, un trio classique et enfin, un trio jazz. À la fin de ce concert le public était très ému et chantait le thème du dernier morceau. C’était magique. Je l’ai revu en concert par la suite, dans un autre cadre, mais ça n’avait pas la même saveur. Quelque chose de particulier s’était vraiment créé à Coutances. Et c’est souvent le cas quand il s’agit des créations.
Quel bilan général peut-on tirer quant à cette 36ème édition ?
Il est difficile de jauger tous les paramètres qui permettent le bon déroulement du festival. Mais ce que je peux dire c’est qu’au démarrage, 18 000 billets ont été vendus le premier jour. Et puis, le soleil… Les gens ont le sourire quand ils font la queue pour les concerts. Et ça change tout. Le public est plus affable et plus réceptif. Quand tu es organisateur, que ça fait longtemps que tu es là, tu croises plus facilement les regards. Un petit sourire par-là, et ça veut dire beaucoup de choses. L’année dernière, Denis Le Bas parlait déjà d’un très beau millésime. Là, avec 96% d’affluence, c’est encore mieux. C’est fou ! Peu de concerts n’étaient pas complets. On ne peut pas rêver mieux. Qui plus est, la famille des acteurs s’agrandit : médias, programmateurs, etc. De plus en plus de gens s’intéressent au festival. On note une véritable progression à ce niveau-là. Quant aux bénévoles, tout le monde s’emploie, encore une fois, à accueillir avec chaleur et faire en sorte que tout se déroule dans les meilleures conditions.
Qui auriez-vous envie de voir l’an prochain à Coutances ?
Aujourd’hui, je suis plutôt tourné vers les nouveaux musiciens, les nouveaux courants, vers ceux qui pourraient rajeunir le public du festival. On court après Trombone Shorty depuis des années par exemple… Je pense aussi à Kamasi Washington ou à Thundercat. Ce sont des musiciens qui ont trouvé une façon de mélanger les genres donc permettre de brasser un public transgénérationnel. Coutances a eu son lot de stars. Et la plupart de ces stars vieillissent… Il est temps de se tourner vers la jeune garde de plus en plus innovante. En France, on a aussi un noyau de musiciens qui commencent à raconter de nouvelles choses. Je pense notamment à Theo Ceccaldi, Madeleine & Salomon, Thomas de Pourquery ou Sandra Nkaké. Ces gens-là ont emmagasiné énormément d’influences qu’ils digèrent en faisant autre chose que du jazz pur et simple. C’est cela qui nous permettra de retrouver un public plus jeune et encore plus curieux. On a amorcé cela avec Paul Lay, Sylvain Rifflet, Anne Paceo ou encore Fidel Fourneyron cette année.
Propos recueillis par Katia Touré