Jazz à Juan. Cordes sensibles
Plus d’un demi-siècle d’existence et une magie intacte. La pinède Gould compte, certes, quelques arbres en moins qu’à son âge d’or, dans les années 60. Mais énumérer tous les grands qui se sont produits, au fil des ans, sur cette scène, équivaudrait à égrener le Gotha du jazz. D’Ellington à Coltrane qui y joua son Love Supreme, d’Ella qui y dialogua avec une cigale jusqu’à Rollins et Jarrett, sans compter Marcus Miller, autant de musiciens, entre bien d’autres, qui ont laissé ici leur empreinte indélébile. C’est dire le défi à relever pour rester à ce niveau.
La soirée du 16 juillet laisse bien augurer de la suite. Les cordes y sont à l’honneur, dans tous leurs états : cordes de guitare, de violon, de contrebasse. Sans oublier, bien sûr, les cordes vocales.
Johnny Gallagher & the Boxtie Band
Johnny Gallagher (g, voc), James Gallagher (b), Pauric Gallagher (p), Sean O’Reilly (dm).
L’Irlandais Johnny Gallagher, stature de géant, barbe de prophète, ouvre les débats, entouré de ses deux frères jumeaux et d’un batteur puissant. Du rock mâtiné de blues servi par une voix expressive et une technique instrumentale digne d’un véritable guitar hero. Un répertoire où les compositions originales alternent avec des morceaux empruntés à Elvis (Falling In Love With You), à Jimi Hendrix et autres Pink Floyd, comme s’il s’agissait d’inscrire une réelle originalité dans un contexte bien connu. Avec cela, un dynamisme explosif, une présence scénique propre à galvaniser aussi bien ses partenaires que le public. Ce qui se fait de mieux dans le genre. D’autant que, loin de se cantonner dans un registre paroxystique, il sait alterner moments de calme, voire de douceur, et une frénésie fort convaincante.
Trio Ponty-Lagrène-Eastwood
Jean-Luc Ponty (vln), Biréli Lagrène (g), Kyle Eastwood (b).
La deuxième partie offre une ambiance fort différente. Elle s’ouvre sur un Blue Train qui annonce d’emblée la couleur – si l’on ose dire. Loin de la juxtaposition d’individualités à laquelle on aurait pu s’attendre, nous avons là un véritable trio. A savoir que nul ne songe à tirer la couverture à soi, mais que chacun y pratique l’écoute active et converse sur un pied d’égalité avec ses partenaires. Particularité remarquable, la contrebasse y est traitée comme un instrument soliste à part entière, la fonction rythmique étant tour à tour assurée par les membres du groupe.
Cela ne va pas sans réserver de bonnes surprises, et d’abord la capacité de chacun à se plier à une manière de discipline qui éloigne toute tentation de virtuosité gratuite. On connaissait les qualités d’improvisateurs de Ponty et de Lagrène. Leur brio. Leur capacité à imprimer leur marque, quesl que soient le morceau et le contexte. Elles sont ici manifestes. Jamais le violoniste n’avait fait preuve d’un tel lyrisme, d’une telle cohérence dans le discours. Quant à Biréli, outre qu’il assure un soutien rythmique constant et nourri de swing, chacune de ses interventions porte la marque de son inventivité. Le contrebassiste participe pleinement de l’entreprise, avec une relative discrétion – mais induite sans doute par l’instrument lui-même. L’équilibre du trio s’en trouve, du reste, renforcé.
Quant au répertoire, s’il fait une place aux standards (Mercy, Mercy, Mercy, plaisamment arrangé), il intègre nombre de compositions originales. On en retient en particulier Andalucia de Kyle Eastwood, un thème qui permet à chacun de se mettre en valeur. Ainsi l’association peu courante du violon, de la guitare et de la contrebasse s’est révélée particulièrement fructueuse et passionnante de bout en bout. Il faut dire qu’elle était servie par des musiciens sortant eux-mêmes de l’ordinaire.
Buddy Guy
Né en 1936, le Louisianais Buddy Guy est l’une des derniers représentants de ces blues shouters qui présidèrent au renouveau électrifié d’un genre dont les adeptes sont encore nombreux. Jimi Hendrix le portait au pinacle, et aussi Eric Clapton. A juste titre. Sa voix aux inflexions typiquement bluesy et aussi son jeu délié et plein de fantaisie, comme en témoigne son dernier album « Born To Play Guitar », le situent parmi les plus grands. Il manifeste, du reste, le même souci que Johnny Gallagher de revendiquer sa place dans une lignée dont il cite et fait applaudir les chefs de file, Muddy Waters, John Lee Hooker et B.B. King. L’accompagne un quartette homogène dont je n’ai pu, en dépit d’efforts répétés, obtenir la composition. Tout ce que je peux en dire, c’est que le pianiste se montre à la hauteur de son leader et prend quelques soli fort bien venus.
Pour en venir à Buddy Guy lui-même, s’il maîtrise à merveille son art, il possède aussi toutes les roueries de la scène. Si bien qu’il se révèle showman accompli. Petit tour dans la foule restée dense en dépit de l’heure tardive, acrobaties instrumentales, distribution de médiators à des fans au bord de l’extase pressés au pied de la scène, autant de facéties longuement rodées et toujours efficaces. Bref, un final en apothéose pour une soirée qui constituait la véritable ouverture de cette cinquante-septième édition.
Jacques Aboucaya|Plus d’un demi-siècle d’existence et une magie intacte. La pinède Gould compte, certes, quelques arbres en moins qu’à son âge d’or, dans les années 60. Mais énumérer tous les grands qui se sont produits, au fil des ans, sur cette scène, équivaudrait à égrener le Gotha du jazz. D’Ellington à Coltrane qui y joua son Love Supreme, d’Ella qui y dialogua avec une cigale jusqu’à Rollins et Jarrett, sans compter Marcus Miller, autant de musiciens, entre bien d’autres, qui ont laissé ici leur empreinte indélébile. C’est dire le défi à relever pour rester à ce niveau.
La soirée du 16 juillet laisse bien augurer de la suite. Les cordes y sont à l’honneur, dans tous leurs états : cordes de guitare, de violon, de contrebasse. Sans oublier, bien sûr, les cordes vocales.
Johnny Gallagher & the Boxtie Band
Johnny Gallagher (g, voc), James Gallagher (b), Pauric Gallagher (p), Sean O’Reilly (dm).
L’Irlandais Johnny Gallagher, stature de géant, barbe de prophète, ouvre les débats, entouré de ses deux frères jumeaux et d’un batteur puissant. Du rock mâtiné de blues servi par une voix expressive et une technique instrumentale digne d’un véritable guitar hero. Un répertoire où les compositions originales alternent avec des morceaux empruntés à Elvis (Falling In Love With You), à Jimi Hendrix et autres Pink Floyd, comme s’il s’agissait d’inscrire une réelle originalité dans un contexte bien connu. Avec cela, un dynamisme explosif, une présence scénique propre à galvaniser aussi bien ses partenaires que le public. Ce qui se fait de mieux dans le genre. D’autant que, loin de se cantonner dans un registre paroxystique, il sait alterner moments de calme, voire de douceur, et une frénésie fort convaincante.
Trio Ponty-Lagrène-Eastwood
Jean-Luc Ponty (vln), Biréli Lagrène (g), Kyle Eastwood (b).
La deuxième partie offre une ambiance fort différente. Elle s’ouvre sur un Blue Train qui annonce d’emblée la couleur – si l’on ose dire. Loin de la juxtaposition d’individualités à laquelle on aurait pu s’attendre, nous avons là un véritable trio. A savoir que nul ne songe à tirer la couverture à soi, mais que chacun y pratique l’écoute active et converse sur un pied d’égalité avec ses partenaires. Particularité remarquable, la contrebasse y est traitée comme un instrument soliste à part entière, la fonction rythmique étant tour à tour assurée par les membres du groupe.
Cela ne va pas sans réserver de bonnes surprises, et d’abord la capacité de chacun à se plier à une manière de discipline qui éloigne toute tentation de virtuosité gratuite. On connaissait les qualités d’improvisateurs de Ponty et de Lagrène. Leur brio. Leur capacité à imprimer leur marque, quesl que soient le morceau et le contexte. Elles sont ici manifestes. Jamais le violoniste n’avait fait preuve d’un tel lyrisme, d’une telle cohérence dans le discours. Quant à Biréli, outre qu’il assure un soutien rythmique constant et nourri de swing, chacune de ses interventions porte la marque de son inventivité. Le contrebassiste participe pleinement de l’entreprise, avec une relative discrétion – mais induite sans doute par l’instrument lui-même. L’équilibre du trio s’en trouve, du reste, renforcé.
Quant au répertoire, s’il fait une place aux standards (Mercy, Mercy, Mercy, plaisamment arrangé), il intègre nombre de compositions originales. On en retient en particulier Andalucia de Kyle Eastwood, un thème qui permet à chacun de se mettre en valeur. Ainsi l’association peu courante du violon, de la guitare et de la contrebasse s’est révélée particulièrement fructueuse et passionnante de bout en bout. Il faut dire qu’elle était servie par des musiciens sortant eux-mêmes de l’ordinaire.
Buddy Guy
Né en 1936, le Louisianais Buddy Guy est l’une des derniers représentants de ces blues shouters qui présidèrent au renouveau électrifié d’un genre dont les adeptes sont encore nombreux. Jimi Hendrix le portait au pinacle, et aussi Eric Clapton. A juste titre. Sa voix aux inflexions typiquement bluesy et aussi son jeu délié et plein de fantaisie, comme en témoigne son dernier album « Born To Play Guitar », le situent parmi les plus grands. Il manifeste, du reste, le même souci que Johnny Gallagher de revendiquer sa place dans une lignée dont il cite et fait applaudir les chefs de file, Muddy Waters, John Lee Hooker et B.B. King. L’accompagne un quartette homogène dont je n’ai pu, en dépit d’efforts répétés, obtenir la composition. Tout ce que je peux en dire, c’est que le pianiste se montre à la hauteur de son leader et prend quelques soli fort bien venus.
Pour en venir à Buddy Guy lui-même, s’il maîtrise à merveille son art, il possède aussi toutes les roueries de la scène. Si bien qu’il se révèle showman accompli. Petit tour dans la foule restée dense en dépit de l’heure tardive, acrobaties instrumentales, distribution de médiators à des fans au bord de l’extase pressés au pied de la scène, autant de facéties longuement rodées et toujours efficaces. Bref, un final en apothéose pour une soirée qui constituait la véritable ouverture de cette cinquante-septième édition.
Jacques Aboucaya|Plus d’un demi-siècle d’existence et une magie intacte. La pinède Gould compte, certes, quelques arbres en moins qu’à son âge d’or, dans les années 60. Mais énumérer tous les grands qui se sont produits, au fil des ans, sur cette scène, équivaudrait à égrener le Gotha du jazz. D’Ellington à Coltrane qui y joua son Love Supreme, d’Ella qui y dialogua avec une cigale jusqu’à Rollins et Jarrett, sans compter Marcus Miller, autant de musiciens, entre bien d’autres, qui ont laissé ici leur empreinte indélébile. C’est dire le défi à relever pour rester à ce niveau.
La soirée du 16 juillet laisse bien augurer de la suite. Les cordes y sont à l’honneur, dans tous leurs états : cordes de guitare, de violon, de contrebasse. Sans oublier, bien sûr, les cordes vocales.
Johnny Gallagher & the Boxtie Band
Johnny Gallagher (g, voc), James Gallagher (b), Pauric Gallagher (p), Sean O’Reilly (dm).
L’Irlandais Johnny Gallagher, stature de géant, barbe de prophète, ouvre les débats, entouré de ses deux frères jumeaux et d’un batteur puissant. Du rock mâtiné de blues servi par une voix expressive et une technique instrumentale digne d’un véritable guitar hero. Un répertoire où les compositions originales alternent avec des morceaux empruntés à Elvis (Falling In Love With You), à Jimi Hendrix et autres Pink Floyd, comme s’il s’agissait d’inscrire une réelle originalité dans un contexte bien connu. Avec cela, un dynamisme explosif, une présence scénique propre à galvaniser aussi bien ses partenaires que le public. Ce qui se fait de mieux dans le genre. D’autant que, loin de se cantonner dans un registre paroxystique, il sait alterner moments de calme, voire de douceur, et une frénésie fort convaincante.
Trio Ponty-Lagrène-Eastwood
Jean-Luc Ponty (vln), Biréli Lagrène (g), Kyle Eastwood (b).
La deuxième partie offre une ambiance fort différente. Elle s’ouvre sur un Blue Train qui annonce d’emblée la couleur – si l’on ose dire. Loin de la juxtaposition d’individualités à laquelle on aurait pu s’attendre, nous avons là un véritable trio. A savoir que nul ne songe à tirer la couverture à soi, mais que chacun y pratique l’écoute active et converse sur un pied d’égalité avec ses partenaires. Particularité remarquable, la contrebasse y est traitée comme un instrument soliste à part entière, la fonction rythmique étant tour à tour assurée par les membres du groupe.
Cela ne va pas sans réserver de bonnes surprises, et d’abord la capacité de chacun à se plier à une manière de discipline qui éloigne toute tentation de virtuosité gratuite. On connaissait les qualités d’improvisateurs de Ponty et de Lagrène. Leur brio. Leur capacité à imprimer leur marque, quesl que soient le morceau et le contexte. Elles sont ici manifestes. Jamais le violoniste n’avait fait preuve d’un tel lyrisme, d’une telle cohérence dans le discours. Quant à Biréli, outre qu’il assure un soutien rythmique constant et nourri de swing, chacune de ses interventions porte la marque de son inventivité. Le contrebassiste participe pleinement de l’entreprise, avec une relative discrétion – mais induite sans doute par l’instrument lui-même. L’équilibre du trio s’en trouve, du reste, renforcé.
Quant au répertoire, s’il fait une place aux standards (Mercy, Mercy, Mercy, plaisamment arrangé), il intègre nombre de compositions originales. On en retient en particulier Andalucia de Kyle Eastwood, un thème qui permet à chacun de se mettre en valeur. Ainsi l’association peu courante du violon, de la guitare et de la contrebasse s’est révélée particulièrement fructueuse et passionnante de bout en bout. Il faut dire qu’elle était servie par des musiciens sortant eux-mêmes de l’ordinaire.
Buddy Guy
Né en 1936, le Louisianais Buddy Guy est l’une des derniers représentants de ces blues shouters qui présidèrent au renouveau électrifié d’un genre dont les adeptes sont encore nombreux. Jimi Hendrix le portait au pinacle, et aussi Eric Clapton. A juste titre. Sa voix aux inflexions typiquement bluesy et aussi son jeu délié et plein de fantaisie, comme en témoigne son dernier album « Born To Play Guitar », le situent parmi les plus grands. Il manifeste, du reste, le même souci que Johnny Gallagher de revendiquer sa place dans une lignée dont il cite et fait applaudir les chefs de file, Muddy Waters, John Lee Hooker et B.B. King. L’accompagne un quartette homogène dont je n’ai pu, en dépit d’efforts répétés, obtenir la composition. Tout ce que je peux en dire, c’est que le pianiste se montre à la hauteur de son leader et prend quelques soli fort bien venus.
Pour en venir à Buddy Guy lui-même, s’il maîtrise à merveille son art, il possède aussi toutes les roueries de la scène. Si bien qu’il se révèle showman accompli. Petit tour dans la foule restée dense en dépit de l’heure tardive, acrobaties instrumentales, distribution de médiators à des fans au bord de l’extase pressés au pied de la scène, autant de facéties longuement rodées et toujours efficaces. Bref, un final en apothéose pour une soirée qui constituait la véritable ouverture de cette cinquante-septième édition.
Jacques Aboucaya|Plus d’un demi-siècle d’existence et une magie intacte. La pinède Gould compte, certes, quelques arbres en moins qu’à son âge d’or, dans les années 60. Mais énumérer tous les grands qui se sont produits, au fil des ans, sur cette scène, équivaudrait à égrener le Gotha du jazz. D’Ellington à Coltrane qui y joua son Love Supreme, d’Ella qui y dialogua avec une cigale jusqu’à Rollins et Jarrett, sans compter Marcus Miller, autant de musiciens, entre bien d’autres, qui ont laissé ici leur empreinte indélébile. C’est dire le défi à relever pour rester à ce niveau.
La soirée du 16 juillet laisse bien augurer de la suite. Les cordes y sont à l’honneur, dans tous leurs états : cordes de guitare, de violon, de contrebasse. Sans oublier, bien sûr, les cordes vocales.
Johnny Gallagher & the Boxtie Band
Johnny Gallagher (g, voc), James Gallagher (b), Pauric Gallagher (p), Sean O’Reilly (dm).
L’Irlandais Johnny Gallagher, stature de géant, barbe de prophète, ouvre les débats, entouré de ses deux frères jumeaux et d’un batteur puissant. Du rock mâtiné de blues servi par une voix expressive et une technique instrumentale digne d’un véritable guitar hero. Un répertoire où les compositions originales alternent avec des morceaux empruntés à Elvis (Falling In Love With You), à Jimi Hendrix et autres Pink Floyd, comme s’il s’agissait d’inscrire une réelle originalité dans un contexte bien connu. Avec cela, un dynamisme explosif, une présence scénique propre à galvaniser aussi bien ses partenaires que le public. Ce qui se fait de mieux dans le genre. D’autant que, loin de se cantonner dans un registre paroxystique, il sait alterner moments de calme, voire de douceur, et une frénésie fort convaincante.
Trio Ponty-Lagrène-Eastwood
Jean-Luc Ponty (vln), Biréli Lagrène (g), Kyle Eastwood (b).
La deuxième partie offre une ambiance fort différente. Elle s’ouvre sur un Blue Train qui annonce d’emblée la couleur – si l’on ose dire. Loin de la juxtaposition d’individualités à laquelle on aurait pu s’attendre, nous avons là un véritable trio. A savoir que nul ne songe à tirer la couverture à soi, mais que chacun y pratique l’écoute active et converse sur un pied d’égalité avec ses partenaires. Particularité remarquable, la contrebasse y est traitée comme un instrument soliste à part entière, la fonction rythmique étant tour à tour assurée par les membres du groupe.
Cela ne va pas sans réserver de bonnes surprises, et d’abord la capacité de chacun à se plier à une manière de discipline qui éloigne toute tentation de virtuosité gratuite. On connaissait les qualités d’improvisateurs de Ponty et de Lagrène. Leur brio. Leur capacité à imprimer leur marque, quesl que soient le morceau et le contexte. Elles sont ici manifestes. Jamais le violoniste n’avait fait preuve d’un tel lyrisme, d’une telle cohérence dans le discours. Quant à Biréli, outre qu’il assure un soutien rythmique constant et nourri de swing, chacune de ses interventions porte la marque de son inventivité. Le contrebassiste participe pleinement de l’entreprise, avec une relative discrétion – mais induite sans doute par l’instrument lui-même. L’équilibre du trio s’en trouve, du reste, renforcé.
Quant au répertoire, s’il fait une place aux standards (Mercy, Mercy, Mercy, plaisamment arrangé), il intègre nombre de compositions originales. On en retient en particulier Andalucia de Kyle Eastwood, un thème qui permet à chacun de se mettre en valeur. Ainsi l’association peu courante du violon, de la guitare et de la contrebasse s’est révélée particulièrement fructueuse et passionnante de bout en bout. Il faut dire qu’elle était servie par des musiciens sortant eux-mêmes de l’ordinaire.
Buddy Guy
Né en 1936, le Louisianais Buddy Guy est l’une des derniers représentants de ces blues shouters qui présidèrent au renouveau électrifié d’un genre dont les adeptes sont encore nombreux. Jimi Hendrix le portait au pinacle, et aussi Eric Clapton. A juste titre. Sa voix aux inflexions typiquement bluesy et aussi son jeu délié et plein de fantaisie, comme en témoigne son dernier album « Born To Play Guitar », le situent parmi les plus grands. Il manifeste, du reste, le même souci que Johnny Gallagher de revendiquer sa place dans une lignée dont il cite et fait applaudir les chefs de file, Muddy Waters, John Lee Hooker et B.B. King. L’accompagne un quartette homogène dont je n’ai pu, en dépit d’efforts répétés, obtenir la composition. Tout ce que je peux en dire, c’est que le pianiste se montre à la hauteur de son leader et prend quelques soli fort bien venus.
Pour en venir à Buddy Guy lui-même, s’il maîtrise à merveille son art, il possède aussi toutes les roueries de la scène. Si bien qu’il se révèle showman accompli. Petit tour dans la foule restée dense en dépit de l’heure tardive, acrobaties instrumentales, distribution de médiators à des fans au bord de l’extase pressés au pied de la scène, autant de facéties longuement rodées et toujours efficaces. Bref, un final en apothéose pour une soirée qui constituait la véritable ouverture de cette cinquante-septième édition.
Jacques Aboucaya