Jazz à Junas
30 ANS DE FESTIVAL
Jazz à Junas par Lionel Eskenazi
Vendredi 21 juillet 2023
Entretien avec Fabrice Manuel (co-fondateur et co-programmateur du Festival)
Fabrice Manuel
Jazz Magazine : Tous les ans, il y a une thématique à Jazz à Junas, souvent liée à un pays. Quelle était la thématique pour cette 30 ème édition ?
Fabrice Manuel : Nous avons voulu réinviter des musiciens qui avaient fait les beaux jours du festival à travers trois pôles géographiques : la France, l’Italie et la Scandinavie, avec des artistes incontournables comme par exemple : Daniel Humair, Paolo Fresu et Nils Petter Molvaer. On a voulu raconter l’histoire de Jazz à Junas à travers la musique et surtout à travers l’amitié qui nous lie à ces musiciens.
Pouvez-vous nous expliciter les choix et les détails de ces cinq soirées exceptionnelles ?
Ces cinq soirées proposent des doubles plateaux placés sous le signe de l’amitié et de la complicité artistique. Le premier soir les deux parrains du festival étaient présents, le régional de l’étape : le guitariste Gérard Pansanel (avec Antonello Salis, Arild Andersen et Patrice Héral) et notre ami italien Paolo Fresu en quartette avec le bandonéoniste Daniele Di Bonaventura. Les deux jours suivants, le jazz français est à l’honneur. Le mercredi à travers des femmes qui se connaissent bien : Anne Pacéo et Sandra Nkaké, et le jeudi à travers deux grandes figues masculines qui ont souvent joués ensemble : Daniel Humair (en quartette) et Vincent Peirani (en trio). Le vendredi rime avec la Scandinavie, avec le quartette du suédois Lars Danielsson (qui vit au Danemark) et le septette du norvégien Nils Petter Molvaer, qui recrée son fameux « Khmer » qu’il avait joué à Junas en 1998 ! Enfin la dernière soirée sera festive avec le Sacre du Tympan de Fred Pallem et le projet Ethio-Eléctro-Jazz de Théo Ceccaldi : « Kutu».
Une phrase pour résumer l’aventure de Jazz à Junas ?
Au début du Festival, je crois que c’était en 1995, Michel Marre a dit « Jazz à Junas, c’est le lieu de résistance à l’uniformité ! » et près de 30 ans plus tard, cette phrase nous définit encore très bien !
Concerts du vendredi 21 juillet 2023
Matthias Van den Brande & Basile Rahola (photo Lionel Eskenazi)
A18h, Place de l’Avenir, il y avait une grande émotion lors du concert du contrebassiste Basile Rahola, car cet enfant de Junas, qui a maintenant trente ans, est né l’année du premier festival et a grandi et pratiqué la musique à Junas ! Son Quartet, avec le saxophoniste Matthias Van den Brande, le pianiste Wajdi Riahi et le batteur Pierre Hurty propose un jazz élégant et raffiné autour de compositions originales porteuses d’une belle émotion avec une sonorité de groupe très prometteuse.
Le Quartette de Lars Danielsson (photo Lionel Eskenazi)
A 21 h, dans les carrières de Junas, le contrebassiste Lars Danielsson nous proposait son projet « Liberetto » entouré d’un groupe remarquable où se distingue l’un de nos meilleurs pianistes : Grégory Privat, toujours terriblement inspiré. Le guitariste anglais John Paricelli, au jeu fin et subtil a apporté beaucoup de poésie dans la musique de Lars Danielsson, dont le jeu de contrebasse fût porté par le jeu de batterie talentueux de Magnus Oström (découvert dans le célèbre trio suédois E.S.T.).
Le Septette « Khmer » de Nils Petter Molvaer (photo Lionel Eskenazi)
Après cette belle mise en bouche, place au plat de résistance avec le septette de Nils Petter Molvaer qui a pu convoquer les membres originaux de son projet « Khmer » enregistré en 1997 pour la recréation de cette œuvre majeure qui a fondé l’élctro-jazz scandinave. La version de 2023 nous a paru encore plus forte et puissante que l’originale avec un SON ENORME (et plus actuel), un light show fantastique et sept musiciens totalement investis dans un trip psychédélique collectif partagé avec le public !
Nils Petter Molvaer (photo Lionel Eskenazi)
Deux batteurs, deux DJ, la guitare enivrante d’Elvind Aarset, la basse profonde d’Audun Erlien et la formidable trompette atmosphérique d’un Nils Petter Molvaer en très grande forme ! Du grand art et la chance d’être présent, car ce sera l’unique concert en France de ce projet fantastique. Merci Jazz à Junas !
Lionel Eskenazi.