Jazz à Ramatuelle côté piano : Joachim Kühn et Antonio Farao
Fidèle à sa tradition, le festival a fait la part belle au piano au cours des deux dernières soirées, avec le trio de Joachim Kühn et le quartette d’Antonio Farao. Mais le saxophone n’était pas en reste…
Joachim Kühn Trio
Dimanche 17 août 2014, Ramatuelle, Théâtre de Verdure
Joachim Kühn (p, as), Majid Bekkas (guembri, voc), Ramon Lopez (dm).
Déjà huit ans que Joachim Kühn (photo) a fondé son trio « afro-oriental » avec le chanteur et joueur de guembri marocain Majid Bekkas et le batteur espagnol Ramon Lopez. Une formule qui avait pu surprendre de sa part à l’époque, mais qui semble aujourd’hui presque aussi naturelle que le triangle qu’il constitua jadis avec Jean-François Jenny-Clarke et Daniel Humair. Alors, forcément, quand on réentend ce groupe qu’on suit maintenant depuis plusieurs années, on cherche ce qui a évolué, les changements, les inflexions… Pianiste à l’inspiration échevelée, Kühn a peut-être resserré son jeu vers un peu plus de sobriété, au point de faire entendre par moment un lyrisme épuré qu’on ne lui connaissait pas. Ramon Lopez déploie toujours la même folie enthousiaste derrière ses fûts, feu d’artifice de ponctuations rythmiques aussi inattendues que pertinentes. Quant à Majid Bekkas, chanteur poignant de ce blues du désert propre à la tradition gnawa, il fait de plus en plus mentir l’image archaïque qu’on pourrait avoir du guembri, en développant sur l’instrument un véritable discours de soliste. Le moment le plus fort du concert fut peut-être celui du dialogue entre les psalmodies de sa voix et les réponses de Kühn au saxophone alto, un instrument dont il use depuis longtemps sur scène, mais sur lequel il semble avoir fait des progrès spectaculaire. L’explication, il nous la fournira après le concert : dans les rares clubs où il peut jouer à Ibiza – son lieu de résidence – il n’y a pas de piano, ou alors, trop mauvais pour lui. Alors, forcément…
Antonio Farao Quartet feat. Dave Liebman
Lundi 18 août 2014, Ramatuelle, Théâtre de Verdure
Dave Liebman (ts, ss, fl), Antonio Farao (p), Wayne Dockery (b), Gene Calderazzo (dm).
Antonio Farao, lui, ne joue pas de saxophone. Il préfère laisser ça à des gens comme Dave Liebman, excusez du peu. Officiant principalement au ténor (un instrument local prêté pour l’occasion), « Lieb » aura d’ailleurs été la grande attraction de la soirée : si l’on a coutume de le considérer comme l’un des plus brillants représentants de l’école post-coltranienne, son jeu incandescent fait aussi entendre des accents rollinsiens inattendus sur Tune Up, et bien sûr des réminiscences shortériennes au soprano sur Footprints. À ses côtés, Antonio Farao déploie un piano très maîtrisé, souvent spectaculaire, parfois un peu démonstratif. Ici, pas d’influences « du monde » comme chez Kühn (hormis peut-être une brève intervention de Liebman sur une petite flûte traditionnelle), on est dans un jazz mainstream – si le terme signifie encore quelque chose –, plus new-yorkais qu’italien. La rythmique est des plus efficaces, la machine tourne à plein régime… manque peut-être ce petit supplément d’originalité qui fait la différence.
Pascal Rozat
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Fidèle à sa tradition, le festival a fait la part belle au piano au cours des deux dernières soirées, avec le trio de Joachim Kühn et le quartette d’Antonio Farao. Mais le saxophone n’était pas en reste…
Joachim Kühn Trio
Dimanche 17 août 2014, Ramatuelle, Théâtre de Verdure
Joachim Kühn (p, as), Majid Bekkas (guembri, voc), Ramon Lopez (dm).
Déjà huit ans que Joachim Kühn (photo) a fondé son trio « afro-oriental » avec le chanteur et joueur de guembri marocain Majid Bekkas et le batteur espagnol Ramon Lopez. Une formule qui avait pu surprendre de sa part à l’époque, mais qui semble aujourd’hui presque aussi naturelle que le triangle qu’il constitua jadis avec Jean-François Jenny-Clarke et Daniel Humair. Alors, forcément, quand on réentend ce groupe qu’on suit maintenant depuis plusieurs années, on cherche ce qui a évolué, les changements, les inflexions… Pianiste à l’inspiration échevelée, Kühn a peut-être resserré son jeu vers un peu plus de sobriété, au point de faire entendre par moment un lyrisme épuré qu’on ne lui connaissait pas. Ramon Lopez déploie toujours la même folie enthousiaste derrière ses fûts, feu d’artifice de ponctuations rythmiques aussi inattendues que pertinentes. Quant à Majid Bekkas, chanteur poignant de ce blues du désert propre à la tradition gnawa, il fait de plus en plus mentir l’image archaïque qu’on pourrait avoir du guembri, en développant sur l’instrument un véritable discours de soliste. Le moment le plus fort du concert fut peut-être celui du dialogue entre les psalmodies de sa voix et les réponses de Kühn au saxophone alto, un instrument dont il use depuis longtemps sur scène, mais sur lequel il semble avoir fait des progrès spectaculaire. L’explication, il nous la fournira après le concert : dans les rares clubs où il peut jouer à Ibiza – son lieu de résidence – il n’y a pas de piano, ou alors, trop mauvais pour lui. Alors, forcément…
Antonio Farao Quartet feat. Dave Liebman
Lundi 18 août 2014, Ramatuelle, Théâtre de Verdure
Dave Liebman (ts, ss, fl), Antonio Farao (p), Wayne Dockery (b), Gene Calderazzo (dm).
Antonio Farao, lui, ne joue pas de saxophone. Il préfère laisser ça à des gens comme Dave Liebman, excusez du peu. Officiant principalement au ténor (un instrument local prêté pour l’occasion), « Lieb » aura d’ailleurs été la grande attraction de la soirée : si l’on a coutume de le considérer comme l’un des plus brillants représentants de l’école post-coltranienne, son jeu incandescent fait aussi entendre des accents rollinsiens inattendus sur Tune Up, et bien sûr des réminiscences shortériennes au soprano sur Footprints. À ses côtés, Antonio Farao déploie un piano très maîtrisé, souvent spectaculaire, parfois un peu démonstratif. Ici, pas d’influences « du monde » comme chez Kühn (hormis peut-être une brève intervention de Liebman sur une petite flûte traditionnelle), on est dans un jazz mainstream – si le terme signifie encore quelque chose –, plus new-yorkais qu’italien. La rythmique est des plus efficaces, la machine tourne à plein régime… manque peut-être ce petit supplément d’originalité qui fait la différence.
Pascal Rozat
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Fidèle à sa tradition, le festival a fait la part belle au piano au cours des deux dernières soirées, avec le trio de Joachim Kühn et le quartette d’Antonio Farao. Mais le saxophone n’était pas en reste…
Joachim Kühn Trio
Dimanche 17 août 2014, Ramatuelle, Théâtre de Verdure
Joachim Kühn (p, as), Majid Bekkas (guembri, voc), Ramon Lopez (dm).
Déjà huit ans que Joachim Kühn (photo) a fondé son trio « afro-oriental » avec le chanteur et joueur de guembri marocain Majid Bekkas et le batteur espagnol Ramon Lopez. Une formule qui avait pu surprendre de sa part à l’époque, mais qui semble aujourd’hui presque aussi naturelle que le triangle qu’il constitua jadis avec Jean-François Jenny-Clarke et Daniel Humair. Alors, forcément, quand on réentend ce groupe qu’on suit maintenant depuis plusieurs années, on cherche ce qui a évolué, les changements, les inflexions… Pianiste à l’inspiration échevelée, Kühn a peut-être resserré son jeu vers un peu plus de sobriété, au point de faire entendre par moment un lyrisme épuré qu’on ne lui connaissait pas. Ramon Lopez déploie toujours la même folie enthousiaste derrière ses fûts, feu d’artifice de ponctuations rythmiques aussi inattendues que pertinentes. Quant à Majid Bekkas, chanteur poignant de ce blues du désert propre à la tradition gnawa, il fait de plus en plus mentir l’image archaïque qu’on pourrait avoir du guembri, en développant sur l’instrument un véritable discours de soliste. Le moment le plus fort du concert fut peut-être celui du dialogue entre les psalmodies de sa voix et les réponses de Kühn au saxophone alto, un instrument dont il use depuis longtemps sur scène, mais sur lequel il semble avoir fait des progrès spectaculaire. L’explication, il nous la fournira après le concert : dans les rares clubs où il peut jouer à Ibiza – son lieu de résidence – il n’y a pas de piano, ou alors, trop mauvais pour lui. Alors, forcément…
Antonio Farao Quartet feat. Dave Liebman
Lundi 18 août 2014, Ramatuelle, Théâtre de Verdure
Dave Liebman (ts, ss, fl), Antonio Farao (p), Wayne Dockery (b), Gene Calderazzo (dm).
Antonio Farao, lui, ne joue pas de saxophone. Il préfère laisser ça à des gens comme Dave Liebman, excusez du peu. Officiant principalement au ténor (un instrument local prêté pour l’occasion), « Lieb » aura d’ailleurs été la grande attraction de la soirée : si l’on a coutume de le considérer comme l’un des plus brillants représentants de l’école post-coltranienne, son jeu incandescent fait aussi entendre des accents rollinsiens inattendus sur Tune Up, et bien sûr des réminiscences shortériennes au soprano sur Footprints. À ses côtés, Antonio Farao déploie un piano très maîtrisé, souvent spectaculaire, parfois un peu démonstratif. Ici, pas d’influences « du monde » comme chez Kühn (hormis peut-être une brève intervention de Liebman sur une petite flûte traditionnelle), on est dans un jazz mainstream – si le terme signifie encore quelque chose –, plus new-yorkais qu’italien. La rythmique est des plus efficaces, la machine tourne à plein régime… manque peut-être ce petit supplément d’originalité qui fait la différence.
Pascal Rozat
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Fidèle à sa tradition, le festival a fait la part belle au piano au cours des deux dernières soirées, avec le trio de Joachim Kühn et le quartette d’Antonio Farao. Mais le saxophone n’était pas en reste…
Joachim Kühn Trio
Dimanche 17 août 2014, Ramatuelle, Théâtre de Verdure
Joachim Kühn (p, as), Majid Bekkas (guembri, voc), Ramon Lopez (dm).
Déjà huit ans que Joachim Kühn (photo) a fondé son trio « afro-oriental » avec le chanteur et joueur de guembri marocain Majid Bekkas et le batteur espagnol Ramon Lopez. Une formule qui avait pu surprendre de sa part à l’époque, mais qui semble aujourd’hui presque aussi naturelle que le triangle qu’il constitua jadis avec Jean-François Jenny-Clarke et Daniel Humair. Alors, forcément, quand on réentend ce groupe qu’on suit maintenant depuis plusieurs années, on cherche ce qui a évolué, les changements, les inflexions… Pianiste à l’inspiration échevelée, Kühn a peut-être resserré son jeu vers un peu plus de sobriété, au point de faire entendre par moment un lyrisme épuré qu’on ne lui connaissait pas. Ramon Lopez déploie toujours la même folie enthousiaste derrière ses fûts, feu d’artifice de ponctuations rythmiques aussi inattendues que pertinentes. Quant à Majid Bekkas, chanteur poignant de ce blues du désert propre à la tradition gnawa, il fait de plus en plus mentir l’image archaïque qu’on pourrait avoir du guembri, en développant sur l’instrument un véritable discours de soliste. Le moment le plus fort du concert fut peut-être celui du dialogue entre les psalmodies de sa voix et les réponses de Kühn au saxophone alto, un instrument dont il use depuis longtemps sur scène, mais sur lequel il semble avoir fait des progrès spectaculaire. L’explication, il nous la fournira après le concert : dans les rares clubs où il peut jouer à Ibiza – son lieu de résidence – il n’y a pas de piano, ou alors, trop mauvais pour lui. Alors, forcément…
Antonio Farao Quartet feat. Dave Liebman
Lundi 18 août 2014, Ramatuelle, Théâtre de Verdure
Dave Liebman (ts, ss, fl), Antonio Farao (p), Wayne Dockery (b), Gene Calderazzo (dm).
Antonio Farao, lui, ne joue pas de saxophone. Il préfère laisser ça à des gens comme Dave Liebman, excusez du peu. Officiant principalement au ténor (un instrument local prêté pour l’occasion), « Lieb » aura d’ailleurs été la grande attraction de la soirée : si l’on a coutume de le considérer comme l’un des plus brillants représentants de l’école post-coltranienne, son jeu incandescent fait aussi entendre des accents rollinsiens inattendus sur Tune Up, et bien sûr des réminiscences shortériennes au soprano sur Footprints. À ses côtés, Antonio Farao déploie un piano très maîtrisé, souvent spectaculaire, parfois un peu démonstratif. Ici, pas d’influences « du monde » comme chez Kühn (hormis peut-être une brève intervention de Liebman sur une petite flûte traditionnelle), on est dans un jazz mainstream – si le terme signifie encore quelque chose –, plus new-yorkais qu’italien. La rythmique est des plus efficaces, la machine tourne à plein régime… manque peut-être ce petit supplément d’originalité qui fait la différence.
Pascal Rozat