Jazz à Saint Rémy (10ème) : Piano Panorama
Pour le 10ème anniversaire de Jazz à Saint Rémy, la programmation proposait un remarquable « Piano Panorama ». Mais pas que!
En prélude, avant les 4 grands concerts programmés du mercredi au samedi dans la confortable salle de l’Alpilium, Jazz à Saint Rémy avait prévu dès le mardi de bien agréables appetizers : inauguration de l’exposition des photographies de Christophe Charpenel*, conférence au Ciné Palace (par votre « serviteur ») sur « Ella Fitzgerald, la diva du jazz », pour célébrer le centième anniversaire de sa naissance, et concert (gratuit) d’ouverture au Café de la Place, avec le quartet Akpé Motion.
Akpé Motion
Dans la préface du livre d’Alain Brunet Puisque vous partez en voyage (publié chez Alter Ego Editions) Lucien Malson évoque l’étonnante carrière de ce haut fonctionnaire/trompettiste de jazz qui a joué dans le monde entier à la tête des ses différents groupes. Un « globe-trotter » du jazz (dans tous les sens du terme) pour L. Malson.
Dans la dernière édition du Dictionnaire du Jazz chez Robert Laffont (collection Bouquins, 2011) la présentation, louangeuse, d’A. Brunet a été rédigée par Philippe Carles.
Deux « parrains » haut de gamme pour ce musicien à la carrière vraiment atypique.
Depuis 40 ans Brunet a arpenté tous les territoires du jazz: du bop au free, en petite formation (avec entre autres pendant quelques années Prince Lawsha) ou en grand orchestre.
Il y a une dizaine d’années une rencontre avec le peintre/percussionniste Pascal Bouterin (qui vit à Saint Rémy où il a son atelier et sa galerie) le conduit à créer le groupe Akpé Motion. Ensemble, ils ont entrepris de redéfinir la transe méditation (un « concept » cher à Pascal Bouterin… mais pas évident, pour le moins, à définir en quelques mots!) en la jumelant à l’inspiration électrique de Miles Davis. Akpé Motion a connu depuis sa création plusieurs formules orchestrales (mais toutes avec P. Bouterin). Depuis 3 ans Akpé tourne dans une formule stabilisée et très homogène : Alain Brunet (tp, bugle, voc), Jean Gros (g), Luis Manresa (gb et voc), Pascal Bouterin (dr et voc). Ce quartet a enregistré l’an dernier un CD qui se vend comme des petits pains à la fin des prestations du groupe. Il faut dire que la musique d’Akpé, inclassable, nourrie de jazz rock et de world music est séduisante, bien construite, souvent étonnante et touche des publics très larges. Des jazzfans de stricte obédience sont parfois plus réservés. Quoi qu’il en soit en cette soirée inaugurale le groupe a triomphé. Alain Brunet qui avait optimisé récemment son set d’effets électroniques était particulièrement en forme et aussi bien dans l’exposé des thèmes que dans ses chorus il rendit superbement hommage à Miles (toutes périodes confondues).
Le mercredi 13 septembre, Laurent Courthaliac (p, leader), en octet, présentait son Tribute to Woody Allen suivi de la projection du cultissime Manhattan (le chef d’oeuvre en noir et blanc de Woody sorti en 1979, qui non seulement n’a pas pris une ride, mais qui, comme les grands crus, s’est bonifié).
L’octet de Laurent Courthaliac
Cette soirée était un copié/collé d’un programme donné au mois d’août dans le cadre du festival Parfum de Jazz de Buis Les Baronnies (voir le jazzlive du 31 août sur jazzmagazine.com). Buis et Saint Rémy sont deux festivals très liés à de multiples niveaux. Deux changements notables dans l’octet : le contrebassiste Clovis Nicolas était reparti à New York (où il vit) et Luigi Grasso (bs) le titulaire habituel de l’octet était de retour. Grasso vient d’Italie, pays qui a vu naître beaucoup de jazzmen talentueux. Après quelques années à New-York où il a suivi les enseignements de Barry Harris (un point commun avec son leader!) il s’est installé à Paris depuis 2010, où il enseigne, compose et développe ses propres projets. Mais il est aussi très demandé par plusieurs leaders de groupes de la scène jazz française et européenne. A l’écoute de ses chorus on comprend pourquoi : facile, inventif, virtuose. Qui plus est, Luigi est souriant, sympathique, décontracté. Pas étonnant que son agenda soit surbooké ! Depuis deux ans il est aussi Directeur Musical du nouveau projet de la chanteuse China Moses.
Le jeudi 14 Omar Sosa (p) se produisait en trio avec Seckou Keita (kora et vocal) et son percussionniste habituel le vénézulien Gustavo Ovalles. Tous virtuoses et surprenants.
Sosa soigne son look et sa gestuelle. C’est le moins qu’on puisse dire… L’instrumentiste est exigeant: le piano livré ne correspondait pas aux caractéristiques prévues par son contrat… les organisateurs durent en faire livrer un autre, conforme à la fiche technique demandée, à la toute dernière minute. Son jeu virtuose, complexe, très rythmique, alternant moments de calme et passages « explosifs » exige, de toute évidence, un bel et bon instrument. Sosa n’hésite jamais à promener son imagination de part et d’autre des océans pour la confronter à d’autres musiques. En quête perpétuelle de spiritualité, de liberté et d’échanges innovants il a décidé, depuis fort longtemps, de livrer un message puisant dans la culture musicale de chaque continent.
Comme partout cette démarche a suscité ici l’enthousiasme du public.
Soirée bebop très haut de gamme le vendredi 15. Avec deux grands maîtres de ce style : les pianistes Alain Jean-Marie et René Urtreger.
Alain Jean-Marie, accompagnait le volubile et spectaculaire altiste parkérien Dmitry Baevsky. Jean-Marie fut, comme toujours, un accompagnateur subtil et attentif pendant les chorus du saxophoniste et un soliste magique dans les larges espaces que Baevsky lui avait généreusement attribué. En réponse aux félicitations chaleureuses qui pleuvent backstage, Alain toujours discret, avec sa voix douce, quasi imperceptible et un sourire malicieux: « Normal, le be-bop c’est ma maison… ».
Pour René Urtreger de toute évidence le be-bop aussi est sa maison. Et il le prouve brillamment pendant les presque deux heures de son concert saint-remois.
A 83 ans Urtreger est en pleine forme. Toujours vif au clavier comme dans les échanges avec ses admirateurs (rabroués fermement lorsqu’ils se trompent de dates en évoquant concerts et enregistrements passés!).
Elégant « à la scène comme à la ville »: un look de quadragénaire séduisant… Plus qu’étonnant quand on a lu dans « Le Roi René » (le livre d’Agnés Desarthe chez Odile Jacob) le récit des hauts et des bas qui ont jalonné sa vie « complexe » (euphémisme) et sa longue carrière… Bel exemple de résilience**.
Urtreger était programmé ici en quintet.
Souvenirs, souvenirs: il avait tourné et enregistré en 1957 dans cette configuration avec Miles Davis!
Aux côtés de ses fidèles Yves Torchinski (b), et Eric Dervieux (dr) : Nicolas Folmer (tp), Hervé Meschinet (as, fl). Les deux souffleurs s’entendent comme larrons en foire. Nicolas Folmer participe à un très grand nombre de projets et d’albums. Soliste brillant et pêchu. Hervé Meschinet (as,fl), inspiré, original et renversant à la flûte, a joué et enregistré pour de nombreux grands chanteurs français : Henri Salvador, Charles Trénet, Claude Nougaro, Charles Aznavour, Nicole Croisille et Michel Legrand dont il est le saxophoniste attitré depuis vingt ans. Il a aussi accompagné de nombreux jazzmen de passage en France: Ray Charles, Wynton Marsalis, Clark Terry, Roy Haynes, Larry Coryell. Musicien pour musiciens, selon la formule consacrée, donc peu connu du grand-public mais reconnu par ses pairs comme une très « grosse pointure ». Un « requin de studio » comme on dit aussi parfois mais… soliste hors-pair. Ce qui est loin d’être le cas pour nombre de membres de cette confrérie (…celle des « requins »), toujours excellents lecteurs et solides têtes de pupitres dans les big bands mais aussi souvent, piètres chorusmen.
En coulisses, son batteur attitré depuis 37 ans, Eric Dervieux, généralement très discret, se « lâche » à l’évocation de certaines situations assez incroyables vécues par son « leader »! Et raconte avec un humour très « british » des moments assez délirants qu’il a connu lui aussi dans sa prime jeunesse lorsqu’il fut « baby sitter » pour les enfants de Michel Legrand ou lorsqu’il vogua quelquefois sur le yacht géant du compositeur… Hilarant… A quand un recueil pour nous conter tout cela? Qui s’y colle? Pascal Anquetil ?
Le samedi pour le dernier concert de Jazz à Saint Rémy 2017: sold out pour China Moses. De nombreuses personnes ne purent obtenir de place… Je n’étais pas présent mais B. Chambre, président de Jazz à Saint Rémy, m’a confié qu’elle a su conquérir le public de l’Alpilium par son énergie, sa passion, sa fougue sans oublier sa sensibilité à fleur de peau et l’émotion qu’elle transmet à travers sa magnifique voix, même si quelques spectateurs ont été surpris par la « tonalité » de son nouveau projet « Nightintales »
Musiciens de son nouveau 5tet : L. Grasso (sax/claviers), Ashley Henry (piano), Neil Charles (basse), Marijus Aleska (batterie)
Inquiétudes…
L’association n’a toujours pas de nouvelles officielles concernant la subvention 2017 du Conseil Régional. Subvention qui lui est accordée toutes les années depuis 10 ans… Le dossier devait passer en commission en septembre ou octobre sans aucune certitude à ce jour quant à l’attribution de la subvention. Un avis défavorable pourrait mettre en danger l’existence du festival pour les années à venir… Inquiétant et vraiment regrettable compte tenu du beau succès de cette 10ème édition.
Pierre-Henri Ardonceau
Les photos sont de Maurice Salvadori. Bénévole de l’Association Jazz à saint Rémy
* Voir son site Vu du Jazz : http://chrischarpenel.blogspot.fr
** Le Nouvel Observateur a titré la chronique du livre Le Roi René : René Urtreger, ce grand pianiste qui revient de (très) loin.
|Pour le 10ème anniversaire de Jazz à Saint Rémy, la programmation proposait un remarquable « Piano Panorama ». Mais pas que!
En prélude, avant les 4 grands concerts programmés du mercredi au samedi dans la confortable salle de l’Alpilium, Jazz à Saint Rémy avait prévu dès le mardi de bien agréables appetizers : inauguration de l’exposition des photographies de Christophe Charpenel*, conférence au Ciné Palace (par votre « serviteur ») sur « Ella Fitzgerald, la diva du jazz », pour célébrer le centième anniversaire de sa naissance, et concert (gratuit) d’ouverture au Café de la Place, avec le quartet Akpé Motion.
Akpé Motion
Dans la préface du livre d’Alain Brunet Puisque vous partez en voyage (publié chez Alter Ego Editions) Lucien Malson évoque l’étonnante carrière de ce haut fonctionnaire/trompettiste de jazz qui a joué dans le monde entier à la tête des ses différents groupes. Un « globe-trotter » du jazz (dans tous les sens du terme) pour L. Malson.
Dans la dernière édition du Dictionnaire du Jazz chez Robert Laffont (collection Bouquins, 2011) la présentation, louangeuse, d’A. Brunet a été rédigée par Philippe Carles.
Deux « parrains » haut de gamme pour ce musicien à la carrière vraiment atypique.
Depuis 40 ans Brunet a arpenté tous les territoires du jazz: du bop au free, en petite formation (avec entre autres pendant quelques années Prince Lawsha) ou en grand orchestre.
Il y a une dizaine d’années une rencontre avec le peintre/percussionniste Pascal Bouterin (qui vit à Saint Rémy où il a son atelier et sa galerie) le conduit à créer le groupe Akpé Motion. Ensemble, ils ont entrepris de redéfinir la transe méditation (un « concept » cher à Pascal Bouterin… mais pas évident, pour le moins, à définir en quelques mots!) en la jumelant à l’inspiration électrique de Miles Davis. Akpé Motion a connu depuis sa création plusieurs formules orchestrales (mais toutes avec P. Bouterin). Depuis 3 ans Akpé tourne dans une formule stabilisée et très homogène : Alain Brunet (tp, bugle, voc), Jean Gros (g), Luis Manresa (gb et voc), Pascal Bouterin (dr et voc). Ce quartet a enregistré l’an dernier un CD qui se vend comme des petits pains à la fin des prestations du groupe. Il faut dire que la musique d’Akpé, inclassable, nourrie de jazz rock et de world music est séduisante, bien construite, souvent étonnante et touche des publics très larges. Des jazzfans de stricte obédience sont parfois plus réservés. Quoi qu’il en soit en cette soirée inaugurale le groupe a triomphé. Alain Brunet qui avait optimisé récemment son set d’effets électroniques était particulièrement en forme et aussi bien dans l’exposé des thèmes que dans ses chorus il rendit superbement hommage à Miles (toutes périodes confondues).
Le mercredi 13 septembre, Laurent Courthaliac (p, leader), en octet, présentait son Tribute to Woody Allen suivi de la projection du cultissime Manhattan (le chef d’oeuvre en noir et blanc de Woody sorti en 1979, qui non seulement n’a pas pris une ride, mais qui, comme les grands crus, s’est bonifié).
L’octet de Laurent Courthaliac
Cette soirée était un copié/collé d’un programme donné au mois d’août dans le cadre du festival Parfum de Jazz de Buis Les Baronnies (voir le jazzlive du 31 août sur jazzmagazine.com). Buis et Saint Rémy sont deux festivals très liés à de multiples niveaux. Deux changements notables dans l’octet : le contrebassiste Clovis Nicolas était reparti à New York (où il vit) et Luigi Grasso (bs) le titulaire habituel de l’octet était de retour. Grasso vient d’Italie, pays qui a vu naître beaucoup de jazzmen talentueux. Après quelques années à New-York où il a suivi les enseignements de Barry Harris (un point commun avec son leader!) il s’est installé à Paris depuis 2010, où il enseigne, compose et développe ses propres projets. Mais il est aussi très demandé par plusieurs leaders de groupes de la scène jazz française et européenne. A l’écoute de ses chorus on comprend pourquoi : facile, inventif, virtuose. Qui plus est, Luigi est souriant, sympathique, décontracté. Pas étonnant que son agenda soit surbooké ! Depuis deux ans il est aussi Directeur Musical du nouveau projet de la chanteuse China Moses.
Le jeudi 14 Omar Sosa (p) se produisait en trio avec Seckou Keita (kora et vocal) et son percussionniste habituel le vénézulien Gustavo Ovalles. Tous virtuoses et surprenants.
Sosa soigne son look et sa gestuelle. C’est le moins qu’on puisse dire… L’instrumentiste est exigeant: le piano livré ne correspondait pas aux caractéristiques prévues par son contrat… les organisateurs durent en faire livrer un autre, conforme à la fiche technique demandée, à la toute dernière minute. Son jeu virtuose, complexe, très rythmique, alternant moments de calme et passages « explosifs » exige, de toute évidence, un bel et bon instrument. Sosa n’hésite jamais à promener son imagination de part et d’autre des océans pour la confronter à d’autres musiques. En quête perpétuelle de spiritualité, de liberté et d’échanges innovants il a décidé, depuis fort longtemps, de livrer un message puisant dans la culture musicale de chaque continent.
Comme partout cette démarche a suscité ici l’enthousiasme du public.
Soirée bebop très haut de gamme le vendredi 15. Avec deux grands maîtres de ce style : les pianistes Alain Jean-Marie et René Urtreger.
Alain Jean-Marie, accompagnait le volubile et spectaculaire altiste parkérien Dmitry Baevsky. Jean-Marie fut, comme toujours, un accompagnateur subtil et attentif pendant les chorus du saxophoniste et un soliste magique dans les larges espaces que Baevsky lui avait généreusement attribué. En réponse aux félicitations chaleureuses qui pleuvent backstage, Alain toujours discret, avec sa voix douce, quasi imperceptible et un sourire malicieux: « Normal, le be-bop c’est ma maison… ».
Pour René Urtreger de toute évidence le be-bop aussi est sa maison. Et il le prouve brillamment pendant les presque deux heures de son concert saint-remois.
A 83 ans Urtreger est en pleine forme. Toujours vif au clavier comme dans les échanges avec ses admirateurs (rabroués fermement lorsqu’ils se trompent de dates en évoquant concerts et enregistrements passés!).
Elégant « à la scène comme à la ville »: un look de quadragénaire séduisant… Plus qu’étonnant quand on a lu dans « Le Roi René » (le livre d’Agnés Desarthe chez Odile Jacob) le récit des hauts et des bas qui ont jalonné sa vie « complexe » (euphémisme) et sa longue carrière… Bel exemple de résilience**.
Urtreger était programmé ici en quintet.
Souvenirs, souvenirs: il avait tourné et enregistré en 1957 dans cette configuration avec Miles Davis!
Aux côtés de ses fidèles Yves Torchinski (b), et Eric Dervieux (dr) : Nicolas Folmer (tp), Hervé Meschinet (as, fl). Les deux souffleurs s’entendent comme larrons en foire. Nicolas Folmer participe à un très grand nombre de projets et d’albums. Soliste brillant et pêchu. Hervé Meschinet (as,fl), inspiré, original et renversant à la flûte, a joué et enregistré pour de nombreux grands chanteurs français : Henri Salvador, Charles Trénet, Claude Nougaro, Charles Aznavour, Nicole Croisille et Michel Legrand dont il est le saxophoniste attitré depuis vingt ans. Il a aussi accompagné de nombreux jazzmen de passage en France: Ray Charles, Wynton Marsalis, Clark Terry, Roy Haynes, Larry Coryell. Musicien pour musiciens, selon la formule consacrée, donc peu connu du grand-public mais reconnu par ses pairs comme une très « grosse pointure ». Un « requin de studio » comme on dit aussi parfois mais… soliste hors-pair. Ce qui est loin d’être le cas pour nombre de membres de cette confrérie (…celle des « requins »), toujours excellents lecteurs et solides têtes de pupitres dans les big bands mais aussi souvent, piètres chorusmen.
En coulisses, son batteur attitré depuis 37 ans, Eric Dervieux, généralement très discret, se « lâche » à l’évocation de certaines situations assez incroyables vécues par son « leader »! Et raconte avec un humour très « british » des moments assez délirants qu’il a connu lui aussi dans sa prime jeunesse lorsqu’il fut « baby sitter » pour les enfants de Michel Legrand ou lorsqu’il vogua quelquefois sur le yacht géant du compositeur… Hilarant… A quand un recueil pour nous conter tout cela? Qui s’y colle? Pascal Anquetil ?
Le samedi pour le dernier concert de Jazz à Saint Rémy 2017: sold out pour China Moses. De nombreuses personnes ne purent obtenir de place… Je n’étais pas présent mais B. Chambre, président de Jazz à Saint Rémy, m’a confié qu’elle a su conquérir le public de l’Alpilium par son énergie, sa passion, sa fougue sans oublier sa sensibilité à fleur de peau et l’émotion qu’elle transmet à travers sa magnifique voix, même si quelques spectateurs ont été surpris par la « tonalité » de son nouveau projet « Nightintales »
Musiciens de son nouveau 5tet : L. Grasso (sax/claviers), Ashley Henry (piano), Neil Charles (basse), Marijus Aleska (batterie)
Inquiétudes…
L’association n’a toujours pas de nouvelles officielles concernant la subvention 2017 du Conseil Régional. Subvention qui lui est accordée toutes les années depuis 10 ans… Le dossier devait passer en commission en septembre ou octobre sans aucune certitude à ce jour quant à l’attribution de la subvention. Un avis défavorable pourrait mettre en danger l’existence du festival pour les années à venir… Inquiétant et vraiment regrettable compte tenu du beau succès de cette 10ème édition.
Pierre-Henri Ardonceau
Les photos sont de Maurice Salvadori. Bénévole de l’Association Jazz à saint Rémy
* Voir son site Vu du Jazz : http://chrischarpenel.blogspot.fr
** Le Nouvel Observateur a titré la chronique du livre Le Roi René : René Urtreger, ce grand pianiste qui revient de (très) loin.
|Pour le 10ème anniversaire de Jazz à Saint Rémy, la programmation proposait un remarquable « Piano Panorama ». Mais pas que!
En prélude, avant les 4 grands concerts programmés du mercredi au samedi dans la confortable salle de l’Alpilium, Jazz à Saint Rémy avait prévu dès le mardi de bien agréables appetizers : inauguration de l’exposition des photographies de Christophe Charpenel*, conférence au Ciné Palace (par votre « serviteur ») sur « Ella Fitzgerald, la diva du jazz », pour célébrer le centième anniversaire de sa naissance, et concert (gratuit) d’ouverture au Café de la Place, avec le quartet Akpé Motion.
Akpé Motion
Dans la préface du livre d’Alain Brunet Puisque vous partez en voyage (publié chez Alter Ego Editions) Lucien Malson évoque l’étonnante carrière de ce haut fonctionnaire/trompettiste de jazz qui a joué dans le monde entier à la tête des ses différents groupes. Un « globe-trotter » du jazz (dans tous les sens du terme) pour L. Malson.
Dans la dernière édition du Dictionnaire du Jazz chez Robert Laffont (collection Bouquins, 2011) la présentation, louangeuse, d’A. Brunet a été rédigée par Philippe Carles.
Deux « parrains » haut de gamme pour ce musicien à la carrière vraiment atypique.
Depuis 40 ans Brunet a arpenté tous les territoires du jazz: du bop au free, en petite formation (avec entre autres pendant quelques années Prince Lawsha) ou en grand orchestre.
Il y a une dizaine d’années une rencontre avec le peintre/percussionniste Pascal Bouterin (qui vit à Saint Rémy où il a son atelier et sa galerie) le conduit à créer le groupe Akpé Motion. Ensemble, ils ont entrepris de redéfinir la transe méditation (un « concept » cher à Pascal Bouterin… mais pas évident, pour le moins, à définir en quelques mots!) en la jumelant à l’inspiration électrique de Miles Davis. Akpé Motion a connu depuis sa création plusieurs formules orchestrales (mais toutes avec P. Bouterin). Depuis 3 ans Akpé tourne dans une formule stabilisée et très homogène : Alain Brunet (tp, bugle, voc), Jean Gros (g), Luis Manresa (gb et voc), Pascal Bouterin (dr et voc). Ce quartet a enregistré l’an dernier un CD qui se vend comme des petits pains à la fin des prestations du groupe. Il faut dire que la musique d’Akpé, inclassable, nourrie de jazz rock et de world music est séduisante, bien construite, souvent étonnante et touche des publics très larges. Des jazzfans de stricte obédience sont parfois plus réservés. Quoi qu’il en soit en cette soirée inaugurale le groupe a triomphé. Alain Brunet qui avait optimisé récemment son set d’effets électroniques était particulièrement en forme et aussi bien dans l’exposé des thèmes que dans ses chorus il rendit superbement hommage à Miles (toutes périodes confondues).
Le mercredi 13 septembre, Laurent Courthaliac (p, leader), en octet, présentait son Tribute to Woody Allen suivi de la projection du cultissime Manhattan (le chef d’oeuvre en noir et blanc de Woody sorti en 1979, qui non seulement n’a pas pris une ride, mais qui, comme les grands crus, s’est bonifié).
L’octet de Laurent Courthaliac
Cette soirée était un copié/collé d’un programme donné au mois d’août dans le cadre du festival Parfum de Jazz de Buis Les Baronnies (voir le jazzlive du 31 août sur jazzmagazine.com). Buis et Saint Rémy sont deux festivals très liés à de multiples niveaux. Deux changements notables dans l’octet : le contrebassiste Clovis Nicolas était reparti à New York (où il vit) et Luigi Grasso (bs) le titulaire habituel de l’octet était de retour. Grasso vient d’Italie, pays qui a vu naître beaucoup de jazzmen talentueux. Après quelques années à New-York où il a suivi les enseignements de Barry Harris (un point commun avec son leader!) il s’est installé à Paris depuis 2010, où il enseigne, compose et développe ses propres projets. Mais il est aussi très demandé par plusieurs leaders de groupes de la scène jazz française et européenne. A l’écoute de ses chorus on comprend pourquoi : facile, inventif, virtuose. Qui plus est, Luigi est souriant, sympathique, décontracté. Pas étonnant que son agenda soit surbooké ! Depuis deux ans il est aussi Directeur Musical du nouveau projet de la chanteuse China Moses.
Le jeudi 14 Omar Sosa (p) se produisait en trio avec Seckou Keita (kora et vocal) et son percussionniste habituel le vénézulien Gustavo Ovalles. Tous virtuoses et surprenants.
Sosa soigne son look et sa gestuelle. C’est le moins qu’on puisse dire… L’instrumentiste est exigeant: le piano livré ne correspondait pas aux caractéristiques prévues par son contrat… les organisateurs durent en faire livrer un autre, conforme à la fiche technique demandée, à la toute dernière minute. Son jeu virtuose, complexe, très rythmique, alternant moments de calme et passages « explosifs » exige, de toute évidence, un bel et bon instrument. Sosa n’hésite jamais à promener son imagination de part et d’autre des océans pour la confronter à d’autres musiques. En quête perpétuelle de spiritualité, de liberté et d’échanges innovants il a décidé, depuis fort longtemps, de livrer un message puisant dans la culture musicale de chaque continent.
Comme partout cette démarche a suscité ici l’enthousiasme du public.
Soirée bebop très haut de gamme le vendredi 15. Avec deux grands maîtres de ce style : les pianistes Alain Jean-Marie et René Urtreger.
Alain Jean-Marie, accompagnait le volubile et spectaculaire altiste parkérien Dmitry Baevsky. Jean-Marie fut, comme toujours, un accompagnateur subtil et attentif pendant les chorus du saxophoniste et un soliste magique dans les larges espaces que Baevsky lui avait généreusement attribué. En réponse aux félicitations chaleureuses qui pleuvent backstage, Alain toujours discret, avec sa voix douce, quasi imperceptible et un sourire malicieux: « Normal, le be-bop c’est ma maison… ».
Pour René Urtreger de toute évidence le be-bop aussi est sa maison. Et il le prouve brillamment pendant les presque deux heures de son concert saint-remois.
A 83 ans Urtreger est en pleine forme. Toujours vif au clavier comme dans les échanges avec ses admirateurs (rabroués fermement lorsqu’ils se trompent de dates en évoquant concerts et enregistrements passés!).
Elégant « à la scène comme à la ville »: un look de quadragénaire séduisant… Plus qu’étonnant quand on a lu dans « Le Roi René » (le livre d’Agnés Desarthe chez Odile Jacob) le récit des hauts et des bas qui ont jalonné sa vie « complexe » (euphémisme) et sa longue carrière… Bel exemple de résilience**.
Urtreger était programmé ici en quintet.
Souvenirs, souvenirs: il avait tourné et enregistré en 1957 dans cette configuration avec Miles Davis!
Aux côtés de ses fidèles Yves Torchinski (b), et Eric Dervieux (dr) : Nicolas Folmer (tp), Hervé Meschinet (as, fl). Les deux souffleurs s’entendent comme larrons en foire. Nicolas Folmer participe à un très grand nombre de projets et d’albums. Soliste brillant et pêchu. Hervé Meschinet (as,fl), inspiré, original et renversant à la flûte, a joué et enregistré pour de nombreux grands chanteurs français : Henri Salvador, Charles Trénet, Claude Nougaro, Charles Aznavour, Nicole Croisille et Michel Legrand dont il est le saxophoniste attitré depuis vingt ans. Il a aussi accompagné de nombreux jazzmen de passage en France: Ray Charles, Wynton Marsalis, Clark Terry, Roy Haynes, Larry Coryell. Musicien pour musiciens, selon la formule consacrée, donc peu connu du grand-public mais reconnu par ses pairs comme une très « grosse pointure ». Un « requin de studio » comme on dit aussi parfois mais… soliste hors-pair. Ce qui est loin d’être le cas pour nombre de membres de cette confrérie (…celle des « requins »), toujours excellents lecteurs et solides têtes de pupitres dans les big bands mais aussi souvent, piètres chorusmen.
En coulisses, son batteur attitré depuis 37 ans, Eric Dervieux, généralement très discret, se « lâche » à l’évocation de certaines situations assez incroyables vécues par son « leader »! Et raconte avec un humour très « british » des moments assez délirants qu’il a connu lui aussi dans sa prime jeunesse lorsqu’il fut « baby sitter » pour les enfants de Michel Legrand ou lorsqu’il vogua quelquefois sur le yacht géant du compositeur… Hilarant… A quand un recueil pour nous conter tout cela? Qui s’y colle? Pascal Anquetil ?
Le samedi pour le dernier concert de Jazz à Saint Rémy 2017: sold out pour China Moses. De nombreuses personnes ne purent obtenir de place… Je n’étais pas présent mais B. Chambre, président de Jazz à Saint Rémy, m’a confié qu’elle a su conquérir le public de l’Alpilium par son énergie, sa passion, sa fougue sans oublier sa sensibilité à fleur de peau et l’émotion qu’elle transmet à travers sa magnifique voix, même si quelques spectateurs ont été surpris par la « tonalité » de son nouveau projet « Nightintales »
Musiciens de son nouveau 5tet : L. Grasso (sax/claviers), Ashley Henry (piano), Neil Charles (basse), Marijus Aleska (batterie)
Inquiétudes…
L’association n’a toujours pas de nouvelles officielles concernant la subvention 2017 du Conseil Régional. Subvention qui lui est accordée toutes les années depuis 10 ans… Le dossier devait passer en commission en septembre ou octobre sans aucune certitude à ce jour quant à l’attribution de la subvention. Un avis défavorable pourrait mettre en danger l’existence du festival pour les années à venir… Inquiétant et vraiment regrettable compte tenu du beau succès de cette 10ème édition.
Pierre-Henri Ardonceau
Les photos sont de Maurice Salvadori. Bénévole de l’Association Jazz à saint Rémy
* Voir son site Vu du Jazz : http://chrischarpenel.blogspot.fr
** Le Nouvel Observateur a titré la chronique du livre Le Roi René : René Urtreger, ce grand pianiste qui revient de (très) loin.
|Pour le 10ème anniversaire de Jazz à Saint Rémy, la programmation proposait un remarquable « Piano Panorama ». Mais pas que!
En prélude, avant les 4 grands concerts programmés du mercredi au samedi dans la confortable salle de l’Alpilium, Jazz à Saint Rémy avait prévu dès le mardi de bien agréables appetizers : inauguration de l’exposition des photographies de Christophe Charpenel*, conférence au Ciné Palace (par votre « serviteur ») sur « Ella Fitzgerald, la diva du jazz », pour célébrer le centième anniversaire de sa naissance, et concert (gratuit) d’ouverture au Café de la Place, avec le quartet Akpé Motion.
Akpé Motion
Dans la préface du livre d’Alain Brunet Puisque vous partez en voyage (publié chez Alter Ego Editions) Lucien Malson évoque l’étonnante carrière de ce haut fonctionnaire/trompettiste de jazz qui a joué dans le monde entier à la tête des ses différents groupes. Un « globe-trotter » du jazz (dans tous les sens du terme) pour L. Malson.
Dans la dernière édition du Dictionnaire du Jazz chez Robert Laffont (collection Bouquins, 2011) la présentation, louangeuse, d’A. Brunet a été rédigée par Philippe Carles.
Deux « parrains » haut de gamme pour ce musicien à la carrière vraiment atypique.
Depuis 40 ans Brunet a arpenté tous les territoires du jazz: du bop au free, en petite formation (avec entre autres pendant quelques années Prince Lawsha) ou en grand orchestre.
Il y a une dizaine d’années une rencontre avec le peintre/percussionniste Pascal Bouterin (qui vit à Saint Rémy où il a son atelier et sa galerie) le conduit à créer le groupe Akpé Motion. Ensemble, ils ont entrepris de redéfinir la transe méditation (un « concept » cher à Pascal Bouterin… mais pas évident, pour le moins, à définir en quelques mots!) en la jumelant à l’inspiration électrique de Miles Davis. Akpé Motion a connu depuis sa création plusieurs formules orchestrales (mais toutes avec P. Bouterin). Depuis 3 ans Akpé tourne dans une formule stabilisée et très homogène : Alain Brunet (tp, bugle, voc), Jean Gros (g), Luis Manresa (gb et voc), Pascal Bouterin (dr et voc). Ce quartet a enregistré l’an dernier un CD qui se vend comme des petits pains à la fin des prestations du groupe. Il faut dire que la musique d’Akpé, inclassable, nourrie de jazz rock et de world music est séduisante, bien construite, souvent étonnante et touche des publics très larges. Des jazzfans de stricte obédience sont parfois plus réservés. Quoi qu’il en soit en cette soirée inaugurale le groupe a triomphé. Alain Brunet qui avait optimisé récemment son set d’effets électroniques était particulièrement en forme et aussi bien dans l’exposé des thèmes que dans ses chorus il rendit superbement hommage à Miles (toutes périodes confondues).
Le mercredi 13 septembre, Laurent Courthaliac (p, leader), en octet, présentait son Tribute to Woody Allen suivi de la projection du cultissime Manhattan (le chef d’oeuvre en noir et blanc de Woody sorti en 1979, qui non seulement n’a pas pris une ride, mais qui, comme les grands crus, s’est bonifié).
L’octet de Laurent Courthaliac
Cette soirée était un copié/collé d’un programme donné au mois d’août dans le cadre du festival Parfum de Jazz de Buis Les Baronnies (voir le jazzlive du 31 août sur jazzmagazine.com). Buis et Saint Rémy sont deux festivals très liés à de multiples niveaux. Deux changements notables dans l’octet : le contrebassiste Clovis Nicolas était reparti à New York (où il vit) et Luigi Grasso (bs) le titulaire habituel de l’octet était de retour. Grasso vient d’Italie, pays qui a vu naître beaucoup de jazzmen talentueux. Après quelques années à New-York où il a suivi les enseignements de Barry Harris (un point commun avec son leader!) il s’est installé à Paris depuis 2010, où il enseigne, compose et développe ses propres projets. Mais il est aussi très demandé par plusieurs leaders de groupes de la scène jazz française et européenne. A l’écoute de ses chorus on comprend pourquoi : facile, inventif, virtuose. Qui plus est, Luigi est souriant, sympathique, décontracté. Pas étonnant que son agenda soit surbooké ! Depuis deux ans il est aussi Directeur Musical du nouveau projet de la chanteuse China Moses.
Le jeudi 14 Omar Sosa (p) se produisait en trio avec Seckou Keita (kora et vocal) et son percussionniste habituel le vénézulien Gustavo Ovalles. Tous virtuoses et surprenants.
Sosa soigne son look et sa gestuelle. C’est le moins qu’on puisse dire… L’instrumentiste est exigeant: le piano livré ne correspondait pas aux caractéristiques prévues par son contrat… les organisateurs durent en faire livrer un autre, conforme à la fiche technique demandée, à la toute dernière minute. Son jeu virtuose, complexe, très rythmique, alternant moments de calme et passages « explosifs » exige, de toute évidence, un bel et bon instrument. Sosa n’hésite jamais à promener son imagination de part et d’autre des océans pour la confronter à d’autres musiques. En quête perpétuelle de spiritualité, de liberté et d’échanges innovants il a décidé, depuis fort longtemps, de livrer un message puisant dans la culture musicale de chaque continent.
Comme partout cette démarche a suscité ici l’enthousiasme du public.
Soirée bebop très haut de gamme le vendredi 15. Avec deux grands maîtres de ce style : les pianistes Alain Jean-Marie et René Urtreger.
Alain Jean-Marie, accompagnait le volubile et spectaculaire altiste parkérien Dmitry Baevsky. Jean-Marie fut, comme toujours, un accompagnateur subtil et attentif pendant les chorus du saxophoniste et un soliste magique dans les larges espaces que Baevsky lui avait généreusement attribué. En réponse aux félicitations chaleureuses qui pleuvent backstage, Alain toujours discret, avec sa voix douce, quasi imperceptible et un sourire malicieux: « Normal, le be-bop c’est ma maison… ».
Pour René Urtreger de toute évidence le be-bop aussi est sa maison. Et il le prouve brillamment pendant les presque deux heures de son concert saint-remois.
A 83 ans Urtreger est en pleine forme. Toujours vif au clavier comme dans les échanges avec ses admirateurs (rabroués fermement lorsqu’ils se trompent de dates en évoquant concerts et enregistrements passés!).
Elégant « à la scène comme à la ville »: un look de quadragénaire séduisant… Plus qu’étonnant quand on a lu dans « Le Roi René » (le livre d’Agnés Desarthe chez Odile Jacob) le récit des hauts et des bas qui ont jalonné sa vie « complexe » (euphémisme) et sa longue carrière… Bel exemple de résilience**.
Urtreger était programmé ici en quintet.
Souvenirs, souvenirs: il avait tourné et enregistré en 1957 dans cette configuration avec Miles Davis!
Aux côtés de ses fidèles Yves Torchinski (b), et Eric Dervieux (dr) : Nicolas Folmer (tp), Hervé Meschinet (as, fl). Les deux souffleurs s’entendent comme larrons en foire. Nicolas Folmer participe à un très grand nombre de projets et d’albums. Soliste brillant et pêchu. Hervé Meschinet (as,fl), inspiré, original et renversant à la flûte, a joué et enregistré pour de nombreux grands chanteurs français : Henri Salvador, Charles Trénet, Claude Nougaro, Charles Aznavour, Nicole Croisille et Michel Legrand dont il est le saxophoniste attitré depuis vingt ans. Il a aussi accompagné de nombreux jazzmen de passage en France: Ray Charles, Wynton Marsalis, Clark Terry, Roy Haynes, Larry Coryell. Musicien pour musiciens, selon la formule consacrée, donc peu connu du grand-public mais reconnu par ses pairs comme une très « grosse pointure ». Un « requin de studio » comme on dit aussi parfois mais… soliste hors-pair. Ce qui est loin d’être le cas pour nombre de membres de cette confrérie (…celle des « requins »), toujours excellents lecteurs et solides têtes de pupitres dans les big bands mais aussi souvent, piètres chorusmen.
En coulisses, son batteur attitré depuis 37 ans, Eric Dervieux, généralement très discret, se « lâche » à l’évocation de certaines situations assez incroyables vécues par son « leader »! Et raconte avec un humour très « british » des moments assez délirants qu’il a connu lui aussi dans sa prime jeunesse lorsqu’il fut « baby sitter » pour les enfants de Michel Legrand ou lorsqu’il vogua quelquefois sur le yacht géant du compositeur… Hilarant… A quand un recueil pour nous conter tout cela? Qui s’y colle? Pascal Anquetil ?
Le samedi pour le dernier concert de Jazz à Saint Rémy 2017: sold out pour China Moses. De nombreuses personnes ne purent obtenir de place… Je n’étais pas présent mais B. Chambre, président de Jazz à Saint Rémy, m’a confié qu’elle a su conquérir le public de l’Alpilium par son énergie, sa passion, sa fougue sans oublier sa sensibilité à fleur de peau et l’émotion qu’elle transmet à travers sa magnifique voix, même si quelques spectateurs ont été surpris par la « tonalité » de son nouveau projet « Nightintales »
Musiciens de son nouveau 5tet : L. Grasso (sax/claviers), Ashley Henry (piano), Neil Charles (basse), Marijus Aleska (batterie)
Inquiétudes…
L’association n’a toujours pas de nouvelles officielles concernant la subvention 2017 du Conseil Régional. Subvention qui lui est accordée toutes les années depuis 10 ans… Le dossier devait passer en commission en septembre ou octobre sans aucune certitude à ce jour quant à l’attribution de la subvention. Un avis défavorable pourrait mettre en danger l’existence du festival pour les années à venir… Inquiétant et vraiment regrettable compte tenu du beau succès de cette 10ème édition.
Pierre-Henri Ardonceau
Les photos sont de Maurice Salvadori. Bénévole de l’Association Jazz à saint Rémy
* Voir son site Vu du Jazz : http://chrischarpenel.blogspot.fr
** Le Nouvel Observateur a titré la chronique du livre Le Roi René : René Urtreger, ce grand pianiste qui revient de (très) loin.