JAZZ au CHESNAY : TRIBUTE to MICHEL PETRUCCIANI
Franck Avitabile (piano), Baptiste Herbin (saxophones alto et soprano), José Fallot (guitare basse), Étienne Brachet (batterie)
Le Chesnay (Yvelines), Patio de la Grande Scène, 20 mars 2018, 20h30
La Grande Scène, salle de spectacle créée voici à peine 10 ans, accueille régulièrement dans son patio les ‘Mardis du Jazz’, organisés par l’association JACP. On est à quelques centaines de mètres de la ville de Versailles, et presque à jet de pierre du parc du Château qui accueillait, en son Nord Est, la Maison de la Reine, le Domaine de Marie-Antoinette, le Temple de l’Amour et le Petit Trianon. À deux pas également de ce témoignage symbolique du rêve consumériste des CSP+ que constitua, dans les années soixante, le surgissement de la résidence Parly 2. Le chroniqueur, résident de la banlieue Est, avait renoncé à user des transports en commun (son lot quotidien) au profit de la voiture, car l’endroit n’est pas idéalement desservi. Résultat : les encombrements périphériques de début de soirée firent qu’il arriva sur les lieux après la première partie, qui accueillait l’atelier Combo du JACP, dirigé par José Fallot. Mais, fort heureusement, avant le début de l’hommage à Michel Petrucciani.
On commence en trio, avec Lullaby, un joli thème de Michel, chantant et subtil, servi avec une ferveur recueillie par Franck Avitabile. L’hommage mérite son nom. Dès le morceau suivant Baptiste Herbin se joint au trio et là encore, le primat du mélodique s’affirme, avec chaleur. Il en ira tout autrement du thème qui suivant, My Bebop Tune, cavalcade funambule où le groupe prend des risques, et navigue avec panache entre les embûches de mise en place et de phrasé. Le public exulte : très attentif, et même impliqué, il ne perd pas une miette de ce qui se joue sur scène. Après une autre composition de Michel Petrucciani vient une standard qu’il affectionnait, These Foolish Things, qu’il avait enregistré avec Stéphane Grappelli. Primat du mélodique encore, avant de bifurquer, pour le titre suivant, vers Petrucciani compositeur, et l’ivresse up tempo, avec Little Piece in C for U : un grand slalom sur les harmonies de I Got Rhythm, où Baptiste Herbin s’en donne à cœur joie, citant au détour d’une phrase un thème de Charlie Parker, puis une bribe d’un standard, dans un folle énergie à la Cannonball Adderley. Enthousiasme du public, que Franck Avitabile va prolonger à son profit, prenant des risques jusqu’au vertige, entre unissons main droite-main gauche et block chords : l’effervescence est à son comble, et débouche comme il se doit sur un solo de basse, puis sur des 4/4 avec le batteur. Fin du programme, mais retour en rappel avec d’abord un duo piano-sax soprano dont je crois qu’il va tourner autour de Lover Man, avant que ne se dévoile Caravan, où Baptiste Herbin va jouer ‘à la Roland Kirk’, phrasant simultanément de ses deux saxophones. Le quartette se reconstitue pour encore quelques minutes autour des harmonies du thème, et la fête sera finie. Public conquis, et musiciens ravis d’avoir accompli cet hommage. Un verre au bar (il est à l’extérieur du patio, et ne fonctionne pas pendant le concert, garantie d’une écoute attentive….), quelques échanges avec les spectateurs (notamment Pierre-Olivier Govin, venu en voisin), un bout d’A 13, un tour de périph’, et le chroniqueur pourra rentrer en ses pénates avec le souvenir d’une bonne soirée de musique.
Xavier Prévost
Le site de l’association