Jazz live
Publié le 24 Août 2012

Jazz Campus en Clunisois (2) : Céline Bonacina Trio / Journal intime

Soirée survoltée à la salle des fêtes de Massilly, avec deux trios aux instrumentations atypiques faisant la part belle aux fréquences graves.

 

Mercredi 22 août, salle des fêtes de Massilly (71)

1ère partie : Céline Bonacina Trio

Céline Bonacina (bs, ss, as), Kevin Reveyrand (elb), Hari Ratsimbazafy (dm).

2ème partie : Journal intime joue Jimi Hendrix

Sylvain Bardiau (tp), Matthias Mahler (tb), Fred Gastard (saxophone basse).

 

Outre son orientation volontiers libertaire, la programmation de Jazz Campus en Clunisois 2012 laisse apparaître deux spécificités originales : l’absence totale de piano (qu’on imagine liée à une féconde contrainte technique), et, par ricochet, la présence massive d’instrumentations inhabituelles, comme celles qui nous furent présentées ce mercredi soir.

 

Entre le saxophone baryton et la basse électrique à cinq cordes, autant dire que le trio de Céline Bonacina fait le plein de fréquences graves. Ce choix confère à la musique du groupe un caractère souvent sombre, un son très urbain, contrebalancée par la présence lumineuse de la saxophoniste sur scène, ainsi que par son goût pour les rythmiques ensoleillées de l’Océan indien, servies par son excellent batteur malgache, Hari Ratsimbazafy. En dépit (ou grâce à ?) une sonorisation un peu excessive pour la modeste salle des fêtes de Massilly, le groupe remporta un véritable triomphe, laissant le public bourguignon dans les meilleurs dispositions pour apprécier la deuxième partie du concert, où le trio de cuivres Journal intime allait se frotter au répertoire de Jimi Hendrix.

 

Ceux qui, comme moi, s’attendaient à une séance de blind fold test (« Tiens, Purple Haze ! », « Oh, mais c’est Little Wing, ma parole ! ») en furent pour leurs frais. Le long premier morceau s’écoula sans que je pusse reconnaître le moindre morceau, malgré mes solides références hendrixiennes. Il y avait bien ce riff qui évoquait Foxy Lady, mais ce n’était pas tout à fait ça… Fred Gastard s’en expliqua au micro : le projet de Journal intime est moins d’interpréter que d’évoquer l’œuvre du génial gaucher, à travers des chansons qui, à de rares exceptions près, ne font guère partie des plus célèbres : Hey Baby, Let the Good Time Roll (poétiquement rebaptisé : Viens !), If Six Was Nine, Lover Man, 1983…

 

Choix pertinent, tant il est vrai que les compositions d’Hendrix ne sont bien souvent elles-mêmes que des squelettes, riff-thèmes géniaux prétextes à divagations soniques, se prêtant fort mal à des arrangements au sens plus classique du terme (on se souvient que Gil Evans lui-même s’y cassa les dents, ratant totalement les adaptations qu’il en fit pour son grand orchestre). À travers une approche organique, les trois musiciens de Journal intime prennent ces chansons comme un point de départ pour un travail en profondeur sur le rythme et le surtout le son, triturant la pâte sonore pour un résultat oscillant entre rock et jungle ellingtonienne, tout en en ne ressemblant à rien d’autre. Pari gagné.

 

Pascal Rozat

 

PS : ne ratez pas la diffusion sur France Musique du concert du septette belge Rêve d’Éléphant Orchestra, en direct ce soir à 21 heures !

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Soirée survoltée à la salle des fêtes de Massilly, avec deux trios aux instrumentations atypiques faisant la part belle aux fréquences graves.

 

Mercredi 22 août, salle des fêtes de Massilly (71)

1ère partie : Céline Bonacina Trio

Céline Bonacina (bs, ss, as), Kevin Reveyrand (elb), Hari Ratsimbazafy (dm).

2ème partie : Journal intime joue Jimi Hendrix

Sylvain Bardiau (tp), Matthias Mahler (tb), Fred Gastard (saxophone basse).

 

Outre son orientation volontiers libertaire, la programmation de Jazz Campus en Clunisois 2012 laisse apparaître deux spécificités originales : l’absence totale de piano (qu’on imagine liée à une féconde contrainte technique), et, par ricochet, la présence massive d’instrumentations inhabituelles, comme celles qui nous furent présentées ce mercredi soir.

 

Entre le saxophone baryton et la basse électrique à cinq cordes, autant dire que le trio de Céline Bonacina fait le plein de fréquences graves. Ce choix confère à la musique du groupe un caractère souvent sombre, un son très urbain, contrebalancée par la présence lumineuse de la saxophoniste sur scène, ainsi que par son goût pour les rythmiques ensoleillées de l’Océan indien, servies par son excellent batteur malgache, Hari Ratsimbazafy. En dépit (ou grâce à ?) une sonorisation un peu excessive pour la modeste salle des fêtes de Massilly, le groupe remporta un véritable triomphe, laissant le public bourguignon dans les meilleurs dispositions pour apprécier la deuxième partie du concert, où le trio de cuivres Journal intime allait se frotter au répertoire de Jimi Hendrix.

 

Ceux qui, comme moi, s’attendaient à une séance de blind fold test (« Tiens, Purple Haze ! », « Oh, mais c’est Little Wing, ma parole ! ») en furent pour leurs frais. Le long premier morceau s’écoula sans que je pusse reconnaître le moindre morceau, malgré mes solides références hendrixiennes. Il y avait bien ce riff qui évoquait Foxy Lady, mais ce n’était pas tout à fait ça… Fred Gastard s’en expliqua au micro : le projet de Journal intime est moins d’interpréter que d’évoquer l’œuvre du génial gaucher, à travers des chansons qui, à de rares exceptions près, ne font guère partie des plus célèbres : Hey Baby, Let the Good Time Roll (poétiquement rebaptisé : Viens !), If Six Was Nine, Lover Man, 1983…

 

Choix pertinent, tant il est vrai que les compositions d’Hendrix ne sont bien souvent elles-mêmes que des squelettes, riff-thèmes géniaux prétextes à divagations soniques, se prêtant fort mal à des arrangements au sens plus classique du terme (on se souvient que Gil Evans lui-même s’y cassa les dents, ratant totalement les adaptations qu’il en fit pour son grand orchestre). À travers une approche organique, les trois musiciens de Journal intime prennent ces chansons comme un point de départ pour un travail en profondeur sur le rythme et le surtout le son, triturant la pâte sonore pour un résultat oscillant entre rock et jungle ellingtonienne, tout en en ne ressemblant à rien d’autre. Pari gagné.

 

Pascal Rozat

 

PS : ne ratez pas la diffusion sur France Musique du concert du septette belge Rêve d’Éléphant Orchestra, en direct ce soir à 21 heures !

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Soirée survoltée à la salle des fêtes de Massilly, avec deux trios aux instrumentations atypiques faisant la part belle aux fréquences graves.

 

Mercredi 22 août, salle des fêtes de Massilly (71)

1ère partie : Céline Bonacina Trio

Céline Bonacina (bs, ss, as), Kevin Reveyrand (elb), Hari Ratsimbazafy (dm).

2ème partie : Journal intime joue Jimi Hendrix

Sylvain Bardiau (tp), Matthias Mahler (tb), Fred Gastard (saxophone basse).

 

Outre son orientation volontiers libertaire, la programmation de Jazz Campus en Clunisois 2012 laisse apparaître deux spécificités originales : l’absence totale de piano (qu’on imagine liée à une féconde contrainte technique), et, par ricochet, la présence massive d’instrumentations inhabituelles, comme celles qui nous furent présentées ce mercredi soir.

 

Entre le saxophone baryton et la basse électrique à cinq cordes, autant dire que le trio de Céline Bonacina fait le plein de fréquences graves. Ce choix confère à la musique du groupe un caractère souvent sombre, un son très urbain, contrebalancée par la présence lumineuse de la saxophoniste sur scène, ainsi que par son goût pour les rythmiques ensoleillées de l’Océan indien, servies par son excellent batteur malgache, Hari Ratsimbazafy. En dépit (ou grâce à ?) une sonorisation un peu excessive pour la modeste salle des fêtes de Massilly, le groupe remporta un véritable triomphe, laissant le public bourguignon dans les meilleurs dispositions pour apprécier la deuxième partie du concert, où le trio de cuivres Journal intime allait se frotter au répertoire de Jimi Hendrix.

 

Ceux qui, comme moi, s’attendaient à une séance de blind fold test (« Tiens, Purple Haze ! », « Oh, mais c’est Little Wing, ma parole ! ») en furent pour leurs frais. Le long premier morceau s’écoula sans que je pusse reconnaître le moindre morceau, malgré mes solides références hendrixiennes. Il y avait bien ce riff qui évoquait Foxy Lady, mais ce n’était pas tout à fait ça… Fred Gastard s’en expliqua au micro : le projet de Journal intime est moins d’interpréter que d’évoquer l’œuvre du génial gaucher, à travers des chansons qui, à de rares exceptions près, ne font guère partie des plus célèbres : Hey Baby, Let the Good Time Roll (poétiquement rebaptisé : Viens !), If Six Was Nine, Lover Man, 1983…

 

Choix pertinent, tant il est vrai que les compositions d’Hendrix ne sont bien souvent elles-mêmes que des squelettes, riff-thèmes géniaux prétextes à divagations soniques, se prêtant fort mal à des arrangements au sens plus classique du terme (on se souvient que Gil Evans lui-même s’y cassa les dents, ratant totalement les adaptations qu’il en fit pour son grand orchestre). À travers une approche organique, les trois musiciens de Journal intime prennent ces chansons comme un point de départ pour un travail en profondeur sur le rythme et le surtout le son, triturant la pâte sonore pour un résultat oscillant entre rock et jungle ellingtonienne, tout en en ne ressemblant à rien d’autre. Pari gagné.

 

Pascal Rozat

 

PS : ne ratez pas la diffusion sur France Musique du concert du septette belge Rêve d’Éléphant Orchestra, en direct ce soir à 21 heures !

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Soirée survoltée à la salle des fêtes de Massilly, avec deux trios aux instrumentations atypiques faisant la part belle aux fréquences graves.

 

Mercredi 22 août, salle des fêtes de Massilly (71)

1ère partie : Céline Bonacina Trio

Céline Bonacina (bs, ss, as), Kevin Reveyrand (elb), Hari Ratsimbazafy (dm).

2ème partie : Journal intime joue Jimi Hendrix

Sylvain Bardiau (tp), Matthias Mahler (tb), Fred Gastard (saxophone basse).

 

Outre son orientation volontiers libertaire, la programmation de Jazz Campus en Clunisois 2012 laisse apparaître deux spécificités originales : l’absence totale de piano (qu’on imagine liée à une féconde contrainte technique), et, par ricochet, la présence massive d’instrumentations inhabituelles, comme celles qui nous furent présentées ce mercredi soir.

 

Entre le saxophone baryton et la basse électrique à cinq cordes, autant dire que le trio de Céline Bonacina fait le plein de fréquences graves. Ce choix confère à la musique du groupe un caractère souvent sombre, un son très urbain, contrebalancée par la présence lumineuse de la saxophoniste sur scène, ainsi que par son goût pour les rythmiques ensoleillées de l’Océan indien, servies par son excellent batteur malgache, Hari Ratsimbazafy. En dépit (ou grâce à ?) une sonorisation un peu excessive pour la modeste salle des fêtes de Massilly, le groupe remporta un véritable triomphe, laissant le public bourguignon dans les meilleurs dispositions pour apprécier la deuxième partie du concert, où le trio de cuivres Journal intime allait se frotter au répertoire de Jimi Hendrix.

 

Ceux qui, comme moi, s’attendaient à une séance de blind fold test (« Tiens, Purple Haze ! », « Oh, mais c’est Little Wing, ma parole ! ») en furent pour leurs frais. Le long premier morceau s’écoula sans que je pusse reconnaître le moindre morceau, malgré mes solides références hendrixiennes. Il y avait bien ce riff qui évoquait Foxy Lady, mais ce n’était pas tout à fait ça… Fred Gastard s’en expliqua au micro : le projet de Journal intime est moins d’interpréter que d’évoquer l’œuvre du génial gaucher, à travers des chansons qui, à de rares exceptions près, ne font guère partie des plus célèbres : Hey Baby, Let the Good Time Roll (poétiquement rebaptisé : Viens !), If Six Was Nine, Lover Man, 1983…

 

Choix pertinent, tant il est vrai que les compositions d’Hendrix ne sont bien souvent elles-mêmes que des squelettes, riff-thèmes géniaux prétextes à divagations soniques, se prêtant fort mal à des arrangements au sens plus classique du terme (on se souvient que Gil Evans lui-même s’y cassa les dents, ratant totalement les adaptations qu’il en fit pour son grand orchestre). À travers une approche organique, les trois musiciens de Journal intime prennent ces chansons comme un point de départ pour un travail en profondeur sur le rythme et le surtout le son, triturant la pâte sonore pour un résultat oscillant entre rock et jungle ellingtonienne, tout en en ne ressemblant à rien d’autre. Pari gagné.

 

Pascal Rozat

 

PS : ne ratez pas la diffusion sur France Musique du concert du septette belge Rêve d’Éléphant Orchestra, en direct ce soir à 21 heures !