Jazz em Agosto : Franz Hautzinger Big Rain
Une affiche fantasmatique, association étonnante de quatre explorateurs aux origines variées (Vienne, Tokyo, Philadelphie, Chicago), pour un set lorgnant du côté du Miles Davis de 1969-75 et évoquant aussi – logiquement – certains travaux de Bill Laswell avec Material ou Sacred System (avec Toshinori Kondo, Graham Haynes ou Nils Petter Molvaer à la trompette…) dans les années 90. Rien de bien neuf donc, musicalement parlant. Rien de très inspiré non plus.
Mercredi 6 août 2014, Amphithéâtre du Musée Gulbenkian, Lisbonne.
Franz Hautzinger (tp, voc), Keiji Haino (elg, voc, elec), Jamaaladeen Tacuma (elb), Hamid Drake (dm)
Jamaaladeen Tacuma semble mal à l’aise face à l’indiscipline sauvage de Keiji Haino, showman immodéré et oublieux qu’il partage la scène avec d’autres musiciens. Les saillies apocalyptiques du farfadet nippon écrasent fréquemment ce que les autres essayent patiemment de construire. Mais peut-on le lui reprocher ? Autant demander poliment à Godzilla, dérangé dans son sommeil millénaire au fond des abysses, de ne pas dévaster Tokyo… Ne sachant sur quel pied danser, Tacuma finit par recourir à des tourneries disco-funk un chouia fatiguées. Il se fait percussionniste un moment, dessine un rythme sur les cordes. Mouais… Face à Haino, divinité irascible ne respectant aucun code, l’ex-sideman d’Ornette Coleman a l’air d’une poule devant un couteau. On le sait, Hamid Drake peut se fondre dans tous les styles et faire son miel (et le nôtre) de n’importe quelle approche. Il se fait ici médiateur entre Haino et Tacuma, frères ennemis. Le Japonais déballe alors son arsenal : anguilles électriques et autres lanières munies de capteurs avec lesquelles il fouette l’air, tel une créature magique sortie d’un film de Tsui Hark, ce que son apparence d’outre-monde ne vient pas démentir. Spectacle garanti, mais si l’on se base sur la seule écoute l’impression qui domine est celle de musiciens mal préparés, en manque d’une vraie direction artistique et se repliant pour donner le change sur des gesticulations cache-misère…
Haino, aussi mince qu’une page A4, crisse et crie, court et saute dans tous les sens, témoignant d’une souplesse étonnante chez un homme de 62 ans – il faudra que j’en parle à mon kiné. Discret, Franz Hautzinger tire pour l’essentiel des sons ambient de sa trompette ruisselante d’effets, ne s’aventurant que rarement dans des solos aux arabesques pourtant séduisantes. Si ce melting-pot transcontinental me semble constituer une fausse bonne idée, les spectateurs ont l’air d’y trouver leur compte, ce que confirmeront des applaudissements torrentiels, vivats assourdissants ainsi qu’un rappel massif : un indéniable succès public pour le festival. De fait, les choses s’agrègent lors des vingt dernières minutes, un terrain d’entente trouvé, la communication établie, la complicité apparente et la musique enfin élaborée à plusieurs. Après une heure de tâtonnements et de fausses pistes, un groove-rock épique fait se rejoindre les trouvailles des uns et des autres, jusqu’alors éparses. On aurait aimé que l’intégralité du concert soit de ce tonneau…
David Cristol
P.S. le travail de Keiji Haino est souvent passionnant par ailleurs, que ce soit en solo, en trio avec Jim O’Rourke et Oren Ambarchi, ou avec son groupe Fushitsusha, que l’on aimerait entendre plus souvent en Europe…|Une affiche fantasmatique, association étonnante de quatre explorateurs aux origines variées (Vienne, Tokyo, Philadelphie, Chicago), pour un set lorgnant du côté du Miles Davis de 1969-75 et évoquant aussi – logiquement – certains travaux de Bill Laswell avec Material ou Sacred System (avec Toshinori Kondo, Graham Haynes ou Nils Petter Molvaer à la trompette…) dans les années 90. Rien de bien neuf donc, musicalement parlant. Rien de très inspiré non plus.
Mercredi 6 août 2014, Amphithéâtre du Musée Gulbenkian, Lisbonne.
Franz Hautzinger (tp, voc), Keiji Haino (elg, voc, elec), Jamaaladeen Tacuma (elb), Hamid Drake (dm)
Jamaaladeen Tacuma semble mal à l’aise face à l’indiscipline sauvage de Keiji Haino, showman immodéré et oublieux qu’il partage la scène avec d’autres musiciens. Les saillies apocalyptiques du farfadet nippon écrasent fréquemment ce que les autres essayent patiemment de construire. Mais peut-on le lui reprocher ? Autant demander poliment à Godzilla, dérangé dans son sommeil millénaire au fond des abysses, de ne pas dévaster Tokyo… Ne sachant sur quel pied danser, Tacuma finit par recourir à des tourneries disco-funk un chouia fatiguées. Il se fait percussionniste un moment, dessine un rythme sur les cordes. Mouais… Face à Haino, divinité irascible ne respectant aucun code, l’ex-sideman d’Ornette Coleman a l’air d’une poule devant un couteau. On le sait, Hamid Drake peut se fondre dans tous les styles et faire son miel (et le nôtre) de n’importe quelle approche. Il se fait ici médiateur entre Haino et Tacuma, frères ennemis. Le Japonais déballe alors son arsenal : anguilles électriques et autres lanières munies de capteurs avec lesquelles il fouette l’air, tel une créature magique sortie d’un film de Tsui Hark, ce que son apparence d’outre-monde ne vient pas démentir. Spectacle garanti, mais si l’on se base sur la seule écoute l’impression qui domine est celle de musiciens mal préparés, en manque d’une vraie direction artistique et se repliant pour donner le change sur des gesticulations cache-misère…
Haino, aussi mince qu’une page A4, crisse et crie, court et saute dans tous les sens, témoignant d’une souplesse étonnante chez un homme de 62 ans – il faudra que j’en parle à mon kiné. Discret, Franz Hautzinger tire pour l’essentiel des sons ambient de sa trompette ruisselante d’effets, ne s’aventurant que rarement dans des solos aux arabesques pourtant séduisantes. Si ce melting-pot transcontinental me semble constituer une fausse bonne idée, les spectateurs ont l’air d’y trouver leur compte, ce que confirmeront des applaudissements torrentiels, vivats assourdissants ainsi qu’un rappel massif : un indéniable succès public pour le festival. De fait, les choses s’agrègent lors des vingt dernières minutes, un terrain d’entente trouvé, la communication établie, la complicité apparente et la musique enfin élaborée à plusieurs. Après une heure de tâtonnements et de fausses pistes, un groove-rock épique fait se rejoindre les trouvailles des uns et des autres, jusqu’alors éparses. On aurait aimé que l’intégralité du concert soit de ce tonneau…
David Cristol
P.S. le travail de Keiji Haino est souvent passionnant par ailleurs, que ce soit en solo, en trio avec Jim O’Rourke et Oren Ambarchi, ou avec son groupe Fushitsusha, que l’on aimerait entendre plus souvent en Europe…|Une affiche fantasmatique, association étonnante de quatre explorateurs aux origines variées (Vienne, Tokyo, Philadelphie, Chicago), pour un set lorgnant du côté du Miles Davis de 1969-75 et évoquant aussi – logiquement – certains travaux de Bill Laswell avec Material ou Sacred System (avec Toshinori Kondo, Graham Haynes ou Nils Petter Molvaer à la trompette…) dans les années 90. Rien de bien neuf donc, musicalement parlant. Rien de très inspiré non plus.
Mercredi 6 août 2014, Amphithéâtre du Musée Gulbenkian, Lisbonne.
Franz Hautzinger (tp, voc), Keiji Haino (elg, voc, elec), Jamaaladeen Tacuma (elb), Hamid Drake (dm)
Jamaaladeen Tacuma semble mal à l’aise face à l’indiscipline sauvage de Keiji Haino, showman immodéré et oublieux qu’il partage la scène avec d’autres musiciens. Les saillies apocalyptiques du farfadet nippon écrasent fréquemment ce que les autres essayent patiemment de construire. Mais peut-on le lui reprocher ? Autant demander poliment à Godzilla, dérangé dans son sommeil millénaire au fond des abysses, de ne pas dévaster Tokyo… Ne sachant sur quel pied danser, Tacuma finit par recourir à des tourneries disco-funk un chouia fatiguées. Il se fait percussionniste un moment, dessine un rythme sur les cordes. Mouais… Face à Haino, divinité irascible ne respectant aucun code, l’ex-sideman d’Ornette Coleman a l’air d’une poule devant un couteau. On le sait, Hamid Drake peut se fondre dans tous les styles et faire son miel (et le nôtre) de n’importe quelle approche. Il se fait ici médiateur entre Haino et Tacuma, frères ennemis. Le Japonais déballe alors son arsenal : anguilles électriques et autres lanières munies de capteurs avec lesquelles il fouette l’air, tel une créature magique sortie d’un film de Tsui Hark, ce que son apparence d’outre-monde ne vient pas démentir. Spectacle garanti, mais si l’on se base sur la seule écoute l’impression qui domine est celle de musiciens mal préparés, en manque d’une vraie direction artistique et se repliant pour donner le change sur des gesticulations cache-misère…
Haino, aussi mince qu’une page A4, crisse et crie, court et saute dans tous les sens, témoignant d’une souplesse étonnante chez un homme de 62 ans – il faudra que j’en parle à mon kiné. Discret, Franz Hautzinger tire pour l’essentiel des sons ambient de sa trompette ruisselante d’effets, ne s’aventurant que rarement dans des solos aux arabesques pourtant séduisantes. Si ce melting-pot transcontinental me semble constituer une fausse bonne idée, les spectateurs ont l’air d’y trouver leur compte, ce que confirmeront des applaudissements torrentiels, vivats assourdissants ainsi qu’un rappel massif : un indéniable succès public pour le festival. De fait, les choses s’agrègent lors des vingt dernières minutes, un terrain d’entente trouvé, la communication établie, la complicité apparente et la musique enfin élaborée à plusieurs. Après une heure de tâtonnements et de fausses pistes, un groove-rock épique fait se rejoindre les trouvailles des uns et des autres, jusqu’alors éparses. On aurait aimé que l’intégralité du concert soit de ce tonneau…
David Cristol
P.S. le travail de Keiji Haino est souvent passionnant par ailleurs, que ce soit en solo, en trio avec Jim O’Rourke et Oren Ambarchi, ou avec son groupe Fushitsusha, que l’on aimerait entendre plus souvent en Europe…|Une affiche fantasmatique, association étonnante de quatre explorateurs aux origines variées (Vienne, Tokyo, Philadelphie, Chicago), pour un set lorgnant du côté du Miles Davis de 1969-75 et évoquant aussi – logiquement – certains travaux de Bill Laswell avec Material ou Sacred System (avec Toshinori Kondo, Graham Haynes ou Nils Petter Molvaer à la trompette…) dans les années 90. Rien de bien neuf donc, musicalement parlant. Rien de très inspiré non plus.
Mercredi 6 août 2014, Amphithéâtre du Musée Gulbenkian, Lisbonne.
Franz Hautzinger (tp, voc), Keiji Haino (elg, voc, elec), Jamaaladeen Tacuma (elb), Hamid Drake (dm)
Jamaaladeen Tacuma semble mal à l’aise face à l’indiscipline sauvage de Keiji Haino, showman immodéré et oublieux qu’il partage la scène avec d’autres musiciens. Les saillies apocalyptiques du farfadet nippon écrasent fréquemment ce que les autres essayent patiemment de construire. Mais peut-on le lui reprocher ? Autant demander poliment à Godzilla, dérangé dans son sommeil millénaire au fond des abysses, de ne pas dévaster Tokyo… Ne sachant sur quel pied danser, Tacuma finit par recourir à des tourneries disco-funk un chouia fatiguées. Il se fait percussionniste un moment, dessine un rythme sur les cordes. Mouais… Face à Haino, divinité irascible ne respectant aucun code, l’ex-sideman d’Ornette Coleman a l’air d’une poule devant un couteau. On le sait, Hamid Drake peut se fondre dans tous les styles et faire son miel (et le nôtre) de n’importe quelle approche. Il se fait ici médiateur entre Haino et Tacuma, frères ennemis. Le Japonais déballe alors son arsenal : anguilles électriques et autres lanières munies de capteurs avec lesquelles il fouette l’air, tel une créature magique sortie d’un film de Tsui Hark, ce que son apparence d’outre-monde ne vient pas démentir. Spectacle garanti, mais si l’on se base sur la seule écoute l’impression qui domine est celle de musiciens mal préparés, en manque d’une vraie direction artistique et se repliant pour donner le change sur des gesticulations cache-misère…
Haino, aussi mince qu’une page A4, crisse et crie, court et saute dans tous les sens, témoignant d’une souplesse étonnante chez un homme de 62 ans – il faudra que j’en parle à mon kiné. Discret, Franz Hautzinger tire pour l’essentiel des sons ambient de sa trompette ruisselante d’effets, ne s’aventurant que rarement dans des solos aux arabesques pourtant séduisantes. Si ce melting-pot transcontinental me semble constituer une fausse bonne idée, les spectateurs ont l’air d’y trouver leur compte, ce que confirmeront des applaudissements torrentiels, vivats assourdissants ainsi qu’un rappel massif : un indéniable succès public pour le festival. De fait, les choses s’agrègent lors des vingt dernières minutes, un terrain d’entente trouvé, la communication établie, la complicité apparente et la musique enfin élaborée à plusieurs. Après une heure de tâtonnements et de fausses pistes, un groove-rock épique fait se rejoindre les trouvailles des uns et des autres, jusqu’alors éparses. On aurait aimé que l’intégralité du concert soit de ce tonneau…
David Cristol
P.S. le travail de Keiji Haino est souvent passionnant par ailleurs, que ce soit en solo, en trio avec Jim O’Rourke et Oren Ambarchi, ou avec son groupe Fushitsusha, que l’on aimerait entendre plus souvent en Europe…