Jazz em Agosto, Lisbonne, Anthony Braxton Falling River Music Quartet
Les eaux murmurantes ne manquent pas dans le parc du musée Gulbenkian, et non plus les herbes, les buissons, les arbres, toutes ces pousses vertes qui protègent de la chaleur en journée et assurent une douce tiédeur en soirée. Anthony Braxton et ses jeunes compagnons sont sortis de terre comme les autres, mais la lumière est restée allumée en fond, comme pour éclairer les buissons d’où proviendraient peut-être des réponses réelles aux propositions musicales du quartet. La soirée s’annonçait plutôt bien, et elle a tenu ses promesses.
Anthony Braxton Falling River Music : Anthony Braxton (as, ss, sopranino), Mary Halvorson (el-g), Ingrid Laubrock (ts, ss), Taylor Ho Bynum (cornet, bugle, bass-tp, tb)
Dans un cadre champêtre donc, une soirée de chambre, de musique de chambre en quartet, mais une chambre dans laquelle on ferait entrer tout un monde doucement bruissant de petits animaux volants et parlants, insectes, oiseaux, lézards et autres inventions de la nature ou de l’art. Braxton (j’avoue une chose que personne ne voudra croire, c’est seulement la deuxième fois que je l’entends en direct) est traversé par sa musique des pieds à la tête, et si la tête domine c’est seulement parce qu’il faut bien mettre un sujet aux commandes. Traversé, mais en douceur, et même s’il se laisse vriller de tems en temps, il ne chute jamais. Cette musique, on le sait, est en grande partie écrite. Mais elle laisse aussi une grande place à la liberté, à des solos, des échanges à deux ou à trois, à des moments de réflexion où il s’agit de savoir comment on va repartir et vers où. C’est une musique qui laisse advenir aussi (surtout chez le leader) des réminiscences du jazz le plus ancien (citation de Come Sunday), et une manière de jouer de l’alto alternativement très staccato, puis très legato, puis en souffle continu. Mary Halvorson (qu’on entendra ce soir dans sa propre formation) rayonne de précision, de justesse, et jamais son jeu cubiste n’a été aussi bien utilisé. J’en dirai de même d’Ingrid Laubrock, qui échange avec Braxton de belle manière en deux reprises. Taylor Ho Bynum c’est un cran au dessus encore : d’abord sa palette instrumentale s’est encore élargie, et sa manière de jouer « à l’ancienne en douceur » avec sourdines et effets de growls s’accorde si bien aux propositions du compositeur que c’en est parfois magique. Alors l’auditeur sort de lui-même, et se trouve transporté là-bas où la musique se produit. Pendant quelques minutes, c’est, au sens propre, l’extase.
A notre chapitre touristique façon Guide du Routard, nous ajoutons ceci : si vous voulez goûtez les fameuses pastéis de nata de Belem dans leur si illustre version que la pâtisserie est prise d’assaut dès le matin, choisissez plutôt le soir vers 19h, la file d’attente n’est alors que de très peu dans la rue et en cinq minutes vous êtes servis et ravis. Quant aux puces de Lisbonne, elles se tiennent le mardi et le samedi dans les hauts d’Alfama, autour du Panthéon. Si vous arrivez par le haut, il vous faudra descendre, et golablement les prix baissent en même temps que l’altitude. C’est l’inverse pour les courageux (dont je fus ce matin) qui arrivent depuis la station d’Apollónia. Les emplacements sont bien dessinés et respectés, l’ambiance est très conviviale, c’est vaste, il y a du monde, on peut arrivers vers 07 h du matin, ils ne sont pas encore tous installés. Sinon, c’est un peu comme partout, on trouve de tout à condition de savoir ce qu’on cherche, les chineurs de disques sont nombreux, les bacs rarement très intéressants. J’ai quand même trouvé un 25 cm anglais d’Eartha Kitt (3 euros) et quelques disques de musique classique à 50 cts. Rien de miraculeux. Pour le reste, allez-y vous-mêmes et régalez-vous.
Philippe Méziat
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Les eaux murmurantes ne manquent pas dans le parc du musée Gulbenkian, et non plus les herbes, les buissons, les arbres, toutes ces pousses vertes qui protègent de la chaleur en journée et assurent une douce tiédeur en soirée. Anthony Braxton et ses jeunes compagnons sont sortis de terre comme les autres, mais la lumière est restée allumée en fond, comme pour éclairer les buissons d’où proviendraient peut-être des réponses réelles aux propositions musicales du quartet. La soirée s’annonçait plutôt bien, et elle a tenu ses promesses.
Anthony Braxton Falling River Music : Anthony Braxton (as, ss, sopranino), Mary Halvorson (el-g), Ingrid Laubrock (ts, ss), Taylor Ho Bynum (cornet, bugle, bass-tp, tb)
Dans un cadre champêtre donc, une soirée de chambre, de musique de chambre en quartet, mais une chambre dans laquelle on ferait entrer tout un monde doucement bruissant de petits animaux volants et parlants, insectes, oiseaux, lézards et autres inventions de la nature ou de l’art. Braxton (j’avoue une chose que personne ne voudra croire, c’est seulement la deuxième fois que je l’entends en direct) est traversé par sa musique des pieds à la tête, et si la tête domine c’est seulement parce qu’il faut bien mettre un sujet aux commandes. Traversé, mais en douceur, et même s’il se laisse vriller de tems en temps, il ne chute jamais. Cette musique, on le sait, est en grande partie écrite. Mais elle laisse aussi une grande place à la liberté, à des solos, des échanges à deux ou à trois, à des moments de réflexion où il s’agit de savoir comment on va repartir et vers où. C’est une musique qui laisse advenir aussi (surtout chez le leader) des réminiscences du jazz le plus ancien (citation de Come Sunday), et une manière de jouer de l’alto alternativement très staccato, puis très legato, puis en souffle continu. Mary Halvorson (qu’on entendra ce soir dans sa propre formation) rayonne de précision, de justesse, et jamais son jeu cubiste n’a été aussi bien utilisé. J’en dirai de même d’Ingrid Laubrock, qui échange avec Braxton de belle manière en deux reprises. Taylor Ho Bynum c’est un cran au dessus encore : d’abord sa palette instrumentale s’est encore élargie, et sa manière de jouer « à l’ancienne en douceur » avec sourdines et effets de growls s’accorde si bien aux propositions du compositeur que c’en est parfois magique. Alors l’auditeur sort de lui-même, et se trouve transporté là-bas où la musique se produit. Pendant quelques minutes, c’est, au sens propre, l’extase.
A notre chapitre touristique façon Guide du Routard, nous ajoutons ceci : si vous voulez goûtez les fameuses pastéis de nata de Belem dans leur si illustre version que la pâtisserie est prise d’assaut dès le matin, choisissez plutôt le soir vers 19h, la file d’attente n’est alors que de très peu dans la rue et en cinq minutes vous êtes servis et ravis. Quant aux puces de Lisbonne, elles se tiennent le mardi et le samedi dans les hauts d’Alfama, autour du Panthéon. Si vous arrivez par le haut, il vous faudra descendre, et golablement les prix baissent en même temps que l’altitude. C’est l’inverse pour les courageux (dont je fus ce matin) qui arrivent depuis la station d’Apollónia. Les emplacements sont bien dessinés et respectés, l’ambiance est très conviviale, c’est vaste, il y a du monde, on peut arrivers vers 07 h du matin, ils ne sont pas encore tous installés. Sinon, c’est un peu comme partout, on trouve de tout à condition de savoir ce qu’on cherche, les chineurs de disques sont nombreux, les bacs rarement très intéressants. J’ai quand même trouvé un 25 cm anglais d’Eartha Kitt (3 euros) et quelques disques de musique classique à 50 cts. Rien de miraculeux. Pour le reste, allez-y vous-mêmes et régalez-vous.
Philippe Méziat
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Les eaux murmurantes ne manquent pas dans le parc du musée Gulbenkian, et non plus les herbes, les buissons, les arbres, toutes ces pousses vertes qui protègent de la chaleur en journée et assurent une douce tiédeur en soirée. Anthony Braxton et ses jeunes compagnons sont sortis de terre comme les autres, mais la lumière est restée allumée en fond, comme pour éclairer les buissons d’où proviendraient peut-être des réponses réelles aux propositions musicales du quartet. La soirée s’annonçait plutôt bien, et elle a tenu ses promesses.
Anthony Braxton Falling River Music : Anthony Braxton (as, ss, sopranino), Mary Halvorson (el-g), Ingrid Laubrock (ts, ss), Taylor Ho Bynum (cornet, bugle, bass-tp, tb)
Dans un cadre champêtre donc, une soirée de chambre, de musique de chambre en quartet, mais une chambre dans laquelle on ferait entrer tout un monde doucement bruissant de petits animaux volants et parlants, insectes, oiseaux, lézards et autres inventions de la nature ou de l’art. Braxton (j’avoue une chose que personne ne voudra croire, c’est seulement la deuxième fois que je l’entends en direct) est traversé par sa musique des pieds à la tête, et si la tête domine c’est seulement parce qu’il faut bien mettre un sujet aux commandes. Traversé, mais en douceur, et même s’il se laisse vriller de tems en temps, il ne chute jamais. Cette musique, on le sait, est en grande partie écrite. Mais elle laisse aussi une grande place à la liberté, à des solos, des échanges à deux ou à trois, à des moments de réflexion où il s’agit de savoir comment on va repartir et vers où. C’est une musique qui laisse advenir aussi (surtout chez le leader) des réminiscences du jazz le plus ancien (citation de Come Sunday), et une manière de jouer de l’alto alternativement très staccato, puis très legato, puis en souffle continu. Mary Halvorson (qu’on entendra ce soir dans sa propre formation) rayonne de précision, de justesse, et jamais son jeu cubiste n’a été aussi bien utilisé. J’en dirai de même d’Ingrid Laubrock, qui échange avec Braxton de belle manière en deux reprises. Taylor Ho Bynum c’est un cran au dessus encore : d’abord sa palette instrumentale s’est encore élargie, et sa manière de jouer « à l’ancienne en douceur » avec sourdines et effets de growls s’accorde si bien aux propositions du compositeur que c’en est parfois magique. Alors l’auditeur sort de lui-même, et se trouve transporté là-bas où la musique se produit. Pendant quelques minutes, c’est, au sens propre, l’extase.
A notre chapitre touristique façon Guide du Routard, nous ajoutons ceci : si vous voulez goûtez les fameuses pastéis de nata de Belem dans leur si illustre version que la pâtisserie est prise d’assaut dès le matin, choisissez plutôt le soir vers 19h, la file d’attente n’est alors que de très peu dans la rue et en cinq minutes vous êtes servis et ravis. Quant aux puces de Lisbonne, elles se tiennent le mardi et le samedi dans les hauts d’Alfama, autour du Panthéon. Si vous arrivez par le haut, il vous faudra descendre, et golablement les prix baissent en même temps que l’altitude. C’est l’inverse pour les courageux (dont je fus ce matin) qui arrivent depuis la station d’Apollónia. Les emplacements sont bien dessinés et respectés, l’ambiance est très conviviale, c’est vaste, il y a du monde, on peut arrivers vers 07 h du matin, ils ne sont pas encore tous installés. Sinon, c’est un peu comme partout, on trouve de tout à condition de savoir ce qu’on cherche, les chineurs de disques sont nombreux, les bacs rarement très intéressants. J’ai quand même trouvé un 25 cm anglais d’Eartha Kitt (3 euros) et quelques disques de musique classique à 50 cts. Rien de miraculeux. Pour le reste, allez-y vous-mêmes et régalez-vous.
Philippe Méziat
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Les eaux murmurantes ne manquent pas dans le parc du musée Gulbenkian, et non plus les herbes, les buissons, les arbres, toutes ces pousses vertes qui protègent de la chaleur en journée et assurent une douce tiédeur en soirée. Anthony Braxton et ses jeunes compagnons sont sortis de terre comme les autres, mais la lumière est restée allumée en fond, comme pour éclairer les buissons d’où proviendraient peut-être des réponses réelles aux propositions musicales du quartet. La soirée s’annonçait plutôt bien, et elle a tenu ses promesses.
Anthony Braxton Falling River Music : Anthony Braxton (as, ss, sopranino), Mary Halvorson (el-g), Ingrid Laubrock (ts, ss), Taylor Ho Bynum (cornet, bugle, bass-tp, tb)
Dans un cadre champêtre donc, une soirée de chambre, de musique de chambre en quartet, mais une chambre dans laquelle on ferait entrer tout un monde doucement bruissant de petits animaux volants et parlants, insectes, oiseaux, lézards et autres inventions de la nature ou de l’art. Braxton (j’avoue une chose que personne ne voudra croire, c’est seulement la deuxième fois que je l’entends en direct) est traversé par sa musique des pieds à la tête, et si la tête domine c’est seulement parce qu’il faut bien mettre un sujet aux commandes. Traversé, mais en douceur, et même s’il se laisse vriller de tems en temps, il ne chute jamais. Cette musique, on le sait, est en grande partie écrite. Mais elle laisse aussi une grande place à la liberté, à des solos, des échanges à deux ou à trois, à des moments de réflexion où il s’agit de savoir comment on va repartir et vers où. C’est une musique qui laisse advenir aussi (surtout chez le leader) des réminiscences du jazz le plus ancien (citation de Come Sunday), et une manière de jouer de l’alto alternativement très staccato, puis très legato, puis en souffle continu. Mary Halvorson (qu’on entendra ce soir dans sa propre formation) rayonne de précision, de justesse, et jamais son jeu cubiste n’a été aussi bien utilisé. J’en dirai de même d’Ingrid Laubrock, qui échange avec Braxton de belle manière en deux reprises. Taylor Ho Bynum c’est un cran au dessus encore : d’abord sa palette instrumentale s’est encore élargie, et sa manière de jouer « à l’ancienne en douceur » avec sourdines et effets de growls s’accorde si bien aux propositions du compositeur que c’en est parfois magique. Alors l’auditeur sort de lui-même, et se trouve transporté là-bas où la musique se produit. Pendant quelques minutes, c’est, au sens propre, l’extase.
A notre chapitre touristique façon Guide du Routard, nous ajoutons ceci : si vous voulez goûtez les fameuses pastéis de nata de Belem dans leur si illustre version que la pâtisserie est prise d’assaut dès le matin, choisissez plutôt le soir vers 19h, la file d’attente n’est alors que de très peu dans la rue et en cinq minutes vous êtes servis et ravis. Quant aux puces de Lisbonne, elles se tiennent le mardi et le samedi dans les hauts d’Alfama, autour du Panthéon. Si vous arrivez par le haut, il vous faudra descendre, et golablement les prix baissent en même temps que l’altitude. C’est l’inverse pour les courageux (dont je fus ce matin) qui arrivent depuis la station d’Apollónia. Les emplacements sont bien dessinés et respectés, l’ambiance est très conviviale, c’est vaste, il y a du monde, on peut arrivers vers 07 h du matin, ils ne sont pas encore tous installés. Sinon, c’est un peu comme partout, on trouve de tout à condition de savoir ce qu’on cherche, les chineurs de disques sont nombreux, les bacs rarement très intéressants. J’ai quand même trouvé un 25 cm anglais d’Eartha Kitt (3 euros) et quelques disques de musique classique à 50 cts. Rien de miraculeux. Pour le reste, allez-y vous-mêmes et régalez-vous.
Philippe Méziat