Jazz em Agosto, Lisbonne, "The Thing" XXL, Mats Gustafsson
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz en Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz em Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves, et qui fête sa trentième édition. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
Energie. Voilà qui va encore fâcher quelque collègue habile à remarquer les us et les abus de l’expression, non sans raison d’ailleurs. Mais comment dire autrement ces entrées en scène où le paroxysme est atteint dès l’introduction ? Comment exprimer de façon plus juste la partie la plus manifeste du message, qui pour le coup n’a rien de subliminal ? Donc, on y va très fort tout de suite, et pour en rajouter une couche il suffit de faire sortir Peter Evans, Mats Åleklint, Terrie Ex et Jim Baker du tunnel, un peu comme des gladiateurs dans les cirques romains, ou des rugbymen dans un stade : dans l’amphithéâtre Gulbenkian de Lisbonne, les musiciens sortent de terre.
Et ils y vont : Jim Baker, par exemple, magnifiquement sonorisé. Il est si rare que dans une formation de ce genre on puisse entendre ce que raconte le pianiste. Et il en raconte des choses, Jim Baker, replié sur les aigus de son piano, il concocte des phrases alambiquées, pleines de chicanes, de ratures, de recommencements. Superbe, et comme Mats lui laisse un bel espace en solo, il se fait applaudir. Peter Evans c’est différent : impeccable, sûr de lui, quasiment sans bouger le corps sauf pour regarder sa partition, il pistonne avec virtuosité, se permet de conseiller son camarade de pupitre Mats Åleklint, ouvre des espaces de jeu inconnus. Terrie Ex a quant à lui la même mimique dansante que son frère Luc, un pas de côté un pas en avant, sa guitare semble une pauvre chose sortie d’un improbable débarras, il en fait bel usage aussi. Mats Gustafsson redouble encore la puissante vocalité de son adresse en prenant le baryton, Paal Nilssen-Love est peut-être le plus économe de ses moyens, mais son jeu est impressionnant de force brute. « The Thing », c’est quand même tout un programme, « Das Ding », « La Chose », annoncer qu’on va toucher au réel comme ça, c’est quand même gonflé. Parce que la coutume, même en jazz, c’est de construire avec un code, avec un langage, une sorte de discours propre à pacifier nos relations avec le monde. Mais… faut pas s’y fier, et dans « The Thing », la violence du réel finit par vous atteindre. Dur mur. Très beau, très effrayant. Pour la petite histoire, on dira que la musique vient de Don Cherry, ou de Donald Ayler. Elle est aussi, bien sûr, une prière. On s’en doutait un peu.
On attend ce soir, en première européene, l’octet de Peter Evans. Avec Brandon Seabroook, Tom Blancarte, Jim Black. Ca va chauffer. Venez-y. Lisbonne est une des plus belles, et des plus étonnantes capitales du monde. Mais ça c’est pour demain.
Philippe Méziat
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz em Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves, et qui fête sa trentième édition. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
Energie. Voilà qui va encore fâcher quelque collègue habile à remarquer les us et les abus de l’expression, non sans raison d’ailleurs. Mais comment dire autrement ces entrées en scène où le paroxysme est atteint dès l’introduction ? Comment exprimer de façon plus juste la partie la plus manifeste du message, qui pour le coup n’a rien de subliminal ? Donc, on y va très fort tout de suite, et pour en rajouter une couche il suffit de faire sortir Peter Evans, Mats Åleklint, Terrie Ex et Jim Baker du tunnel, un peu comme des gladiateurs dans les cirques romains, ou des rugbymen dans un stade : dans l’amphithéâtre Gulbenkian de Lisbonne, les musiciens sortent de terre.
Et ils y vont : Jim Baker, par exemple, magnifiquement sonorisé. Il est si rare que dans une formation de ce genre on puisse entendre ce que raconte le pianiste. Et il en raconte des choses, Jim Baker, replié sur les aigus de son piano, il concocte des phrases alambiquées, pleines de chicanes, de ratures, de recommencements. Superbe, et comme Mats lui laisse un bel espace en solo, il se fait applaudir. Peter Evans c’est différent : impeccable, sûr de lui, quasiment sans bouger le corps sauf pour regarder sa partition, il pistonne avec virtuosité, se permet de conseiller son camarade de pupitre Mats Åleklint, ouvre des espaces de jeu inconnus. Terrie Ex a quant à lui la même mimique dansante que son frère Luc, un pas de côté un pas en avant, sa guitare semble une pauvre chose sortie d’un improbable débarras, il en fait bel usage aussi. Mats Gustafsson redouble encore la puissante vocalité de son adresse en prenant le baryton, Paal Nilssen-Love est peut-être le plus économe de ses moyens, mais son jeu est impressionnant de force brute. « The Thing », c’est quand même tout un programme, « Das Ding », « La Chose », annoncer qu’on va toucher au réel comme ça, c’est quand même gonflé. Parce que la coutume, même en jazz, c’est de construire avec un code, avec un langage, une sorte de discours propre à pacifier nos relations avec le monde. Mais… faut pas s’y fier, et dans « The Thing », la violence du réel finit par vous atteindre. Dur mur. Très beau, très effrayant. Pour la petite histoire, on dira que la musique vient de Don Cherry, ou de Donald Ayler. Elle est aussi, bien sûr, une prière. On s’en doutait un peu.
On attend ce soir, en première européene, l’octet de Peter Evans. Avec Brandon Seabroook, Tom Blancarte, Jim Black. Ca va chauffer. Venez-y. Lisbonne est une des plus belles, et des plus étonnantes capitales du monde. Mais ça c’est pour demain.
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz em Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves, et qui fête sa trentième édition. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
Energie. Voilà qui va encore fâcher quelque collègue habile à remarquer les us et les abus de l’expression, non sans raison d’ailleurs. Mais comment dire autrement ces entrées en scène où le paroxysme est atteint dès l’introduction ? Comment exprimer de façon plus juste la partie la plus manifeste du message, qui pour le coup n’a rien de subliminal ? Donc, on y va très fort tout de suite, et pour en rajouter une couche il suffit de faire sortir Peter Evans, Mats Åleklint, Terrie Ex et Jim Baker du tunnel, un peu comme des gladiateurs dans les cirques romains, ou des rugbymen dans un stade : dans l’amphithéâtre Gulbenkian de Lisbonne, les musiciens sortent de terre.
Et ils y vont : Jim Baker, par exemple, magnifiquement sonorisé. Il est si rare que dans une formation de ce genre on puisse entendre ce que raconte le pianiste. Et il en raconte des choses, Jim Baker, replié sur les aigus de son piano, il concocte des phrases alambiquées, pleines de chicanes, de ratures, de recommencements. Superbe, et comme Mats lui laisse un bel espace en solo, il se fait applaudir. Peter Evans c’est différent : impeccable, sûr de lui, quasiment sans bouger le corps sauf pour regarder sa partition, il pistonne avec virtuosité, se permet de conseiller son camarade de pupitre Mats Åleklint, ouvre des espaces de jeu inconnus. Terrie Ex a quant à lui la même mimique dansante que son frère Luc, un pas de côté un pas en avant, sa guitare semble une pauvre chose sortie d’un improbable débarras, il en fait bel usage aussi. Mats Gustafsson redouble encore la puissante vocalité de son adresse en prenant le baryton, Paal Nilssen-Love est peut-être le plus économe de ses moyens, mais son jeu est impressionnant de force brute. « The Thing », c’est quand même tout un programme, « Das Ding », « La Chose », annoncer qu’on va toucher au réel comme ça, c’est quand même gonflé. Parce que la coutume, même en jazz, c’est de construire avec un code, avec un langage, une sorte de discours propre à pacifier nos relations avec le monde. Mais… faut pas s’y fier, et dans « The Thing », la violence du réel finit par vous atteindre. Dur mur. Très beau, très effrayant. Pour la petite histoire, on dira que la musique vient de Don Cherry, ou de Donald Ayler. Elle est aussi, bien sûr, une prière. On s’en doutait un peu.
On attend ce soir, en première européene, l’octet de Peter Evans. Avec Brandon Seabroook, Tom Blancarte, Jim Black. Ca va chauffer. Venez-y. Lisbonne est une des plus belles, et des plus étonnantes capitales du monde. Mais ça c’est pour demain.
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz en Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz em Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves, et qui fête sa trentième édition. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
Energie. Voilà qui va encore fâcher quelque collègue habile à remarquer les us et les abus de l’expression, non sans raison d’ailleurs. Mais comment dire autrement ces entrées en scène où le paroxysme est atteint dès l’introduction ? Comment exprimer de façon plus juste la partie la plus manifeste du message, qui pour le coup n’a rien de subliminal ? Donc, on y va très fort tout de suite, et pour en rajouter une couche il suffit de faire sortir Peter Evans, Mats Åleklint, Terrie Ex et Jim Baker du tunnel, un peu comme des gladiateurs dans les cirques romains, ou des rugbymen dans un stade : dans l’amphithéâtre Gulbenkian de Lisbonne, les musiciens sortent de terre.
Et ils y vont : Jim Baker, par exemple, magnifiquement sonorisé. Il est si rare que dans une formation de ce genre on puisse entendre ce que raconte le pianiste. Et il en raconte des choses, Jim Baker, replié sur les aigus de son piano, il concocte des phrases alambiquées, pleines de chicanes, de ratures, de recommencements. Superbe, et comme Mats lui laisse un bel espace en solo, il se fait applaudir. Peter Evans c’est différent : impeccable, sûr de lui, quasiment sans bouger le corps sauf pour regarder sa partition, il pistonne avec virtuosité, se permet de conseiller son camarade de pupitre Mats Åleklint, ouvre des espaces de jeu inconnus. Terrie Ex a quant à lui la même mimique dansante que son frère Luc, un pas de côté un pas en avant, sa guitare semble une pauvre chose sortie d’un improbable débarras, il en fait bel usage aussi. Mats Gustafsson redouble encore la puissante vocalité de son adresse en prenant le baryton, Paal Nilssen-Love est peut-être le plus économe de ses moyens, mais son jeu est impressionnant de force brute. « The Thing », c’est quand même tout un programme, « Das Ding », « La Chose », annoncer qu’on va toucher au réel comme ça, c’est quand même gonflé. Parce que la coutume, même en jazz, c’est de construire avec un code, avec un langage, une sorte de discours propre à pacifier nos relations avec le monde. Mais… faut pas s’y fier, et dans « The Thing », la violence du réel finit par vous atteindre. Dur mur. Très beau, très effrayant. Pour la petite histoire, on dira que la musique vient de Don Cherry, ou de Donald Ayler. Elle est aussi, bien sûr, une prière. On s’en doutait un peu.
On attend ce soir, en première européene, l’octet de Peter Evans. Avec Brandon Seabroook, Tom Blancarte, Jim Black. Ca va chauffer. Venez-y. Lisbonne est une des plus belles, et des plus étonnantes capitales du monde. Mais ça c’est pour demain.
Philippe Méziat
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz em Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves, et qui fête sa trentième édition. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
Energie. Voilà qui va encore fâcher quelque collègue habile à remarquer les us et les abus de l’expression, non sans raison d’ailleurs. Mais comment dire autrement ces entrées en scène où le paroxysme est atteint dès l’introduction ? Comment exprimer de façon plus juste la partie la plus manifeste du message, qui pour le coup n’a rien de subliminal ? Donc, on y va très fort tout de suite, et pour en rajouter une couche il suffit de faire sortir Peter Evans, Mats Åleklint, Terrie Ex et Jim Baker du tunnel, un peu comme des gladiateurs dans les cirques romains, ou des rugbymen dans un stade : dans l’amphithéâtre Gulbenkian de Lisbonne, les musiciens sortent de terre.
Et ils y vont : Jim Baker, par exemple, magnifiquement sonorisé. Il est si rare que dans une formation de ce genre on puisse entendre ce que raconte le pianiste. Et il en raconte des choses, Jim Baker, replié sur les aigus de son piano, il concocte des phrases alambiquées, pleines de chicanes, de ratures, de recommencements. Superbe, et comme Mats lui laisse un bel espace en solo, il se fait applaudir. Peter Evans c’est différent : impeccable, sûr de lui, quasiment sans bouger le corps sauf pour regarder sa partition, il pistonne avec virtuosité, se permet de conseiller son camarade de pupitre Mats Åleklint, ouvre des espaces de jeu inconnus. Terrie Ex a quant à lui la même mimique dansante que son frère Luc, un pas de côté un pas en avant, sa guitare semble une pauvre chose sortie d’un improbable débarras, il en fait bel usage aussi. Mats Gustafsson redouble encore la puissante vocalité de son adresse en prenant le baryton, Paal Nilssen-Love est peut-être le plus économe de ses moyens, mais son jeu est impressionnant de force brute. « The Thing », c’est quand même tout un programme, « Das Ding », « La Chose », annoncer qu’on va toucher au réel comme ça, c’est quand même gonflé. Parce que la coutume, même en jazz, c’est de construire avec un code, avec un langage, une sorte de discours propre à pacifier nos relations avec le monde. Mais… faut pas s’y fier, et dans « The Thing », la violence du réel finit par vous atteindre. Dur mur. Très beau, très effrayant. Pour la petite histoire, on dira que la musique vient de Don Cherry, ou de Donald Ayler. Elle est aussi, bien sûr, une prière. On s’en doutait un peu.
On attend ce soir, en première européene, l’octet de Peter Evans. Avec Brandon Seabroook, Tom Blancarte, Jim Black. Ca va chauffer. Venez-y. Lisbonne est une des plus belles, et des plus étonnantes capitales du monde. Mais ça c’est pour demain.
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz em Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves, et qui fête sa trentième édition. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
Energie. Voilà qui va encore fâcher quelque collègue habile à remarquer les us et les abus de l’expression, non sans raison d’ailleurs. Mais comment dire autrement ces entrées en scène où le paroxysme est atteint dès l’introduction ? Comment exprimer de façon plus juste la partie la plus manifeste du message, qui pour le coup n’a rien de subliminal ? Donc, on y va très fort tout de suite, et pour en rajouter une couche il suffit de faire sortir Peter Evans, Mats Åleklint, Terrie Ex et Jim Baker du tunnel, un peu comme des gladiateurs dans les cirques romains, ou des rugbymen dans un stade : dans l’amphithéâtre Gulbenkian de Lisbonne, les musiciens sortent de terre.
Et ils y vont : Jim Baker, par exemple, magnifiquement sonorisé. Il est si rare que dans une formation de ce genre on puisse entendre ce que raconte le pianiste. Et il en raconte des choses, Jim Baker, replié sur les aigus de son piano, il concocte des phrases alambiquées, pleines de chicanes, de ratures, de recommencements. Superbe, et comme Mats lui laisse un bel espace en solo, il se fait applaudir. Peter Evans c’est différent : impeccable, sûr de lui, quasiment sans bouger le corps sauf pour regarder sa partition, il pistonne avec virtuosité, se permet de conseiller son camarade de pupitre Mats Åleklint, ouvre des espaces de jeu inconnus. Terrie Ex a quant à lui la même mimique dansante que son frère Luc, un pas de côté un pas en avant, sa guitare semble une pauvre chose sortie d’un improbable débarras, il en fait bel usage aussi. Mats Gustafsson redouble encore la puissante vocalité de son adresse en prenant le baryton, Paal Nilssen-Love est peut-être le plus économe de ses moyens, mais son jeu est impressionnant de force brute. « The Thing », c’est quand même tout un programme, « Das Ding », « La Chose », annoncer qu’on va toucher au réel comme ça, c’est quand même gonflé. Parce que la coutume, même en jazz, c’est de construire avec un code, avec un langage, une sorte de discours propre à pacifier nos relations avec le monde. Mais… faut pas s’y fier, et dans « The Thing », la violence du réel finit par vous atteindre. Dur mur. Très beau, très effrayant. Pour la petite histoire, on dira que la musique vient de Don Cherry, ou de Donald Ayler. Elle est aussi, bien sûr, une prière. On s’en doutait un peu.
On attend ce soir, en première européene, l’octet de Peter Evans. Avec Brandon Seabroook, Tom Blancarte, Jim Black. Ca va chauffer. Venez-y. Lisbonne est une des plus belles, et des plus étonnantes capitales du monde. Mais ça c’est pour demain.
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz en Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz em Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves, et qui fête sa trentième édition. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
Energie. Voilà qui va encore fâcher quelque collègue habile à remarquer les us et les abus de l’expression, non sans raison d’ailleurs. Mais comment dire autrement ces entrées en scène où le paroxysme est atteint dès l’introduction ? Comment exprimer de façon plus juste la partie la plus manifeste du message, qui pour le coup n’a rien de subliminal ? Donc, on y va très fort tout de suite, et pour en rajouter une couche il suffit de faire sortir Peter Evans, Mats Åleklint, Terrie Ex et Jim Baker du tunnel, un peu comme des gladiateurs dans les cirques romains, ou des rugbymen dans un stade : dans l’amphithéâtre Gulbenkian de Lisbonne, les musiciens sortent de terre.
Et ils y vont : Jim Baker, par exemple, magnifiquement sonorisé. Il est si rare que dans une formation de ce genre on puisse entendre ce que raconte le pianiste. Et il en raconte des choses, Jim Baker, replié sur les aigus de son piano, il concocte des phrases alambiquées, pleines de chicanes, de ratures, de recommencements. Superbe, et comme Mats lui laisse un bel espace en solo, il se fait applaudir. Peter Evans c’est différent : impeccable, sûr de lui, quasiment sans bouger le corps sauf pour regarder sa partition, il pistonne avec virtuosité, se permet de conseiller son camarade de pupitre Mats Åleklint, ouvre des espaces de jeu inconnus. Terrie Ex a quant à lui la même mimique dansante que son frère Luc, un pas de côté un pas en avant, sa guitare semble une pauvre chose sortie d’un improbable débarras, il en fait bel usage aussi. Mats Gustafsson redouble encore la puissante vocalité de son adresse en prenant le baryton, Paal Nilssen-Love est peut-être le plus économe de ses moyens, mais son jeu est impressionnant de force brute. « The Thing », c’est quand même tout un programme, « Das Ding », « La Chose », annoncer qu’on va toucher au réel comme ça, c’est quand même gonflé. Parce que la coutume, même en jazz, c’est de construire avec un code, avec un langage, une sorte de discours propre à pacifier nos relations avec le monde. Mais… faut pas s’y fier, et dans « The Thing », la violence du réel finit par vous atteindre. Dur mur. Très beau, très effrayant. Pour la petite histoire, on dira que la musique vient de Don Cherry, ou de Donald Ayler. Elle est aussi, bien sûr, une prière. On s’en doutait un peu.
On attend ce soir, en première européene, l’octet de Peter Evans. Avec Brandon Seabroook, Tom Blancarte, Jim Black. Ca va chauffer. Venez-y. Lisbonne est une des plus belles, et des plus étonnantes capitales du monde. Mais ça c’est pour demain.
Philippe Méziat
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz em Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves, et qui fête sa trentième édition. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
Energie. Voilà qui va encore fâcher quelque collègue habile à remarquer les us et les abus de l’expression, non sans raison d’ailleurs. Mais comment dire autrement ces entrées en scène où le paroxysme est atteint dès l’introduction ? Comment exprimer de façon plus juste la partie la plus manifeste du message, qui pour le coup n’a rien de subliminal ? Donc, on y va très fort tout de suite, et pour en rajouter une couche il suffit de faire sortir Peter Evans, Mats Åleklint, Terrie Ex et Jim Baker du tunnel, un peu comme des gladiateurs dans les cirques romains, ou des rugbymen dans un stade : dans l’amphithéâtre Gulbenkian de Lisbonne, les musiciens sortent de terre.
Et ils y vont : Jim Baker, par exemple, magnifiquement sonorisé. Il est si rare que dans une formation de ce genre on puisse entendre ce que raconte le pianiste. Et il en raconte des choses, Jim Baker, replié sur les aigus de son piano, il concocte des phrases alambiquées, pleines de chicanes, de ratures, de recommencements. Superbe, et comme Mats lui laisse un bel espace en solo, il se fait applaudir. Peter Evans c’est différent : impeccable, sûr de lui, quasiment sans bouger le corps sauf pour regarder sa partition, il pistonne avec virtuosité, se permet de conseiller son camarade de pupitre Mats Åleklint, ouvre des espaces de jeu inconnus. Terrie Ex a quant à lui la même mimique dansante que son frère Luc, un pas de côté un pas en avant, sa guitare semble une pauvre chose sortie d’un improbable débarras, il en fait bel usage aussi. Mats Gustafsson redouble encore la puissante vocalité de son adresse en prenant le baryton, Paal Nilssen-Love est peut-être le plus économe de ses moyens, mais son jeu est impressionnant de force brute. « The Thing », c’est quand même tout un programme, « Das Ding », « La Chose », annoncer qu’on va toucher au réel comme ça, c’est quand même gonflé. Parce que la coutume, même en jazz, c’est de construire avec un code, avec un langage, une sorte de discours propre à pacifier nos relations avec le monde. Mais… faut pas s’y fier, et dans « The Thing », la violence du réel finit par vous atteindre. Dur mur. Très beau, très effrayant. Pour la petite histoire, on dira que la musique vient de Don Cherry, ou de Donald Ayler. Elle est aussi, bien sûr, une prière. On s’en doutait un peu.
On attend ce soir, en première européene, l’octet de Peter Evans. Avec Brandon Seabroook, Tom Blancarte, Jim Black. Ca va chauffer. Venez-y. Lisbonne est une des plus belles, et des plus étonnantes capitales du monde. Mais ça c’est pour demain.
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz em Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves, et qui fête sa trentième édition. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
Energie. Voilà qui va encore fâcher quelque collègue habile à remarquer les us et les abus de l’expression, non sans raison d’ailleurs. Mais comment dire autrement ces entrées en scène où le paroxysme est atteint dès l’introduction ? Comment exprimer de façon plus juste la partie la plus manifeste du message, qui pour le coup n’a rien de subliminal ? Donc, on y va très fort tout de suite, et pour en rajouter une couche il suffit de faire sortir Peter Evans, Mats Åleklint, Terrie Ex et Jim Baker du tunnel, un peu comme des gladiateurs dans les cirques romains, ou des rugbymen dans un stade : dans l’amphithéâtre Gulbenkian de Lisbonne, les musiciens sortent de terre.
Et ils y vont : Jim Baker, par exemple, magnifiquement sonorisé. Il est si rare que dans une formation de ce genre on puisse entendre ce que raconte le pianiste. Et il en raconte des choses, Jim Baker, replié sur les aigus de son piano, il concocte des phrases alambiquées, pleines de chicanes, de ratures, de recommencements. Superbe, et comme Mats lui laisse un bel espace en solo, il se fait applaudir. Peter Evans c’est différent : impeccable, sûr de lui, quasiment sans bouger le corps sauf pour regarder sa partition, il pistonne avec virtuosité, se permet de conseiller son camarade de pupitre Mats Åleklint, ouvre des espaces de jeu inconnus. Terrie Ex a quant à lui la même mimique dansante que son frère Luc, un pas de côté un pas en avant, sa guitare semble une pauvre chose sortie d’un improbable débarras, il en fait bel usage aussi. Mats Gustafsson redouble encore la puissante vocalité de son adresse en prenant le baryton, Paal Nilssen-Love est peut-être le plus économe de ses moyens, mais son jeu est impressionnant de force brute. « The Thing », c’est quand même tout un programme, « Das Ding », « La Chose », annoncer qu’on va toucher au réel comme ça, c’est quand même gonflé. Parce que la coutume, même en jazz, c’est de construire avec un code, avec un langage, une sorte de discours propre à pacifier nos relations avec le monde. Mais… faut pas s’y fier, et dans « The Thing », la violence du réel finit par vous atteindre. Dur mur. Très beau, très effrayant. Pour la petite histoire, on dira que la musique vient de Don Cherry, ou de Donald Ayler. Elle est aussi, bien sûr, une prière. On s’en doutait un peu.
On attend ce soir, en première européene, l’octet de Peter Evans. Avec Brandon Seabroook, Tom Blancarte, Jim Black. Ca va chauffer. Venez-y. Lisbonne est une des plus belles, et des plus étonnantes capitales du monde. Mais ça c’est pour demain.
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz en Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz em Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves, et qui fête sa trentième édition. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
Energie. Voilà qui va encore fâcher quelque collègue habile à remarquer les us et les abus de l’expression, non sans raison d’ailleurs. Mais comment dire autrement ces entrées en scène où le paroxysme est atteint dès l’introduction ? Comment exprimer de façon plus juste la partie la plus manifeste du message, qui pour le coup n’a rien de subliminal ? Donc, on y va très fort tout de suite, et pour en rajouter une couche il suffit de faire sortir Peter Evans, Mats Åleklint, Terrie Ex et Jim Baker du tunnel, un peu comme des gladiateurs dans les cirques romains, ou des rugbymen dans un stade : dans l’amphithéâtre Gulbenkian de Lisbonne, les musiciens sortent de terre.
Et ils y vont : Jim Baker, par exemple, magnifiquement sonorisé. Il est si rare que dans une formation de ce genre on puisse entendre ce que raconte le pianiste. Et il en raconte des choses, Jim Baker, replié sur les aigus de son piano, il concocte des phrases alambiquées, pleines de chicanes, de ratures, de recommencements. Superbe, et comme Mats lui laisse un bel espace en solo, il se fait applaudir. Peter Evans c’est différent : impeccable, sûr de lui, quasiment sans bouger le corps sauf pour regarder sa partition, il pistonne avec virtuosité, se permet de conseiller son camarade de pupitre Mats Åleklint, ouvre des espaces de jeu inconnus. Terrie Ex a quant à lui la même mimique dansante que son frère Luc, un pas de côté un pas en avant, sa guitare semble une pauvre chose sortie d’un improbable débarras, il en fait bel usage aussi. Mats Gustafsson redouble encore la puissante vocalité de son adresse en prenant le baryton, Paal Nilssen-Love est peut-être le plus économe de ses moyens, mais son jeu est impressionnant de force brute. « The Thing », c’est quand même tout un programme, « Das Ding », « La Chose », annoncer qu’on va toucher au réel comme ça, c’est quand même gonflé. Parce que la coutume, même en jazz, c’est de construire avec un code, avec un langage, une sorte de discours propre à pacifier nos relations avec le monde. Mais… faut pas s’y fier, et dans « The Thing », la violence du réel finit par vous atteindre. Dur mur. Très beau, très effrayant. Pour la petite histoire, on dira que la musique vient de Don Cherry, ou de Donald Ayler. Elle est aussi, bien sûr, une prière. On s’en doutait un peu.
On attend ce soir, en première européene, l’octet de Peter Evans. Avec Brandon Seabroook, Tom Blancarte, Jim Black. Ca va chauffer. Venez-y. Lisbonne est une des plus belles, et des plus étonnantes capitales du monde. Mais ça c’est pour demain.
Philippe Méziat
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz em Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves, et qui fête sa trentième édition. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
Energie. Voilà qui va encore fâcher quelque collègue habile à remarquer les us et les abus de l’expression, non sans raison d’ailleurs. Mais comment dire autrement ces entrées en scène où le paroxysme est atteint dès l’introduction ? Comment exprimer de façon plus juste la partie la plus manifeste du message, qui pour le coup n’a rien de subliminal ? Donc, on y va très fort tout de suite, et pour en rajouter une couche il suffit de faire sortir Peter Evans, Mats Åleklint, Terrie Ex et Jim Baker du tunnel, un peu comme des gladiateurs dans les cirques romains, ou des rugbymen dans un stade : dans l’amphithéâtre Gulbenkian de Lisbonne, les musiciens sortent de terre.
Et ils y vont : Jim Baker, par exemple, magnifiquement sonorisé. Il est si rare que dans une formation de ce genre on puisse entendre ce que raconte le pianiste. Et il en raconte des choses, Jim Baker, replié sur les aigus de son piano, il concocte des phrases alambiquées, pleines de chicanes, de ratures, de recommencements. Superbe, et comme Mats lui laisse un bel espace en solo, il se fait applaudir. Peter Evans c’est différent : impeccable, sûr de lui, quasiment sans bouger le corps sauf pour regarder sa partition, il pistonne avec virtuosité, se permet de conseiller son camarade de pupitre Mats Åleklint, ouvre des espaces de jeu inconnus. Terrie Ex a quant à lui la même mimique dansante que son frère Luc, un pas de côté un pas en avant, sa guitare semble une pauvre chose sortie d’un improbable débarras, il en fait bel usage aussi. Mats Gustafsson redouble encore la puissante vocalité de son adresse en prenant le baryton, Paal Nilssen-Love est peut-être le plus économe de ses moyens, mais son jeu est impressionnant de force brute. « The Thing », c’est quand même tout un programme, « Das Ding », « La Chose », annoncer qu’on va toucher au réel comme ça, c’est quand même gonflé. Parce que la coutume, même en jazz, c’est de construire avec un code, avec un langage, une sorte de discours propre à pacifier nos relations avec le monde. Mais… faut pas s’y fier, et dans « The Thing », la violence du réel finit par vous atteindre. Dur mur. Très beau, très effrayant. Pour la petite histoire, on dira que la musique vient de Don Cherry, ou de Donald Ayler. Elle est aussi, bien sûr, une prière. On s’en doutait un peu.
On attend ce soir, en première européene, l’octet de Peter Evans. Avec Brandon Seabroook, Tom Blancarte, Jim Black. Ca va chauffer. Venez-y. Lisbonne est une des plus belles, et des plus étonnantes capitales du monde. Mais ça c’est pour demain.
|
Le voyageur qui arrive à Lisbonne en avion ne se doute pas que dans la procédure d’atterrissage il survole à basse altitude l’amphithéâtre de verdure de la fondation Gulbenkian, où se tiennent les concerts de « Jazz em Agosto », le festival si intelligemment programmé par Rui Neves, et qui fête sa trentième édition. Des années que j’avais envie de vivre ces soirées, et nous y voici. Hier soir, en pleine fraîcheur, Mats Gutafsson a réchauffé l’atmosphère dès le début, et placé la barre sonore si haut que les avions passaient sans qu’on les entende, ou presque. Se présentant d’abord en trio, il a complété sa formation, qui est devenue XXL pour l’occasion. Détaillons tout ça.
Mats Gustafsson, « The Thing » XXL : Mats Gustafsson (ts, bs), Ingebrigt Håker Flaten (b, el-b), Paal Nilssen-Love (dm), Peter Evans (tp, piccolo tp), Mats Åleklint (tb), Terrie Ex (el-g), Jim Baker (p, el-p, electronics)
Energie. Voilà qui va encore fâcher quelque collègue habile à remarquer les us et les abus de l’expression, non sans raison d’ailleurs. Mais comment dire autrement ces entrées en scène où le paroxysme est atteint dès l’introduction ? Comment exprimer de façon plus juste la partie la plus manifeste du message, qui pour le coup n’a rien de subliminal ? Donc, on y va très fort tout de suite, et pour en rajouter une couche il suffit de faire sortir Peter Evans, Mats Åleklint, Terrie Ex et Jim Baker du tunnel, un peu comme des gladiateurs dans les cirques romains, ou des rugbymen dans un stade : dans l’amphithéâtre Gulbenkian de Lisbonne, les musiciens sortent de terre.
Et ils y vont : Jim Baker, par exemple, magnifiquement sonorisé. Il est si rare que dans une formation de ce genre on puisse entendre ce que raconte le pianiste. Et il en raconte des choses, Jim Baker, replié sur les aigus de son piano, il concocte des phrases alambiquées, pleines de chicanes, de ratures, de recommencements. Superbe, et comme Mats lui laisse un bel espace en solo, il se fait applaudir. Peter Evans c’est différent : impeccable, sûr de lui, quasiment sans bouger le corps sauf pour regarder sa partition, il pistonne avec virtuosité, se permet de conseiller son camarade de pupitre Mats Åleklint, ouvre des espaces de jeu inconnus. Terrie Ex a quant à lui la même mimique dansante que son frère Luc, un pas de côté un pas en avant, sa guitare semble une pauvre chose sortie d’un improbable débarras, il en fait bel usage aussi. Mats Gustafsson redouble encore la puissante vocalité de son adresse en prenant le baryton, Paal Nilssen-Love est peut-être le plus économe de ses moyens, mais son jeu est impressionnant de force brute. « The Thing », c’est quand même tout un programme, « Das Ding », « La Chose », annoncer qu’on va toucher au réel comme ça, c’est quand même gonflé. Parce que la coutume, même en jazz, c’est de construire avec un code, avec un langage, une sorte de discours propre à pacifier nos relations avec le monde. Mais… faut pas s’y fier, et dans « The Thing », la violence du réel finit par vous atteindre. Dur mur. Très beau, très effrayant. Pour la petite histoire, on dira que la musique vient de Don Cherry, ou de Donald Ayler. Elle est aussi, bien sûr, une prière. On s’en doutait un peu.
On attend ce soir, en première européene, l’octet de Peter Evans. Avec Brandon Seabroook, Tom Blancarte, Jim Black. Ca va chauffer. Venez-y. Lisbonne est une des plus belles, et des plus étonnantes capitales du monde. Mais ça c’est pour demain.