Jazz live
Publié le 3 Août 2024 • Par Pierre-Henri Ardonceau

Jazz in Marciac 46ème édition (2)

New’Garo/Hommage à Claude Nougaro

27 juillet. Chapiteau de Marciac

New-York Tango Trio : Richard Galliano (acc), Adrien Moignard (g), Diego Imbert (b).

New’Garo/création hommage à Claude Nougaro : plus de 30 musiciens sur scène ! Cordes « classiques » : violons, altos, violoncelles. Cuivres: Daniel Zimmerman (tb), Claude Egea, Stephane Martinez (tp), Stephane Guillaume (saxes), Remi Sciutto (sax et fl). Rythmique : Sandra Cipolat (claviers), Ludovic Bruni (eg), Muriel Gastebois (perc), Julien Charlet (dr). Voix : Souad Massi, Marion Rampal, Gabi Hartmann, Siân Pottok, Sanseverino, Jowee Omicil, André Minvielle, Ray Lema. Direction, arrangements : Fred Pallem (gb). Master of ceremony (MC) : Marc Maret.

Comme toujours ici (où il a très souvent joué sous le grand chapiteau), Galliano a triomphé en première partie. Et lorsqu’il a présenté les morceaux qu’il allait jouer avec son trio il n’a pas manqué de rappeler, avec émotion, à plusieurs reprises, ses liens profonds et fort anciens avec Claude Nougaro. Avec qui il a longtemps joué en live et dans moult enregistrements.

New-York Tango : Diego Imbert (b), Galliano (acc), Adrien Moignard (g)

Belle et émouvante introduction pour la deuxième partie du concert : New’Garo/Hommage à Claude Nougaro.

La direction musicale et la conception de cet hommage, coproduit par 4 festivals francais (Coutances, Vienne, Suds en Arles et… Marciac), sur une idée de Guillaume Anger et de Marc Maret (qui officiait comme MC), a été confié au flamboyant Fred Pallem. F. Pallem, fondateur et animateur du très « groovy » Sacre du Tympan né il y a, déjà, 25 ans. Ce big band, atypique dans le paysage du jazz français, sophistiqué et inclassable, « oscille entre jazz et fanfare pop-rock » (Fred Pallem).

Le projet de l’hommage était ambitieux : « Pas question de nostalgie, mais bien d’une belle fête » (F.P.). Pas facile à réaliser concrètement : choisir des thèmes parmi les très nombreuses chansons interprétées ou composées par Claude et concocter des arrangements adaptés aux nombreuses (trop?) personnalités (vraiment) très différentes présentes sur scène. Il s’agissait donc de « proposer des versions réorchestrées, réarrangées où chacun et chacune livrera sa vision toute personnelle de la musique et des mots de Claude Nougaro » (F.P.).

Un pari risqué et un peu fou : comme les aime F. Pallem.

Quelques compte-rendus des 3 premiers concerts (Coutances, Vienne, Arles), ont évoqué des réactions en demi-teinte du public.

A Marciac, New’Garo a duré deux bonnes heures.

Mon ressenti : comme parfois, lorsque qu’après un superbe et riche repas on pense qu’il était, peut-être, trop copieux, la prestation du « Newgaro Trans-Express » (c’est ainsi que le MC a présenté l’orchestre) m’a paru un peu longue et aussi quelque peu disparate. Avec de grands et beaux moments mais aussi avec quelques passages ne me semblant pas vraiment adaptés à l’esprit, tel qu’annoncé, du projet.

New’Garo était, peut-être, un peu trop ambitieux, avec beaucoup de chanteurs et chanteuses aux univers trop hétéroclites à fédérer et à encadrer… Et aussi parfois nous paraissant très éloignés de l’univers « nougarien ».

Bilan, très subjectif de ce que nous avons ressenti comme de bons et très bons moments. Bilan discutable et partiel bien sûr…

Fred Pallem (gb), Muriel Gastebois (per), André Minvielle (voc), une partie des cordes

Le comédien Jacques Gamblin, jazzfan premium, a dit avec passion (et sans prompteur!) deux très beaux textes dont « La Danse : petits rats… petits chats… ».

San Severino (avec prompteur !) sur le chef d’oeuvre nougarien : « Le Jazz et la Java » avec Marion Rampal et Jowee Omicil. Jowee Omicil qui a été présent et remarquable (au sax et vocalement) à Marciac cette année, notamment lors de deux hommages rendus à Ahmad Jamal.

Belle découverte : Siân Pottok, qui n’était pas dans le casting du premier concert à Coutances. Sensible et émouvante.

La « palme d’or » des jazz critics présents et… du public (à l’applaudimètre…) revient incontestablement à André Minvielle. Minvielle incroyable « vocalchimiste » longtemps membre de la compagnie Lubat a souvent rencontré Nougaro « en vrai ». Et sans jamais chercher à l’imiter il sait être pleinement Nougarien. Minvielle a étudié le chant au Conservatoire de Pau et le père de C. Nougaro était chanteur d’opéra. Voilà le lien profond entre Nougaro et Minvielle. Une approche bien particulière de la voix. Qui plus est, ils ont tous deux la même tessiture.

Sur « Oh Toulouse », spontanément, la salle a entonné, puissamment le refrain… Magnifique. Emouvant.

Minvielle est aussi un scatteur haut de gamme. Sur un morceau « scatté » en duo avec San Sévérino il a « gagné » le duel haut la main.

Nougaro avait dédié une de ses compositions originales (K You) à Minvielle qui l’a interprétée sous le chapiteau…

André Minvielle

Bref, Minvielle a été merveilleux et puissant et a démontré que le projet de Fred Pallem était un beau projet quand les planètes étaient alignées…

Pierre-Henri Ardonceau