Jazz Naturel Orthez fête ses 20 ans
Il y a peu de festivals en Béarn : Oloron (en juillet) et Orthez (au printemps). Jazz Naturel, festival orthézien « ouvert » (le jazz mais pas que…), vient de fêter pendant une semaine son vingtième anniversaire. Avec Louis Winsberg invité d’honneur : choix parfait pour une manifestation qui a toujours mis en valeur les musiques voisines et cousines du jazz.
Louis Winsberg, la cinquantaine épanouie, est provençal (né à Marseille, il vit à Eygalières, superbe village des Alpilles). Tout jeune il rencontre des guitaristes gitans d’Arles et commence à pratiquer la « six cordes » acoustique avec quelques uns de ceux qui deviendront les Gipsy Kings.
Son curriculum vitae est impressionnant : Prix de soliste du Concours de la Défense en 1983 (il a juste 20 ans), Django d’or en 2008, beaucoup d’enregistrements et d’innombrables concerts aux côtés de grands noms du jazz, et, bien sûr, ses multiples et foisonnants groupes et projets (Sixun, La Danse du Vent, Jaleo, Douce France, Marseille Marseille, Rocky Titi Loulou, entre autres). Constantes dans son parcours : les rencontres avec des musiciens de tous horizons et nationalités et les « mélanges » musicaux. Son expérience mythique dite des « musiciens voyageurs » au Sunset et au Baiser Salé dans les années 90 (surnommée Winsberg World Work… son propre réseau mondial : www !) est mémorable. Chaque soir il invitait des musiciens différents !
Sa pratique des « fusions » musicales est très souvent « ramenée », outre le jazz-rock de Sixun, au seul univers du Flamenco. Passion forte et bien réelle certes mais qui ne doit pas occulter les multiples influences, revendiquées, de nombreuses autres musiques traditionnelles et ethniques.
Avec un tel palmarès et un ancrage géographique, assumé, dans la culture « marseillaise » Louis pourrait « faire », ce qu’on appelle sur la Canebière, le « cacou » (mot issu du parlé marseillais, entré dans le Petit Robert en 2012). En gros : un frimeur, hâbleur, grande gueule, vantard, souvent un peu mytho… Tout le contraire de Louis Winsberg, pas cacou pour un sou : tranquille, serein, discret, paisible…
Et surtout instrumentiste virtuose, talentueux et créatif.
Marseille/Marseille: Louis Winsberg (g), Mona (voc, oud), Antonio El Titi (g), Miguel Sanchez (cajon), Lilian Bencini (b), Sabrina Romero (danse), Jean-Luc Di Fraya (voc, perc).
Marseille, Winsberg l’aime mais pour ses bons côtés qu’il a su mettre en valeur dans son spectacle total (images, musiques, danses, paroles…) intitulé Marseille Marseille. On y pratique le flamenco un ballon de foot dans les pieds. On y tchatche avec humour du jazz et de l’improvisation : « Coltrane ça serait qui ? Zizou ! Et Parker ? Maradona ! ». Mona chante superbement de l’arabo-andalou en s’accompagnant à l’oud. Sabrina Romero danse, avec fougue et ardeur comme il se doit. Mais, surprise, elle le fait en… jean très ajusté. Exit volants et franfreluches. Superbe vision. Antonio El Titi au sein d’une séquence intitulée Peplum propose une interprétation renversante de La Marseillaise. Dialogue post-concert : « Tu connais la version de Django ? – Oui bien sûr mais avec Stephane ils improvisent de manière strictement jazzy sur le thème…Très proche de la ligne mélodique finalement… ». El Titi lui revisite pleinement l’hymne national, de manière respectueuse et sidérante à la fois. Winsberg présente thèmes et musiciens, tous représentatifs de la diaspora marseillaise. « Musiques de pérégrinations, protéiformes, comme savent l’être les vieilles pierres et le béton de la cité phocéenne. » (Christian Larrede).
Spécial Vingtième anniversaire: Winsberg (g), Stephane Huchard (dr), Jerome Regard (b, gb), Marc Berthoumieux (acc), Pepito (voc), Berline (voc), Graeme Allwright (voc, g), André Minvielle (voc, perc), Jean-Jacques Milteau (harmonica), San Severino (g, voc). 20 avril.
Pour la soirée « Vingtième anniversaire » Jacques Canet, programmateur de Jazz Naturel depuis la première édition, avait invité les principaux triomphateurs des éditions précédentes en demandant à Louis Winsberg de « mettre en musique » cette soirée très spéciale. Après mûres réflexions préalables (en équipe : Winsberg, Francois Peyratou, son agent, et J. Canet) et longue répétition un canevas fut mis au point avec précision et méticulosité… Planning serré et bien conçu… Heureusement… car avec 12 musiciens et chanteurs programmés, de styles et caractères fort variés… les risques de dérapages ou d’enlisement étaient bien réels.
Grâce à l’omniprésence de Winsberg, qui ne quitta pas le plateau pendant la totalité du concert (qui dura près de 3 heures), et joua parfaitement son rôle de Master of Ceremony, la soirée fut une réussite totale et enchanta les 1200 spectateurs de La Moutète (salle mythique où l’Elan Béarnais équipe phare du basket français professionnel joua pendant de longues années).
En trio (celui du projet « Douce France », hommages à la chanson française) L.W., guitariste « tous terrains » attaqua par Le Sud de Nino Ferrer, prétexte à chorus sensibles et inventifs. Avec Le Jazz et la Java l’atmosphère monta de plusieurs degrés. Rejoint par Marc Berthoumieux à l’accordéon, en quartet les musiciens enchaînèrent avec El Tigre et un medley du projet « La Danse du Vent ». Pepito Montealegre « Pepito » avec Se apago una estrella vint raviver les souvenirs d’un mémorable concert de Jaléo ici même. Electro choc avec Berline la compagne de Louis Winsberg qui proposa une version tonique (euphémisme), inédite et originale des Flamandes de Brel. Berline est belge (avec des parents flamands et wallons… pas étonnant qu’elle révèle un tempérament pour le moins explosif ).
Quand Graeme Allwright entre sur scène, des applaudissement nourris crépitent. A 86 ans (!) la voix est sûre, intacte et a toujours un impact incroyable sur le public (il a des fans de tous âges). Il démarre par un symbolique et fort approprié « On the road again… » ! « Suzanne » un de ses tubes fait chavirer la salle qui le reprend en chœur.
Spécial bonus pour les lecteurs de Jazz Live deux révélations : dans les années 60 G. Allwright enseignait l’anglais à Dieulefit dans une école « non conformiste » (La Roseraie), il avait comme collègue Jacques Coursil (qui est devenu ensuite trompettiste de free jazz, haut de gamme) et en 2000 Allwright a enregistré, à 73 ans, un disque de jazz avec Glenn Ferris ! Il n’avait pas de nouvelles de J. Coursil… Moi non plus. Dommage ! En tout cas « le » chanteur folk emblématique de la scène française aime le jazz… C’est sûr.
André Minvielle, le seul invité de la soirée « venu à pied » (petite blague de Winsberg présentateur… Minvielle vit à quelques encablures d’Orthez et… il a fait des études de micro-mécanique au Lycée technique de la ville) démarra avec Madame Mimi son splendide hommage aux Double Six et à Mimi Perrin, l’âme du groupe. Sur Indifférence, un de ses « morceaux de bravoure », sa virtuosité vocale (et sa précision : les études de micro-mécanique ?) épata une fois de plus. Jean-Jacques Milteau arriva discrètement sur un Watermelon Man d’anthologie et montra ses talents d’improvisateur sur un « Mercy Mercy… » moelleux à souhait.
Enfin vint la « star » de la soirée : San Severino (il remplaçait au pied levé Maurane, malade), à la réputation de déjanté solidement établie. Il mit le feu musicalement tout en horripilant une minorité de « culs serrés » par des vannes bien grasses mais enrobées de riffs rock and roll particulièrement puissants et décoiffants. Stéphane Huchard (dr), Winsberg (jouant le jeu du rock and roll à fond) et Jérome Regard (à la guitare basse pour ce final) visiblement se régalaient (ça devait leur rappeler agréablement leur adolescence). Final consensuel comme il se doit : tous les protagonistes sur scène et un « Il faut que je m’en aille » (encore un incontournable de G. Allwright) repris par l’ensemble du public enchanté…
Le mercredi et le jeudi précédant ce grand rassemblement festif : deux autres belles soirées où même si Louis Winsberg n’était pas physiquement sur scène… il était quand même un peu présent, quelque part, comme on dit !
Hommage à Stéphane Grappelli : Didier Lockwood (vl), Philip Catherine (g), Diego Imbert (b) 17 avril.
En trio acoustique, Didier Lockwood (avec Philip Catherine à la guitare, son vieux complice, et Diego Imbert à la contrebasse), dans un hommage à Grappelli nous a rappelé les mythiques trios avec lesquels il a beaucoup tourné dans les années 80. Toujours aussi à l’aise et inventif sur les standards et en dépit d’un planning de concerts démentiel (il revenait d’Amérique du Sud fatigué et jetlagué) il reste toujours aussi généreux (près de deux heures de concerts… en trio avec moult solos explosifs). Enorme solo de Diego Imbert sur Minor Swing, montrant qu’il n’est pas seulement un accompagnateur incontournable de la scène française mais aussi un soliste de grande envergure. Didier Lockwood est un grand ami de Winsberg qui aurait pu se trouver sans problème sur scène avec lui.
Carte Blanche à Marcel Azzola: Marcel Azzola, Lionel Suarez, Gérard Luc (acc), Lina Bossati (p), Sylvain Luc (g), Diego Imbert (b), André Ceccarelli (dr). 18 avril.
La soirée Carte Blanche à Marcel Azzola avec de nombreux invités fut « hétérogène », pour le dire vite. Quelques moments de flottements, mais aussi de belles pépites : Azzola sur un pot-pourri de chansons de Brel, superbes solos de Gérard Luc (le frère de Sylvain) et de Lionel Suarez à l’accordéon et surtout, impérial, Sylvain Luc avec des chorus stupéfiants d’inventivité. « Louis, c’est moi qui lui ai fait découvrir les guitares Godin » nous dit Sylvain avec un grand sourire et le regard malin. « Et j’ai fait aussi un disque en duo avec lui… ». Alors…
On vous le disait Winsberg fut omniprésent à Orthez pendant toute la semaine du vingtième anniversaire de Jazz Naturel. Il présenta même, aux scolaires orthéziens, j’allais l’oublier, sa création «Le voyage de Carabalas » (conte musical pour enfants cordes et percussions, avec Minino Garay).
Pierre-Henri Ardonceau
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Il y a peu de festivals en Béarn : Oloron (en juillet) et Orthez (au printemps). Jazz Naturel, festival orthézien « ouvert » (le jazz mais pas que…), vient de fêter pendant une semaine son vingtième anniversaire. Avec Louis Winsberg invité d’honneur : choix parfait pour une manifestation qui a toujours mis en valeur les musiques voisines et cousines du jazz.
Louis Winsberg, la cinquantaine épanouie, est provençal (né à Marseille, il vit à Eygalières, superbe village des Alpilles). Tout jeune il rencontre des guitaristes gitans d’Arles et commence à pratiquer la « six cordes » acoustique avec quelques uns de ceux qui deviendront les Gipsy Kings.
Son curriculum vitae est impressionnant : Prix de soliste du Concours de la Défense en 1983 (il a juste 20 ans), Django d’or en 2008, beaucoup d’enregistrements et d’innombrables concerts aux côtés de grands noms du jazz, et, bien sûr, ses multiples et foisonnants groupes et projets (Sixun, La Danse du Vent, Jaleo, Douce France, Marseille Marseille, Rocky Titi Loulou, entre autres). Constantes dans son parcours : les rencontres avec des musiciens de tous horizons et nationalités et les « mélanges » musicaux. Son expérience mythique dite des « musiciens voyageurs » au Sunset et au Baiser Salé dans les années 90 (surnommée Winsberg World Work… son propre réseau mondial : www !) est mémorable. Chaque soir il invitait des musiciens différents !
Sa pratique des « fusions » musicales est très souvent « ramenée », outre le jazz-rock de Sixun, au seul univers du Flamenco. Passion forte et bien réelle certes mais qui ne doit pas occulter les multiples influences, revendiquées, de nombreuses autres musiques traditionnelles et ethniques.
Avec un tel palmarès et un ancrage géographique, assumé, dans la culture « marseillaise » Louis pourrait « faire », ce qu’on appelle sur la Canebière, le « cacou » (mot issu du parlé marseillais, entré dans le Petit Robert en 2012). En gros : un frimeur, hâbleur, grande gueule, vantard, souvent un peu mytho… Tout le contraire de Louis Winsberg, pas cacou pour un sou : tranquille, serein, discret, paisible…
Et surtout instrumentiste virtuose, talentueux et créatif.
Marseille/Marseille: Louis Winsberg (g), Mona (voc, oud), Antonio El Titi (g), Miguel Sanchez (cajon), Lilian Bencini (b), Sabrina Romero (danse), Jean-Luc Di Fraya (voc, perc).
Marseille, Winsberg l’aime mais pour ses bons côtés qu’il a su mettre en valeur dans son spectacle total (images, musiques, danses, paroles…) intitulé Marseille Marseille. On y pratique le flamenco un ballon de foot dans les pieds. On y tchatche avec humour du jazz et de l’improvisation : « Coltrane ça serait qui ? Zizou ! Et Parker ? Maradona ! ». Mona chante superbement de l’arabo-andalou en s’accompagnant à l’oud. Sabrina Romero danse, avec fougue et ardeur comme il se doit. Mais, surprise, elle le fait en… jean très ajusté. Exit volants et franfreluches. Superbe vision. Antonio El Titi au sein d’une séquence intitulée Peplum propose une interprétation renversante de La Marseillaise. Dialogue post-concert : « Tu connais la version de Django ? – Oui bien sûr mais avec Stephane ils improvisent de manière strictement jazzy sur le thème…Très proche de la ligne mélodique finalement… ». El Titi lui revisite pleinement l’hymne national, de manière respectueuse et sidérante à la fois. Winsberg présente thèmes et musiciens, tous représentatifs de la diaspora marseillaise. « Musiques de pérégrinations, protéiformes, comme savent l’être les vieilles pierres et le béton de la cité phocéenne. » (Christian Larrede).
Spécial Vingtième anniversaire: Winsberg (g), Stephane Huchard (dr), Jerome Regard (b, gb), Marc Berthoumieux (acc), Pepito (voc), Berline (voc), Graeme Allwright (voc, g), André Minvielle (voc, perc), Jean-Jacques Milteau (harmonica), San Severino (g, voc). 20 avril.
Pour la soirée « Vingtième anniversaire » Jacques Canet, programmateur de Jazz Naturel depuis la première édition, avait invité les principaux triomphateurs des éditions précédentes en demandant à Louis Winsberg de « mettre en musique » cette soirée très spéciale. Après mûres réflexions préalables (en équipe : Winsberg, Francois Peyratou, son agent, et J. Canet) et longue répétition un canevas fut mis au point avec précision et méticulosité… Planning serré et bien conçu… Heureusement… car avec 12 musiciens et chanteurs programmés, de styles et caractères fort variés… les risques de dérapages ou d’enlisement étaient bien réels.
Grâce à l’omniprésence de Winsberg, qui ne quitta pas le plateau pendant la totalité du concert (qui dura près de 3 heures), et joua parfaitement son rôle de Master of Ceremony, la soirée fut une réussite totale et enchanta les 1200 spectateurs de La Moutète (salle mythique où l’Elan Béarnais équipe phare du basket français professionnel joua pendant de longues années).
En trio (celui du projet « Douce France », hommages à la chanson française) L.W., guitariste « tous terrains » attaqua par Le Sud de Nino Ferrer, prétexte à chorus sensibles et inventifs. Avec Le Jazz et la Java l’atmosphère monta de plusieurs degrés. Rejoint par Marc Berthoumieux à l’accordéon, en quartet les musiciens enchaînèrent avec El Tigre et un medley du projet « La Danse du Vent ». Pepito Montealegre « Pepito » avec Se apago una estrella vint raviver les souvenirs d’un mémorable concert de Jaléo ici même. Electro choc avec Berline la compagne de Louis Winsberg qui proposa une version tonique (euphémisme), inédite et originale des Flamandes de Brel. Berline est belge (avec des parents flamands et wallons… pas étonnant qu’elle révèle un tempérament pour le moins explosif ).
Quand Graeme Allwright entre sur scène, des applaudissement nourris crépitent. A 86 ans (!) la voix est sûre, intacte et a toujours un impact incroyable sur le public (il a des fans de tous âges). Il démarre par un symbolique et fort approprié « On the road again… » ! « Suzanne » un de ses tubes fait chavirer la salle qui le reprend en chœur.
Spécial bonus pour les lecteurs de Jazz Live deux révélations : dans les années 60 G. Allwright enseignait l’anglais à Dieulefit dans une école « non conformiste » (La Roseraie), il avait comme collègue Jacques Coursil (qui est devenu ensuite trompettiste de free jazz, haut de gamme) et en 2000 Allwright a enregistré, à 73 ans, un disque de jazz avec Glenn Ferris ! Il n’avait pas de nouvelles de J. Coursil… Moi non plus. Dommage ! En tout cas « le » chanteur folk emblématique de la scène française aime le jazz… C’est sûr.
André Minvielle, le seul invité de la soirée « venu à pied » (petite blague de Winsberg présentateur… Minvielle vit à quelques encablures d’Orthez et… il a fait des études de micro-mécanique au Lycée technique de la ville) démarra avec Madame Mimi son splendide hommage aux Double Six et à Mimi Perrin, l’âme du groupe. Sur Indifférence, un de ses « morceaux de bravoure », sa virtuosité vocale (et sa précision : les études de micro-mécanique ?) épata une fois de plus. Jean-Jacques Milteau arriva discrètement sur un Watermelon Man d’anthologie et montra ses talents d’improvisateur sur un « Mercy Mercy… » moelleux à souhait.
Enfin vint la « star » de la soirée : San Severino (il remplaçait au pied levé Maurane, malade), à la réputation de déjanté solidement établie. Il mit le feu musicalement tout en horripilant une minorité de « culs serrés » par des vannes bien grasses mais enrobées de riffs rock and roll particulièrement puissants et décoiffants. Stéphane Huchard (dr), Winsberg (jouant le jeu du rock and roll à fond) et Jérome Regard (à la guitare basse pour ce final) visiblement se régalaient (ça devait leur rappeler agréablement leur adolescence). Final consensuel comme il se doit : tous les protagonistes sur scène et un « Il faut que je m’en aille » (encore un incontournable de G. Allwright) repris par l’ensemble du public enchanté…
Le mercredi et le jeudi précédant ce grand rassemblement festif : deux autres belles soirées où même si Louis Winsberg n’était pas physiquement sur scène… il était quand même un peu présent, quelque part, comme on dit !
Hommage à Stéphane Grappelli : Didier Lockwood (vl), Philip Catherine (g), Diego Imbert (b) 17 avril.
En trio acoustique, Didier Lockwood (avec Philip Catherine à la guitare, son vieux complice, et Diego Imbert à la contrebasse), dans un hommage à Grappelli nous a rappelé les mythiques trios avec lesquels il a beaucoup tourné dans les années 80. Toujours aussi à l’aise et inventif sur les standards et en dépit d’un planning de concerts démentiel (il revenait d’Amérique du Sud fatigué et jetlagué) il reste toujours aussi généreux (près de deux heures de concerts… en trio avec moult solos explosifs). Enorme solo de Diego Imbert sur Minor Swing, montrant qu’il n’est pas seulement un accompagnateur incontournable de la scène française mais aussi un soliste de grande envergure. Didier Lockwood est un grand ami de Winsberg qui aurait pu se trouver sans problème sur scène avec lui.
Carte Blanche à Marcel Azzola: Marcel Azzola, Lionel Suarez, Gérard Luc (acc), Lina Bossati (p), Sylvain Luc (g), Diego Imbert (b), André Ceccarelli (dr). 18 avril.
La soirée Carte Blanche à Marcel Azzola avec de nombreux invités fut « hétérogène », pour le dire vite. Quelques moments de flottements, mais aussi de belles pépites : Azzola sur un pot-pourri de chansons de Brel, superbes solos de Gérard Luc (le frère de Sylvain) et de Lionel Suarez à l’accordéon et surtout, impérial, Sylvain Luc avec des chorus stupéfiants d’inventivité. « Louis, c’est moi qui lui ai fait découvrir les guitares Godin » nous dit Sylvain avec un grand sourire et le regard malin. « Et j’ai fait aussi un disque en duo avec lui… ». Alors…
On vous le disait Winsberg fut omniprésent à Orthez pendant toute la semaine du vingtième anniversaire de Jazz Naturel. Il présenta même, aux scolaires orthéziens, j’allais l’oublier, sa création «Le voyage de Carabalas » (conte musical pour enfants cordes et percussions, avec Minino Garay).
Pierre-Henri Ardonceau
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Il y a peu de festivals en Béarn : Oloron (en juillet) et Orthez (au printemps). Jazz Naturel, festival orthézien « ouvert » (le jazz mais pas que…), vient de fêter pendant une semaine son vingtième anniversaire. Avec Louis Winsberg invité d’honneur : choix parfait pour une manifestation qui a toujours mis en valeur les musiques voisines et cousines du jazz.
Louis Winsberg, la cinquantaine épanouie, est provençal (né à Marseille, il vit à Eygalières, superbe village des Alpilles). Tout jeune il rencontre des guitaristes gitans d’Arles et commence à pratiquer la « six cordes » acoustique avec quelques uns de ceux qui deviendront les Gipsy Kings.
Son curriculum vitae est impressionnant : Prix de soliste du Concours de la Défense en 1983 (il a juste 20 ans), Django d’or en 2008, beaucoup d’enregistrements et d’innombrables concerts aux côtés de grands noms du jazz, et, bien sûr, ses multiples et foisonnants groupes et projets (Sixun, La Danse du Vent, Jaleo, Douce France, Marseille Marseille, Rocky Titi Loulou, entre autres). Constantes dans son parcours : les rencontres avec des musiciens de tous horizons et nationalités et les « mélanges » musicaux. Son expérience mythique dite des « musiciens voyageurs » au Sunset et au Baiser Salé dans les années 90 (surnommée Winsberg World Work… son propre réseau mondial : www !) est mémorable. Chaque soir il invitait des musiciens différents !
Sa pratique des « fusions » musicales est très souvent « ramenée », outre le jazz-rock de Sixun, au seul univers du Flamenco. Passion forte et bien réelle certes mais qui ne doit pas occulter les multiples influences, revendiquées, de nombreuses autres musiques traditionnelles et ethniques.
Avec un tel palmarès et un ancrage géographique, assumé, dans la culture « marseillaise » Louis pourrait « faire », ce qu’on appelle sur la Canebière, le « cacou » (mot issu du parlé marseillais, entré dans le Petit Robert en 2012). En gros : un frimeur, hâbleur, grande gueule, vantard, souvent un peu mytho… Tout le contraire de Louis Winsberg, pas cacou pour un sou : tranquille, serein, discret, paisible…
Et surtout instrumentiste virtuose, talentueux et créatif.
Marseille/Marseille: Louis Winsberg (g), Mona (voc, oud), Antonio El Titi (g), Miguel Sanchez (cajon), Lilian Bencini (b), Sabrina Romero (danse), Jean-Luc Di Fraya (voc, perc).
Marseille, Winsberg l’aime mais pour ses bons côtés qu’il a su mettre en valeur dans son spectacle total (images, musiques, danses, paroles…) intitulé Marseille Marseille. On y pratique le flamenco un ballon de foot dans les pieds. On y tchatche avec humour du jazz et de l’improvisation : « Coltrane ça serait qui ? Zizou ! Et Parker ? Maradona ! ». Mona chante superbement de l’arabo-andalou en s’accompagnant à l’oud. Sabrina Romero danse, avec fougue et ardeur comme il se doit. Mais, surprise, elle le fait en… jean très ajusté. Exit volants et franfreluches. Superbe vision. Antonio El Titi au sein d’une séquence intitulée Peplum propose une interprétation renversante de La Marseillaise. Dialogue post-concert : « Tu connais la version de Django ? – Oui bien sûr mais avec Stephane ils improvisent de manière strictement jazzy sur le thème…Très proche de la ligne mélodique finalement… ». El Titi lui revisite pleinement l’hymne national, de manière respectueuse et sidérante à la fois. Winsberg présente thèmes et musiciens, tous représentatifs de la diaspora marseillaise. « Musiques de pérégrinations, protéiformes, comme savent l’être les vieilles pierres et le béton de la cité phocéenne. » (Christian Larrede).
Spécial Vingtième anniversaire: Winsberg (g), Stephane Huchard (dr), Jerome Regard (b, gb), Marc Berthoumieux (acc), Pepito (voc), Berline (voc), Graeme Allwright (voc, g), André Minvielle (voc, perc), Jean-Jacques Milteau (harmonica), San Severino (g, voc). 20 avril.
Pour la soirée « Vingtième anniversaire » Jacques Canet, programmateur de Jazz Naturel depuis la première édition, avait invité les principaux triomphateurs des éditions précédentes en demandant à Louis Winsberg de « mettre en musique » cette soirée très spéciale. Après mûres réflexions préalables (en équipe : Winsberg, Francois Peyratou, son agent, et J. Canet) et longue répétition un canevas fut mis au point avec précision et méticulosité… Planning serré et bien conçu… Heureusement… car avec 12 musiciens et chanteurs programmés, de styles et caractères fort variés… les risques de dérapages ou d’enlisement étaient bien réels.
Grâce à l’omniprésence de Winsberg, qui ne quitta pas le plateau pendant la totalité du concert (qui dura près de 3 heures), et joua parfaitement son rôle de Master of Ceremony, la soirée fut une réussite totale et enchanta les 1200 spectateurs de La Moutète (salle mythique où l’Elan Béarnais équipe phare du basket français professionnel joua pendant de longues années).
En trio (celui du projet « Douce France », hommages à la chanson française) L.W., guitariste « tous terrains » attaqua par Le Sud de Nino Ferrer, prétexte à chorus sensibles et inventifs. Avec Le Jazz et la Java l’atmosphère monta de plusieurs degrés. Rejoint par Marc Berthoumieux à l’accordéon, en quartet les musiciens enchaînèrent avec El Tigre et un medley du projet « La Danse du Vent ». Pepito Montealegre « Pepito » avec Se apago una estrella vint raviver les souvenirs d’un mémorable concert de Jaléo ici même. Electro choc avec Berline la compagne de Louis Winsberg qui proposa une version tonique (euphémisme), inédite et originale des Flamandes de Brel. Berline est belge (avec des parents flamands et wallons… pas étonnant qu’elle révèle un tempérament pour le moins explosif ).
Quand Graeme Allwright entre sur scène, des applaudissement nourris crépitent. A 86 ans (!) la voix est sûre, intacte et a toujours un impact incroyable sur le public (il a des fans de tous âges). Il démarre par un symbolique et fort approprié « On the road again… » ! « Suzanne » un de ses tubes fait chavirer la salle qui le reprend en chœur.
Spécial bonus pour les lecteurs de Jazz Live deux révélations : dans les années 60 G. Allwright enseignait l’anglais à Dieulefit dans une école « non conformiste » (La Roseraie), il avait comme collègue Jacques Coursil (qui est devenu ensuite trompettiste de free jazz, haut de gamme) et en 2000 Allwright a enregistré, à 73 ans, un disque de jazz avec Glenn Ferris ! Il n’avait pas de nouvelles de J. Coursil… Moi non plus. Dommage ! En tout cas « le » chanteur folk emblématique de la scène française aime le jazz… C’est sûr.
André Minvielle, le seul invité de la soirée « venu à pied » (petite blague de Winsberg présentateur… Minvielle vit à quelques encablures d’Orthez et… il a fait des études de micro-mécanique au Lycée technique de la ville) démarra avec Madame Mimi son splendide hommage aux Double Six et à Mimi Perrin, l’âme du groupe. Sur Indifférence, un de ses « morceaux de bravoure », sa virtuosité vocale (et sa précision : les études de micro-mécanique ?) épata une fois de plus. Jean-Jacques Milteau arriva discrètement sur un Watermelon Man d’anthologie et montra ses talents d’improvisateur sur un « Mercy Mercy… » moelleux à souhait.
Enfin vint la « star » de la soirée : San Severino (il remplaçait au pied levé Maurane, malade), à la réputation de déjanté solidement établie. Il mit le feu musicalement tout en horripilant une minorité de « culs serrés » par des vannes bien grasses mais enrobées de riffs rock and roll particulièrement puissants et décoiffants. Stéphane Huchard (dr), Winsberg (jouant le jeu du rock and roll à fond) et Jérome Regard (à la guitare basse pour ce final) visiblement se régalaient (ça devait leur rappeler agréablement leur adolescence). Final consensuel comme il se doit : tous les protagonistes sur scène et un « Il faut que je m’en aille » (encore un incontournable de G. Allwright) repris par l’ensemble du public enchanté…
Le mercredi et le jeudi précédant ce grand rassemblement festif : deux autres belles soirées où même si Louis Winsberg n’était pas physiquement sur scène… il était quand même un peu présent, quelque part, comme on dit !
Hommage à Stéphane Grappelli : Didier Lockwood (vl), Philip Catherine (g), Diego Imbert (b) 17 avril.
En trio acoustique, Didier Lockwood (avec Philip Catherine à la guitare, son vieux complice, et Diego Imbert à la contrebasse), dans un hommage à Grappelli nous a rappelé les mythiques trios avec lesquels il a beaucoup tourné dans les années 80. Toujours aussi à l’aise et inventif sur les standards et en dépit d’un planning de concerts démentiel (il revenait d’Amérique du Sud fatigué et jetlagué) il reste toujours aussi généreux (près de deux heures de concerts… en trio avec moult solos explosifs). Enorme solo de Diego Imbert sur Minor Swing, montrant qu’il n’est pas seulement un accompagnateur incontournable de la scène française mais aussi un soliste de grande envergure. Didier Lockwood est un grand ami de Winsberg qui aurait pu se trouver sans problème sur scène avec lui.
Carte Blanche à Marcel Azzola: Marcel Azzola, Lionel Suarez, Gérard Luc (acc), Lina Bossati (p), Sylvain Luc (g), Diego Imbert (b), André Ceccarelli (dr). 18 avril.
La soirée Carte Blanche à Marcel Azzola avec de nombreux invités fut « hétérogène », pour le dire vite. Quelques moments de flottements, mais aussi de belles pépites : Azzola sur un pot-pourri de chansons de Brel, superbes solos de Gérard Luc (le frère de Sylvain) et de Lionel Suarez à l’accordéon et surtout, impérial, Sylvain Luc avec des chorus stupéfiants d’inventivité. « Louis, c’est moi qui lui ai fait découvrir les guitares Godin » nous dit Sylvain avec un grand sourire et le regard malin. « Et j’ai fait aussi un disque en duo avec lui… ». Alors…
On vous le disait Winsberg fut omniprésent à Orthez pendant toute la semaine du vingtième anniversaire de Jazz Naturel. Il présenta même, aux scolaires orthéziens, j’allais l’oublier, sa création «Le voyage de Carabalas » (conte musical pour enfants cordes et percussions, avec Minino Garay).
Pierre-Henri Ardonceau
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Il y a peu de festivals en Béarn : Oloron (en juillet) et Orthez (au printemps). Jazz Naturel, festival orthézien « ouvert » (le jazz mais pas que…), vient de fêter pendant une semaine son vingtième anniversaire. Avec Louis Winsberg invité d’honneur : choix parfait pour une manifestation qui a toujours mis en valeur les musiques voisines et cousines du jazz.
Louis Winsberg, la cinquantaine épanouie, est provençal (né à Marseille, il vit à Eygalières, superbe village des Alpilles). Tout jeune il rencontre des guitaristes gitans d’Arles et commence à pratiquer la « six cordes » acoustique avec quelques uns de ceux qui deviendront les Gipsy Kings.
Son curriculum vitae est impressionnant : Prix de soliste du Concours de la Défense en 1983 (il a juste 20 ans), Django d’or en 2008, beaucoup d’enregistrements et d’innombrables concerts aux côtés de grands noms du jazz, et, bien sûr, ses multiples et foisonnants groupes et projets (Sixun, La Danse du Vent, Jaleo, Douce France, Marseille Marseille, Rocky Titi Loulou, entre autres). Constantes dans son parcours : les rencontres avec des musiciens de tous horizons et nationalités et les « mélanges » musicaux. Son expérience mythique dite des « musiciens voyageurs » au Sunset et au Baiser Salé dans les années 90 (surnommée Winsberg World Work… son propre réseau mondial : www !) est mémorable. Chaque soir il invitait des musiciens différents !
Sa pratique des « fusions » musicales est très souvent « ramenée », outre le jazz-rock de Sixun, au seul univers du Flamenco. Passion forte et bien réelle certes mais qui ne doit pas occulter les multiples influences, revendiquées, de nombreuses autres musiques traditionnelles et ethniques.
Avec un tel palmarès et un ancrage géographique, assumé, dans la culture « marseillaise » Louis pourrait « faire », ce qu’on appelle sur la Canebière, le « cacou » (mot issu du parlé marseillais, entré dans le Petit Robert en 2012). En gros : un frimeur, hâbleur, grande gueule, vantard, souvent un peu mytho… Tout le contraire de Louis Winsberg, pas cacou pour un sou : tranquille, serein, discret, paisible…
Et surtout instrumentiste virtuose, talentueux et créatif.
Marseille/Marseille: Louis Winsberg (g), Mona (voc, oud), Antonio El Titi (g), Miguel Sanchez (cajon), Lilian Bencini (b), Sabrina Romero (danse), Jean-Luc Di Fraya (voc, perc).
Marseille, Winsberg l’aime mais pour ses bons côtés qu’il a su mettre en valeur dans son spectacle total (images, musiques, danses, paroles…) intitulé Marseille Marseille. On y pratique le flamenco un ballon de foot dans les pieds. On y tchatche avec humour du jazz et de l’improvisation : « Coltrane ça serait qui ? Zizou ! Et Parker ? Maradona ! ». Mona chante superbement de l’arabo-andalou en s’accompagnant à l’oud. Sabrina Romero danse, avec fougue et ardeur comme il se doit. Mais, surprise, elle le fait en… jean très ajusté. Exit volants et franfreluches. Superbe vision. Antonio El Titi au sein d’une séquence intitulée Peplum propose une interprétation renversante de La Marseillaise. Dialogue post-concert : « Tu connais la version de Django ? – Oui bien sûr mais avec Stephane ils improvisent de manière strictement jazzy sur le thème…Très proche de la ligne mélodique finalement… ». El Titi lui revisite pleinement l’hymne national, de manière respectueuse et sidérante à la fois. Winsberg présente thèmes et musiciens, tous représentatifs de la diaspora marseillaise. « Musiques de pérégrinations, protéiformes, comme savent l’être les vieilles pierres et le béton de la cité phocéenne. » (Christian Larrede).
Spécial Vingtième anniversaire: Winsberg (g), Stephane Huchard (dr), Jerome Regard (b, gb), Marc Berthoumieux (acc), Pepito (voc), Berline (voc), Graeme Allwright (voc, g), André Minvielle (voc, perc), Jean-Jacques Milteau (harmonica), San Severino (g, voc). 20 avril.
Pour la soirée « Vingtième anniversaire » Jacques Canet, programmateur de Jazz Naturel depuis la première édition, avait invité les principaux triomphateurs des éditions précédentes en demandant à Louis Winsberg de « mettre en musique » cette soirée très spéciale. Après mûres réflexions préalables (en équipe : Winsberg, Francois Peyratou, son agent, et J. Canet) et longue répétition un canevas fut mis au point avec précision et méticulosité… Planning serré et bien conçu… Heureusement… car avec 12 musiciens et chanteurs programmés, de styles et caractères fort variés… les risques de dérapages ou d’enlisement étaient bien réels.
Grâce à l’omniprésence de Winsberg, qui ne quitta pas le plateau pendant la totalité du concert (qui dura près de 3 heures), et joua parfaitement son rôle de Master of Ceremony, la soirée fut une réussite totale et enchanta les 1200 spectateurs de La Moutète (salle mythique où l’Elan Béarnais équipe phare du basket français professionnel joua pendant de longues années).
En trio (celui du projet « Douce France », hommages à la chanson française) L.W., guitariste « tous terrains » attaqua par Le Sud de Nino Ferrer, prétexte à chorus sensibles et inventifs. Avec Le Jazz et la Java l’atmosphère monta de plusieurs degrés. Rejoint par Marc Berthoumieux à l’accordéon, en quartet les musiciens enchaînèrent avec El Tigre et un medley du projet « La Danse du Vent ». Pepito Montealegre « Pepito » avec Se apago una estrella vint raviver les souvenirs d’un mémorable concert de Jaléo ici même. Electro choc avec Berline la compagne de Louis Winsberg qui proposa une version tonique (euphémisme), inédite et originale des Flamandes de Brel. Berline est belge (avec des parents flamands et wallons… pas étonnant qu’elle révèle un tempérament pour le moins explosif ).
Quand Graeme Allwright entre sur scène, des applaudissement nourris crépitent. A 86 ans (!) la voix est sûre, intacte et a toujours un impact incroyable sur le public (il a des fans de tous âges). Il démarre par un symbolique et fort approprié « On the road again… » ! « Suzanne » un de ses tubes fait chavirer la salle qui le reprend en chœur.
Spécial bonus pour les lecteurs de Jazz Live deux révélations : dans les années 60 G. Allwright enseignait l’anglais à Dieulefit dans une école « non conformiste » (La Roseraie), il avait comme collègue Jacques Coursil (qui est devenu ensuite trompettiste de free jazz, haut de gamme) et en 2000 Allwright a enregistré, à 73 ans, un disque de jazz avec Glenn Ferris ! Il n’avait pas de nouvelles de J. Coursil… Moi non plus. Dommage ! En tout cas « le » chanteur folk emblématique de la scène française aime le jazz… C’est sûr.
André Minvielle, le seul invité de la soirée « venu à pied » (petite blague de Winsberg présentateur… Minvielle vit à quelques encablures d’Orthez et… il a fait des études de micro-mécanique au Lycée technique de la ville) démarra avec Madame Mimi son splendide hommage aux Double Six et à Mimi Perrin, l’âme du groupe. Sur Indifférence, un de ses « morceaux de bravoure », sa virtuosité vocale (et sa précision : les études de micro-mécanique ?) épata une fois de plus. Jean-Jacques Milteau arriva discrètement sur un Watermelon Man d’anthologie et montra ses talents d’improvisateur sur un « Mercy Mercy… » moelleux à souhait.
Enfin vint la « star » de la soirée : San Severino (il remplaçait au pied levé Maurane, malade), à la réputation de déjanté solidement établie. Il mit le feu musicalement tout en horripilant une minorité de « culs serrés » par des vannes bien grasses mais enrobées de riffs rock and roll particulièrement puissants et décoiffants. Stéphane Huchard (dr), Winsberg (jouant le jeu du rock and roll à fond) et Jérome Regard (à la guitare basse pour ce final) visiblement se régalaient (ça devait leur rappeler agréablement leur adolescence). Final consensuel comme il se doit : tous les protagonistes sur scène et un « Il faut que je m’en aille » (encore un incontournable de G. Allwright) repris par l’ensemble du public enchanté…
Le mercredi et le jeudi précédant ce grand rassemblement festif : deux autres belles soirées où même si Louis Winsberg n’était pas physiquement sur scène… il était quand même un peu présent, quelque part, comme on dit !
Hommage à Stéphane Grappelli : Didier Lockwood (vl), Philip Catherine (g), Diego Imbert (b) 17 avril.
En trio acoustique, Didier Lockwood (avec Philip Catherine à la guitare, son vieux complice, et Diego Imbert à la contrebasse), dans un hommage à Grappelli nous a rappelé les mythiques trios avec lesquels il a beaucoup tourné dans les années 80. Toujours aussi à l’aise et inventif sur les standards et en dépit d’un planning de concerts démentiel (il revenait d’Amérique du Sud fatigué et jetlagué) il reste toujours aussi généreux (près de deux heures de concerts… en trio avec moult solos explosifs). Enorme solo de Diego Imbert sur Minor Swing, montrant qu’il n’est pas seulement un accompagnateur incontournable de la scène française mais aussi un soliste de grande envergure. Didier Lockwood est un grand ami de Winsberg qui aurait pu se trouver sans problème sur scène avec lui.
Carte Blanche à Marcel Azzola: Marcel Azzola, Lionel Suarez, Gérard Luc (acc), Lina Bossati (p), Sylvain Luc (g), Diego Imbert (b), André Ceccarelli (dr). 18 avril.
La soirée Carte Blanche à Marcel Azzola avec de nombreux invités fut « hétérogène », pour le dire vite. Quelques moments de flottements, mais aussi de belles pépites : Azzola sur un pot-pourri de chansons de Brel, superbes solos de Gérard Luc (le frère de Sylvain) et de Lionel Suarez à l’accordéon et surtout, impérial, Sylvain Luc avec des chorus stupéfiants d’inventivité. « Louis, c’est moi qui lui ai fait découvrir les guitares Godin » nous dit Sylvain avec un grand sourire et le regard malin. « Et j’ai fait aussi un disque en duo avec lui… ». Alors…
On vous le disait Winsberg fut omniprésent à Orthez pendant toute la semaine du vingtième anniversaire de Jazz Naturel. Il présenta même, aux scolaires orthéziens, j’allais l’oublier, sa création «Le voyage de Carabalas » (conte musical pour enfants cordes et percussions, avec Minino Garay).
Pierre-Henri Ardonceau