Jazz, plages et orages à Jammin’ Juan : le ciel nous tombe sur la tête
La prophétie de l’orage s’est avérée, mais même les trombes d’eau n’ont pas pu nous empêcher d’aller à la découverte des talents dont le Palais des congrès d’Antibes déborde ces jours-ci.
Dock In Absolute
Le trio est intervenu en plein coeur de l’après-midi dans la salle de l’espace Gould où s’étaient déjà illustrées nombre des bonnes surprises de la veille. Mais là où certains nous ont régalés de leur maîtrise instrumentale, Dock in Absolute privilégie la mélodie et l’intensité à toute forme de virtuosité, porté par le jeu de piano de Jean-Philippe Koch, qui déploie des arpèges polychromes ou s’emploie à octavier, marteler et déplacer mélodies et accords dans des montées en puissance poussées par le batteur Michel Mootz jusqu’à un climax digne d’un tube pop, tandis qu’à la basse, David Kintziger tire de ses pédales quelques notes gelées et suspendues ou crée la surprise par des sons gargouillants qui contribuent à tisser une musique cinématique invitant à se laisser porter.
Out/Line
A peine le temps de se remettre de ces émotions que le quintette de François Lapeyssonnie, qui a attiré une large foule, entre en scène. Et encore moins de temps avant qu’il ne confirme les bonnes impressions que son disque “Outline”, avait laissé à Jazz Magazine plus tôt cette année. Les cascades d’arpèges de Frederico Casagrande répondent aux lignes fluides du saxophoniste Frédéric Borey et de Léo Montana, une main sur le piano et l’autre sur son Rhodes, tandis qu’à la rythmique, le travail d’orfèvre de Stéphane Adsuar et de François Lapeyssonnie lui même n’est pas peu pour la cohésion et l’énergie du groupe. Seul regret : le format « showcase » nous laisse avec l’envie d’en voir plus…
House of Echo
Voilà un groupe qui sait installer une ambiance : il n’aura suffit que de quelques instants pour que le quartette ne s’empare de de l’auditorium du Palais des Congrès et ne l’enveloppe dans une aura mystérieuse, avant que ne jaillisse un premier thème.
Et tandis que les traits sinueux d’ Enzio Carniel (p) esquissent les contours d’une histoire sans mots, Simon Tailleu (b) donne de l’archet, comme pour encourager Marc-Antoine Perrio (g) à en conjurer les décors de derrière sa muraille d’effets, tel un chaman électronique, bientôt défié par Ariel Tessier, batteur pyrotechnique dont les cymbales émettent les étincelles qui semblent pouvoir à tout moment embraser cet édifice sonore hors du temps.
Foehn Trio
Tout comme le quartette qui venait de les précéder sur la scène de l’auditorium du Palais des Congrès, le trio en a immédiatement rempli l’espace. Mais c’est un tout autre univers sonore qu’ils développent, tour à tour dansant et onirique, aux influences de rythmes afro-cubains comme de dance music électronique, chaque membre du groupe passant sans effort de son instrument acoustique [Christophe Waldner (p), Cyril Billot (b), Kevin Borqué (dm)] à son homologue électronique (claviers lead ou basse, batterie électronique), faisant croître et décroître leur son de façon spectaculaire et empruntant tant au jazz qu’aux musiques ambiantes, à la trap ou encore au dubstep.
Un fulgurant mélange des genres qui a retourné l’auditorium et donné un avant goût du répertoire d’un nouvel album en préparation pour l’année prochaine…Yazid Kouloughli