Jazz live
Publié le 31 Mai 2014

Jazz sous les Pommiers, 33° édition. Coutances, Manche, 29/05.

Jazz sous les Pommiers, 33° édition. Coutances, Manche, 29/05.

Il y a beaucoup de choses séduisantes chez le trio Ceccaldi — que je n’avais encore jamais entendu live — et qui jouait au Magic Mirrors autour de midi : échos de la musique de chambre du début du XX° siècle, bribes minimalistes, traces de folk américain et bouts de rock quand la guitare se sature. On peut aussi se lasser de ce collage perpétuel que la virtuosité rend fascinant mais dont elle fixe également les limites. Dans tous les cas il faut considérer les recherches de ce jeune groupe comme un « work in progress » dont la sincérité évidente suscite une légitime sympathie, et qu’on suivra d’une oreille intéressée dans ses évolutions à venir.

Trio Ceccaldi : Théo Ceccaldi (vl), Valentin Ceccaldi (cello), Guillaume Aknine (g) ; Bill Carrothers Quintet & chœur « D-Day » : Bill Carrothers (p, voc), Peg Carrothers (voc), Max Acree (tb), Drew Gress (b), Dré Pallemaerts dm) + chœur dirigé par Olivier Opdebeeck ; Stéphane Kerecki Quartet : Stéphane Kerecki (b), Emile Parisien (ss), John Taylor (p), Fabrice Moreau (dm) + Jeanne Added (voc) ; Dianne Reeves (voc), Peter Martin (p, claviers), Romero Lubambo (g), Reginald Veal (b), Terreon Gully (dm, perc).

Il est venu en repérage/répétition voici quelques mois et cette fois-ci il a amené toute sa petite famille — qui chante (comme lui d’ailleurs) — et ses copains Drew (b) & Dré (dm) ainsi que Max Acree (tb). A la salle Marcel Hélie bondée, ils sont accompagnés par un chœur d’une centaine d’enfants qui modulent en un anglais plus que perfect des chansons plus ou moins liées au débarquement allié (que vient faire “White Xmas” là-dedans ?), dont on va célébrer le 70ème anniversaire dans quelques jours sur les plages mêmes où il eut lieu. Lui, c’est évidemment Bill Carrothers, et on ne peut qu’admirer la réussite de son entreprise mémorielle. Beau, touchant, attendrissant même, avec ce petit côté « sapin de Noël en mai » difficilement évitable quand une troupe de choristes juvéniles peuple la scène. Une question qu’on peut se poser, cependant, est de savoir si un musicien aussi « gentil » (humainement, harmoniquement, rythmiquement…) que Carrothers pouvait embrasser, avec sa vision raffinée de la musique, la dimension héroïque et tragique d’une opération militaire qui vit des milliers de ses jeunes compatriotes découvrir l’horreur de la guerre et de la mort, à peine débarqués sur le sol qu’ils venaient libérer. Plus tard, dans le même lieu, c’est Dianne Reeves qui ravit un public tout aussi nombreux. Souvenirs, souvenirs, pour moi qui la découvrais au Théâtre de Coutances (à moins de 100 mètres) voici quelque vingt ans. Le charme de cette voix ample et profonde à la tessiture fabuleuse opère toujours — et pour ceux qui l’entendent live pour la première fois c’est indéniablement un choc et une révélation. Mais un certain goût de la réitération, de la perfection au détriment du risque me fait regretter les décennies passées. Reste la magnifique complicité de la chanteuse avec Romero Lubambo (g) et Peter Martin (p), fidèles des fidèles de Miss Dianne et très grands musiciens eux-mêmes.

Dans un contexte plus intime mais tout aussi recueilli, le quartet de Stéphane Kerecki remplit le Théâtre de Coutances de ses mélodies cinématographiques et de sa maîtrise instrumentale. Emile Parisien (auquel il sera difficile d’échapper ces jours-ci (à moins de se tapir dans un de ces blockhaus bâtis sur la côte normande en prévision du débarquement, et dans lesquels mes potes et moi faisions jadis les cons) et John Taylor sont en fait le noyau dur de ce quartet (car Kerecki est un modeste, redoutablement efficace, mais sans égo démesuré). Tous deux ont développé une complicité fantastique et l’inventivité harmonique du pianiste trouve chez le saxophoniste une superbe verve mélodique à soutenir, là ou le souffleur se voit épaulé par des accords constamment stimulants. Le bassiste soutient le tout avec souplesse et profondeur, et son choix de répertoire basé sur des musiques de films de la Nouvelle Vague offre un champ mélodique varié et contrasté. Fabrice Moreau ponctue et colore l’ensemble de façon magistrale et, quand Jeanne Added vient ajouter son timbre à ces quatre voix, elle infléchit le propos vers une dimension narrative pleine de charme et de piquant. Thierry Quénum

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Jazz sous les Pommiers, 33° édition. Coutances, Manche, 29/05.

Il y a beaucoup de choses séduisantes chez le trio Ceccaldi — que je n’avais encore jamais entendu live — et qui jouait au Magic Mirrors autour de midi : échos de la musique de chambre du début du XX° siècle, bribes minimalistes, traces de folk américain et bouts de rock quand la guitare se sature. On peut aussi se lasser de ce collage perpétuel que la virtuosité rend fascinant mais dont elle fixe également les limites. Dans tous les cas il faut considérer les recherches de ce jeune groupe comme un « work in progress » dont la sincérité évidente suscite une légitime sympathie, et qu’on suivra d’une oreille intéressée dans ses évolutions à venir.

Trio Ceccaldi : Théo Ceccaldi (vl), Valentin Ceccaldi (cello), Guillaume Aknine (g) ; Bill Carrothers Quintet & chœur « D-Day » : Bill Carrothers (p, voc), Peg Carrothers (voc), Max Acree (tb), Drew Gress (b), Dré Pallemaerts dm) + chœur dirigé par Olivier Opdebeeck ; Stéphane Kerecki Quartet : Stéphane Kerecki (b), Emile Parisien (ss), John Taylor (p), Fabrice Moreau (dm) + Jeanne Added (voc) ; Dianne Reeves (voc), Peter Martin (p, claviers), Romero Lubambo (g), Reginald Veal (b), Terreon Gully (dm, perc).

Il est venu en repérage/répétition voici quelques mois et cette fois-ci il a amené toute sa petite famille — qui chante (comme lui d’ailleurs) — et ses copains Drew (b) & Dré (dm) ainsi que Max Acree (tb). A la salle Marcel Hélie bondée, ils sont accompagnés par un chœur d’une centaine d’enfants qui modulent en un anglais plus que perfect des chansons plus ou moins liées au débarquement allié (que vient faire “White Xmas” là-dedans ?), dont on va célébrer le 70ème anniversaire dans quelques jours sur les plages mêmes où il eut lieu. Lui, c’est évidemment Bill Carrothers, et on ne peut qu’admirer la réussite de son entreprise mémorielle. Beau, touchant, attendrissant même, avec ce petit côté « sapin de Noël en mai » difficilement évitable quand une troupe de choristes juvéniles peuple la scène. Une question qu’on peut se poser, cependant, est de savoir si un musicien aussi « gentil » (humainement, harmoniquement, rythmiquement…) que Carrothers pouvait embrasser, avec sa vision raffinée de la musique, la dimension héroïque et tragique d’une opération militaire qui vit des milliers de ses jeunes compatriotes découvrir l’horreur de la guerre et de la mort, à peine débarqués sur le sol qu’ils venaient libérer. Plus tard, dans le même lieu, c’est Dianne Reeves qui ravit un public tout aussi nombreux. Souvenirs, souvenirs, pour moi qui la découvrais au Théâtre de Coutances (à moins de 100 mètres) voici quelque vingt ans. Le charme de cette voix ample et profonde à la tessiture fabuleuse opère toujours — et pour ceux qui l’entendent live pour la première fois c’est indéniablement un choc et une révélation. Mais un certain goût de la réitération, de la perfection au détriment du risque me fait regretter les décennies passées. Reste la magnifique complicité de la chanteuse avec Romero Lubambo (g) et Peter Martin (p), fidèles des fidèles de Miss Dianne et très grands musiciens eux-mêmes.

Dans un contexte plus intime mais tout aussi recueilli, le quartet de Stéphane Kerecki remplit le Théâtre de Coutances de ses mélodies cinématographiques et de sa maîtrise instrumentale. Emile Parisien (auquel il sera difficile d’échapper ces jours-ci (à moins de se tapir dans un de ces blockhaus bâtis sur la côte normande en prévision du débarquement, et dans lesquels mes potes et moi faisions jadis les cons) et John Taylor sont en fait le noyau dur de ce quartet (car Kerecki est un modeste, redoutablement efficace, mais sans égo démesuré). Tous deux ont développé une complicité fantastique et l’inventivité harmonique du pianiste trouve chez le saxophoniste une superbe verve mélodique à soutenir, là ou le souffleur se voit épaulé par des accords constamment stimulants. Le bassiste soutient le tout avec souplesse et profondeur, et son choix de répertoire basé sur des musiques de films de la Nouvelle Vague offre un champ mélodique varié et contrasté. Fabrice Moreau ponctue et colore l’ensemble de façon magistrale et, quand Jeanne Added vient ajouter son timbre à ces quatre voix, elle infléchit le propos vers une dimension narrative pleine de charme et de piquant. Thierry Quénum

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Jazz sous les Pommiers, 33° édition. Coutances, Manche, 29/05.

Il y a beaucoup de choses séduisantes chez le trio Ceccaldi — que je n’avais encore jamais entendu live — et qui jouait au Magic Mirrors autour de midi : échos de la musique de chambre du début du XX° siècle, bribes minimalistes, traces de folk américain et bouts de rock quand la guitare se sature. On peut aussi se lasser de ce collage perpétuel que la virtuosité rend fascinant mais dont elle fixe également les limites. Dans tous les cas il faut considérer les recherches de ce jeune groupe comme un « work in progress » dont la sincérité évidente suscite une légitime sympathie, et qu’on suivra d’une oreille intéressée dans ses évolutions à venir.

Trio Ceccaldi : Théo Ceccaldi (vl), Valentin Ceccaldi (cello), Guillaume Aknine (g) ; Bill Carrothers Quintet & chœur « D-Day » : Bill Carrothers (p, voc), Peg Carrothers (voc), Max Acree (tb), Drew Gress (b), Dré Pallemaerts dm) + chœur dirigé par Olivier Opdebeeck ; Stéphane Kerecki Quartet : Stéphane Kerecki (b), Emile Parisien (ss), John Taylor (p), Fabrice Moreau (dm) + Jeanne Added (voc) ; Dianne Reeves (voc), Peter Martin (p, claviers), Romero Lubambo (g), Reginald Veal (b), Terreon Gully (dm, perc).

Il est venu en repérage/répétition voici quelques mois et cette fois-ci il a amené toute sa petite famille — qui chante (comme lui d’ailleurs) — et ses copains Drew (b) & Dré (dm) ainsi que Max Acree (tb). A la salle Marcel Hélie bondée, ils sont accompagnés par un chœur d’une centaine d’enfants qui modulent en un anglais plus que perfect des chansons plus ou moins liées au débarquement allié (que vient faire “White Xmas” là-dedans ?), dont on va célébrer le 70ème anniversaire dans quelques jours sur les plages mêmes où il eut lieu. Lui, c’est évidemment Bill Carrothers, et on ne peut qu’admirer la réussite de son entreprise mémorielle. Beau, touchant, attendrissant même, avec ce petit côté « sapin de Noël en mai » difficilement évitable quand une troupe de choristes juvéniles peuple la scène. Une question qu’on peut se poser, cependant, est de savoir si un musicien aussi « gentil » (humainement, harmoniquement, rythmiquement…) que Carrothers pouvait embrasser, avec sa vision raffinée de la musique, la dimension héroïque et tragique d’une opération militaire qui vit des milliers de ses jeunes compatriotes découvrir l’horreur de la guerre et de la mort, à peine débarqués sur le sol qu’ils venaient libérer. Plus tard, dans le même lieu, c’est Dianne Reeves qui ravit un public tout aussi nombreux. Souvenirs, souvenirs, pour moi qui la découvrais au Théâtre de Coutances (à moins de 100 mètres) voici quelque vingt ans. Le charme de cette voix ample et profonde à la tessiture fabuleuse opère toujours — et pour ceux qui l’entendent live pour la première fois c’est indéniablement un choc et une révélation. Mais un certain goût de la réitération, de la perfection au détriment du risque me fait regretter les décennies passées. Reste la magnifique complicité de la chanteuse avec Romero Lubambo (g) et Peter Martin (p), fidèles des fidèles de Miss Dianne et très grands musiciens eux-mêmes.

Dans un contexte plus intime mais tout aussi recueilli, le quartet de Stéphane Kerecki remplit le Théâtre de Coutances de ses mélodies cinématographiques et de sa maîtrise instrumentale. Emile Parisien (auquel il sera difficile d’échapper ces jours-ci (à moins de se tapir dans un de ces blockhaus bâtis sur la côte normande en prévision du débarquement, et dans lesquels mes potes et moi faisions jadis les cons) et John Taylor sont en fait le noyau dur de ce quartet (car Kerecki est un modeste, redoutablement efficace, mais sans égo démesuré). Tous deux ont développé une complicité fantastique et l’inventivité harmonique du pianiste trouve chez le saxophoniste une superbe verve mélodique à soutenir, là ou le souffleur se voit épaulé par des accords constamment stimulants. Le bassiste soutient le tout avec souplesse et profondeur, et son choix de répertoire basé sur des musiques de films de la Nouvelle Vague offre un champ mélodique varié et contrasté. Fabrice Moreau ponctue et colore l’ensemble de façon magistrale et, quand Jeanne Added vient ajouter son timbre à ces quatre voix, elle infléchit le propos vers une dimension narrative pleine de charme et de piquant. Thierry Quénum

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Jazz sous les Pommiers, 33° édition. Coutances, Manche, 29/05.

Il y a beaucoup de choses séduisantes chez le trio Ceccaldi — que je n’avais encore jamais entendu live — et qui jouait au Magic Mirrors autour de midi : échos de la musique de chambre du début du XX° siècle, bribes minimalistes, traces de folk américain et bouts de rock quand la guitare se sature. On peut aussi se lasser de ce collage perpétuel que la virtuosité rend fascinant mais dont elle fixe également les limites. Dans tous les cas il faut considérer les recherches de ce jeune groupe comme un « work in progress » dont la sincérité évidente suscite une légitime sympathie, et qu’on suivra d’une oreille intéressée dans ses évolutions à venir.

Trio Ceccaldi : Théo Ceccaldi (vl), Valentin Ceccaldi (cello), Guillaume Aknine (g) ; Bill Carrothers Quintet & chœur « D-Day » : Bill Carrothers (p, voc), Peg Carrothers (voc), Max Acree (tb), Drew Gress (b), Dré Pallemaerts dm) + chœur dirigé par Olivier Opdebeeck ; Stéphane Kerecki Quartet : Stéphane Kerecki (b), Emile Parisien (ss), John Taylor (p), Fabrice Moreau (dm) + Jeanne Added (voc) ; Dianne Reeves (voc), Peter Martin (p, claviers), Romero Lubambo (g), Reginald Veal (b), Terreon Gully (dm, perc).

Il est venu en repérage/répétition voici quelques mois et cette fois-ci il a amené toute sa petite famille — qui chante (comme lui d’ailleurs) — et ses copains Drew (b) & Dré (dm) ainsi que Max Acree (tb). A la salle Marcel Hélie bondée, ils sont accompagnés par un chœur d’une centaine d’enfants qui modulent en un anglais plus que perfect des chansons plus ou moins liées au débarquement allié (que vient faire “White Xmas” là-dedans ?), dont on va célébrer le 70ème anniversaire dans quelques jours sur les plages mêmes où il eut lieu. Lui, c’est évidemment Bill Carrothers, et on ne peut qu’admirer la réussite de son entreprise mémorielle. Beau, touchant, attendrissant même, avec ce petit côté « sapin de Noël en mai » difficilement évitable quand une troupe de choristes juvéniles peuple la scène. Une question qu’on peut se poser, cependant, est de savoir si un musicien aussi « gentil » (humainement, harmoniquement, rythmiquement…) que Carrothers pouvait embrasser, avec sa vision raffinée de la musique, la dimension héroïque et tragique d’une opération militaire qui vit des milliers de ses jeunes compatriotes découvrir l’horreur de la guerre et de la mort, à peine débarqués sur le sol qu’ils venaient libérer. Plus tard, dans le même lieu, c’est Dianne Reeves qui ravit un public tout aussi nombreux. Souvenirs, souvenirs, pour moi qui la découvrais au Théâtre de Coutances (à moins de 100 mètres) voici quelque vingt ans. Le charme de cette voix ample et profonde à la tessiture fabuleuse opère toujours — et pour ceux qui l’entendent live pour la première fois c’est indéniablement un choc et une révélation. Mais un certain goût de la réitération, de la perfection au détriment du risque me fait regretter les décennies passées. Reste la magnifique complicité de la chanteuse avec Romero Lubambo (g) et Peter Martin (p), fidèles des fidèles de Miss Dianne et très grands musiciens eux-mêmes.

Dans un contexte plus intime mais tout aussi recueilli, le quartet de Stéphane Kerecki remplit le Théâtre de Coutances de ses mélodies cinématographiques et de sa maîtrise instrumentale. Emile Parisien (auquel il sera difficile d’échapper ces jours-ci (à moins de se tapir dans un de ces blockhaus bâtis sur la côte normande en prévision du débarquement, et dans lesquels mes potes et moi faisions jadis les cons) et John Taylor sont en fait le noyau dur de ce quartet (car Kerecki est un modeste, redoutablement efficace, mais sans égo démesuré). Tous deux ont développé une complicité fantastique et l’inventivité harmonique du pianiste trouve chez le saxophoniste une superbe verve mélodique à soutenir, là ou le souffleur se voit épaulé par des accords constamment stimulants. Le bassiste soutient le tout avec souplesse et profondeur, et son choix de répertoire basé sur des musiques de films de la Nouvelle Vague offre un champ mélodique varié et contrasté. Fabrice Moreau ponctue et colore l’ensemble de façon magistrale et, quand Jeanne Added vient ajouter son timbre à ces quatre voix, elle infléchit le propos vers une dimension narrative pleine de charme et de piquant. Thierry Quénum