Jazz live
Publié le 30 Mai 2014

Jazz Sous les Pommiers, Coutances, 33e édition, 28/29 mai

Mise en bouche comparative et « a-chronologique ». Coutances, terre de contrastes : alors que Jazz Sous les Pommiers accueille comme artiste en résidence depuis trois ans Thomas de Pourquery, un des jeunes musiciens les plus justement en vue de la jazzosphère hexagonale, le festival normand a cru bon (il est loin d’être seul et on ne le lui reproche point) de faire venir Snarky Puppy, le groupe de jeunes étatsuniens dont on parle beaucoup (trop) sur le net et ailleurs. D’un côté le Supersonic de Thomas de Pourquery (le 28), de l’autre SP (le 29). Même salle, même heure, même classe d’âge… Allez : comparaison n’est pas raison mais tant pis, c’est tellement bon !


Thomas de Pourquery Supersonic invite David Murray : Thomas de Pourquery (as, voc), Arnaud Roulin (claviers), Frédéric Galiay (elb), Edward Perraud (dm), Laurent Bardainne (ts), Fabrice Martinez (tp) + David Murray (ts) ;

Snarky Puppy : Michael League (elb), Chris Bullock (ts), Mike Maher (tp), Bob Lanzetti (g), Bill Laurence, Cory Henry (claviers), Robert “Sput” Searight (dm), Nate Werth (perc).


“Puppy”, en anglais, c’est un chiot. Un bébé chien, quoi. Or vous avez peut-être remarqué que les bébés (humains) ont, entre autres particularités, celle de sourire quand on leur sourit et de pleurer si on leur fait la grimace. Il en va de même de Snarky Puppy : ils se sourient les uns aux autres, font risette à leur auditoire et le font chanter des niaiseries dès le premier morceau. Ils ont l’air si gentils et contents d’eux-mêmes (pour “se la péter”, ils se la pètent !) qu’on en oublierait de remarquer la vacuité de leur musique et qu’on n’ose à peine la dénoncer à haute voix. Pourtant il y a à dire (et le public coutançais, réputé bon enfant, montra son bon goût en quittant la salle par petites grappes discrètes mais déterminées) : thèmes de variétoche invertébrés, pas d’arrangements qui se tiennent (connaissent-ils Thad Jones ? Gil Evans ? Quincy Jones?), sonorités de synthés kitchissimes, trois cuivres et pas un riff digne de ce nom, aucun soliste de haut niveau qu’un autre groupe veuille un jour débaucher à prix d’or, un percussionniste qui n’arrive pas à la cheville de Mino Cinelu en culottes courtes ou de Marilyn Mazur en jupe plissée… Mais on raconte qu’un buzz tenace les accompagne. Alors si buzz il y a… le critique grincheux (« snarky », en GB/US) n’a plus qu’à se taire — n’y comptez pas trop ! — et à parier que d’ici deux-trois petites années, quand ils auront écumé tous les festivals de la vieille Europe, on ne parlera plus de ces jeunes Américains à la vacuité sautillante, dont la musique de bobos aura fait un petit tour… puis disparu de la culture (jazz).


Supersonic de TdeP (un SuperSONique à double particule, comme on le voit ), c’est d’abord du son, plein de son(s), du son plein, épais, subtil, dense… C’est ce qui frappe d’emblée dans cet hommage à Sun Ry 2 PourqueRa. Car le 28/05, on ne riait pas de se voir si beaux dans ce miroir (contrairement au 29) : on rendait hommage, on sanctifiait, on sacrifiait à l’égyptienne au dieu Soleil — bien caché derrière les nuages, celui-là, dans le ciel coutançais. Le grand-prêtre prêche dans un alto doré au son rauque et déchiré qui feule, éructe et déclame la bonne parole du défunt messie chicagoan barré stellaire (Sun Ra : j’en vois qui suivent pas…). Et — Oh, miracle de l’anche soufflée ! — un son de groupe énorme (« hénaurme », comme on disait jadis, si vous préférez) en nait par le biais des disciples participant à la scène, lequel (son) se répand, se diffracte, se resserre… passant du chaos primal et bruitiste au groove irrépressible de killers hallucinés. Ca, c’est le schéma d’ensemble, que je trace à gros traits. On n’entrera pas trop dans le détail, mais T2P chante aussi, et ce n’est rien de le dire. Si les décideurs du PAF avaient des oreilles, T2P mettrait au chômage la moitié des gosiers étriqués qu’on nous fait ouïr à la radio + la télé! La rythmique, elle, tourne et sonne comme personne (c’est à dire à sa façon, sans modèle et sans limites), le clavier vise juste et tue raide, le ténor : que dire ?…, la trompette : je reste sans voix… Et ils s’offrent même le luxe d’avoir quelques défauts : une chansonnette un brin longuette avec solo de synthé jeanmicheljarresque interminable, une invitation faite à David Murray globalement hors de propos (ce sympathique souffleur paraît bien essoufflé à côté de ses inviteurs)… Mais rien. Des broutilles, comparé à l’humour, la tendresse, l’homogénéité du groupe, sa puissance de feu, la tendre suavité des tempos lents et capiteux et (vous vous souvenez ? On comparait !)… aux chiots newyorkais du lendemain (29/05), boostés par leur buzz mais dont l’Ascension, si j’en crois mon intuition, ne durera guère. Thierry Quénum


PS: la suite suit, tout bientôt…

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Mise en bouche comparative et « a-chronologique ». Coutances, terre de contrastes : alors que Jazz Sous les Pommiers accueille comme artiste en résidence depuis trois ans Thomas de Pourquery, un des jeunes musiciens les plus justement en vue de la jazzosphère hexagonale, le festival normand a cru bon (il est loin d’être seul et on ne le lui reproche point) de faire venir Snarky Puppy, le groupe de jeunes étatsuniens dont on parle beaucoup (trop) sur le net et ailleurs. D’un côté le Supersonic de Thomas de Pourquery (le 28), de l’autre SP (le 29). Même salle, même heure, même classe d’âge… Allez : comparaison n’est pas raison mais tant pis, c’est tellement bon !


Thomas de Pourquery Supersonic invite David Murray : Thomas de Pourquery (as, voc), Arnaud Roulin (claviers), Frédéric Galiay (elb), Edward Perraud (dm), Laurent Bardainne (ts), Fabrice Martinez (tp) + David Murray (ts) ;

Snarky Puppy : Michael League (elb), Chris Bullock (ts), Mike Maher (tp), Bob Lanzetti (g), Bill Laurence, Cory Henry (claviers), Robert “Sput” Searight (dm), Nate Werth (perc).


“Puppy”, en anglais, c’est un chiot. Un bébé chien, quoi. Or vous avez peut-être remarqué que les bébés (humains) ont, entre autres particularités, celle de sourire quand on leur sourit et de pleurer si on leur fait la grimace. Il en va de même de Snarky Puppy : ils se sourient les uns aux autres, font risette à leur auditoire et le font chanter des niaiseries dès le premier morceau. Ils ont l’air si gentils et contents d’eux-mêmes (pour “se la péter”, ils se la pètent !) qu’on en oublierait de remarquer la vacuité de leur musique et qu’on n’ose à peine la dénoncer à haute voix. Pourtant il y a à dire (et le public coutançais, réputé bon enfant, montra son bon goût en quittant la salle par petites grappes discrètes mais déterminées) : thèmes de variétoche invertébrés, pas d’arrangements qui se tiennent (connaissent-ils Thad Jones ? Gil Evans ? Quincy Jones?), sonorités de synthés kitchissimes, trois cuivres et pas un riff digne de ce nom, aucun soliste de haut niveau qu’un autre groupe veuille un jour débaucher à prix d’or, un percussionniste qui n’arrive pas à la cheville de Mino Cinelu en culottes courtes ou de Marilyn Mazur en jupe plissée… Mais on raconte qu’un buzz tenace les accompagne. Alors si buzz il y a… le critique grincheux (« snarky », en GB/US) n’a plus qu’à se taire — n’y comptez pas trop ! — et à parier que d’ici deux-trois petites années, quand ils auront écumé tous les festivals de la vieille Europe, on ne parlera plus de ces jeunes Américains à la vacuité sautillante, dont la musique de bobos aura fait un petit tour… puis disparu de la culture (jazz).


Supersonic de TdeP (un SuperSONique à double particule, comme on le voit ), c’est d’abord du son, plein de son(s), du son plein, épais, subtil, dense… C’est ce qui frappe d’emblée dans cet hommage à Sun Ry 2 PourqueRa. Car le 28/05, on ne riait pas de se voir si beaux dans ce miroir (contrairement au 29) : on rendait hommage, on sanctifiait, on sacrifiait à l’égyptienne au dieu Soleil — bien caché derrière les nuages, celui-là, dans le ciel coutançais. Le grand-prêtre prêche dans un alto doré au son rauque et déchiré qui feule, éructe et déclame la bonne parole du défunt messie chicagoan barré stellaire (Sun Ra : j’en vois qui suivent pas…). Et — Oh, miracle de l’anche soufflée ! — un son de groupe énorme (« hénaurme », comme on disait jadis, si vous préférez) en nait par le biais des disciples participant à la scène, lequel (son) se répand, se diffracte, se resserre… passant du chaos primal et bruitiste au groove irrépressible de killers hallucinés. Ca, c’est le schéma d’ensemble, que je trace à gros traits. On n’entrera pas trop dans le détail, mais T2P chante aussi, et ce n’est rien de le dire. Si les décideurs du PAF avaient des oreilles, T2P mettrait au chômage la moitié des gosiers étriqués qu’on nous fait ouïr à la radio + la télé! La rythmique, elle, tourne et sonne comme personne (c’est à dire à sa façon, sans modèle et sans limites), le clavier vise juste et tue raide, le ténor : que dire ?…, la trompette : je reste sans voix… Et ils s’offrent même le luxe d’avoir quelques défauts : une chansonnette un brin longuette avec solo de synthé jeanmicheljarresque interminable, une invitation faite à David Murray globalement hors de propos (ce sympathique souffleur paraît bien essoufflé à côté de ses inviteurs)… Mais rien. Des broutilles, comparé à l’humour, la tendresse, l’homogénéité du groupe, sa puissance de feu, la tendre suavité des tempos lents et capiteux et (vous vous souvenez ? On comparait !)… aux chiots newyorkais du lendemain (29/05), boostés par leur buzz mais dont l’Ascension, si j’en crois mon intuition, ne durera guère. Thierry Quénum


PS: la suite suit, tout bientôt…

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Mise en bouche comparative et « a-chronologique ». Coutances, terre de contrastes : alors que Jazz Sous les Pommiers accueille comme artiste en résidence depuis trois ans Thomas de Pourquery, un des jeunes musiciens les plus justement en vue de la jazzosphère hexagonale, le festival normand a cru bon (il est loin d’être seul et on ne le lui reproche point) de faire venir Snarky Puppy, le groupe de jeunes étatsuniens dont on parle beaucoup (trop) sur le net et ailleurs. D’un côté le Supersonic de Thomas de Pourquery (le 28), de l’autre SP (le 29). Même salle, même heure, même classe d’âge… Allez : comparaison n’est pas raison mais tant pis, c’est tellement bon !


Thomas de Pourquery Supersonic invite David Murray : Thomas de Pourquery (as, voc), Arnaud Roulin (claviers), Frédéric Galiay (elb), Edward Perraud (dm), Laurent Bardainne (ts), Fabrice Martinez (tp) + David Murray (ts) ;

Snarky Puppy : Michael League (elb), Chris Bullock (ts), Mike Maher (tp), Bob Lanzetti (g), Bill Laurence, Cory Henry (claviers), Robert “Sput” Searight (dm), Nate Werth (perc).


“Puppy”, en anglais, c’est un chiot. Un bébé chien, quoi. Or vous avez peut-être remarqué que les bébés (humains) ont, entre autres particularités, celle de sourire quand on leur sourit et de pleurer si on leur fait la grimace. Il en va de même de Snarky Puppy : ils se sourient les uns aux autres, font risette à leur auditoire et le font chanter des niaiseries dès le premier morceau. Ils ont l’air si gentils et contents d’eux-mêmes (pour “se la péter”, ils se la pètent !) qu’on en oublierait de remarquer la vacuité de leur musique et qu’on n’ose à peine la dénoncer à haute voix. Pourtant il y a à dire (et le public coutançais, réputé bon enfant, montra son bon goût en quittant la salle par petites grappes discrètes mais déterminées) : thèmes de variétoche invertébrés, pas d’arrangements qui se tiennent (connaissent-ils Thad Jones ? Gil Evans ? Quincy Jones?), sonorités de synthés kitchissimes, trois cuivres et pas un riff digne de ce nom, aucun soliste de haut niveau qu’un autre groupe veuille un jour débaucher à prix d’or, un percussionniste qui n’arrive pas à la cheville de Mino Cinelu en culottes courtes ou de Marilyn Mazur en jupe plissée… Mais on raconte qu’un buzz tenace les accompagne. Alors si buzz il y a… le critique grincheux (« snarky », en GB/US) n’a plus qu’à se taire — n’y comptez pas trop ! — et à parier que d’ici deux-trois petites années, quand ils auront écumé tous les festivals de la vieille Europe, on ne parlera plus de ces jeunes Américains à la vacuité sautillante, dont la musique de bobos aura fait un petit tour… puis disparu de la culture (jazz).


Supersonic de TdeP (un SuperSONique à double particule, comme on le voit ), c’est d’abord du son, plein de son(s), du son plein, épais, subtil, dense… C’est ce qui frappe d’emblée dans cet hommage à Sun Ry 2 PourqueRa. Car le 28/05, on ne riait pas de se voir si beaux dans ce miroir (contrairement au 29) : on rendait hommage, on sanctifiait, on sacrifiait à l’égyptienne au dieu Soleil — bien caché derrière les nuages, celui-là, dans le ciel coutançais. Le grand-prêtre prêche dans un alto doré au son rauque et déchiré qui feule, éructe et déclame la bonne parole du défunt messie chicagoan barré stellaire (Sun Ra : j’en vois qui suivent pas…). Et — Oh, miracle de l’anche soufflée ! — un son de groupe énorme (« hénaurme », comme on disait jadis, si vous préférez) en nait par le biais des disciples participant à la scène, lequel (son) se répand, se diffracte, se resserre… passant du chaos primal et bruitiste au groove irrépressible de killers hallucinés. Ca, c’est le schéma d’ensemble, que je trace à gros traits. On n’entrera pas trop dans le détail, mais T2P chante aussi, et ce n’est rien de le dire. Si les décideurs du PAF avaient des oreilles, T2P mettrait au chômage la moitié des gosiers étriqués qu’on nous fait ouïr à la radio + la télé! La rythmique, elle, tourne et sonne comme personne (c’est à dire à sa façon, sans modèle et sans limites), le clavier vise juste et tue raide, le ténor : que dire ?…, la trompette : je reste sans voix… Et ils s’offrent même le luxe d’avoir quelques défauts : une chansonnette un brin longuette avec solo de synthé jeanmicheljarresque interminable, une invitation faite à David Murray globalement hors de propos (ce sympathique souffleur paraît bien essoufflé à côté de ses inviteurs)… Mais rien. Des broutilles, comparé à l’humour, la tendresse, l’homogénéité du groupe, sa puissance de feu, la tendre suavité des tempos lents et capiteux et (vous vous souvenez ? On comparait !)… aux chiots newyorkais du lendemain (29/05), boostés par leur buzz mais dont l’Ascension, si j’en crois mon intuition, ne durera guère. Thierry Quénum


PS: la suite suit, tout bientôt…

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Mise en bouche comparative et « a-chronologique ». Coutances, terre de contrastes : alors que Jazz Sous les Pommiers accueille comme artiste en résidence depuis trois ans Thomas de Pourquery, un des jeunes musiciens les plus justement en vue de la jazzosphère hexagonale, le festival normand a cru bon (il est loin d’être seul et on ne le lui reproche point) de faire venir Snarky Puppy, le groupe de jeunes étatsuniens dont on parle beaucoup (trop) sur le net et ailleurs. D’un côté le Supersonic de Thomas de Pourquery (le 28), de l’autre SP (le 29). Même salle, même heure, même classe d’âge… Allez : comparaison n’est pas raison mais tant pis, c’est tellement bon !


Thomas de Pourquery Supersonic invite David Murray : Thomas de Pourquery (as, voc), Arnaud Roulin (claviers), Frédéric Galiay (elb), Edward Perraud (dm), Laurent Bardainne (ts), Fabrice Martinez (tp) + David Murray (ts) ;

Snarky Puppy : Michael League (elb), Chris Bullock (ts), Mike Maher (tp), Bob Lanzetti (g), Bill Laurence, Cory Henry (claviers), Robert “Sput” Searight (dm), Nate Werth (perc).


“Puppy”, en anglais, c’est un chiot. Un bébé chien, quoi. Or vous avez peut-être remarqué que les bébés (humains) ont, entre autres particularités, celle de sourire quand on leur sourit et de pleurer si on leur fait la grimace. Il en va de même de Snarky Puppy : ils se sourient les uns aux autres, font risette à leur auditoire et le font chanter des niaiseries dès le premier morceau. Ils ont l’air si gentils et contents d’eux-mêmes (pour “se la péter”, ils se la pètent !) qu’on en oublierait de remarquer la vacuité de leur musique et qu’on n’ose à peine la dénoncer à haute voix. Pourtant il y a à dire (et le public coutançais, réputé bon enfant, montra son bon goût en quittant la salle par petites grappes discrètes mais déterminées) : thèmes de variétoche invertébrés, pas d’arrangements qui se tiennent (connaissent-ils Thad Jones ? Gil Evans ? Quincy Jones?), sonorités de synthés kitchissimes, trois cuivres et pas un riff digne de ce nom, aucun soliste de haut niveau qu’un autre groupe veuille un jour débaucher à prix d’or, un percussionniste qui n’arrive pas à la cheville de Mino Cinelu en culottes courtes ou de Marilyn Mazur en jupe plissée… Mais on raconte qu’un buzz tenace les accompagne. Alors si buzz il y a… le critique grincheux (« snarky », en GB/US) n’a plus qu’à se taire — n’y comptez pas trop ! — et à parier que d’ici deux-trois petites années, quand ils auront écumé tous les festivals de la vieille Europe, on ne parlera plus de ces jeunes Américains à la vacuité sautillante, dont la musique de bobos aura fait un petit tour… puis disparu de la culture (jazz).


Supersonic de TdeP (un SuperSONique à double particule, comme on le voit ), c’est d’abord du son, plein de son(s), du son plein, épais, subtil, dense… C’est ce qui frappe d’emblée dans cet hommage à Sun Ry 2 PourqueRa. Car le 28/05, on ne riait pas de se voir si beaux dans ce miroir (contrairement au 29) : on rendait hommage, on sanctifiait, on sacrifiait à l’égyptienne au dieu Soleil — bien caché derrière les nuages, celui-là, dans le ciel coutançais. Le grand-prêtre prêche dans un alto doré au son rauque et déchiré qui feule, éructe et déclame la bonne parole du défunt messie chicagoan barré stellaire (Sun Ra : j’en vois qui suivent pas…). Et — Oh, miracle de l’anche soufflée ! — un son de groupe énorme (« hénaurme », comme on disait jadis, si vous préférez) en nait par le biais des disciples participant à la scène, lequel (son) se répand, se diffracte, se resserre… passant du chaos primal et bruitiste au groove irrépressible de killers hallucinés. Ca, c’est le schéma d’ensemble, que je trace à gros traits. On n’entrera pas trop dans le détail, mais T2P chante aussi, et ce n’est rien de le dire. Si les décideurs du PAF avaient des oreilles, T2P mettrait au chômage la moitié des gosiers étriqués qu’on nous fait ouïr à la radio + la télé! La rythmique, elle, tourne et sonne comme personne (c’est à dire à sa façon, sans modèle et sans limites), le clavier vise juste et tue raide, le ténor : que dire ?…, la trompette : je reste sans voix… Et ils s’offrent même le luxe d’avoir quelques défauts : une chansonnette un brin longuette avec solo de synthé jeanmicheljarresque interminable, une invitation faite à David Murray globalement hors de propos (ce sympathique souffleur paraît bien essoufflé à côté de ses inviteurs)… Mais rien. Des broutilles, comparé à l’humour, la tendresse, l’homogénéité du groupe, sa puissance de feu, la tendre suavité des tempos lents et capiteux et (vous vous souvenez ? On comparait !)… aux chiots newyorkais du lendemain (29/05), boostés par leur buzz mais dont l’Ascension, si j’en crois mon intuition, ne durera guère. Thierry Quénum


PS: la suite suit, tout bientôt…