JazzAscona, 3. Suite des errances.
Cette chronique sera à l’image de mes dernières déambulations au hasard des scènes disséminées dans Ascona. Chaotique. Zigzagante (non, le merlot tessinois n’y est pour rien). Fondée sur des impressions plus que sur des jugements motivés. Un périple jalonné d’escales plus ou moins longues, qui laisse des sentiments contrastés : frustration de ne pouvoir tout écouter, tout goûter, et, en même temps, satisfaction devant la diversité des groupes, chacun faisant montre d’une personnalité particulière. Preuve de la vitalité d’une musique dont les mille nuances font la richesse.
Vittorio Castelli’s Big Four. Vittorio Castelli (cl, ts), Stefano Pennini (p), Ricardo Vigore (b), Massimo Caracca (dm).Ristoranti Al Pontile & Al Piazza.
Rien de tel, à l’heure de l’apéritif méridien, qu’un petit coup de dixieland. Celui que dispense le quartette dirigé par le clarinettiste milanais Vittorio Castelli est limpide et bien tempéré. Dépourvu de rudesse comme d’aspérités. Il charme mais n’enivre pas. Castelli lui-même, écrivain – « Il Disco di jazz » (ed. Mondadori), « Il Jazz moderno, da Charlie Parker a Ornette Coleman » (ed. Carischi) –, journaliste (Musica Jazz), spécialiste de Bix Beiderbecke, a enregistré, entre autres, avec Jay McShann et, plus récemment, avec les néo-orléanais qui occupent la scène actuelle, les Wendell Brunious ou Lilian Boutté. C’est assez dire l’expérience accumulée au cours d’une longue carrière. Honnête instrumentiste, singulièrement à la clarinette (Trouble In Mind, Lady Be Good, Ain’t Misbehavin), vocaliste tout aussi honorable, son art, policé, n’exècre rien tant que le bruit et la fureur. Telle est la tonalité adoptée par son groupe d’où émerge le pianiste Stefano Pennini.
The Primatics. David Costa- Coelho (voc), Francis Guéro (tb), Gilles Berthenet (tp), Julien Duchet (ts), Fabien Saussaye (p), Stéphane Barral (b), Simon Boyer (dm). Ristorante Piazzetta, 1er juillet.
Après une station à la Piazzetta Carrà où un pianiste, Joop Peeters, déroule avec flegme des standards, bref passage par le Ristorante Piazzetta pour découvrir un ensemble tout nouvellement créé, les Primatics. Aucune référence au Primatice, peintre et sculpteur de la Renaissance italienne, mais plutôt à Louis Prima dont ils reprennent les standards avec une verve étourdissante. Ils perpétuent un genre de burlesque qui a toujours eu sa place dans le jazz et dont Ray Gelato et ses Giants ont ranimé la flamme au début du festival. Un courant représenté, notamment, par le film Helzapoppin, incarné, à l’heure actuelle, par les Pink Turtle dont ils sont les dignes émules. Au demeurant, excellents musiciens, à l’instar de Francis Guéro, l’un des fleurons de la scène toulousaine. De surcroît choristes accomplis, passant à la moulinette de leur humour décapant des tubes confirmés, aussi divers que Fever, O Sole Mio ou, bien sûr, Just A Gigolo. Gros succès populaire, ovations sans fin.
La Section Rythmique. David Blenkhorn (g), Sébastien Girardot (b), Guillaume Noauaux (dm) + David Paquette (p, voc), Michel « Boss » Quéraud (tp, cl, as). Ristoranti Al Pontile & Al Piazza, 1er Juillet.
En fin d’après-midi, plaisir de retrouver la Section Rythmique, l’un des groupes phares du festival, déjà entendu en compagnie du remarquable trompettiste John Michael Bradford. David Paquette, figure emblématique d’Ascona où il officie depuis des lustres, le plus souvent en solo, et « Boss » Quéraud viennent ce soir grossir les rangs d’un trio devenu, en l’occurrence, quintette. Sans perdre de son homogénéité, telle est la magie du jazz. The Glory Of Love n’est « ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre ». Them There Eyes conserve un charme intact quand David Paquette en détaille les lyrics ou lorsque Boss délivre un de ces chorus de trompette bouchée dont il a le secret. Et comment ne pas noter, au passage, la constante qualité de David Blenkhorn qui s’affirme comme un des guitaristes les plus complets et les plus inventifs de notre époque ?
Davell Crawford Tribute To Fats Domino. Darell Crawford (p, voc), Wendell Brunious (tp), Gregory Agid (cl, ts), Stephen Gladney (ts), Elliott “Stackman” Callier (ts), Nicholas Snyder (g, bjo), Barry Stephenson (b), Le Shawn Elliot Lee (dm). Stage Elvezia, 1er juillet.
Le concert du chanteur et pianiste, déjà donné ces jours-ci à Vienne, a conquis sans coup férir un public gagné à la cause du pionnier du rock’n’roll que fut Fats Domino. Une commémoration de plus, qui s’ajoute à la célébration programmée de Frank Sinatra et à celle de Billie Holiday (un Strange Fruit plutôt insolite viendra, du reste, se glisser parmi les Jambalaya et autres Shake Rattle And Roll). Quoi qu’il en soit, servi par une phalange aussi valeureuse et des solistes de la trempe de Wendell Brunious dont chacune des interventions se révèle magistrale, sans compter le punch de Stephen Gladney et l’expérience de « Stackman » Callier, acquise auprès de Fats lui-même. Le répertoire popularisé par le célèbre interprète de Blueberry Hill acquiert un relief saisissant. Rien de plus fédérateur que le swing qui en émane. Son effet agit sur tous, quels que soient l’âge ou le sexe. Il incite à la danse, par quoi il se situe dans le droit fil du jazz des origines. Qui oserait faire la fine bouche ?
Pour finir, un petit tour au Stage Nostrana ou Shannon Powell se produit avec son Hall Jazz Band. Just
e le temps d’apprécier comme il se doit le talent d’entertainer du tromboniste et chanteur Lucien Barbarin, de goûter le Rosetta du trompettiste Kevin Louis, de savourer la finesse et la légèreté du pianiste Kyle Roussel dialoguant avec le batteur sur Green Dolphin Street.
Jacques Aboucaya
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Cette chronique sera à l’image de mes dernières déambulations au hasard des scènes disséminées dans Ascona. Chaotique. Zigzagante (non, le merlot tessinois n’y est pour rien). Fondée sur des impressions plus que sur des jugements motivés. Un périple jalonné d’escales plus ou moins longues, qui laisse des sentiments contrastés : frustration de ne pouvoir tout écouter, tout goûter, et, en même temps, satisfaction devant la diversité des groupes, chacun faisant montre d’une personnalité particulière. Preuve de la vitalité d’une musique dont les mille nuances font la richesse.
Vittorio Castelli’s Big Four. Vittorio Castelli (cl, ts), Stefano Pennini (p), Ricardo Vigore (b), Massimo Caracca (dm).Ristoranti Al Pontile & Al Piazza.
Rien de tel, à l’heure de l’apéritif méridien, qu’un petit coup de dixieland. Celui que dispense le quartette dirigé par le clarinettiste milanais Vittorio Castelli est limpide et bien tempéré. Dépourvu de rudesse comme d’aspérités. Il charme mais n’enivre pas. Castelli lui-même, écrivain – « Il Disco di jazz » (ed. Mondadori), « Il Jazz moderno, da Charlie Parker a Ornette Coleman » (ed. Carischi) –, journaliste (Musica Jazz), spécialiste de Bix Beiderbecke, a enregistré, entre autres, avec Jay McShann et, plus récemment, avec les néo-orléanais qui occupent la scène actuelle, les Wendell Brunious ou Lilian Boutté. C’est assez dire l’expérience accumulée au cours d’une longue carrière. Honnête instrumentiste, singulièrement à la clarinette (Trouble In Mind, Lady Be Good, Ain’t Misbehavin), vocaliste tout aussi honorable, son art, policé, n’exècre rien tant que le bruit et la fureur. Telle est la tonalité adoptée par son groupe d’où émerge le pianiste Stefano Pennini.
The Primatics. David Costa- Coelho (voc), Francis Guéro (tb), Gilles Berthenet (tp), Julien Duchet (ts), Fabien Saussaye (p), Stéphane Barral (b), Simon Boyer (dm). Ristorante Piazzetta, 1er juillet.
Après une station à la Piazzetta Carrà où un pianiste, Joop Peeters, déroule avec flegme des standards, bref passage par le Ristorante Piazzetta pour découvrir un ensemble tout nouvellement créé, les Primatics. Aucune référence au Primatice, peintre et sculpteur de la Renaissance italienne, mais plutôt à Louis Prima dont ils reprennent les standards avec une verve étourdissante. Ils perpétuent un genre de burlesque qui a toujours eu sa place dans le jazz et dont Ray Gelato et ses Giants ont ranimé la flamme au début du festival. Un courant représenté, notamment, par le film Helzapoppin, incarné, à l’heure actuelle, par les Pink Turtle dont ils sont les dignes émules. Au demeurant, excellents musiciens, à l’instar de Francis Guéro, l’un des fleurons de la scène toulousaine. De surcroît choristes accomplis, passant à la moulinette de leur humour décapant des tubes confirmés, aussi divers que Fever, O Sole Mio ou, bien sûr, Just A Gigolo. Gros succès populaire, ovations sans fin.
La Section Rythmique. David Blenkhorn (g), Sébastien Girardot (b), Guillaume Noauaux (dm) + David Paquette (p, voc), Michel « Boss » Quéraud (tp, cl, as). Ristoranti Al Pontile & Al Piazza, 1er Juillet.
En fin d’après-midi, plaisir de retrouver la Section Rythmique, l’un des groupes phares du festival, déjà entendu en compagnie du remarquable trompettiste John Michael Bradford. David Paquette, figure emblématique d’Ascona où il officie depuis des lustres, le plus souvent en solo, et « Boss » Quéraud viennent ce soir grossir les rangs d’un trio devenu, en l’occurrence, quintette. Sans perdre de son homogénéité, telle est la magie du jazz. The Glory Of Love n’est « ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre ». Them There Eyes conserve un charme intact quand David Paquette en détaille les lyrics ou lorsque Boss délivre un de ces chorus de trompette bouchée dont il a le secret. Et comment ne pas noter, au passage, la constante qualité de David Blenkhorn qui s’affirme comme un des guitaristes les plus complets et les plus inventifs de notre époque ?
Davell Crawford Tribute To Fats Domino. Darell Crawford (p, voc), Wendell Brunious (tp), Gregory Agid (cl, ts), Stephen Gladney (ts), Elliott “Stackman” Callier (ts), Nicholas Snyder (g, bjo), Barry Stephenson (b), Le Shawn Elliot Lee (dm). Stage Elvezia, 1er juillet.
Le concert du chanteur et pianiste, déjà donné ces jours-ci à Vienne, a conquis sans coup férir un public gagné à la cause du pionnier du rock’n’roll que fut Fats Domino. Une commémoration de plus, qui s’ajoute à la célébration programmée de Frank Sinatra et à celle de Billie Holiday (un Strange Fruit plutôt insolite viendra, du reste, se glisser parmi les Jambalaya et autres Shake Rattle And Roll). Quoi qu’il en soit, servi par une phalange aussi valeureuse et des solistes de la trempe de Wendell Brunious dont chacune des interventions se révèle magistrale, sans compter le punch de Stephen Gladney et l’expérience de « Stackman » Callier, acquise auprès de Fats lui-même. Le répertoire popularisé par le célèbre interprète de Blueberry Hill acquiert un relief saisissant. Rien de plus fédérateur que le swing qui en émane. Son effet agit sur tous, quels que soient l’âge ou le sexe. Il incite à la danse, par quoi il se situe dans le droit fil du jazz des origines. Qui oserait faire la fine bouche ?
Pour finir, un petit tour au Stage Nostrana ou Shannon Powell se produit avec son Hall Jazz Band. Just
e le temps d’apprécier comme il se doit le talent d’entertainer du tromboniste et chanteur Lucien Barbarin, de goûter le Rosetta du trompettiste Kevin Louis, de savourer la finesse et la légèreté du pianiste Kyle Roussel dialoguant avec le batteur sur Green Dolphin Street.
Jacques Aboucaya
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Cette chronique sera à l’image de mes dernières déambulations au hasard des scènes disséminées dans Ascona. Chaotique. Zigzagante (non, le merlot tessinois n’y est pour rien). Fondée sur des impressions plus que sur des jugements motivés. Un périple jalonné d’escales plus ou moins longues, qui laisse des sentiments contrastés : frustration de ne pouvoir tout écouter, tout goûter, et, en même temps, satisfaction devant la diversité des groupes, chacun faisant montre d’une personnalité particulière. Preuve de la vitalité d’une musique dont les mille nuances font la richesse.
Vittorio Castelli’s Big Four. Vittorio Castelli (cl, ts), Stefano Pennini (p), Ricardo Vigore (b), Massimo Caracca (dm).Ristoranti Al Pontile & Al Piazza.
Rien de tel, à l’heure de l’apéritif méridien, qu’un petit coup de dixieland. Celui que dispense le quartette dirigé par le clarinettiste milanais Vittorio Castelli est limpide et bien tempéré. Dépourvu de rudesse comme d’aspérités. Il charme mais n’enivre pas. Castelli lui-même, écrivain – « Il Disco di jazz » (ed. Mondadori), « Il Jazz moderno, da Charlie Parker a Ornette Coleman » (ed. Carischi) –, journaliste (Musica Jazz), spécialiste de Bix Beiderbecke, a enregistré, entre autres, avec Jay McShann et, plus récemment, avec les néo-orléanais qui occupent la scène actuelle, les Wendell Brunious ou Lilian Boutté. C’est assez dire l’expérience accumulée au cours d’une longue carrière. Honnête instrumentiste, singulièrement à la clarinette (Trouble In Mind, Lady Be Good, Ain’t Misbehavin), vocaliste tout aussi honorable, son art, policé, n’exècre rien tant que le bruit et la fureur. Telle est la tonalité adoptée par son groupe d’où émerge le pianiste Stefano Pennini.
The Primatics. David Costa- Coelho (voc), Francis Guéro (tb), Gilles Berthenet (tp), Julien Duchet (ts), Fabien Saussaye (p), Stéphane Barral (b), Simon Boyer (dm). Ristorante Piazzetta, 1er juillet.
Après une station à la Piazzetta Carrà où un pianiste, Joop Peeters, déroule avec flegme des standards, bref passage par le Ristorante Piazzetta pour découvrir un ensemble tout nouvellement créé, les Primatics. Aucune référence au Primatice, peintre et sculpteur de la Renaissance italienne, mais plutôt à Louis Prima dont ils reprennent les standards avec une verve étourdissante. Ils perpétuent un genre de burlesque qui a toujours eu sa place dans le jazz et dont Ray Gelato et ses Giants ont ranimé la flamme au début du festival. Un courant représenté, notamment, par le film Helzapoppin, incarné, à l’heure actuelle, par les Pink Turtle dont ils sont les dignes émules. Au demeurant, excellents musiciens, à l’instar de Francis Guéro, l’un des fleurons de la scène toulousaine. De surcroît choristes accomplis, passant à la moulinette de leur humour décapant des tubes confirmés, aussi divers que Fever, O Sole Mio ou, bien sûr, Just A Gigolo. Gros succès populaire, ovations sans fin.
La Section Rythmique. David Blenkhorn (g), Sébastien Girardot (b), Guillaume Noauaux (dm) + David Paquette (p, voc), Michel « Boss » Quéraud (tp, cl, as). Ristoranti Al Pontile & Al Piazza, 1er Juillet.
En fin d’après-midi, plaisir de retrouver la Section Rythmique, l’un des groupes phares du festival, déjà entendu en compagnie du remarquable trompettiste John Michael Bradford. David Paquette, figure emblématique d’Ascona où il officie depuis des lustres, le plus souvent en solo, et « Boss » Quéraud viennent ce soir grossir les rangs d’un trio devenu, en l’occurrence, quintette. Sans perdre de son homogénéité, telle est la magie du jazz. The Glory Of Love n’est « ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre ». Them There Eyes conserve un charme intact quand David Paquette en détaille les lyrics ou lorsque Boss délivre un de ces chorus de trompette bouchée dont il a le secret. Et comment ne pas noter, au passage, la constante qualité de David Blenkhorn qui s’affirme comme un des guitaristes les plus complets et les plus inventifs de notre époque ?
Davell Crawford Tribute To Fats Domino. Darell Crawford (p, voc), Wendell Brunious (tp), Gregory Agid (cl, ts), Stephen Gladney (ts), Elliott “Stackman” Callier (ts), Nicholas Snyder (g, bjo), Barry Stephenson (b), Le Shawn Elliot Lee (dm). Stage Elvezia, 1er juillet.
Le concert du chanteur et pianiste, déjà donné ces jours-ci à Vienne, a conquis sans coup férir un public gagné à la cause du pionnier du rock’n’roll que fut Fats Domino. Une commémoration de plus, qui s’ajoute à la célébration programmée de Frank Sinatra et à celle de Billie Holiday (un Strange Fruit plutôt insolite viendra, du reste, se glisser parmi les Jambalaya et autres Shake Rattle And Roll). Quoi qu’il en soit, servi par une phalange aussi valeureuse et des solistes de la trempe de Wendell Brunious dont chacune des interventions se révèle magistrale, sans compter le punch de Stephen Gladney et l’expérience de « Stackman » Callier, acquise auprès de Fats lui-même. Le répertoire popularisé par le célèbre interprète de Blueberry Hill acquiert un relief saisissant. Rien de plus fédérateur que le swing qui en émane. Son effet agit sur tous, quels que soient l’âge ou le sexe. Il incite à la danse, par quoi il se situe dans le droit fil du jazz des origines. Qui oserait faire la fine bouche ?
Pour finir, un petit tour au Stage Nostrana ou Shannon Powell se produit avec son Hall Jazz Band. Just
e le temps d’apprécier comme il se doit le talent d’entertainer du tromboniste et chanteur Lucien Barbarin, de goûter le Rosetta du trompettiste Kevin Louis, de savourer la finesse et la légèreté du pianiste Kyle Roussel dialoguant avec le batteur sur Green Dolphin Street.
Jacques Aboucaya
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Cette chronique sera à l’image de mes dernières déambulations au hasard des scènes disséminées dans Ascona. Chaotique. Zigzagante (non, le merlot tessinois n’y est pour rien). Fondée sur des impressions plus que sur des jugements motivés. Un périple jalonné d’escales plus ou moins longues, qui laisse des sentiments contrastés : frustration de ne pouvoir tout écouter, tout goûter, et, en même temps, satisfaction devant la diversité des groupes, chacun faisant montre d’une personnalité particulière. Preuve de la vitalité d’une musique dont les mille nuances font la richesse.
Vittorio Castelli’s Big Four. Vittorio Castelli (cl, ts), Stefano Pennini (p), Ricardo Vigore (b), Massimo Caracca (dm).Ristoranti Al Pontile & Al Piazza.
Rien de tel, à l’heure de l’apéritif méridien, qu’un petit coup de dixieland. Celui que dispense le quartette dirigé par le clarinettiste milanais Vittorio Castelli est limpide et bien tempéré. Dépourvu de rudesse comme d’aspérités. Il charme mais n’enivre pas. Castelli lui-même, écrivain – « Il Disco di jazz » (ed. Mondadori), « Il Jazz moderno, da Charlie Parker a Ornette Coleman » (ed. Carischi) –, journaliste (Musica Jazz), spécialiste de Bix Beiderbecke, a enregistré, entre autres, avec Jay McShann et, plus récemment, avec les néo-orléanais qui occupent la scène actuelle, les Wendell Brunious ou Lilian Boutté. C’est assez dire l’expérience accumulée au cours d’une longue carrière. Honnête instrumentiste, singulièrement à la clarinette (Trouble In Mind, Lady Be Good, Ain’t Misbehavin), vocaliste tout aussi honorable, son art, policé, n’exècre rien tant que le bruit et la fureur. Telle est la tonalité adoptée par son groupe d’où émerge le pianiste Stefano Pennini.
The Primatics. David Costa- Coelho (voc), Francis Guéro (tb), Gilles Berthenet (tp), Julien Duchet (ts), Fabien Saussaye (p), Stéphane Barral (b), Simon Boyer (dm). Ristorante Piazzetta, 1er juillet.
Après une station à la Piazzetta Carrà où un pianiste, Joop Peeters, déroule avec flegme des standards, bref passage par le Ristorante Piazzetta pour découvrir un ensemble tout nouvellement créé, les Primatics. Aucune référence au Primatice, peintre et sculpteur de la Renaissance italienne, mais plutôt à Louis Prima dont ils reprennent les standards avec une verve étourdissante. Ils perpétuent un genre de burlesque qui a toujours eu sa place dans le jazz et dont Ray Gelato et ses Giants ont ranimé la flamme au début du festival. Un courant représenté, notamment, par le film Helzapoppin, incarné, à l’heure actuelle, par les Pink Turtle dont ils sont les dignes émules. Au demeurant, excellents musiciens, à l’instar de Francis Guéro, l’un des fleurons de la scène toulousaine. De surcroît choristes accomplis, passant à la moulinette de leur humour décapant des tubes confirmés, aussi divers que Fever, O Sole Mio ou, bien sûr, Just A Gigolo. Gros succès populaire, ovations sans fin.
La Section Rythmique. David Blenkhorn (g), Sébastien Girardot (b), Guillaume Noauaux (dm) + David Paquette (p, voc), Michel « Boss » Quéraud (tp, cl, as). Ristoranti Al Pontile & Al Piazza, 1er Juillet.
En fin d’après-midi, plaisir de retrouver la Section Rythmique, l’un des groupes phares du festival, déjà entendu en compagnie du remarquable trompettiste John Michael Bradford. David Paquette, figure emblématique d’Ascona où il officie depuis des lustres, le plus souvent en solo, et « Boss » Quéraud viennent ce soir grossir les rangs d’un trio devenu, en l’occurrence, quintette. Sans perdre de son homogénéité, telle est la magie du jazz. The Glory Of Love n’est « ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre ». Them There Eyes conserve un charme intact quand David Paquette en détaille les lyrics ou lorsque Boss délivre un de ces chorus de trompette bouchée dont il a le secret. Et comment ne pas noter, au passage, la constante qualité de David Blenkhorn qui s’affirme comme un des guitaristes les plus complets et les plus inventifs de notre époque ?
Davell Crawford Tribute To Fats Domino. Darell Crawford (p, voc), Wendell Brunious (tp), Gregory Agid (cl, ts), Stephen Gladney (ts), Elliott “Stackman” Callier (ts), Nicholas Snyder (g, bjo), Barry Stephenson (b), Le Shawn Elliot Lee (dm). Stage Elvezia, 1er juillet.
Le concert du chanteur et pianiste, déjà donné ces jours-ci à Vienne, a conquis sans coup férir un public gagné à la cause du pionnier du rock’n’roll que fut Fats Domino. Une commémoration de plus, qui s’ajoute à la célébration programmée de Frank Sinatra et à celle de Billie Holiday (un Strange Fruit plutôt insolite viendra, du reste, se glisser parmi les Jambalaya et autres Shake Rattle And Roll). Quoi qu’il en soit, servi par une phalange aussi valeureuse et des solistes de la trempe de Wendell Brunious dont chacune des interventions se révèle magistrale, sans compter le punch de Stephen Gladney et l’expérience de « Stackman » Callier, acquise auprès de Fats lui-même. Le répertoire popularisé par le célèbre interprète de Blueberry Hill acquiert un relief saisissant. Rien de plus fédérateur que le swing qui en émane. Son effet agit sur tous, quels que soient l’âge ou le sexe. Il incite à la danse, par quoi il se situe dans le droit fil du jazz des origines. Qui oserait faire la fine bouche ?
Pour finir, un petit tour au Stage Nostrana ou Shannon Powell se produit avec son Hall Jazz Band. Just
e le temps d’apprécier comme il se doit le talent d’entertainer du tromboniste et chanteur Lucien Barbarin, de goûter le Rosetta du trompettiste Kevin Louis, de savourer la finesse et la légèreté du pianiste Kyle Roussel dialoguant avec le batteur sur Green Dolphin Street.
Jacques Aboucaya