Jazz@botanic (II), Lee Konitz dans ses oeuvres, François Corneloup, Yoann Loustalot, Glenn Ferris
Omniprésent depuis le commencement des balances jusqu’à la fin des concerts, Lee Konitz prend son rôle de grand aîné très au sérieux, au point qu’il faut parfois modifier l’ordre du jour pour adapter le programme aux petits caprices du soliste vedette de Subconscious Lee, lesquels provoquent en réaction des réactions tout à fait compréhensibles de ceux qui doivent (ou devaient) jouer avec lui. Au bout du compte, beaucoup d’amusement, quelques crispations, et le plaisir d’avoir entendu deux formations superlatives : le trio de François Courneloup et le trio (plus un) de Yoann Loustalot, « Aérophone ». Vous saurez tout en lisant la suite.
Le Petit Orchestre du dimanche invite Lee Konitz.
François Corneloup Trio : François Corneloup (bs), Hélène Labarrière (b), Simon Goubert (dm)
Edwin Berg, Eric Sumenian, Frédéric Jeanne trio
Dan Tepfer (p), Lee Konitz (as)
Aérophone invite Glenn Ferris : Yoann Loustalot (tp, bugle), Blaise Chevallier (b), Frédéric Pasqua (dm), Glenn Ferris (tb)
Deux soirées (avant-hier et hier) à la fois assez peu semblables et cependant contrastées : des formations qui invitent Lee Konitz, lequel manifeste parfois des exigences musicales difficiles à saisir, et deux concerts magnifiques de deux trios français éprouvés, qui ont redonné aux spectateurs de « Jazz@botanic » le goût du jazz vif.
Quand Cédric Jeanneaud (p), compositeur et chef du « Petit Orchestre du dimanche » a appelé Lee Konitz pour venir croiser son alto face aux excellents solistes de la formation – dont le répertoire méritera d’être travaillé de façon plus avancée – on ne se doutait pas que celui qui avait joué avec Sonny Dallas (b) et Elvin Jones (dm) pour un album d’anthologie (« Motion », 1961) allait manifester un tel énervement. Rien ne lui convenait : le répertoire, le son du piano, le phrasé du trompettiste, l’allure du ténor. Force fut de lui laisser tout juste une contrebasse et une batterie, pour un Body And Soul de plus et quelques autres standards. Désorienté, un peu gêné par cette scène digne – d’un certain côté – du théâtre de Molière, le public a assisté à une fin de concert étrange, et puis tout le monde a oublié. Enfin… presque, puisque Aérophone, qui avait prévu d’intégrer Lee à une pièce spécialement construite pour lui, a préféré renoncer à intégrer notre altiste en résidence. Ce qui a permis à Dan Tepfer, tout juste arrivé des USA, de montrer sur deux beaux échanges ce qui allait se passer dimanche soir. Merci l’artiste !
Lone Lee
Je tiens d’un fidèle auditeur des douces (et parfois un peu amères) soirées du « Jazz@botanic » que François Corneloup, Hélène Labarrière, Simon Goubert ont été pour lui une introduction parfaite à la scène actuelle du jazz en France. Et que, le lendemain, « Aérophone » et Glenn Ferris ont confirmé le diagnostic. Et voilà un adepte de plus. Le jazz actuel, vif et inventif, est une réjouissance pour les oreilles (et plus généralement le corps engagé dans l’écoute), il mérite mieux dans notre région que sa mise à l’écart presque complète. On souhaite donc que ce festival trouve les moyens de sa récidive, le mois prochain, l’an prochain, dans l’avenir.
Corneloup, Labarrière, Goubert, c’est d’abord une douceur extrême, un son et un phrasé dignes du jazz des années 50, et c’est ensuite toute la déclinaison de ce qui s’est passé ensuite (free inclus) pour un atterissage final en douceur. Du souffle (Corneloup), de la précision (Labarrière), un swing éclaté (Goubert), une heure de musique qui emballe, remue, séduit, et convainc, même si en la matière le but n’est pas de vaincre, mais de toucher l’âme et le corps.
Dans un registre plus intimiste, « Aérophone » a trouvé en Glenn Ferris son complément soliste idéal, au point qu’on se demande s’il ne faudra pas renouveler l’expérience ! Mais quelle belle écriture que celle de Yoann Loustalot ! Que ses thèmes (Doloroso par exemple) sonnent avec justesse, installant des épisodes tour à tout joyeux, espiègles, retenus, mélancoliques, toujours ourlés à la perfection ! Blaise Chevallier est le contrebassiste qu’il faut à ce trio devanu 4tet, il sonne précis, juste, profond, engagé. Frédéric Pasqua est confondant de précision, de subtilité, son drumming est d’une modernité rare. Glenn Ferris a su prendre sa place dans l’histoire du groupe dès la première note, et la façon dont son trombone s’ajointe au bugle de Yoann est tout simplement une jouissance pour les oreilles. En première partie de ce superbe concert, Edwin Berg, Eric Surmenian et Frédéric Jeanne avait fait entendre une musique joliment venue des années 70 et des trios de Keith Jarrett. L’occasion de rêver un peu.
Ce soir « Toons » et Alexandra Grimal (qui aura Lee Konitz en invité…), et demain le « Free Unfold Trio » de Duboc, Lasserre et Le Masson, suivi du duo Konitz/Tepfer. Bordeaux a tiré une carte chance. Souhaitons qu’en passant par la case départ, on touche FR 20.000 !
Philippe Méziat
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Omniprésent depuis le commencement des balances jusqu’à la fin des concerts, Lee Konitz prend son rôle de grand aîné très au sérieux, au point qu’il faut parfois modifier l’ordre du jour pour adapter le programme aux petits caprices du soliste vedette de Subconscious Lee, lesquels provoquent en réaction des réactions tout à fait compréhensibles de ceux qui doivent (ou devaient) jouer avec lui. Au bout du compte, beaucoup d’amusement, quelques crispations, et le plaisir d’avoir entendu deux formations superlatives : le trio de François Courneloup et le trio (plus un) de Yoann Loustalot, « Aérophone ». Vous saurez tout en lisant la suite.
Le Petit Orchestre du dimanche invite Lee Konitz.
François Corneloup Trio : François Corneloup (bs), Hélène Labarrière (b), Simon Goubert (dm)
Edwin Berg, Eric Sumenian, Frédéric Jeanne trio
Dan Tepfer (p), Lee Konitz (as)
Aérophone invite Glenn Ferris : Yoann Loustalot (tp, bugle), Blaise Chevallier (b), Frédéric Pasqua (dm), Glenn Ferris (tb)
Deux soirées (avant-hier et hier) à la fois assez peu semblables et cependant contrastées : des formations qui invitent Lee Konitz, lequel manifeste parfois des exigences musicales difficiles à saisir, et deux concerts magnifiques de deux trios français éprouvés, qui ont redonné aux spectateurs de « Jazz@botanic » le goût du jazz vif.
Quand Cédric Jeanneaud (p), compositeur et chef du « Petit Orchestre du dimanche » a appelé Lee Konitz pour venir croiser son alto face aux excellents solistes de la formation – dont le répertoire méritera d’être travaillé de façon plus avancée – on ne se doutait pas que celui qui avait joué avec Sonny Dallas (b) et Elvin Jones (dm) pour un album d’anthologie (« Motion », 1961) allait manifester un tel énervement. Rien ne lui convenait : le répertoire, le son du piano, le phrasé du trompettiste, l’allure du ténor. Force fut de lui laisser tout juste une contrebasse et une batterie, pour un Body And Soul de plus et quelques autres standards. Désorienté, un peu gêné par cette scène digne – d’un certain côté – du théâtre de Molière, le public a assisté à une fin de concert étrange, et puis tout le monde a oublié. Enfin… presque, puisque Aérophone, qui avait prévu d’intégrer Lee à une pièce spécialement construite pour lui, a préféré renoncer à intégrer notre altiste en résidence. Ce qui a permis à Dan Tepfer, tout juste arrivé des USA, de montrer sur deux beaux échanges ce qui allait se passer dimanche soir. Merci l’artiste !
Lone Lee
Je tiens d’un fidèle auditeur des douces (et parfois un peu amères) soirées du « Jazz@botanic » que François Corneloup, Hélène Labarrière, Simon Goubert ont été pour lui une introduction parfaite à la scène actuelle du jazz en France. Et que, le lendemain, « Aérophone » et Glenn Ferris ont confirmé le diagnostic. Et voilà un adepte de plus. Le jazz actuel, vif et inventif, est une réjouissance pour les oreilles (et plus généralement le corps engagé dans l’écoute), il mérite mieux dans notre région que sa mise à l’écart presque complète. On souhaite donc que ce festival trouve les moyens de sa récidive, le mois prochain, l’an prochain, dans l’avenir.
Corneloup, Labarrière, Goubert, c’est d’abord une douceur extrême, un son et un phrasé dignes du jazz des années 50, et c’est ensuite toute la déclinaison de ce qui s’est passé ensuite (free inclus) pour un atterissage final en douceur. Du souffle (Corneloup), de la précision (Labarrière), un swing éclaté (Goubert), une heure de musique qui emballe, remue, séduit, et convainc, même si en la matière le but n’est pas de vaincre, mais de toucher l’âme et le corps.
Dans un registre plus intimiste, « Aérophone » a trouvé en Glenn Ferris son complément soliste idéal, au point qu’on se demande s’il ne faudra pas renouveler l’expérience ! Mais quelle belle écriture que celle de Yoann Loustalot ! Que ses thèmes (Doloroso par exemple) sonnent avec justesse, installant des épisodes tour à tout joyeux, espiègles, retenus, mélancoliques, toujours ourlés à la perfection ! Blaise Chevallier est le contrebassiste qu’il faut à ce trio devanu 4tet, il sonne précis, juste, profond, engagé. Frédéric Pasqua est confondant de précision, de subtilité, son drumming est d’une modernité rare. Glenn Ferris a su prendre sa place dans l’histoire du groupe dès la première note, et la façon dont son trombone s’ajointe au bugle de Yoann est tout simplement une jouissance pour les oreilles. En première partie de ce superbe concert, Edwin Berg, Eric Surmenian et Frédéric Jeanne avait fait entendre une musique joliment venue des années 70 et des trios de Keith Jarrett. L’occasion de rêver un peu.
Ce soir « Toons » et Alexandra Grimal (qui aura Lee Konitz en invité…), et demain le « Free Unfold Trio » de Duboc, Lasserre et Le Masson, suivi du duo Konitz/Tepfer. Bordeaux a tiré une carte chance. Souhaitons qu’en passant par la case départ, on touche FR 20.000 !
Philippe Méziat
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Omniprésent depuis le commencement des balances jusqu’à la fin des concerts, Lee Konitz prend son rôle de grand aîné très au sérieux, au point qu’il faut parfois modifier l’ordre du jour pour adapter le programme aux petits caprices du soliste vedette de Subconscious Lee, lesquels provoquent en réaction des réactions tout à fait compréhensibles de ceux qui doivent (ou devaient) jouer avec lui. Au bout du compte, beaucoup d’amusement, quelques crispations, et le plaisir d’avoir entendu deux formations superlatives : le trio de François Courneloup et le trio (plus un) de Yoann Loustalot, « Aérophone ». Vous saurez tout en lisant la suite.
Le Petit Orchestre du dimanche invite Lee Konitz.
François Corneloup Trio : François Corneloup (bs), Hélène Labarrière (b), Simon Goubert (dm)
Edwin Berg, Eric Sumenian, Frédéric Jeanne trio
Dan Tepfer (p), Lee Konitz (as)
Aérophone invite Glenn Ferris : Yoann Loustalot (tp, bugle), Blaise Chevallier (b), Frédéric Pasqua (dm), Glenn Ferris (tb)
Deux soirées (avant-hier et hier) à la fois assez peu semblables et cependant contrastées : des formations qui invitent Lee Konitz, lequel manifeste parfois des exigences musicales difficiles à saisir, et deux concerts magnifiques de deux trios français éprouvés, qui ont redonné aux spectateurs de « Jazz@botanic » le goût du jazz vif.
Quand Cédric Jeanneaud (p), compositeur et chef du « Petit Orchestre du dimanche » a appelé Lee Konitz pour venir croiser son alto face aux excellents solistes de la formation – dont le répertoire méritera d’être travaillé de façon plus avancée – on ne se doutait pas que celui qui avait joué avec Sonny Dallas (b) et Elvin Jones (dm) pour un album d’anthologie (« Motion », 1961) allait manifester un tel énervement. Rien ne lui convenait : le répertoire, le son du piano, le phrasé du trompettiste, l’allure du ténor. Force fut de lui laisser tout juste une contrebasse et une batterie, pour un Body And Soul de plus et quelques autres standards. Désorienté, un peu gêné par cette scène digne – d’un certain côté – du théâtre de Molière, le public a assisté à une fin de concert étrange, et puis tout le monde a oublié. Enfin… presque, puisque Aérophone, qui avait prévu d’intégrer Lee à une pièce spécialement construite pour lui, a préféré renoncer à intégrer notre altiste en résidence. Ce qui a permis à Dan Tepfer, tout juste arrivé des USA, de montrer sur deux beaux échanges ce qui allait se passer dimanche soir. Merci l’artiste !
Lone Lee
Je tiens d’un fidèle auditeur des douces (et parfois un peu amères) soirées du « Jazz@botanic » que François Corneloup, Hélène Labarrière, Simon Goubert ont été pour lui une introduction parfaite à la scène actuelle du jazz en France. Et que, le lendemain, « Aérophone » et Glenn Ferris ont confirmé le diagnostic. Et voilà un adepte de plus. Le jazz actuel, vif et inventif, est une réjouissance pour les oreilles (et plus généralement le corps engagé dans l’écoute), il mérite mieux dans notre région que sa mise à l’écart presque complète. On souhaite donc que ce festival trouve les moyens de sa récidive, le mois prochain, l’an prochain, dans l’avenir.
Corneloup, Labarrière, Goubert, c’est d’abord une douceur extrême, un son et un phrasé dignes du jazz des années 50, et c’est ensuite toute la déclinaison de ce qui s’est passé ensuite (free inclus) pour un atterissage final en douceur. Du souffle (Corneloup), de la précision (Labarrière), un swing éclaté (Goubert), une heure de musique qui emballe, remue, séduit, et convainc, même si en la matière le but n’est pas de vaincre, mais de toucher l’âme et le corps.
Dans un registre plus intimiste, « Aérophone » a trouvé en Glenn Ferris son complément soliste idéal, au point qu’on se demande s’il ne faudra pas renouveler l’expérience ! Mais quelle belle écriture que celle de Yoann Loustalot ! Que ses thèmes (Doloroso par exemple) sonnent avec justesse, installant des épisodes tour à tout joyeux, espiègles, retenus, mélancoliques, toujours ourlés à la perfection ! Blaise Chevallier est le contrebassiste qu’il faut à ce trio devanu 4tet, il sonne précis, juste, profond, engagé. Frédéric Pasqua est confondant de précision, de subtilité, son drumming est d’une modernité rare. Glenn Ferris a su prendre sa place dans l’histoire du groupe dès la première note, et la façon dont son trombone s’ajointe au bugle de Yoann est tout simplement une jouissance pour les oreilles. En première partie de ce superbe concert, Edwin Berg, Eric Surmenian et Frédéric Jeanne avait fait entendre une musique joliment venue des années 70 et des trios de Keith Jarrett. L’occasion de rêver un peu.
Ce soir « Toons » et Alexandra Grimal (qui aura Lee Konitz en invité…), et demain le « Free Unfold Trio » de Duboc, Lasserre et Le Masson, suivi du duo Konitz/Tepfer. Bordeaux a tiré une carte chance. Souhaitons qu’en passant par la case départ, on touche FR 20.000 !
Philippe Méziat
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Omniprésent depuis le commencement des balances jusqu’à la fin des concerts, Lee Konitz prend son rôle de grand aîné très au sérieux, au point qu’il faut parfois modifier l’ordre du jour pour adapter le programme aux petits caprices du soliste vedette de Subconscious Lee, lesquels provoquent en réaction des réactions tout à fait compréhensibles de ceux qui doivent (ou devaient) jouer avec lui. Au bout du compte, beaucoup d’amusement, quelques crispations, et le plaisir d’avoir entendu deux formations superlatives : le trio de François Courneloup et le trio (plus un) de Yoann Loustalot, « Aérophone ». Vous saurez tout en lisant la suite.
Le Petit Orchestre du dimanche invite Lee Konitz.
François Corneloup Trio : François Corneloup (bs), Hélène Labarrière (b), Simon Goubert (dm)
Edwin Berg, Eric Sumenian, Frédéric Jeanne trio
Dan Tepfer (p), Lee Konitz (as)
Aérophone invite Glenn Ferris : Yoann Loustalot (tp, bugle), Blaise Chevallier (b), Frédéric Pasqua (dm), Glenn Ferris (tb)
Deux soirées (avant-hier et hier) à la fois assez peu semblables et cependant contrastées : des formations qui invitent Lee Konitz, lequel manifeste parfois des exigences musicales difficiles à saisir, et deux concerts magnifiques de deux trios français éprouvés, qui ont redonné aux spectateurs de « Jazz@botanic » le goût du jazz vif.
Quand Cédric Jeanneaud (p), compositeur et chef du « Petit Orchestre du dimanche » a appelé Lee Konitz pour venir croiser son alto face aux excellents solistes de la formation – dont le répertoire méritera d’être travaillé de façon plus avancée – on ne se doutait pas que celui qui avait joué avec Sonny Dallas (b) et Elvin Jones (dm) pour un album d’anthologie (« Motion », 1961) allait manifester un tel énervement. Rien ne lui convenait : le répertoire, le son du piano, le phrasé du trompettiste, l’allure du ténor. Force fut de lui laisser tout juste une contrebasse et une batterie, pour un Body And Soul de plus et quelques autres standards. Désorienté, un peu gêné par cette scène digne – d’un certain côté – du théâtre de Molière, le public a assisté à une fin de concert étrange, et puis tout le monde a oublié. Enfin… presque, puisque Aérophone, qui avait prévu d’intégrer Lee à une pièce spécialement construite pour lui, a préféré renoncer à intégrer notre altiste en résidence. Ce qui a permis à Dan Tepfer, tout juste arrivé des USA, de montrer sur deux beaux échanges ce qui allait se passer dimanche soir. Merci l’artiste !
Lone Lee
Je tiens d’un fidèle auditeur des douces (et parfois un peu amères) soirées du « Jazz@botanic » que François Corneloup, Hélène Labarrière, Simon Goubert ont été pour lui une introduction parfaite à la scène actuelle du jazz en France. Et que, le lendemain, « Aérophone » et Glenn Ferris ont confirmé le diagnostic. Et voilà un adepte de plus. Le jazz actuel, vif et inventif, est une réjouissance pour les oreilles (et plus généralement le corps engagé dans l’écoute), il mérite mieux dans notre région que sa mise à l’écart presque complète. On souhaite donc que ce festival trouve les moyens de sa récidive, le mois prochain, l’an prochain, dans l’avenir.
Corneloup, Labarrière, Goubert, c’est d’abord une douceur extrême, un son et un phrasé dignes du jazz des années 50, et c’est ensuite toute la déclinaison de ce qui s’est passé ensuite (free inclus) pour un atterissage final en douceur. Du souffle (Corneloup), de la précision (Labarrière), un swing éclaté (Goubert), une heure de musique qui emballe, remue, séduit, et convainc, même si en la matière le but n’est pas de vaincre, mais de toucher l’âme et le corps.
Dans un registre plus intimiste, « Aérophone » a trouvé en Glenn Ferris son complément soliste idéal, au point qu’on se demande s’il ne faudra pas renouveler l’expérience ! Mais quelle belle écriture que celle de Yoann Loustalot ! Que ses thèmes (Doloroso par exemple) sonnent avec justesse, installant des épisodes tour à tout joyeux, espiègles, retenus, mélancoliques, toujours ourlés à la perfection ! Blaise Chevallier est le contrebassiste qu’il faut à ce trio devanu 4tet, il sonne précis, juste, profond, engagé. Frédéric Pasqua est confondant de précision, de subtilité, son drumming est d’une modernité rare. Glenn Ferris a su prendre sa place dans l’histoire du groupe dès la première note, et la façon dont son trombone s’ajointe au bugle de Yoann est tout simplement une jouissance pour les oreilles. En première partie de ce superbe concert, Edwin Berg, Eric Surmenian et Frédéric Jeanne avait fait entendre une musique joliment venue des années 70 et des trios de Keith Jarrett. L’occasion de rêver un peu.
Ce soir « Toons » et Alexandra Grimal (qui aura Lee Konitz en invité…), et demain le « Free Unfold Trio » de Duboc, Lasserre et Le Masson, suivi du duo Konitz/Tepfer. Bordeaux a tiré une carte chance. Souhaitons qu’en passant par la case départ, on touche FR 20.000 !
Philippe Méziat