Jazzdor de Strasbourg à Budapest, 4ème et dernière journée
Jazz Magazine n’y était plus représenté, mais c’est la scène française qui clôturait le festival Jazzdor Strasbourg-Budapest, avec d’ailleurs une chanteuse suédoise, Isabel Sörling, et le programme “Aux Anges” du saxophoniste français Sylvain Rifflet.
Nous n’y étions pas, mais le photographe Balint Hrotko y était, comme chacun des autres soirs du festival et nous fait parvenir de nombreuses images, notamment celles de ce dernier concert que nous avons manqué.
Isabel Sörling dans le plus simple appareil, entendez celui de la chanteuse folk, s’accompagnant à la guitare acoustique et au piano. On pense évidemment d’emblée à Joni Mitchel qui fait partie de son panthéon, mais immédiatement quelque chose de plus européen s’impose, le folk plus intériosé des Iles britanniques et bien sûr l’univers scandinave, auquel les jazzmen empruntèrent quelques chansons, tels le fameux Ack Värmeland, du sköna, appris en Suède par Stan Getz de ses collègues jazzmen et aussitôt repris par Miles Davis lors des sessions Blue Note du 9 mai 1952 ; tel Visålde våra hemman, l’une des chansons enregistrées à Stockholm en 1964 par Art Farmer pour l’album “To Sweden with Love” et récemment redécouverte par le guitariste Paul Jarret sous le titre Amerikvisan en hommage à son arrière-grand-mère suédoise (“Emma”). Le jazz et Isabel Sörling? Une discipline qu’elle a envisagée pendant son année au département jazz du CNSMDP, une porte ouverte aussi vers la liberté, la transgression, lorsque la virtuosité se met au service de l’imagination, libère l’onirisme et le potentiel du patrimoine personnel.
Saxophoniste brillant par sa maîtrise de l’instrument, et néanmoins profond, Stan Getz pour référence première (avoué dans sa “reprise imaginaire” du fameux “Focus”), nourri de traditions du jazz tout en s’interdisant les œillères que cela peut signifier, Sylvain Rifflet est venu à Budapest avec son programme le plus récent, Aux Anges, synthèse de projets antérieurs, le plus intime aussi, où l’on retrouve un fidèle comparse – l’insolite percussionniste Benjamin Flament – et deux nouveaux venus en remplaçants réguliers des contributeurs du disque – Yoann Loustalot dont la trompette sait ce que “tutoyer les anges” veut dire, et un enfant du pays, familier du Budapest Music Center et de BMC Records, le guitariste Csaba Palotaï. Mais rappelons-nous que Rifflet enregistra lui-même pour label hongrois dans le studio du Centre, son projet “Rebellions” avec Jon Irabagon, Sébastien Boisseau et Jim Black. Franck Bergerot