Jazz live
Publié le 10 Nov 2012

Jazzdor, Strasbourg 08 & 09/11.

Jazzdor, Strasbourg 08 & 09/11.

08/11 : Reut Regev R*time Trio, salle du Portique.

Commencer la 27° édition de Jazzdor par Reut Regev et son trio, programmés dans une salle située en plein campus universitaire de Strasbourg n’est pas un choix innocent. Il révèle à la fois une fidélité de la part de Philippe Ochem — le directeur du festival — qui avait déjà invité la tromboniste voici deux ans (sans que ses collègues programmateurs se précipitent pour l’imiter par la suite : elle revient pour un concert unique en France). Il manifeste aussi une volonté d ‘innover en se rapprochant d’un public étudiant toujours élusif (trois/quatre petites années de fac, et que je m’en vais chercher du taf ailleurs…) et donc sans cesse à reconquérir.

 

Lui présenter ce trio newyorkais sur son terrain était un pari. Pari gagné : salle pleine, moyenne d’âge nettement inférieure à celle d’un concert de jazz lambda, public conquis. C’est que Reut Regev, son batteur de mari Igal Foni et leur bassiste (électrique ou acoustique) Andrea Castelli sont des musiciens à tout faire, rompus à la musique cubaine comme au klezmer, capables de passer du jazz le plus pointu au rock métal le plus basique, et donc de s’adapter à tous les publics en les clouant sur place par leur énergie, leur sens du groove et la spontanéité de leur approche de la musique — car ils ont, à ce niveau, une identité et un son bien définis. Comme en plus ils ne manquent pas d’humour ni dans la présentation de leurs morceaux ni dans leur jeu (par exemple avec un mini synthé qui échantillonne des bribes de voix humaine et les restitue de façon hilarante quand on manipule son clavier) on se demande pourquoi tant de décideurs culturels se privent d’un trio d’un telle qualité musicale et conviviale, dont le deuxième disque va d’ailleurs bientôt paraître chez Enja ?

 

09/11 :Andy Emler MegaOctet + Percussions de Strasbourg. Le Maillon

Ca commence par un solo absolu de Thomas de Pourquery bientôt rejoint par les Percussions de Strasbourg, puis délaissé par elles alors qu’il amorce un calypso que la rythmique du Mega, en se joignant à lui, l’amène à faire virer de bord. Puis s’installe un joyeux chaos où ça meugle et ça bêle, mais dont le fil conducteur semble être le jeu et l’enfance. Bribes mélodiques d’une grande simplicité qui maintiennent la lisibilité même dans les passages touffus, rythmique réduite à son efficacité minimale sans tergiverser sur la qualité de timbre grâce à un François Verly d’une acuité percussive incomparable, ensembles grooveux à souhait : on est bien dans « Childhood’s Journey», la suite qu’Andy Emler a consacrée à l’enfance. Dans la partie suivante ce sont la clarinette base de Laurent Dehors puis le bugle de Laurent Blondiau qui mèneront le jeu, soutenus pas des nappes de sons parfois ellingtoniennes d’une formidable densité de texture où s’entremêlent les sons des anches, des cuivres et des percussions mélodiques en un tissu chamarré d’une grande douceur. Après un intermède entièrement dévolu aux Percussions de Strasbourg — pour les 50 ans desquels Emler a écrit une pièce originale — ce sont Guillaume Orti (as), François Thuillier (tu) puis de nouveau Dehors (ts) ou de Pourquery (as) qui introduiront chacun à leur tour les parties suivantes de la suite. Ce parti-pris du leader de faire toujours prendre en charge un morceau par un soliste principal continue à s’avérer pertinent au niveau des couleurs et des timbres qui, dans le MegaOctet sont d’une richesse et d’une diversité particulièrement impressionnantes. L’adjonction des Percussions de Strasbourg fonctionne d’ailleurs, à ce niveau, moins comme un surcroît de masse sonore que comme une extension de la palette rythmique et timbrique du Mega, tant l’écriture d’Andy est d’une grande subtilité et fuit les effets faciles.

Et quand, après un tutti d’une belle cohésion, Blondiau succède à Thuillier à la trompette, soutenu par la seule rythmique — Claude Tchamitchian (b) et Eric Echampard (dm) —, c’est moins le bugliste de tout à l’heure qu’on reconnaît qu’un remarquable tricoteur de phrasés et de sonorités inédits que l’on découvre ébahi. Et toujours, bien sûr, ce fameux humour « emlerique ». Faisant applaudir Thomas de Pourquery : « Un chauve comme moi, ça fait du bien : oui nous, les chauves, les cheveux on les a dans le cœur ! ».

Malle aux trésors sonores remplie de surprises et de (re)découvertes, le MegaOctet d’Andy Emler est bel est bien l’un des plus beaux jouets dont puisse rêver un bambin fou de musique. « Pour l’enfant amoureux de cartes et d’estampes, l’univers est semblable à son vaste appétit », disait Baudelaire. Puissent nos rejetons et nos petits enfants (la chair de la chair de notre chair) découvrir un jour Emler et sa bande en direct, car ces gaillards semblent partis pour faire de la musique jouissive pendant encore quelques décennies.

 

Thierry Quénum

 

Demain 10/11 : Michel Portal & les frères Chemirani ; Heinz Sauer/Daniel Erdmann/ Johannes Fink /Christophe Marguet à Pôle Sud.

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Jazzdor, Strasbourg 08 & 09/11.

08/11 : Reut Regev R*time Trio, salle du Portique.

Commencer la 27° édition de Jazzdor par Reut Regev et son trio, programmés dans une salle située en plein campus universitaire de Strasbourg n’est pas un choix innocent. Il révèle à la fois une fidélité de la part de Philippe Ochem — le directeur du festival — qui avait déjà invité la tromboniste voici deux ans (sans que ses collègues programmateurs se précipitent pour l’imiter par la suite : elle revient pour un concert unique en France). Il manifeste aussi une volonté d ‘innover en se rapprochant d’un public étudiant toujours élusif (trois/quatre petites années de fac, et que je m’en vais chercher du taf ailleurs…) et donc sans cesse à reconquérir.

 

Lui présenter ce trio newyorkais sur son terrain était un pari. Pari gagné : salle pleine, moyenne d’âge nettement inférieure à celle d’un concert de jazz lambda, public conquis. C’est que Reut Regev, son batteur de mari Igal Foni et leur bassiste (électrique ou acoustique) Andrea Castelli sont des musiciens à tout faire, rompus à la musique cubaine comme au klezmer, capables de passer du jazz le plus pointu au rock métal le plus basique, et donc de s’adapter à tous les publics en les clouant sur place par leur énergie, leur sens du groove et la spontanéité de leur approche de la musique — car ils ont, à ce niveau, une identité et un son bien définis. Comme en plus ils ne manquent pas d’humour ni dans la présentation de leurs morceaux ni dans leur jeu (par exemple avec un mini synthé qui échantillonne des bribes de voix humaine et les restitue de façon hilarante quand on manipule son clavier) on se demande pourquoi tant de décideurs culturels se privent d’un trio d’un telle qualité musicale et conviviale, dont le deuxième disque va d’ailleurs bientôt paraître chez Enja ?

 

09/11 :Andy Emler MegaOctet + Percussions de Strasbourg. Le Maillon

Ca commence par un solo absolu de Thomas de Pourquery bientôt rejoint par les Percussions de Strasbourg, puis délaissé par elles alors qu’il amorce un calypso que la rythmique du Mega, en se joignant à lui, l’amène à faire virer de bord. Puis s’installe un joyeux chaos où ça meugle et ça bêle, mais dont le fil conducteur semble être le jeu et l’enfance. Bribes mélodiques d’une grande simplicité qui maintiennent la lisibilité même dans les passages touffus, rythmique réduite à son efficacité minimale sans tergiverser sur la qualité de timbre grâce à un François Verly d’une acuité percussive incomparable, ensembles grooveux à souhait : on est bien dans « Childhood’s Journey», la suite qu’Andy Emler a consacrée à l’enfance. Dans la partie suivante ce sont la clarinette base de Laurent Dehors puis le bugle de Laurent Blondiau qui mèneront le jeu, soutenus pas des nappes de sons parfois ellingtoniennes d’une formidable densité de texture où s’entremêlent les sons des anches, des cuivres et des percussions mélodiques en un tissu chamarré d’une grande douceur. Après un intermède entièrement dévolu aux Percussions de Strasbourg — pour les 50 ans desquels Emler a écrit une pièce originale — ce sont Guillaume Orti (as), François Thuillier (tu) puis de nouveau Dehors (ts) ou de Pourquery (as) qui introduiront chacun à leur tour les parties suivantes de la suite. Ce parti-pris du leader de faire toujours prendre en charge un morceau par un soliste principal continue à s’avérer pertinent au niveau des couleurs et des timbres qui, dans le MegaOctet sont d’une richesse et d’une diversité particulièrement impressionnantes. L’adjonction des Percussions de Strasbourg fonctionne d’ailleurs, à ce niveau, moins comme un surcroît de masse sonore que comme une extension de la palette rythmique et timbrique du Mega, tant l’écriture d’Andy est d’une grande subtilité et fuit les effets faciles.

Et quand, après un tutti d’une belle cohésion, Blondiau succède à Thuillier à la trompette, soutenu par la seule rythmique — Claude Tchamitchian (b) et Eric Echampard (dm) —, c’est moins le bugliste de tout à l’heure qu’on reconnaît qu’un remarquable tricoteur de phrasés et de sonorités inédits que l’on découvre ébahi. Et toujours, bien sûr, ce fameux humour « emlerique ». Faisant applaudir Thomas de Pourquery : « Un chauve comme moi, ça fait du bien : oui nous, les chauves, les cheveux on les a dans le cœur ! ».

Malle aux trésors sonores remplie de surprises et de (re)découvertes, le MegaOctet d’Andy Emler est bel est bien l’un des plus beaux jouets dont puisse rêver un bambin fou de musique. « Pour l’enfant amoureux de cartes et d’estampes, l’univers est semblable à son vaste appétit », disait Baudelaire. Puissent nos rejetons et nos petits enfants (la chair de la chair de notre chair) découvrir un jour Emler et sa bande en direct, car ces gaillards semblent partis pour faire de la musique jouissive pendant encore quelques décennies.

 

Thierry Quénum

 

Demain 10/11 : Michel Portal & les frères Chemirani ; Heinz Sauer/Daniel Erdmann/ Johannes Fink /Christophe Marguet à Pôle Sud.

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Jazzdor, Strasbourg 08 & 09/11.

08/11 : Reut Regev R*time Trio, salle du Portique.

Commencer la 27° édition de Jazzdor par Reut Regev et son trio, programmés dans une salle située en plein campus universitaire de Strasbourg n’est pas un choix innocent. Il révèle à la fois une fidélité de la part de Philippe Ochem — le directeur du festival — qui avait déjà invité la tromboniste voici deux ans (sans que ses collègues programmateurs se précipitent pour l’imiter par la suite : elle revient pour un concert unique en France). Il manifeste aussi une volonté d ‘innover en se rapprochant d’un public étudiant toujours élusif (trois/quatre petites années de fac, et que je m’en vais chercher du taf ailleurs…) et donc sans cesse à reconquérir.

 

Lui présenter ce trio newyorkais sur son terrain était un pari. Pari gagné : salle pleine, moyenne d’âge nettement inférieure à celle d’un concert de jazz lambda, public conquis. C’est que Reut Regev, son batteur de mari Igal Foni et leur bassiste (électrique ou acoustique) Andrea Castelli sont des musiciens à tout faire, rompus à la musique cubaine comme au klezmer, capables de passer du jazz le plus pointu au rock métal le plus basique, et donc de s’adapter à tous les publics en les clouant sur place par leur énergie, leur sens du groove et la spontanéité de leur approche de la musique — car ils ont, à ce niveau, une identité et un son bien définis. Comme en plus ils ne manquent pas d’humour ni dans la présentation de leurs morceaux ni dans leur jeu (par exemple avec un mini synthé qui échantillonne des bribes de voix humaine et les restitue de façon hilarante quand on manipule son clavier) on se demande pourquoi tant de décideurs culturels se privent d’un trio d’un telle qualité musicale et conviviale, dont le deuxième disque va d’ailleurs bientôt paraître chez Enja ?

 

09/11 :Andy Emler MegaOctet + Percussions de Strasbourg. Le Maillon

Ca commence par un solo absolu de Thomas de Pourquery bientôt rejoint par les Percussions de Strasbourg, puis délaissé par elles alors qu’il amorce un calypso que la rythmique du Mega, en se joignant à lui, l’amène à faire virer de bord. Puis s’installe un joyeux chaos où ça meugle et ça bêle, mais dont le fil conducteur semble être le jeu et l’enfance. Bribes mélodiques d’une grande simplicité qui maintiennent la lisibilité même dans les passages touffus, rythmique réduite à son efficacité minimale sans tergiverser sur la qualité de timbre grâce à un François Verly d’une acuité percussive incomparable, ensembles grooveux à souhait : on est bien dans « Childhood’s Journey», la suite qu’Andy Emler a consacrée à l’enfance. Dans la partie suivante ce sont la clarinette base de Laurent Dehors puis le bugle de Laurent Blondiau qui mèneront le jeu, soutenus pas des nappes de sons parfois ellingtoniennes d’une formidable densité de texture où s’entremêlent les sons des anches, des cuivres et des percussions mélodiques en un tissu chamarré d’une grande douceur. Après un intermède entièrement dévolu aux Percussions de Strasbourg — pour les 50 ans desquels Emler a écrit une pièce originale — ce sont Guillaume Orti (as), François Thuillier (tu) puis de nouveau Dehors (ts) ou de Pourquery (as) qui introduiront chacun à leur tour les parties suivantes de la suite. Ce parti-pris du leader de faire toujours prendre en charge un morceau par un soliste principal continue à s’avérer pertinent au niveau des couleurs et des timbres qui, dans le MegaOctet sont d’une richesse et d’une diversité particulièrement impressionnantes. L’adjonction des Percussions de Strasbourg fonctionne d’ailleurs, à ce niveau, moins comme un surcroît de masse sonore que comme une extension de la palette rythmique et timbrique du Mega, tant l’écriture d’Andy est d’une grande subtilité et fuit les effets faciles.

Et quand, après un tutti d’une belle cohésion, Blondiau succède à Thuillier à la trompette, soutenu par la seule rythmique — Claude Tchamitchian (b) et Eric Echampard (dm) —, c’est moins le bugliste de tout à l’heure qu’on reconnaît qu’un remarquable tricoteur de phrasés et de sonorités inédits que l’on découvre ébahi. Et toujours, bien sûr, ce fameux humour « emlerique ». Faisant applaudir Thomas de Pourquery : « Un chauve comme moi, ça fait du bien : oui nous, les chauves, les cheveux on les a dans le cœur ! ».

Malle aux trésors sonores remplie de surprises et de (re)découvertes, le MegaOctet d’Andy Emler est bel est bien l’un des plus beaux jouets dont puisse rêver un bambin fou de musique. « Pour l’enfant amoureux de cartes et d’estampes, l’univers est semblable à son vaste appétit », disait Baudelaire. Puissent nos rejetons et nos petits enfants (la chair de la chair de notre chair) découvrir un jour Emler et sa bande en direct, car ces gaillards semblent partis pour faire de la musique jouissive pendant encore quelques décennies.

 

Thierry Quénum

 

Demain 10/11 : Michel Portal & les frères Chemirani ; Heinz Sauer/Daniel Erdmann/ Johannes Fink /Christophe Marguet à Pôle Sud.

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Jazzdor, Strasbourg 08 & 09/11.

08/11 : Reut Regev R*time Trio, salle du Portique.

Commencer la 27° édition de Jazzdor par Reut Regev et son trio, programmés dans une salle située en plein campus universitaire de Strasbourg n’est pas un choix innocent. Il révèle à la fois une fidélité de la part de Philippe Ochem — le directeur du festival — qui avait déjà invité la tromboniste voici deux ans (sans que ses collègues programmateurs se précipitent pour l’imiter par la suite : elle revient pour un concert unique en France). Il manifeste aussi une volonté d ‘innover en se rapprochant d’un public étudiant toujours élusif (trois/quatre petites années de fac, et que je m’en vais chercher du taf ailleurs…) et donc sans cesse à reconquérir.

 

Lui présenter ce trio newyorkais sur son terrain était un pari. Pari gagné : salle pleine, moyenne d’âge nettement inférieure à celle d’un concert de jazz lambda, public conquis. C’est que Reut Regev, son batteur de mari Igal Foni et leur bassiste (électrique ou acoustique) Andrea Castelli sont des musiciens à tout faire, rompus à la musique cubaine comme au klezmer, capables de passer du jazz le plus pointu au rock métal le plus basique, et donc de s’adapter à tous les publics en les clouant sur place par leur énergie, leur sens du groove et la spontanéité de leur approche de la musique — car ils ont, à ce niveau, une identité et un son bien définis. Comme en plus ils ne manquent pas d’humour ni dans la présentation de leurs morceaux ni dans leur jeu (par exemple avec un mini synthé qui échantillonne des bribes de voix humaine et les restitue de façon hilarante quand on manipule son clavier) on se demande pourquoi tant de décideurs culturels se privent d’un trio d’un telle qualité musicale et conviviale, dont le deuxième disque va d’ailleurs bientôt paraître chez Enja ?

 

09/11 :Andy Emler MegaOctet + Percussions de Strasbourg. Le Maillon

Ca commence par un solo absolu de Thomas de Pourquery bientôt rejoint par les Percussions de Strasbourg, puis délaissé par elles alors qu’il amorce un calypso que la rythmique du Mega, en se joignant à lui, l’amène à faire virer de bord. Puis s’installe un joyeux chaos où ça meugle et ça bêle, mais dont le fil conducteur semble être le jeu et l’enfance. Bribes mélodiques d’une grande simplicité qui maintiennent la lisibilité même dans les passages touffus, rythmique réduite à son efficacité minimale sans tergiverser sur la qualité de timbre grâce à un François Verly d’une acuité percussive incomparable, ensembles grooveux à souhait : on est bien dans « Childhood’s Journey», la suite qu’Andy Emler a consacrée à l’enfance. Dans la partie suivante ce sont la clarinette base de Laurent Dehors puis le bugle de Laurent Blondiau qui mèneront le jeu, soutenus pas des nappes de sons parfois ellingtoniennes d’une formidable densité de texture où s’entremêlent les sons des anches, des cuivres et des percussions mélodiques en un tissu chamarré d’une grande douceur. Après un intermède entièrement dévolu aux Percussions de Strasbourg — pour les 50 ans desquels Emler a écrit une pièce originale — ce sont Guillaume Orti (as), François Thuillier (tu) puis de nouveau Dehors (ts) ou de Pourquery (as) qui introduiront chacun à leur tour les parties suivantes de la suite. Ce parti-pris du leader de faire toujours prendre en charge un morceau par un soliste principal continue à s’avérer pertinent au niveau des couleurs et des timbres qui, dans le MegaOctet sont d’une richesse et d’une diversité particulièrement impressionnantes. L’adjonction des Percussions de Strasbourg fonctionne d’ailleurs, à ce niveau, moins comme un surcroît de masse sonore que comme une extension de la palette rythmique et timbrique du Mega, tant l’écriture d’Andy est d’une grande subtilité et fuit les effets faciles.

Et quand, après un tutti d’une belle cohésion, Blondiau succède à Thuillier à la trompette, soutenu par la seule rythmique — Claude Tchamitchian (b) et Eric Echampard (dm) —, c’est moins le bugliste de tout à l’heure qu’on reconnaît qu’un remarquable tricoteur de phrasés et de sonorités inédits que l’on découvre ébahi. Et toujours, bien sûr, ce fameux humour « emlerique ». Faisant applaudir Thomas de Pourquery : « Un chauve comme moi, ça fait du bien : oui nous, les chauves, les cheveux on les a dans le cœur ! ».

Malle aux trésors sonores remplie de surprises et de (re)découvertes, le MegaOctet d’Andy Emler est bel est bien l’un des plus beaux jouets dont puisse rêver un bambin fou de musique. « Pour l’enfant amoureux de cartes et d’estampes, l’univers est semblable à son vaste appétit », disait Baudelaire. Puissent nos rejetons et nos petits enfants (la chair de la chair de notre chair) découvrir un jour Emler et sa bande en direct, car ces gaillards semblent partis pour faire de la musique jouissive pendant encore quelques décennies.

 

Thierry Quénum

 

Demain 10/11 : Michel Portal & les frères Chemirani ; Heinz Sauer/Daniel Erdmann/ Johannes Fink /Christophe Marguet à Pôle Sud.