Jazzdor, Strasbourg, 30° édition, 1° soirée
Jazzdor 30ième édition. Strasbourg, Cité de la Musique, 06 novembre.
Jason Moran « Fats Waller Dance Party » : Jason Moran (p, elp), Lisa E. Harris (voc), Leron Thomas (tp), Tarus Mateen (elb), Charles Haynes (dm).
On n’a guère vu cette nouvelle formation du pianiste texan en France. Cette soirée initiale célébre donc les 30 ans de Jazzdor par une quasi-première. Et ça débute par un solo absolu d’un batteur funky et surpuissant ( Roy Hargrove, Stanley Clarke, Lady Gaga… à son palmarès) bientôt rejoint par la basse électrique de Tarus Mateen. C’est donc la rythmique qui s’impose d’emblée au centre de l’acte musical.
Quand Jason Moran, la chanteuse et le trompettiste viennent compléter le groupe, se dessinent rapidement les contours d’un Honesuckle Rose revisité soul. Moran — tunique africaine bariolée et casquette à l’unisson — alterne le piano et le Fender Rhodes tandis que le souffleur et la chanteuse se déhanchent sous les coups de boutoir de la caisse-claire relayée par la basse électrique. Au cas où l’invitation à la danse ne serait pas assez patente, Moran harangue le public et lui propose d’investir la scène quand il veut. Puis le pianiste revêt un masque à l’effigie de la tête réjouie de Fats Waller, clope au bec, et lance un thème fort peu wallerien : Jin-Go-Lo-Ba, du percussionniste nigérian Babatunde Olatunji, rendu célèbre par Carlos Santana. Seuls quelques adolescents répondront à l’invitation et investiront un coin de la scène tandis que les musiciens font tourner un groove intense propre à déchaîner les pulsions dansantes. Mais le public est encore timide en ce début de soirée. Ain’t Misbehavin’ suit — dans une veine plus laid back mais toujours propice au déhanchement — et se terminera par une variation sur Amazing Grace que la chanteuse fera reprendre à l’auditoire : ça commence à chauffer dans la salle. Il faut dire qu’en ce deuxième été indien de la saison il fait presque 20° à Strasbourg, et que dehors on vide des chopes en terrasse ! La jolie ballade Two Sleepy People, c’est le trompettiste qui l’entonnera avant de se lancer dans un solo inspiré, soutenu par un groupe pleinement investi. Bref, Moran replonge ici dans les racines d’une Amérique noire où jazz et entertainment faisaient bon ménage et il n’a guère de mal à nous convaincre que ce mélange est parfaitement d’actualité, loin des “hommages à” compassés ou opportunistes qu’on entend ici ou là. D’ailleurs quand il annoncera son intention de rendre hommage à Ornette Coleman en lançant un Lonely Woman rythmé par des boucles vocales, il déclenchera une avalanche de jeunes gens qui prendront d’assaut la scène pour danser sur ces beats dans lesquels ils se reconnaissent, périodiquement rejoints par les membres du groupe — pianiste compris —, ce qui ne manque pas de réjouir les uns et les autres : un spectacle qu’on voit rarement lors d’un festival de jazz, à Strasbourg ou ailleurs. Un confrère de Jason Moran, le Cubain Omar Sosa, avait l’habitude naguère de provoquer le public français en lui lançant “They say the French can’t dance !”. Moran, dans un registre plus convivial, a réussi, par une douce soirée de novembre, à transformer la grande scène de la Cité de la Musique de Strasbourg en un dance floor festif et improvisé. Pouvait-on imaginer meilleure façon de célébrer les 30 ans de Jazzdor ? Thierry Quénum
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Jazzdor 30ième édition. Strasbourg, Cité de la Musique, 06 novembre.
Jason Moran « Fats Waller Dance Party » : Jason Moran (p, elp), Lisa E. Harris (voc), Leron Thomas (tp), Tarus Mateen (elb), Charles Haynes (dm).
On n’a guère vu cette nouvelle formation du pianiste texan en France. Cette soirée initiale célébre donc les 30 ans de Jazzdor par une quasi-première. Et ça débute par un solo absolu d’un batteur funky et surpuissant ( Roy Hargrove, Stanley Clarke, Lady Gaga… à son palmarès) bientôt rejoint par la basse électrique de Tarus Mateen. C’est donc la rythmique qui s’impose d’emblée au centre de l’acte musical.
Quand Jason Moran, la chanteuse et le trompettiste viennent compléter le groupe, se dessinent rapidement les contours d’un Honesuckle Rose revisité soul. Moran — tunique africaine bariolée et casquette à l’unisson — alterne le piano et le Fender Rhodes tandis que le souffleur et la chanteuse se déhanchent sous les coups de boutoir de la caisse-claire relayée par la basse électrique. Au cas où l’invitation à la danse ne serait pas assez patente, Moran harangue le public et lui propose d’investir la scène quand il veut. Puis le pianiste revêt un masque à l’effigie de la tête réjouie de Fats Waller, clope au bec, et lance un thème fort peu wallerien : Jin-Go-Lo-Ba, du percussionniste nigérian Babatunde Olatunji, rendu célèbre par Carlos Santana. Seuls quelques adolescents répondront à l’invitation et investiront un coin de la scène tandis que les musiciens font tourner un groove intense propre à déchaîner les pulsions dansantes. Mais le public est encore timide en ce début de soirée. Ain’t Misbehavin’ suit — dans une veine plus laid back mais toujours propice au déhanchement — et se terminera par une variation sur Amazing Grace que la chanteuse fera reprendre à l’auditoire : ça commence à chauffer dans la salle. Il faut dire qu’en ce deuxième été indien de la saison il fait presque 20° à Strasbourg, et que dehors on vide des chopes en terrasse ! La jolie ballade Two Sleepy People, c’est le trompettiste qui l’entonnera avant de se lancer dans un solo inspiré, soutenu par un groupe pleinement investi. Bref, Moran replonge ici dans les racines d’une Amérique noire où jazz et entertainment faisaient bon ménage et il n’a guère de mal à nous convaincre que ce mélange est parfaitement d’actualité, loin des “hommages à” compassés ou opportunistes qu’on entend ici ou là. D’ailleurs quand il annoncera son intention de rendre hommage à Ornette Coleman en lançant un Lonely Woman rythmé par des boucles vocales, il déclenchera une avalanche de jeunes gens qui prendront d’assaut la scène pour danser sur ces beats dans lesquels ils se reconnaissent, périodiquement rejoints par les membres du groupe — pianiste compris —, ce qui ne manque pas de réjouir les uns et les autres : un spectacle qu’on voit rarement lors d’un festival de jazz, à Strasbourg ou ailleurs. Un confrère de Jason Moran, le Cubain Omar Sosa, avait l’habitude naguère de provoquer le public français en lui lançant “They say the French can’t dance !”. Moran, dans un registre plus convivial, a réussi, par une douce soirée de novembre, à transformer la grande scène de la Cité de la Musique de Strasbourg en un dance floor festif et improvisé. Pouvait-on imaginer meilleure façon de célébrer les 30 ans de Jazzdor ? Thierry Quénum
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Jazzdor 30ième édition. Strasbourg, Cité de la Musique, 06 novembre.
Jason Moran « Fats Waller Dance Party » : Jason Moran (p, elp), Lisa E. Harris (voc), Leron Thomas (tp), Tarus Mateen (elb), Charles Haynes (dm).
On n’a guère vu cette nouvelle formation du pianiste texan en France. Cette soirée initiale célébre donc les 30 ans de Jazzdor par une quasi-première. Et ça débute par un solo absolu d’un batteur funky et surpuissant ( Roy Hargrove, Stanley Clarke, Lady Gaga… à son palmarès) bientôt rejoint par la basse électrique de Tarus Mateen. C’est donc la rythmique qui s’impose d’emblée au centre de l’acte musical.
Quand Jason Moran, la chanteuse et le trompettiste viennent compléter le groupe, se dessinent rapidement les contours d’un Honesuckle Rose revisité soul. Moran — tunique africaine bariolée et casquette à l’unisson — alterne le piano et le Fender Rhodes tandis que le souffleur et la chanteuse se déhanchent sous les coups de boutoir de la caisse-claire relayée par la basse électrique. Au cas où l’invitation à la danse ne serait pas assez patente, Moran harangue le public et lui propose d’investir la scène quand il veut. Puis le pianiste revêt un masque à l’effigie de la tête réjouie de Fats Waller, clope au bec, et lance un thème fort peu wallerien : Jin-Go-Lo-Ba, du percussionniste nigérian Babatunde Olatunji, rendu célèbre par Carlos Santana. Seuls quelques adolescents répondront à l’invitation et investiront un coin de la scène tandis que les musiciens font tourner un groove intense propre à déchaîner les pulsions dansantes. Mais le public est encore timide en ce début de soirée. Ain’t Misbehavin’ suit — dans une veine plus laid back mais toujours propice au déhanchement — et se terminera par une variation sur Amazing Grace que la chanteuse fera reprendre à l’auditoire : ça commence à chauffer dans la salle. Il faut dire qu’en ce deuxième été indien de la saison il fait presque 20° à Strasbourg, et que dehors on vide des chopes en terrasse ! La jolie ballade Two Sleepy People, c’est le trompettiste qui l’entonnera avant de se lancer dans un solo inspiré, soutenu par un groupe pleinement investi. Bref, Moran replonge ici dans les racines d’une Amérique noire où jazz et entertainment faisaient bon ménage et il n’a guère de mal à nous convaincre que ce mélange est parfaitement d’actualité, loin des “hommages à” compassés ou opportunistes qu’on entend ici ou là. D’ailleurs quand il annoncera son intention de rendre hommage à Ornette Coleman en lançant un Lonely Woman rythmé par des boucles vocales, il déclenchera une avalanche de jeunes gens qui prendront d’assaut la scène pour danser sur ces beats dans lesquels ils se reconnaissent, périodiquement rejoints par les membres du groupe — pianiste compris —, ce qui ne manque pas de réjouir les uns et les autres : un spectacle qu’on voit rarement lors d’un festival de jazz, à Strasbourg ou ailleurs. Un confrère de Jason Moran, le Cubain Omar Sosa, avait l’habitude naguère de provoquer le public français en lui lançant “They say the French can’t dance !”. Moran, dans un registre plus convivial, a réussi, par une douce soirée de novembre, à transformer la grande scène de la Cité de la Musique de Strasbourg en un dance floor festif et improvisé. Pouvait-on imaginer meilleure façon de célébrer les 30 ans de Jazzdor ? Thierry Quénum
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Jazzdor 30ième édition. Strasbourg, Cité de la Musique, 06 novembre.
Jason Moran « Fats Waller Dance Party » : Jason Moran (p, elp), Lisa E. Harris (voc), Leron Thomas (tp), Tarus Mateen (elb), Charles Haynes (dm).
On n’a guère vu cette nouvelle formation du pianiste texan en France. Cette soirée initiale célébre donc les 30 ans de Jazzdor par une quasi-première. Et ça débute par un solo absolu d’un batteur funky et surpuissant ( Roy Hargrove, Stanley Clarke, Lady Gaga… à son palmarès) bientôt rejoint par la basse électrique de Tarus Mateen. C’est donc la rythmique qui s’impose d’emblée au centre de l’acte musical.
Quand Jason Moran, la chanteuse et le trompettiste viennent compléter le groupe, se dessinent rapidement les contours d’un Honesuckle Rose revisité soul. Moran — tunique africaine bariolée et casquette à l’unisson — alterne le piano et le Fender Rhodes tandis que le souffleur et la chanteuse se déhanchent sous les coups de boutoir de la caisse-claire relayée par la basse électrique. Au cas où l’invitation à la danse ne serait pas assez patente, Moran harangue le public et lui propose d’investir la scène quand il veut. Puis le pianiste revêt un masque à l’effigie de la tête réjouie de Fats Waller, clope au bec, et lance un thème fort peu wallerien : Jin-Go-Lo-Ba, du percussionniste nigérian Babatunde Olatunji, rendu célèbre par Carlos Santana. Seuls quelques adolescents répondront à l’invitation et investiront un coin de la scène tandis que les musiciens font tourner un groove intense propre à déchaîner les pulsions dansantes. Mais le public est encore timide en ce début de soirée. Ain’t Misbehavin’ suit — dans une veine plus laid back mais toujours propice au déhanchement — et se terminera par une variation sur Amazing Grace que la chanteuse fera reprendre à l’auditoire : ça commence à chauffer dans la salle. Il faut dire qu’en ce deuxième été indien de la saison il fait presque 20° à Strasbourg, et que dehors on vide des chopes en terrasse ! La jolie ballade Two Sleepy People, c’est le trompettiste qui l’entonnera avant de se lancer dans un solo inspiré, soutenu par un groupe pleinement investi. Bref, Moran replonge ici dans les racines d’une Amérique noire où jazz et entertainment faisaient bon ménage et il n’a guère de mal à nous convaincre que ce mélange est parfaitement d’actualité, loin des “hommages à” compassés ou opportunistes qu’on entend ici ou là. D’ailleurs quand il annoncera son intention de rendre hommage à Ornette Coleman en lançant un Lonely Woman rythmé par des boucles vocales, il déclenchera une avalanche de jeunes gens qui prendront d’assaut la scène pour danser sur ces beats dans lesquels ils se reconnaissent, périodiquement rejoints par les membres du groupe — pianiste compris —, ce qui ne manque pas de réjouir les uns et les autres : un spectacle qu’on voit rarement lors d’un festival de jazz, à Strasbourg ou ailleurs. Un confrère de Jason Moran, le Cubain Omar Sosa, avait l’habitude naguère de provoquer le public français en lui lançant “They say the French can’t dance !”. Moran, dans un registre plus convivial, a réussi, par une douce soirée de novembre, à transformer la grande scène de la Cité de la Musique de Strasbourg en un dance floor festif et improvisé. Pouvait-on imaginer meilleure façon de célébrer les 30 ans de Jazzdor ? Thierry Quénum