Jazzdor, Strasbourg, 30° édition, 3° soirée
Jazzdor 30ième. Strasbourg, Cité de la Musique. 08 novembre.
Michael Wollny solo, duo, trio : Michael Wollny (p), Eric Schaefer (dm), Christian Weber (dm) ; Emile Parisien/Joachim Kühn Quintet : Emile Parisien (ss), Joachim Kühn (p), Manu Codjia (g), Simon Tailleu (b), Mario Costa (dm).
Michael Wollny est, sinon un habitué de Jazzdor, du moins loin d’y être un inconnu. Il n’y avait en tout cas jamais présenté un programme enchaînant le solo, le duo et le trio : occasion de montrer différentes facettes d’une personnalité riche et complexe.
En solo, on tourne autour d’un romantisme en partie réel et en partie fantasmé car Wollny n’affiche aucune tendance passéiste, mais expose un univers plutôt sombre, d’une forte intériorité, traversé de fulgurances virtuoses et expressionnistes. Tantôt on croit entendre un standard aux harmonies luxuriantes, tantôt le pianiste zèbre la table d’harmonie du Steinway sans le moindre ménagement, tantôt c’est la mélodie qui prend le dessus. Wollny : terre de contrastes ! Puis c’est le duo avec son vieux complice Eric Schaefer, batteur mais aussi percussionniste et compositeur. On entre dans des territoires plus abstraits où le rythme domine, mais la mélodie est loin d’être absente tant est grande la finesse du toucher et le choix de timbres de Schaefer, à la batterie comme aux percussions. Ce duo, inédit sur disque à ma connaissance, mérite de se faire entendre davantage tant c’est dans ce type de contextes (fréquemment qualifiés d’expérimentaux) que se joue souvent la musique la plus vive. Avec l’entrée sur scène de Christian Weber se reconstitue le trio que Wollny avait formé initialement sous le nom de [em] avec la bassiste Eva Kruse, puis avec l’Américain Tim Lefevre. C’est sans doute la formation la plus connue du pianiste et il est toujours étonnant de voir comment, dans un contexte où les trios de ce type pullulent, Wollny réussit à affirmer sa différence, sans racolage, effets de mode ni roulements de mécaniques. Musicalité, interaction, feeling… on suit ce trio à la trace et on ne perd pas une goutte du nectar qu’il distille !
Le concert du groupe co-piloté par Joachim Kühn et Emile Parisien commence par un duo très ornettien des deux leaders, parfaitement en phase. Puis le reste du groupe les rejoint et l’on sent que, pour un troisième concert, (les deux précédents avaient lieu à Marciac l’été dernier) la formation n’a eu aucun mal à retrouver ses marques et sonne comme un groupe de vieux routiers. Joachim Kühn adore, ces derniers temps, jouer avec ses cadets et, de toute évidence, les quatre jeunes musiciens qui l’entourent le lui rendent bien, entre autres sur les compositions complexes dont il est un abondant fournisseur. La seconde, par exemple, introduite par le pianiste et marquée du sceau de Bach — que Kühn a « redécouvert » grâce à Ornette — prendra tour à tour une teinte orientale avec le soprano de Parisien puis des couleurs planantes avec la guitare de Codjia. Il semble évident que de jeunes musiciens ne peuvent que s’enrichir grandement au contact d’un aîné aussi ouvert et expérimenté que Joachim Kühn. Quant au pianiste, son jeu reste d’une jeunesse apparemment éternelle. La paire rythmique Tailleu/Costa, de son côté, est constamment en éveil et toujours stimulante, fournissant aux trois soliste un gros son raffiné qui leur permet de se lancer dans les solos les plus aventureux. Bref, ce quintet pan-européen et pluri-générationnel est un régal, et on lui souhaite longue vie. Thierry Quénum
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Jazzdor 30ième. Strasbourg, Cité de la Musique. 08 novembre.
Michael Wollny solo, duo, trio : Michael Wollny (p), Eric Schaefer (dm), Christian Weber (dm) ; Emile Parisien/Joachim Kühn Quintet : Emile Parisien (ss), Joachim Kühn (p), Manu Codjia (g), Simon Tailleu (b), Mario Costa (dm).
Michael Wollny est, sinon un habitué de Jazzdor, du moins loin d’y être un inconnu. Il n’y avait en tout cas jamais présenté un programme enchaînant le solo, le duo et le trio : occasion de montrer différentes facettes d’une personnalité riche et complexe.
En solo, on tourne autour d’un romantisme en partie réel et en partie fantasmé car Wollny n’affiche aucune tendance passéiste, mais expose un univers plutôt sombre, d’une forte intériorité, traversé de fulgurances virtuoses et expressionnistes. Tantôt on croit entendre un standard aux harmonies luxuriantes, tantôt le pianiste zèbre la table d’harmonie du Steinway sans le moindre ménagement, tantôt c’est la mélodie qui prend le dessus. Wollny : terre de contrastes ! Puis c’est le duo avec son vieux complice Eric Schaefer, batteur mais aussi percussionniste et compositeur. On entre dans des territoires plus abstraits où le rythme domine, mais la mélodie est loin d’être absente tant est grande la finesse du toucher et le choix de timbres de Schaefer, à la batterie comme aux percussions. Ce duo, inédit sur disque à ma connaissance, mérite de se faire entendre davantage tant c’est dans ce type de contextes (fréquemment qualifiés d’expérimentaux) que se joue souvent la musique la plus vive. Avec l’entrée sur scène de Christian Weber se reconstitue le trio que Wollny avait formé initialement sous le nom de [em] avec la bassiste Eva Kruse, puis avec l’Américain Tim Lefevre. C’est sans doute la formation la plus connue du pianiste et il est toujours étonnant de voir comment, dans un contexte où les trios de ce type pullulent, Wollny réussit à affirmer sa différence, sans racolage, effets de mode ni roulements de mécaniques. Musicalité, interaction, feeling… on suit ce trio à la trace et on ne perd pas une goutte du nectar qu’il distille !
Le concert du groupe co-piloté par Joachim Kühn et Emile Parisien commence par un duo très ornettien des deux leaders, parfaitement en phase. Puis le reste du groupe les rejoint et l’on sent que, pour un troisième concert, (les deux précédents avaient lieu à Marciac l’été dernier) la formation n’a eu aucun mal à retrouver ses marques et sonne comme un groupe de vieux routiers. Joachim Kühn adore, ces derniers temps, jouer avec ses cadets et, de toute évidence, les quatre jeunes musiciens qui l’entourent le lui rendent bien, entre autres sur les compositions complexes dont il est un abondant fournisseur. La seconde, par exemple, introduite par le pianiste et marquée du sceau de Bach — que Kühn a « redécouvert » grâce à Ornette — prendra tour à tour une teinte orientale avec le soprano de Parisien puis des couleurs planantes avec la guitare de Codjia. Il semble évident que de jeunes musiciens ne peuvent que s’enrichir grandement au contact d’un aîné aussi ouvert et expérimenté que Joachim Kühn. Quant au pianiste, son jeu reste d’une jeunesse apparemment éternelle. La paire rythmique Tailleu/Costa, de son côté, est constamment en éveil et toujours stimulante, fournissant aux trois soliste un gros son raffiné qui leur permet de se lancer dans les solos les plus aventureux. Bref, ce quintet pan-européen et pluri-générationnel est un régal, et on lui souhaite longue vie. Thierry Quénum
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Jazzdor 30ième. Strasbourg, Cité de la Musique. 08 novembre.
Michael Wollny solo, duo, trio : Michael Wollny (p), Eric Schaefer (dm), Christian Weber (dm) ; Emile Parisien/Joachim Kühn Quintet : Emile Parisien (ss), Joachim Kühn (p), Manu Codjia (g), Simon Tailleu (b), Mario Costa (dm).
Michael Wollny est, sinon un habitué de Jazzdor, du moins loin d’y être un inconnu. Il n’y avait en tout cas jamais présenté un programme enchaînant le solo, le duo et le trio : occasion de montrer différentes facettes d’une personnalité riche et complexe.
En solo, on tourne autour d’un romantisme en partie réel et en partie fantasmé car Wollny n’affiche aucune tendance passéiste, mais expose un univers plutôt sombre, d’une forte intériorité, traversé de fulgurances virtuoses et expressionnistes. Tantôt on croit entendre un standard aux harmonies luxuriantes, tantôt le pianiste zèbre la table d’harmonie du Steinway sans le moindre ménagement, tantôt c’est la mélodie qui prend le dessus. Wollny : terre de contrastes ! Puis c’est le duo avec son vieux complice Eric Schaefer, batteur mais aussi percussionniste et compositeur. On entre dans des territoires plus abstraits où le rythme domine, mais la mélodie est loin d’être absente tant est grande la finesse du toucher et le choix de timbres de Schaefer, à la batterie comme aux percussions. Ce duo, inédit sur disque à ma connaissance, mérite de se faire entendre davantage tant c’est dans ce type de contextes (fréquemment qualifiés d’expérimentaux) que se joue souvent la musique la plus vive. Avec l’entrée sur scène de Christian Weber se reconstitue le trio que Wollny avait formé initialement sous le nom de [em] avec la bassiste Eva Kruse, puis avec l’Américain Tim Lefevre. C’est sans doute la formation la plus connue du pianiste et il est toujours étonnant de voir comment, dans un contexte où les trios de ce type pullulent, Wollny réussit à affirmer sa différence, sans racolage, effets de mode ni roulements de mécaniques. Musicalité, interaction, feeling… on suit ce trio à la trace et on ne perd pas une goutte du nectar qu’il distille !
Le concert du groupe co-piloté par Joachim Kühn et Emile Parisien commence par un duo très ornettien des deux leaders, parfaitement en phase. Puis le reste du groupe les rejoint et l’on sent que, pour un troisième concert, (les deux précédents avaient lieu à Marciac l’été dernier) la formation n’a eu aucun mal à retrouver ses marques et sonne comme un groupe de vieux routiers. Joachim Kühn adore, ces derniers temps, jouer avec ses cadets et, de toute évidence, les quatre jeunes musiciens qui l’entourent le lui rendent bien, entre autres sur les compositions complexes dont il est un abondant fournisseur. La seconde, par exemple, introduite par le pianiste et marquée du sceau de Bach — que Kühn a « redécouvert » grâce à Ornette — prendra tour à tour une teinte orientale avec le soprano de Parisien puis des couleurs planantes avec la guitare de Codjia. Il semble évident que de jeunes musiciens ne peuvent que s’enrichir grandement au contact d’un aîné aussi ouvert et expérimenté que Joachim Kühn. Quant au pianiste, son jeu reste d’une jeunesse apparemment éternelle. La paire rythmique Tailleu/Costa, de son côté, est constamment en éveil et toujours stimulante, fournissant aux trois soliste un gros son raffiné qui leur permet de se lancer dans les solos les plus aventureux. Bref, ce quintet pan-européen et pluri-générationnel est un régal, et on lui souhaite longue vie. Thierry Quénum
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Jazzdor 30ième. Strasbourg, Cité de la Musique. 08 novembre.
Michael Wollny solo, duo, trio : Michael Wollny (p), Eric Schaefer (dm), Christian Weber (dm) ; Emile Parisien/Joachim Kühn Quintet : Emile Parisien (ss), Joachim Kühn (p), Manu Codjia (g), Simon Tailleu (b), Mario Costa (dm).
Michael Wollny est, sinon un habitué de Jazzdor, du moins loin d’y être un inconnu. Il n’y avait en tout cas jamais présenté un programme enchaînant le solo, le duo et le trio : occasion de montrer différentes facettes d’une personnalité riche et complexe.
En solo, on tourne autour d’un romantisme en partie réel et en partie fantasmé car Wollny n’affiche aucune tendance passéiste, mais expose un univers plutôt sombre, d’une forte intériorité, traversé de fulgurances virtuoses et expressionnistes. Tantôt on croit entendre un standard aux harmonies luxuriantes, tantôt le pianiste zèbre la table d’harmonie du Steinway sans le moindre ménagement, tantôt c’est la mélodie qui prend le dessus. Wollny : terre de contrastes ! Puis c’est le duo avec son vieux complice Eric Schaefer, batteur mais aussi percussionniste et compositeur. On entre dans des territoires plus abstraits où le rythme domine, mais la mélodie est loin d’être absente tant est grande la finesse du toucher et le choix de timbres de Schaefer, à la batterie comme aux percussions. Ce duo, inédit sur disque à ma connaissance, mérite de se faire entendre davantage tant c’est dans ce type de contextes (fréquemment qualifiés d’expérimentaux) que se joue souvent la musique la plus vive. Avec l’entrée sur scène de Christian Weber se reconstitue le trio que Wollny avait formé initialement sous le nom de [em] avec la bassiste Eva Kruse, puis avec l’Américain Tim Lefevre. C’est sans doute la formation la plus connue du pianiste et il est toujours étonnant de voir comment, dans un contexte où les trios de ce type pullulent, Wollny réussit à affirmer sa différence, sans racolage, effets de mode ni roulements de mécaniques. Musicalité, interaction, feeling… on suit ce trio à la trace et on ne perd pas une goutte du nectar qu’il distille !
Le concert du groupe co-piloté par Joachim Kühn et Emile Parisien commence par un duo très ornettien des deux leaders, parfaitement en phase. Puis le reste du groupe les rejoint et l’on sent que, pour un troisième concert, (les deux précédents avaient lieu à Marciac l’été dernier) la formation n’a eu aucun mal à retrouver ses marques et sonne comme un groupe de vieux routiers. Joachim Kühn adore, ces derniers temps, jouer avec ses cadets et, de toute évidence, les quatre jeunes musiciens qui l’entourent le lui rendent bien, entre autres sur les compositions complexes dont il est un abondant fournisseur. La seconde, par exemple, introduite par le pianiste et marquée du sceau de Bach — que Kühn a « redécouvert » grâce à Ornette — prendra tour à tour une teinte orientale avec le soprano de Parisien puis des couleurs planantes avec la guitare de Codjia. Il semble évident que de jeunes musiciens ne peuvent que s’enrichir grandement au contact d’un aîné aussi ouvert et expérimenté que Joachim Kühn. Quant au pianiste, son jeu reste d’une jeunesse apparemment éternelle. La paire rythmique Tailleu/Costa, de son côté, est constamment en éveil et toujours stimulante, fournissant aux trois soliste un gros son raffiné qui leur permet de se lancer dans les solos les plus aventureux. Bref, ce quintet pan-européen et pluri-générationnel est un régal, et on lui souhaite longue vie. Thierry Quénum