John Taylor tire sa révérence
Le pianiste anglais a perdu connaissance, ce vendredi, sur la scène du Saveurs Jazz Festival de Segré. Il est décédé le lendemain, 18 juillet.
Il est rare qu’un jazzman meurt sur scène, en pleine activité. C’est un sort que, musicien ou non, chacun pourrait envier en cette époque d’acharnement thérapeutique où les naufrages de l’âge sont désormais cruellement identifiés sous les noms d’alzheimer, glaucome, dégénérescence maculaire, insuffisance rénale, sans oublier le grand cortège des cancers. Mais il paraît également injuste de voir un musicien frappé alors même qu’il est en pleine possession de ses moyens.
Hier soir, en scène au Saveurs Jazz Festival de Segré, John Taylor l’était encore lorsqu’il a été frappé parmi les musiciens du quintette de Stéphane Kerecki, dans ce beau programme “Nouvelle Vague” qui rencontre depuis sa création un succès grandissant. Sylvain Siclier raconte sur lemonde.fr qu’au cours du duo qui le réunit dans ce répertoire au contrebassiste-leader sur la musique de Paul Misraki, pour le film Alphaville de Jean-Luc Godard, le pianiste a perdu connaissance et Jean-Jacques Rebours précise sur ouest-france.fr qu’il « s’est doucement affaissé sur son piano, laissant un moment penser que cette figure faisait partie du spectacle. » Il est rapidement évacué vers l’hôpital où, il vient de s’éteindre, ce samedi 18 juillet comme me l’apprend à l’instant par téléphone Martine Palmé qui l’accompagna souvent sur les routes de France comme agent de John Surman, ramenant toujours de leurs tournées des souvenirs délicieusement “british”. Je ressors de mes tiroirs les disques de leurs débuts communs : l’occasionnel big band Conflagration où John Taylor partageait les parties de piano avec Chick Corea (1969), l’ouverture de piano de la grande suite pour grand orchestre Tales of the Algonquin de John Warren (1971), les expériences électriques de “Way Back When” (1969) et “Morning Glory” (1973), contemporaines de celles de Soft Machine et Nucleus, où se noue la complicité durable avec John Marshall et Chris Laurence (“Stranger Than Fiction”, 1993), le quartette de Miroslav Vitous où John Taylor, toujours au côté de Surman, succède à Kenny Kirkland (“Journey’s End”, 1982), enfin le duo Surman-Taylor (“Ambleside Days”, 1992, et avec Taylor aux grandes orgues “Proverbs and Songs”, 1996).
Mais comment parler de John Tayor sans évoquer un autre compagnonnage, avec le trompettiste Kenny Wheeler, tout aussi ancien, également inauguré sur disque en 1969 sous la direction d’Alan Skidmore (“Once Upon a Time“). C’est ensemble qu’ils font leur entrée au catalogue ECM avec le légendaire Trio Azimuth au sein duquel ils entourent la chanteuse Norma Winstone (“Azimuth”, 1977). Les deux hommes ne se lâcheront plus d’une semelle. Si je ne compte que les disques signés par eux-mêmes et ceux sous le nom d’Azimuth, j’en trouve une bonne vingtaine, dont le duo “Where Do We Go Frome Here ?” de 2004 qui couronne trois décennies de communauté d’esprit. Et il existe peu de disques (en solo, en trio avec Palle Danielsson et Martin France, ou Marc Johnson et Joey Baron) où l’on ne trouve pas quelque pages de musique composée de la main de Kenny Wheeler. Enfin sur les quatre disques enregistrés par Peter Erskine en compagnie de John Taylor et Palle Danielsson (parmi les disques les plus sensibles du batteur), le trompettiste pose sa signature de compositeur sur trois d’entre eux. John Taylor n’en était pas moins, lui aussi, un compositeur éclairé (que l’on écoute les différentes versions de The Woodcocks ou Windfall) qui n’avait d’égale en précision de l’intention que l’intensité de son jeu de piano, une précision et une intensité qui pouvait dérouter par l’étroitesse de la cible qu’il invitait ses partenaires à viser et son public à embrasser. Il ne s’en était pas moins laissé inviter à dialoguer avec Stéphane Kerecki puis à se joindre à l’aventure “Nouvelle Vague” ce soir frappée de plein fouet par la disparition de ce personnage dont la fermeté de caractère à la scène et en studio contrastait avec sa bonhommie de gentleman farmer une fois qu’il avait quitté le piano. Franck Bergerot
|
Le pianiste anglais a perdu connaissance, ce vendredi, sur la scène du Saveurs Jazz Festival de Segré. Il est décédé le lendemain, 18 juillet.
Il est rare qu’un jazzman meurt sur scène, en pleine activité. C’est un sort que, musicien ou non, chacun pourrait envier en cette époque d’acharnement thérapeutique où les naufrages de l’âge sont désormais cruellement identifiés sous les noms d’alzheimer, glaucome, dégénérescence maculaire, insuffisance rénale, sans oublier le grand cortège des cancers. Mais il paraît également injuste de voir un musicien frappé alors même qu’il est en pleine possession de ses moyens.
Hier soir, en scène au Saveurs Jazz Festival de Segré, John Taylor l’était encore lorsqu’il a été frappé parmi les musiciens du quintette de Stéphane Kerecki, dans ce beau programme “Nouvelle Vague” qui rencontre depuis sa création un succès grandissant. Sylvain Siclier raconte sur lemonde.fr qu’au cours du duo qui le réunit dans ce répertoire au contrebassiste-leader sur la musique de Paul Misraki, pour le film Alphaville de Jean-Luc Godard, le pianiste a perdu connaissance et Jean-Jacques Rebours précise sur ouest-france.fr qu’il « s’est doucement affaissé sur son piano, laissant un moment penser que cette figure faisait partie du spectacle. » Il est rapidement évacué vers l’hôpital où, il vient de s’éteindre, ce samedi 18 juillet comme me l’apprend à l’instant par téléphone Martine Palmé qui l’accompagna souvent sur les routes de France comme agent de John Surman, ramenant toujours de leurs tournées des souvenirs délicieusement “british”. Je ressors de mes tiroirs les disques de leurs débuts communs : l’occasionnel big band Conflagration où John Taylor partageait les parties de piano avec Chick Corea (1969), l’ouverture de piano de la grande suite pour grand orchestre Tales of the Algonquin de John Warren (1971), les expériences électriques de “Way Back When” (1969) et “Morning Glory” (1973), contemporaines de celles de Soft Machine et Nucleus, où se noue la complicité durable avec John Marshall et Chris Laurence (“Stranger Than Fiction”, 1993), le quartette de Miroslav Vitous où John Taylor, toujours au côté de Surman, succède à Kenny Kirkland (“Journey’s End”, 1982), enfin le duo Surman-Taylor (“Ambleside Days”, 1992, et avec Taylor aux grandes orgues “Proverbs and Songs”, 1996).
Mais comment parler de John Tayor sans évoquer un autre compagnonnage, avec le trompettiste Kenny Wheeler, tout aussi ancien, également inauguré sur disque en 1969 sous la direction d’Alan Skidmore (“Once Upon a Time“). C’est ensemble qu’ils font leur entrée au catalogue ECM avec le légendaire Trio Azimuth au sein duquel ils entourent la chanteuse Norma Winstone (“Azimuth”, 1977). Les deux hommes ne se lâcheront plus d’une semelle. Si je ne compte que les disques signés par eux-mêmes et ceux sous le nom d’Azimuth, j’en trouve une bonne vingtaine, dont le duo “Where Do We Go Frome Here ?” de 2004 qui couronne trois décennies de communauté d’esprit. Et il existe peu de disques (en solo, en trio avec Palle Danielsson et Martin France, ou Marc Johnson et Joey Baron) où l’on ne trouve pas quelque pages de musique composée de la main de Kenny Wheeler. Enfin sur les quatre disques enregistrés par Peter Erskine en compagnie de John Taylor et Palle Danielsson (parmi les disques les plus sensibles du batteur), le trompettiste pose sa signature de compositeur sur trois d’entre eux. John Taylor n’en était pas moins, lui aussi, un compositeur éclairé (que l’on écoute les différentes versions de The Woodcocks ou Windfall) qui n’avait d’égale en précision de l’intention que l’intensité de son jeu de piano, une précision et une intensité qui pouvait dérouter par l’étroitesse de la cible qu’il invitait ses partenaires à viser et son public à embrasser. Il ne s’en était pas moins laissé inviter à dialoguer avec Stéphane Kerecki puis à se joindre à l’aventure “Nouvelle Vague” ce soir frappée de plein fouet par la disparition de ce personnage dont la fermeté de caractère à la scène et en studio contrastait avec sa bonhommie de gentleman farmer une fois qu’il avait quitté le piano. Franck Bergerot
|
Le pianiste anglais a perdu connaissance, ce vendredi, sur la scène du Saveurs Jazz Festival de Segré. Il est décédé le lendemain, 18 juillet.
Il est rare qu’un jazzman meurt sur scène, en pleine activité. C’est un sort que, musicien ou non, chacun pourrait envier en cette époque d’acharnement thérapeutique où les naufrages de l’âge sont désormais cruellement identifiés sous les noms d’alzheimer, glaucome, dégénérescence maculaire, insuffisance rénale, sans oublier le grand cortège des cancers. Mais il paraît également injuste de voir un musicien frappé alors même qu’il est en pleine possession de ses moyens.
Hier soir, en scène au Saveurs Jazz Festival de Segré, John Taylor l’était encore lorsqu’il a été frappé parmi les musiciens du quintette de Stéphane Kerecki, dans ce beau programme “Nouvelle Vague” qui rencontre depuis sa création un succès grandissant. Sylvain Siclier raconte sur lemonde.fr qu’au cours du duo qui le réunit dans ce répertoire au contrebassiste-leader sur la musique de Paul Misraki, pour le film Alphaville de Jean-Luc Godard, le pianiste a perdu connaissance et Jean-Jacques Rebours précise sur ouest-france.fr qu’il « s’est doucement affaissé sur son piano, laissant un moment penser que cette figure faisait partie du spectacle. » Il est rapidement évacué vers l’hôpital où, il vient de s’éteindre, ce samedi 18 juillet comme me l’apprend à l’instant par téléphone Martine Palmé qui l’accompagna souvent sur les routes de France comme agent de John Surman, ramenant toujours de leurs tournées des souvenirs délicieusement “british”. Je ressors de mes tiroirs les disques de leurs débuts communs : l’occasionnel big band Conflagration où John Taylor partageait les parties de piano avec Chick Corea (1969), l’ouverture de piano de la grande suite pour grand orchestre Tales of the Algonquin de John Warren (1971), les expériences électriques de “Way Back When” (1969) et “Morning Glory” (1973), contemporaines de celles de Soft Machine et Nucleus, où se noue la complicité durable avec John Marshall et Chris Laurence (“Stranger Than Fiction”, 1993), le quartette de Miroslav Vitous où John Taylor, toujours au côté de Surman, succède à Kenny Kirkland (“Journey’s End”, 1982), enfin le duo Surman-Taylor (“Ambleside Days”, 1992, et avec Taylor aux grandes orgues “Proverbs and Songs”, 1996).
Mais comment parler de John Tayor sans évoquer un autre compagnonnage, avec le trompettiste Kenny Wheeler, tout aussi ancien, également inauguré sur disque en 1969 sous la direction d’Alan Skidmore (“Once Upon a Time“). C’est ensemble qu’ils font leur entrée au catalogue ECM avec le légendaire Trio Azimuth au sein duquel ils entourent la chanteuse Norma Winstone (“Azimuth”, 1977). Les deux hommes ne se lâcheront plus d’une semelle. Si je ne compte que les disques signés par eux-mêmes et ceux sous le nom d’Azimuth, j’en trouve une bonne vingtaine, dont le duo “Where Do We Go Frome Here ?” de 2004 qui couronne trois décennies de communauté d’esprit. Et il existe peu de disques (en solo, en trio avec Palle Danielsson et Martin France, ou Marc Johnson et Joey Baron) où l’on ne trouve pas quelque pages de musique composée de la main de Kenny Wheeler. Enfin sur les quatre disques enregistrés par Peter Erskine en compagnie de John Taylor et Palle Danielsson (parmi les disques les plus sensibles du batteur), le trompettiste pose sa signature de compositeur sur trois d’entre eux. John Taylor n’en était pas moins, lui aussi, un compositeur éclairé (que l’on écoute les différentes versions de The Woodcocks ou Windfall) qui n’avait d’égale en précision de l’intention que l’intensité de son jeu de piano, une précision et une intensité qui pouvait dérouter par l’étroitesse de la cible qu’il invitait ses partenaires à viser et son public à embrasser. Il ne s’en était pas moins laissé inviter à dialoguer avec Stéphane Kerecki puis à se joindre à l’aventure “Nouvelle Vague” ce soir frappée de plein fouet par la disparition de ce personnage dont la fermeté de caractère à la scène et en studio contrastait avec sa bonhommie de gentleman farmer une fois qu’il avait quitté le piano. Franck Bergerot
|
Le pianiste anglais a perdu connaissance, ce vendredi, sur la scène du Saveurs Jazz Festival de Segré. Il est décédé le lendemain, 18 juillet.
Il est rare qu’un jazzman meurt sur scène, en pleine activité. C’est un sort que, musicien ou non, chacun pourrait envier en cette époque d’acharnement thérapeutique où les naufrages de l’âge sont désormais cruellement identifiés sous les noms d’alzheimer, glaucome, dégénérescence maculaire, insuffisance rénale, sans oublier le grand cortège des cancers. Mais il paraît également injuste de voir un musicien frappé alors même qu’il est en pleine possession de ses moyens.
Hier soir, en scène au Saveurs Jazz Festival de Segré, John Taylor l’était encore lorsqu’il a été frappé parmi les musiciens du quintette de Stéphane Kerecki, dans ce beau programme “Nouvelle Vague” qui rencontre depuis sa création un succès grandissant. Sylvain Siclier raconte sur lemonde.fr qu’au cours du duo qui le réunit dans ce répertoire au contrebassiste-leader sur la musique de Paul Misraki, pour le film Alphaville de Jean-Luc Godard, le pianiste a perdu connaissance et Jean-Jacques Rebours précise sur ouest-france.fr qu’il « s’est doucement affaissé sur son piano, laissant un moment penser que cette figure faisait partie du spectacle. » Il est rapidement évacué vers l’hôpital où, il vient de s’éteindre, ce samedi 18 juillet comme me l’apprend à l’instant par téléphone Martine Palmé qui l’accompagna souvent sur les routes de France comme agent de John Surman, ramenant toujours de leurs tournées des souvenirs délicieusement “british”. Je ressors de mes tiroirs les disques de leurs débuts communs : l’occasionnel big band Conflagration où John Taylor partageait les parties de piano avec Chick Corea (1969), l’ouverture de piano de la grande suite pour grand orchestre Tales of the Algonquin de John Warren (1971), les expériences électriques de “Way Back When” (1969) et “Morning Glory” (1973), contemporaines de celles de Soft Machine et Nucleus, où se noue la complicité durable avec John Marshall et Chris Laurence (“Stranger Than Fiction”, 1993), le quartette de Miroslav Vitous où John Taylor, toujours au côté de Surman, succède à Kenny Kirkland (“Journey’s End”, 1982), enfin le duo Surman-Taylor (“Ambleside Days”, 1992, et avec Taylor aux grandes orgues “Proverbs and Songs”, 1996).
Mais comment parler de John Tayor sans évoquer un autre compagnonnage, avec le trompettiste Kenny Wheeler, tout aussi ancien, également inauguré sur disque en 1969 sous la direction d’Alan Skidmore (“Once Upon a Time“). C’est ensemble qu’ils font leur entrée au catalogue ECM avec le légendaire Trio Azimuth au sein duquel ils entourent la chanteuse Norma Winstone (“Azimuth”, 1977). Les deux hommes ne se lâcheront plus d’une semelle. Si je ne compte que les disques signés par eux-mêmes et ceux sous le nom d’Azimuth, j’en trouve une bonne vingtaine, dont le duo “Where Do We Go Frome Here ?” de 2004 qui couronne trois décennies de communauté d’esprit. Et il existe peu de disques (en solo, en trio avec Palle Danielsson et Martin France, ou Marc Johnson et Joey Baron) où l’on ne trouve pas quelque pages de musique composée de la main de Kenny Wheeler. Enfin sur les quatre disques enregistrés par Peter Erskine en compagnie de John Taylor et Palle Danielsson (parmi les disques les plus sensibles du batteur), le trompettiste pose sa signature de compositeur sur trois d’entre eux. John Taylor n’en était pas moins, lui aussi, un compositeur éclairé (que l’on écoute les différentes versions de The Woodcocks ou Windfall) qui n’avait d’égale en précision de l’intention que l’intensité de son jeu de piano, une précision et une intensité qui pouvait dérouter par l’étroitesse de la cible qu’il invitait ses partenaires à viser et son public à embrasser. Il ne s’en était pas moins laissé inviter à dialoguer avec Stéphane Kerecki puis à se joindre à l’aventure “Nouvelle Vague” ce soir frappée de plein fouet par la disparition de ce personnage dont la fermeté de caractère à la scène et en studio contrastait avec sa bonhommie de gentleman farmer une fois qu’il avait quitté le piano. Franck Bergerot