Julien Alour, du mordant dans la trompette
Lundi dernier, le quintet du trompettiste et bugliste Julien Alour jouait une musique puissante, véloce, vigoureuse.
Julien Alour (tp, bu), François Théberge (ts), Sylvain Romano (b), Jean-Pierre Arnaud (dm), le Duc des Lombards, 29 août 2016
Les compositions, de la plume de Julien Alour, sont fortement marquées d’esprit hard bop. Toutes ne sont pas mémorables mais il y a des de belles réussites: notamment le très vif et dansant Bal des Panthères, le tendre Song for Julia, l’ambitieux Big Bang, qui met si bien en valeur la contrebasse de Sylvain Romano, et le très beau Cosmic Dance (qui est aussi le nom de son dernier album qui vient de paraître chez Gaya Music). Toutes ces compositions sont défendues avec fougue par les musiciens. Avec une joie de jouer manifeste, et beaucoup de générosité, aucun musicien n’économise son énergie. A commencer par le leader. Le jeu de trompette de Julien Alour n’est guère porté sur l’évanescence. Voila de la trompette mordante, incarnée, pétaradante, avec ces épatants passages staccato où la trompette est embouchée comme un cheval pour un rodéo:vitesse,vertige,prise de risque, et pas de chute à déplorer…Son jeu de bugle est très particulier,il s’y montre aussi véloce et puissant qu’à la trompette, dans le sillage d’un Freddie Hubbard, même s’il sait aussi s’exprimer dans un registre plus velouté, comme dans Song for Julia. Sa complicité avec François Théberge est manifeste.
Ce dernier,professeur au Conservatoire (il en est même un pilier, arrivé en 1995 pour se joindre à l’équipe initiale, avec Daniel Humair et JF Jennny-Clark) est notamment connu pour ses disques autour de la musique de Lee Konitz. Il sert impeccablement la musique du trompettiste, en prenant toujours en compte la dimension globale de la musique.Ses chorus tempétueux sont particulièrement remarquables dans le grave, avec aussi de très beaux contrechants.
Mais la découverte de cette soirée, pour moi, restera celle du pianiste Adrien Chicot. Son jeu est si vif et nerveux qu’on a l’impression qu’il joue sur un clavier brûlant. La musique semble accélérer à chacune de ses interventions. Lui aussi est attentif à la globalité de la musique, on le voit jusque dans sa posture, cette manière de tenir la tête très droite, à l’affût de ce que joue chacun. Il glisse de merveilleuses interventions dans les interstices des chorus de Sylvain Romano. Il tente plein de choses,jamais les mêmes, fuit les clichés comme la peste. Jean-Pierre Arnaud verse de l’huile sur le feu.
La complicité du trio est aussi évidente que celle du duo Théberge-Alour. Grâce à ces complicités emboîtées, tout le monde tire dans le même sens et la musique décolle. Le quintet joue en rappel Williwaw, titre du premier disque de Julien Alour. C’est un vent froid, paraît il ,qui descend des montagnes. De l’air froid, vraiment? La musique jouée ce soir nous a plutôt fait l’effet d’un souffle d’air brûlant, genre simoun ou sirocco, ou encore Khamsin, ce « vent de sable brûlant qui souffle du désert d’Egypte vers le nord du Liban » me dit Wikipepia. Curieux comme ces noms de vent nous font voyager presque autant que la musique…
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët (Autres dessins et peintures visibles sur le site de l’artiste www.annie-claire.com)
Lundi dernier, le quintet du trompettiste et bugliste Julien Alour jouait une musique puissante, véloce, vigoureuse.
Julien Alour (tp, bu), François Théberge (ts), Sylvain Romano (b), Jean-Pierre Arnaud (dm), le Duc des Lombards, 29 août 2016
Les compositions, de la plume de Julien Alour, sont fortement marquées d’esprit hard bop. Toutes ne sont pas mémorables mais il y a des de belles réussites: notamment le très vif et dansant Bal des Panthères, le tendre Song for Julia, l’ambitieux Big Bang, qui met si bien en valeur la contrebasse de Sylvain Romano, et le très beau Cosmic Dance (qui est aussi le nom de son dernier album qui vient de paraître chez Gaya Music). Toutes ces compositions sont défendues avec fougue par les musiciens. Avec une joie de jouer manifeste, et beaucoup de générosité, aucun musicien n’économise son énergie. A commencer par le leader. Le jeu de trompette de Julien Alour n’est guère porté sur l’évanescence. Voila de la trompette mordante, incarnée, pétaradante, avec ces épatants passages staccato où la trompette est embouchée comme un cheval pour un rodéo:vitesse,vertige,prise de risque, et pas de chute à déplorer…Son jeu de bugle est très particulier,il s’y montre aussi véloce et puissant qu’à la trompette, dans le sillage d’un Freddie Hubbard, même s’il sait aussi s’exprimer dans un registre plus velouté, comme dans Song for Julia. Sa complicité avec François Théberge est manifeste.
Ce dernier,professeur au Conservatoire (il en est même un pilier, arrivé en 1995 pour se joindre à l’équipe initiale, avec Daniel Humair et JF Jennny-Clark) est notamment connu pour ses disques autour de la musique de Lee Konitz. Il sert impeccablement la musique du trompettiste, en prenant toujours en compte la dimension globale de la musique.Ses chorus tempétueux sont particulièrement remarquables dans le grave, avec aussi de très beaux contrechants.
Mais la découverte de cette soirée, pour moi, restera celle du pianiste Adrien Chicot. Son jeu est si vif et nerveux qu’on a l’impression qu’il joue sur un clavier brûlant. La musique semble accélérer à chacune de ses interventions. Lui aussi est attentif à la globalité de la musique, on le voit jusque dans sa posture, cette manière de tenir la tête très droite, à l’affût de ce que joue chacun. Il glisse de merveilleuses interventions dans les interstices des chorus de Sylvain Romano. Il tente plein de choses,jamais les mêmes, fuit les clichés comme la peste. Jean-Pierre Arnaud verse de l’huile sur le feu.
La complicité du trio est aussi évidente que celle du duo Théberge-Alour. Grâce à ces complicités emboîtées, tout le monde tire dans le même sens et la musique décolle. Le quintet joue en rappel Williwaw, titre du premier disque de Julien Alour. C’est un vent froid, paraît il ,qui descend des montagnes. De l’air froid, vraiment? La musique jouée ce soir nous a plutôt fait l’effet d’un souffle d’air brûlant, genre simoun ou sirocco, ou encore Khamsin, ce « vent de sable brûlant qui souffle du désert d’Egypte vers le nord du Liban » me dit Wikipepia. Curieux comme ces noms de vent nous font voyager presque autant que la musique…
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët (Autres dessins et peintures visibles sur le site de l’artiste www.annie-claire.com)
Lundi dernier, le quintet du trompettiste et bugliste Julien Alour jouait une musique puissante, véloce, vigoureuse.
Julien Alour (tp, bu), François Théberge (ts), Sylvain Romano (b), Jean-Pierre Arnaud (dm), le Duc des Lombards, 29 août 2016
Les compositions, de la plume de Julien Alour, sont fortement marquées d’esprit hard bop. Toutes ne sont pas mémorables mais il y a des de belles réussites: notamment le très vif et dansant Bal des Panthères, le tendre Song for Julia, l’ambitieux Big Bang, qui met si bien en valeur la contrebasse de Sylvain Romano, et le très beau Cosmic Dance (qui est aussi le nom de son dernier album qui vient de paraître chez Gaya Music). Toutes ces compositions sont défendues avec fougue par les musiciens. Avec une joie de jouer manifeste, et beaucoup de générosité, aucun musicien n’économise son énergie. A commencer par le leader. Le jeu de trompette de Julien Alour n’est guère porté sur l’évanescence. Voila de la trompette mordante, incarnée, pétaradante, avec ces épatants passages staccato où la trompette est embouchée comme un cheval pour un rodéo:vitesse,vertige,prise de risque, et pas de chute à déplorer…Son jeu de bugle est très particulier,il s’y montre aussi véloce et puissant qu’à la trompette, dans le sillage d’un Freddie Hubbard, même s’il sait aussi s’exprimer dans un registre plus velouté, comme dans Song for Julia. Sa complicité avec François Théberge est manifeste.
Ce dernier,professeur au Conservatoire (il en est même un pilier, arrivé en 1995 pour se joindre à l’équipe initiale, avec Daniel Humair et JF Jennny-Clark) est notamment connu pour ses disques autour de la musique de Lee Konitz. Il sert impeccablement la musique du trompettiste, en prenant toujours en compte la dimension globale de la musique.Ses chorus tempétueux sont particulièrement remarquables dans le grave, avec aussi de très beaux contrechants.
Mais la découverte de cette soirée, pour moi, restera celle du pianiste Adrien Chicot. Son jeu est si vif et nerveux qu’on a l’impression qu’il joue sur un clavier brûlant. La musique semble accélérer à chacune de ses interventions. Lui aussi est attentif à la globalité de la musique, on le voit jusque dans sa posture, cette manière de tenir la tête très droite, à l’affût de ce que joue chacun. Il glisse de merveilleuses interventions dans les interstices des chorus de Sylvain Romano. Il tente plein de choses,jamais les mêmes, fuit les clichés comme la peste. Jean-Pierre Arnaud verse de l’huile sur le feu.
La complicité du trio est aussi évidente que celle du duo Théberge-Alour. Grâce à ces complicités emboîtées, tout le monde tire dans le même sens et la musique décolle. Le quintet joue en rappel Williwaw, titre du premier disque de Julien Alour. C’est un vent froid, paraît il ,qui descend des montagnes. De l’air froid, vraiment? La musique jouée ce soir nous a plutôt fait l’effet d’un souffle d’air brûlant, genre simoun ou sirocco, ou encore Khamsin, ce « vent de sable brûlant qui souffle du désert d’Egypte vers le nord du Liban » me dit Wikipepia. Curieux comme ces noms de vent nous font voyager presque autant que la musique…
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët (Autres dessins et peintures visibles sur le site de l’artiste www.annie-claire.com)
Lundi dernier, le quintet du trompettiste et bugliste Julien Alour jouait une musique puissante, véloce, vigoureuse.
Julien Alour (tp, bu), François Théberge (ts), Sylvain Romano (b), Jean-Pierre Arnaud (dm), le Duc des Lombards, 29 août 2016
Les compositions, de la plume de Julien Alour, sont fortement marquées d’esprit hard bop. Toutes ne sont pas mémorables mais il y a des de belles réussites: notamment le très vif et dansant Bal des Panthères, le tendre Song for Julia, l’ambitieux Big Bang, qui met si bien en valeur la contrebasse de Sylvain Romano, et le très beau Cosmic Dance (qui est aussi le nom de son dernier album qui vient de paraître chez Gaya Music). Toutes ces compositions sont défendues avec fougue par les musiciens. Avec une joie de jouer manifeste, et beaucoup de générosité, aucun musicien n’économise son énergie. A commencer par le leader. Le jeu de trompette de Julien Alour n’est guère porté sur l’évanescence. Voila de la trompette mordante, incarnée, pétaradante, avec ces épatants passages staccato où la trompette est embouchée comme un cheval pour un rodéo:vitesse,vertige,prise de risque, et pas de chute à déplorer…Son jeu de bugle est très particulier,il s’y montre aussi véloce et puissant qu’à la trompette, dans le sillage d’un Freddie Hubbard, même s’il sait aussi s’exprimer dans un registre plus velouté, comme dans Song for Julia. Sa complicité avec François Théberge est manifeste.
Ce dernier,professeur au Conservatoire (il en est même un pilier, arrivé en 1995 pour se joindre à l’équipe initiale, avec Daniel Humair et JF Jennny-Clark) est notamment connu pour ses disques autour de la musique de Lee Konitz. Il sert impeccablement la musique du trompettiste, en prenant toujours en compte la dimension globale de la musique.Ses chorus tempétueux sont particulièrement remarquables dans le grave, avec aussi de très beaux contrechants.
Mais la découverte de cette soirée, pour moi, restera celle du pianiste Adrien Chicot. Son jeu est si vif et nerveux qu’on a l’impression qu’il joue sur un clavier brûlant. La musique semble accélérer à chacune de ses interventions. Lui aussi est attentif à la globalité de la musique, on le voit jusque dans sa posture, cette manière de tenir la tête très droite, à l’affût de ce que joue chacun. Il glisse de merveilleuses interventions dans les interstices des chorus de Sylvain Romano. Il tente plein de choses,jamais les mêmes, fuit les clichés comme la peste. Jean-Pierre Arnaud verse de l’huile sur le feu.
La complicité du trio est aussi évidente que celle du duo Théberge-Alour. Grâce à ces complicités emboîtées, tout le monde tire dans le même sens et la musique décolle. Le quintet joue en rappel Williwaw, titre du premier disque de Julien Alour. C’est un vent froid, paraît il ,qui descend des montagnes. De l’air froid, vraiment? La musique jouée ce soir nous a plutôt fait l’effet d’un souffle d’air brûlant, genre simoun ou sirocco, ou encore Khamsin, ce « vent de sable brûlant qui souffle du désert d’Egypte vers le nord du Liban » me dit Wikipepia. Curieux comme ces noms de vent nous font voyager presque autant que la musique…
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët (Autres dessins et peintures visibles sur le site de l’artiste www.annie-claire.com)