Julien Soro et Delphine Deau “on the other Side of the water”
Ce samedi 25 novembre au Triton, Julien Soro (Ping Machine, l’ONJ) rencontrait la pianiste Delphine Deau (Nefertiti Quartet) qui fut autrefois son élève.
Qu’aller entendre ce soir-là ? Un rapide regard sur les programmes du Paris Jazz Club : Julien Soro est au Triton pour l’un de ces projets qui naissent régulièrement au cours des résidences entre les murs de ce lieu de création qu’est le club des Lilas. La banlieue ! 20’ en métro à partir du Châtelet, 2’ à pied de la station Mairie des Lilas… cette précision pour les Parisiens qui ne franchissent jamais le Périph’ que par le TGV ou pour rejoindre un aéroport. Pour moi, provenant d’une autre banlieue, c’est un petit peu plus long… tant il est vrai que voulant faire le malin pour éviter un problème sur une ligne de RER, de détours en nouveaux incidents, je suis parvenu au Triton presque à la fin du concert. Touchons en quand même quelques mots.
Julien Soro, il a fait partie des solistes qui ont fait de Ping Machine, l’orchestre de Fred Maurin, l’une des plus passionnantes formations françaises des années 2010. Et on l’a entendu tout récemment donner la réplique à Steve Lehmann dans le passionnant programme “Ex Machina” de l’ONJ. Et il s’est multiplié au sein de petites formations du collectif Pégaz et l’Hélicon, en duo avec Raphaël Schwab, en trio avec Paul Jarret et Ariel Tessier (Sweet Dog), donnant la réplique à Lea Chiechelski en quartette (Big Fish). En janvier dernier, il présentait au Triton le disque “Players”, passé trop inaperçu, une partie très ludique et d’une réjouissante innocence avec Stéphan Caracci et Ariel Tessier.
Delphine Deau, on la connaît à travers son Nefertiti Quartet avec lequel elle a sillonné la France grâce au dispositif Jazz Migrations, se rendant jusqu’à Copenhague pour remporter le 1er prix de l’Euroradio Jazz Competition. L’été dernier, elle créait la surprise avec le grand prix du Tremplin Jazz d’Avignon en tandem avec un autre pianiste, Alex Nouveau, dans un programme électro où l’usage de la patafix sur les cordes de l’unique piano à leur disposition le disputait aux programmes, sonorités et rythmes produits sur le Sequential Take 5, le Moog, une boîte à rythmes Roland et un métallophone intratonal.
Ce 25 novembre, je débarquai à la fin d’une grooverie très ouverte, pour entendre un nocturne frissonnant, une douloureuse lamentation et un rappel sur Ida Lupino de Carla Bley. Faute d’avoir, pour ma part, eu beaucoup l’occasion d’appréhender l’univers de Delphine Deau, je la découvrais à travers celui de Soro que je fréquente depuis une quasi décennie : tendre, rêveur, rageur, folâtre, avec ici cette émotion bien palpable de se retrouver sur scène, d’égal à égal, avec celle qui fut un temps son élève, et qui se saisissant de ses propositions s’aventuraient vers lui sur cet “other side of the water”, le nom donné à leur nouveau duo. Franck Bergerot