Julien Soro et Raphaël Schwab jouent à l'élastique
Lors du premier concert de Raphaël Schwab et Julien Soro auquel j’avais assisté, il y a trois ans, j’avais été frappé par la très grande liberté de ce duo. Mercredi soir, il m’a semblé qu’ils avaient réussi à creuser encore plus ce sillon.
Raphaël Schwab ( contrebasse et compositions), Julien Soro (sax alto), le Triton, 16 novembre 2016
On a l’impression d’un élastique reliant les deux musiciens, que chacun d’eux tente d’étirer jusqu’à son point de rupture. Parfois même ça casse. Mais les deux gaillards ont de la ressource, et des rustines plein les poches. La liberté, le caprice, la palpitation de l’instant règlent ainsi les échanges entre les deux musiciens. Ils s’autorisent accélérations, ralentissements, contradictions, silences, interjections. C’est une conversation sans considération sur le temps qu’il fait ni sur le temps qui passe. Tout peut arriver. Il n’y a pas de rails, pas de routes tracées, que des chemins glissants. L’imprévisibilité est d’autant plus grande que le jeu des deux musiciens est riche en contrastes.
Soro, notamment au début du concert, endosse (souvent avec délices, et pas forcément avec second degré) le rôle du chanteur de charme, avec une sonorité éthérée qu’il épice d’un filet de souffle. Mais il bascule aussitôt après dans le jeu véhément et extraverti qui est son registre le plus fréquent.
Quant à Raphaël Schwab, c’est étonnant de voir comment ce musicien raffiné peut parfois traiter sa contrebasse avec rudesse, comme s’il voulait arracher les cordes de son instrument. Mais à d’autres moments, il est capable de notes suggérées plus que jouées. En solo, il a parfois une manière très personnelle de transformer ses interventions en dialogue contradictoire, en faisant résonner en lui-même les appels et les réponses comme s’il était plusieurs personnes à la fois.
Schwab et Soro jouent essentiellement des compositions de Volons, leur dernier disque. Toutes sont de la plume du contrebassiste. Elles possèdent un air de famille, une sorte d’évidence ingénue et acidulée, qui fait parfois penser à Ornette Coleman. Elles sont souvent réduites à l’os, tout en possédant une qualité vocale caractéristique. Parmi ces squelettes chantants, on citera notamment Mambo, Jeroma, et la si bien nommée Petite valse joyeuse.
A la fin du concert, Schwab et Soro s’ébrouent sur quelques standards. J’aime beaucoup l’absence de révérence avec laquelle ils traitent Subconscious Lee et Au Privave. Cette composition de Charlie Parker est exposée d’abord à la contrebasse, puis au saxophone. Entre les deux il se passe plein de choses, avec des improvisations qui regorgent de portes dérobées et emmènent le thème ailleurs. Sur ce morceau, Raphaël Schwab tape sur sa contrebasse comme un enfant turbulent. Ça fait marrer Soro qui a du mal à emboucher son saxophone. L’humour, très présent dans leurs échanges, est sans doute un des secrets de cette musique fraîche, joyeuse, ludique, imprévisible.
Texte: JF Mondot
Dessins: Annie-Claire Alvoët (autres dessins à voir sur le site www.annie-claire.com, exposition en cours à Saint-Quentin au sein d’un collectif d’artistes avec des tableaux d’une nouvelle série sur les corps en mouvements et en tension des footballeurs)|
Lors du premier concert de Raphaël Schwab et Julien Soro auquel j’avais assisté, il y a trois ans, j’avais été frappé par la très grande liberté de ce duo. Mercredi soir, il m’a semblé qu’ils avaient réussi à creuser encore plus ce sillon.
Raphaël Schwab ( contrebasse et compositions), Julien Soro (sax alto), le Triton, 16 novembre 2016
On a l’impression d’un élastique reliant les deux musiciens, que chacun d’eux tente d’étirer jusqu’à son point de rupture. Parfois même ça casse. Mais les deux gaillards ont de la ressource, et des rustines plein les poches. La liberté, le caprice, la palpitation de l’instant règlent ainsi les échanges entre les deux musiciens. Ils s’autorisent accélérations, ralentissements, contradictions, silences, interjections. C’est une conversation sans considération sur le temps qu’il fait ni sur le temps qui passe. Tout peut arriver. Il n’y a pas de rails, pas de routes tracées, que des chemins glissants. L’imprévisibilité est d’autant plus grande que le jeu des deux musiciens est riche en contrastes.
Soro, notamment au début du concert, endosse (souvent avec délices, et pas forcément avec second degré) le rôle du chanteur de charme, avec une sonorité éthérée qu’il épice d’un filet de souffle. Mais il bascule aussitôt après dans le jeu véhément et extraverti qui est son registre le plus fréquent.
Quant à Raphaël Schwab, c’est étonnant de voir comment ce musicien raffiné peut parfois traiter sa contrebasse avec rudesse, comme s’il voulait arracher les cordes de son instrument. Mais à d’autres moments, il est capable de notes suggérées plus que jouées. En solo, il a parfois une manière très personnelle de transformer ses interventions en dialogue contradictoire, en faisant résonner en lui-même les appels et les réponses comme s’il était plusieurs personnes à la fois.
Schwab et Soro jouent essentiellement des compositions de Volons, leur dernier disque. Toutes sont de la plume du contrebassiste. Elles possèdent un air de famille, une sorte d’évidence ingénue et acidulée, qui fait parfois penser à Ornette Coleman. Elles sont souvent réduites à l’os, tout en possédant une qualité vocale caractéristique. Parmi ces squelettes chantants, on citera notamment Mambo, Jeroma, et la si bien nommée Petite valse joyeuse.
A la fin du concert, Schwab et Soro s’ébrouent sur quelques standards. J’aime beaucoup l’absence de révérence avec laquelle ils traitent Subconscious Lee et Au Privave. Cette composition de Charlie Parker est exposée d’abord à la contrebasse, puis au saxophone. Entre les deux il se passe plein de choses, avec des improvisations qui regorgent de portes dérobées et emmènent le thème ailleurs. Sur ce morceau, Raphaël Schwab tape sur sa contrebasse comme un enfant turbulent. Ça fait marrer Soro qui a du mal à emboucher son saxophone. L’humour, très présent dans leurs échanges, est sans doute un des secrets de cette musique fraîche, joyeuse, ludique, imprévisible.
Texte: JF Mondot
Dessins: Annie-Claire Alvoët (autres dessins à voir sur le site www.annie-claire.com, exposition en cours à Saint-Quentin au sein d’un collectif d’artistes avec des tableaux d’une nouvelle série sur les corps en mouvements et en tension des footballeurs)|
Lors du premier concert de Raphaël Schwab et Julien Soro auquel j’avais assisté, il y a trois ans, j’avais été frappé par la très grande liberté de ce duo. Mercredi soir, il m’a semblé qu’ils avaient réussi à creuser encore plus ce sillon.
Raphaël Schwab ( contrebasse et compositions), Julien Soro (sax alto), le Triton, 16 novembre 2016
On a l’impression d’un élastique reliant les deux musiciens, que chacun d’eux tente d’étirer jusqu’à son point de rupture. Parfois même ça casse. Mais les deux gaillards ont de la ressource, et des rustines plein les poches. La liberté, le caprice, la palpitation de l’instant règlent ainsi les échanges entre les deux musiciens. Ils s’autorisent accélérations, ralentissements, contradictions, silences, interjections. C’est une conversation sans considération sur le temps qu’il fait ni sur le temps qui passe. Tout peut arriver. Il n’y a pas de rails, pas de routes tracées, que des chemins glissants. L’imprévisibilité est d’autant plus grande que le jeu des deux musiciens est riche en contrastes.
Soro, notamment au début du concert, endosse (souvent avec délices, et pas forcément avec second degré) le rôle du chanteur de charme, avec une sonorité éthérée qu’il épice d’un filet de souffle. Mais il bascule aussitôt après dans le jeu véhément et extraverti qui est son registre le plus fréquent.
Quant à Raphaël Schwab, c’est étonnant de voir comment ce musicien raffiné peut parfois traiter sa contrebasse avec rudesse, comme s’il voulait arracher les cordes de son instrument. Mais à d’autres moments, il est capable de notes suggérées plus que jouées. En solo, il a parfois une manière très personnelle de transformer ses interventions en dialogue contradictoire, en faisant résonner en lui-même les appels et les réponses comme s’il était plusieurs personnes à la fois.
Schwab et Soro jouent essentiellement des compositions de Volons, leur dernier disque. Toutes sont de la plume du contrebassiste. Elles possèdent un air de famille, une sorte d’évidence ingénue et acidulée, qui fait parfois penser à Ornette Coleman. Elles sont souvent réduites à l’os, tout en possédant une qualité vocale caractéristique. Parmi ces squelettes chantants, on citera notamment Mambo, Jeroma, et la si bien nommée Petite valse joyeuse.
A la fin du concert, Schwab et Soro s’ébrouent sur quelques standards. J’aime beaucoup l’absence de révérence avec laquelle ils traitent Subconscious Lee et Au Privave. Cette composition de Charlie Parker est exposée d’abord à la contrebasse, puis au saxophone. Entre les deux il se passe plein de choses, avec des improvisations qui regorgent de portes dérobées et emmènent le thème ailleurs. Sur ce morceau, Raphaël Schwab tape sur sa contrebasse comme un enfant turbulent. Ça fait marrer Soro qui a du mal à emboucher son saxophone. L’humour, très présent dans leurs échanges, est sans doute un des secrets de cette musique fraîche, joyeuse, ludique, imprévisible.
Texte: JF Mondot
Dessins: Annie-Claire Alvoët (autres dessins à voir sur le site www.annie-claire.com, exposition en cours à Saint-Quentin au sein d’un collectif d’artistes avec des tableaux d’une nouvelle série sur les corps en mouvements et en tension des footballeurs)|
Lors du premier concert de Raphaël Schwab et Julien Soro auquel j’avais assisté, il y a trois ans, j’avais été frappé par la très grande liberté de ce duo. Mercredi soir, il m’a semblé qu’ils avaient réussi à creuser encore plus ce sillon.
Raphaël Schwab ( contrebasse et compositions), Julien Soro (sax alto), le Triton, 16 novembre 2016
On a l’impression d’un élastique reliant les deux musiciens, que chacun d’eux tente d’étirer jusqu’à son point de rupture. Parfois même ça casse. Mais les deux gaillards ont de la ressource, et des rustines plein les poches. La liberté, le caprice, la palpitation de l’instant règlent ainsi les échanges entre les deux musiciens. Ils s’autorisent accélérations, ralentissements, contradictions, silences, interjections. C’est une conversation sans considération sur le temps qu’il fait ni sur le temps qui passe. Tout peut arriver. Il n’y a pas de rails, pas de routes tracées, que des chemins glissants. L’imprévisibilité est d’autant plus grande que le jeu des deux musiciens est riche en contrastes.
Soro, notamment au début du concert, endosse (souvent avec délices, et pas forcément avec second degré) le rôle du chanteur de charme, avec une sonorité éthérée qu’il épice d’un filet de souffle. Mais il bascule aussitôt après dans le jeu véhément et extraverti qui est son registre le plus fréquent.
Quant à Raphaël Schwab, c’est étonnant de voir comment ce musicien raffiné peut parfois traiter sa contrebasse avec rudesse, comme s’il voulait arracher les cordes de son instrument. Mais à d’autres moments, il est capable de notes suggérées plus que jouées. En solo, il a parfois une manière très personnelle de transformer ses interventions en dialogue contradictoire, en faisant résonner en lui-même les appels et les réponses comme s’il était plusieurs personnes à la fois.
Schwab et Soro jouent essentiellement des compositions de Volons, leur dernier disque. Toutes sont de la plume du contrebassiste. Elles possèdent un air de famille, une sorte d’évidence ingénue et acidulée, qui fait parfois penser à Ornette Coleman. Elles sont souvent réduites à l’os, tout en possédant une qualité vocale caractéristique. Parmi ces squelettes chantants, on citera notamment Mambo, Jeroma, et la si bien nommée Petite valse joyeuse.
A la fin du concert, Schwab et Soro s’ébrouent sur quelques standards. J’aime beaucoup l’absence de révérence avec laquelle ils traitent Subconscious Lee et Au Privave. Cette composition de Charlie Parker est exposée d’abord à la contrebasse, puis au saxophone. Entre les deux il se passe plein de choses, avec des improvisations qui regorgent de portes dérobées et emmènent le thème ailleurs. Sur ce morceau, Raphaël Schwab tape sur sa contrebasse comme un enfant turbulent. Ça fait marrer Soro qui a du mal à emboucher son saxophone. L’humour, très présent dans leurs échanges, est sans doute un des secrets de cette musique fraîche, joyeuse, ludique, imprévisible.
Texte: JF Mondot
Dessins: Annie-Claire Alvoët (autres dessins à voir sur le site www.annie-claire.com, exposition en cours à Saint-Quentin au sein d’un collectif d’artistes avec des tableaux d’une nouvelle série sur les corps en mouvements et en tension des footballeurs)