Jazz live
Publié le 30 Sep 2024 • Par Xavier Prévost

Kassap-Duboc-Rabbia à l’Atelier des Bourdons

Dix bonnes minutes de marche de la station du RER ‘E’ au Raincy jusqu’à l’Allée des Bourdons sur les hauteurs de Gagny. Et l’arrivée en un lieu où j’étais déjà allé écouter des concerts : un garage aménagé en salle de musique où, régulièrement, des musiciens se rencontrent, pour un projet en gestation, ou une aventure inédite

‘THE LOOM’

Sylvain Kassap (clarinettes, clarinette basse, clarinette contrebasse, chalumeau), Benjamin Duboc (contrebasse), Michele Rabbia (percussions, objets divers, électronique)

Gagny (Seine-Saint-Denis), Atelier des Bourdons, 29 septembre 2024, 17h

Un nouveau groupe d’improvisation dont le nom désigne, en anglais, le métier à tisser. Et c’est bien une sorte de tissage que ces relations musicales qui surgissent de l’instant, pour composer une musique par action, réaction et interaction. Le concert commence par un souffle de clarinette, à quoi se joint bientôt l’archet de la contrebasse, puis le chant d’un autre archet sur la cymbale du percussionniste. La musique avance, à pas de velours, jusqu’à dessiner une sorte de dramaturgie rétrospective. Je m’explique : les musiciens avancent de concert (ou de conserve comme les navires ?). Pas à pas, de nuance en éclat, de mélodie en rythme qui se croisent ; et c’est par rétrospection (on devrait dire rétraudition….) que l’auditoire, et les artistes, peuvent contempler ce qui s’est construit. D’une clarinette à l’autre, Sylvain Kassap en vient à l’antique chalumeau, ancêtre de ses chères clarinettes, pour une mélodie incantatoire sur un ostinato de contrebasse. Du téléphone du clarinettiste surgiront à point nommé des boucles électro-acoustiques conçues dans un laboratoire lyonnais. Et la musique suit son cours aventureux, de volute en éclat, porté par des frémissements ou des fracas de percussions. Pour un instant Michele Rabbia va souffler dans l’une de ces sourdines que l’on utilise pour la trompette. Plus tard il fera chanter la peau de son tom basse en y posant un tout petit haut-parleur, ce qui engendre une sorte de boucle qui va piloter rythmiquement et mélodiquement l’improvisation collective. Et l’aventure va se tisser, Benjamin Duboc passant, d’une séquence à l’autre, du rôle d’instigateur à celui de trouble-fête, puis de chef de file, avant que les attributions à nouveau ne s’échangent. Bonheur d’écoute pour tous les présents : la musique improvisée, décidément, est un Art sonore toujours d’avenir !

Xavier Prévost