La Collection Marcel Azzola
Décédé le 21 janvier 2019, Marcel Azzola, l’un des plus importants artisans de la reconnaissance de l’accordéon par le monde du jazz, nous laissa d’innombrables archives et une précieuse collection d’instruments qui font l’objet d’une exposition présentée à Villennes-sur-Seine jusqu’au 22 janvier.
Ce n’est pas une première puisque cette exposition avait été déjà présentée à la Médiathèque de Courtenay puis au Conservatoire régional de Paris à l’automne 2021, mais la présentation à Villennes-sur-Seine est symbolique. C’est là que Marcel Azzola vécut dans l’une des deux ailes d’une maison siamoise, l’autre aile étant occupée par le couple Tuveri qu’il avait recruté en 1961 pour son orchestre de bal : Denis, accordéoniste, bandonéoniste et trompettiste décédé en 2009 et Gisèle, pianiste, violoniste et chanteuse, connue sous le nom de Véronique sur la scène des bals, puis sous le nom de sa mère, Lina Bossatti, chanteuse lyrique, lorsque fut constitué le duo piano-accordéon Azzola-Bossatti. Et c’est donc dans l’aile droite désormais désertée de cette maison que les visiteurs de Marcel Azzola avaient autrefois le privilège d’admirer en privé les différentes pièces de cette collection.
Sous l’impulsion de Catherine Azzola, elle est désormais proposée au public, dans une muséographie conçue par le musicien et producteur Jean-Philippe Lajus, avec le travail d’Aurélie Vandenweghe dont les planches photos mettent en valeur les détails de cette facture se donnant ainsi à voir pour ses bois précieux, ses nacres, ses cuirs, ses mécaniques de précision, ses cartons peints. Bien plus, c’est une histoire précise et imaginaire qui se déploie sous nos yeux : souvenirs photographiques, affiches, pochettes de disques, programmes, dédicaces et lettres nous entrainent des salles de bal que Marcel Azzola arpenta pendant des décennies, aux galas d’accordéon d’où il sut emmener son instrument – maudit notamment par André Hodeir – vers la salle de concert classique (dont il partagea la scène avec Lina Bossatti) et les scènes du jazz (en invité du duo Marc Fosset-Patrice Caratini ou de Christian Escoudé).
Pour le son, on a le choix entre les QR codes grâce auxquels on peut entendre les extraits musicaux se mêlant aux extraits d’interviews de Marcel, et une série de tourne-disques portables sur chacun desquels est préparé un vinyle. On est invité à actionner soi-même le bras, puis à retourner le disque en fin de face. À chaque face sa thématique : Le jazz, le cinéma, Brel, l’évolution de l’instrument, etc. Un moment, parmi tant d’autres, particulièrement émouvant : Göttingen de Barbara sur lequel Azzola raconte qu’il ne jouait pas mais qu’elle l’invitait à faire quelques pas de danse… lui qui ne savait pas danser. « Je n’aime pas danser » disait-il comme me le rappelle Lina Bossatti qui, avec Catherine Azzola, nous a ouvert l’expo en visite privée, « je préfère frotter. » Allez tournez ! Franck Bergerot
La Collection Marcel Azzola, jusqu’au 22 janvier à Villennes-sur-Seine (Salle Fordan, à 50m de la gare), du mercredi au vendredi de 15h30 à 20h30, samedi et dimanche de 10h à 19h.