Jazz live
Publié le 19 Nov 2015

La grâce naturelle de « las hermanas caronni » au rocher de palmer

Il y a des soirs où ce n’est pas du jazz que l’on va écouter même s’il arrive souvent à pointer le bout de sa note bleue quand les musiciens l’appellent de leurs vœux. Les sœurs Caronni sont argentines de naissance et, comme si leurs origines russes et italiennes (entre autres !) ne leur suffisaient pas pour embrasser le monde, elles ont couru aux quatre coins de la planète pour enrichir leur univers musical. Fortes d’une solide formation classique (clarinette pour l’une, violoncelle pour l’autre) qui les a menées jusqu’à l’Opéra de Buenos Aires, elles n’ont pas voulu rester dans le carcan de l’académisme et ont inventé un duo où elles tiennent le tango à distance, fidèles à leur désir de liberté et préférant ne garder dans leur musique que le parfum de leur pays natal.

Gianna Caronni (cl, bcl & voc), Laura Caronni (cello, voc). Le Rocher de Palmer (Cenon, 33), 10 novembre 2015.
Installées à Bordeaux depuis une dizaine d’années, elles n’ont pas eu de peine à remplir la belle salle de 650 places du Rocher de Palmer, même si Thomas Enhco jouait en piano solo le même soir juste à côté. Leur concert était organisé à l’occasion de la sortie de leur troisième CD, « Navega Mundos » (L’Autre Distribution), qui nous avait étonné par le démarquage de plus en plus sensible des deux jumelles par rapport à une « musique du monde » dont l’étiquette pratique pour le marketing ne veut pas dire grand-chose d’un point de vue musical. Pour les avoir entendues plusieurs fois en concert, je n’étais pas surpris du rayon de soleil qui tomba tout d’un coup sur la scène. Mais le renouvellement du répertoire (où on eut droit dès le début à une belle mise en musique d’un poème de Rilke, La mélodie des choses) et, surtout, une liberté musicale de plus en plus affirmée, nous ont conquis. On avait compris à l’écoute de leur nouveau disque que la clarinette basse de Gianna prenait une place grandissante dans leur programme mais on a entendu ce mardi soir, sur une interprétation pleine d’intelligence du Spanish Caravan des Doors, que la clarinettiste de Rosario ne demandait qu’à se lâcher de plus en plus sur l’instrument grave qu’elle affectionne depuis quelque temps. L’écoute d’Eric  Dolphy et de Louis Sclavis a dû lui donner quelques idées pour des improvisations qui commencent à se débrider. De la même façon, sa sœur Laura nous a épaté sur la chanson de Brassens Je me suis fait tout petit, se lançant dans un scat d’un naturel déconcertant, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Combien de jeunes chanteuses de jazz voulant sacrifier à ce qu’elles pensent être un passage obligé, sans en avoir les qualités innées pour le faire, seraient jalouses de tant de facilité … Et puis il y a leur présence rayonnante sur scène, ce qui n’est pas toujours évident pour un simple duo, même si les deux jumelles avaient invité ce soir-là une percussionniste, Ceïba, à les rejoindre pour quelques morceaux. L’humour est toujours à fleur d’archet, comme dans cette Milonga Chinoise que Laura Caronni composa à Belleville quand elle arriva à Paris, et le soleil de Rosario, ville natale du Che, inonde les compositions des deux sœurs dont la complicité musicale vient parfaire leur gémellité créatrice.
Le public ne s’est pas trompé en les rappelant quatre fois et la soixantaine de disques en vente dans le hall ne suffit pas à satisfaire les velléités d’achat de chacun. Les parisiens qui les auraient ratées lors de leur passage au Studio de l’Hermitage au début du mois pourront se rattraper le 11 février à l’Alhambra mais, d’ici là, ce sera en Belgique, en Allemagne et en Suisse qu’on pourra les entendre. Philippe Vincent                          

 

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Il y a des soirs où ce n’est pas du jazz que l’on va écouter même s’il arrive souvent à pointer le bout de sa note bleue quand les musiciens l’appellent de leurs vœux. Les sœurs Caronni sont argentines de naissance et, comme si leurs origines russes et italiennes (entre autres !) ne leur suffisaient pas pour embrasser le monde, elles ont couru aux quatre coins de la planète pour enrichir leur univers musical. Fortes d’une solide formation classique (clarinette pour l’une, violoncelle pour l’autre) qui les a menées jusqu’à l’Opéra de Buenos Aires, elles n’ont pas voulu rester dans le carcan de l’académisme et ont inventé un duo où elles tiennent le tango à distance, fidèles à leur désir de liberté et préférant ne garder dans leur musique que le parfum de leur pays natal.

Gianna Caronni (cl, bcl & voc), Laura Caronni (cello, voc). Le Rocher de Palmer (Cenon, 33), 10 novembre 2015.
Installées à Bordeaux depuis une dizaine d’années, elles n’ont pas eu de peine à remplir la belle salle de 650 places du Rocher de Palmer, même si Thomas Enhco jouait en piano solo le même soir juste à côté. Leur concert était organisé à l’occasion de la sortie de leur troisième CD, « Navega Mundos » (L’Autre Distribution), qui nous avait étonné par le démarquage de plus en plus sensible des deux jumelles par rapport à une « musique du monde » dont l’étiquette pratique pour le marketing ne veut pas dire grand-chose d’un point de vue musical. Pour les avoir entendues plusieurs fois en concert, je n’étais pas surpris du rayon de soleil qui tomba tout d’un coup sur la scène. Mais le renouvellement du répertoire (où on eut droit dès le début à une belle mise en musique d’un poème de Rilke, La mélodie des choses) et, surtout, une liberté musicale de plus en plus affirmée, nous ont conquis. On avait compris à l’écoute de leur nouveau disque que la clarinette basse de Gianna prenait une place grandissante dans leur programme mais on a entendu ce mardi soir, sur une interprétation pleine d’intelligence du Spanish Caravan des Doors, que la clarinettiste de Rosario ne demandait qu’à se lâcher de plus en plus sur l’instrument grave qu’elle affectionne depuis quelque temps. L’écoute d’Eric  Dolphy et de Louis Sclavis a dû lui donner quelques idées pour des improvisations qui commencent à se débrider. De la même façon, sa sœur Laura nous a épaté sur la chanson de Brassens Je me suis fait tout petit, se lançant dans un scat d’un naturel déconcertant, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Combien de jeunes chanteuses de jazz voulant sacrifier à ce qu’elles pensent être un passage obligé, sans en avoir les qualités innées pour le faire, seraient jalouses de tant de facilité … Et puis il y a leur présence rayonnante sur scène, ce qui n’est pas toujours évident pour un simple duo, même si les deux jumelles avaient invité ce soir-là une percussionniste, Ceïba, à les rejoindre pour quelques morceaux. L’humour est toujours à fleur d’archet, comme dans cette Milonga Chinoise que Laura Caronni composa à Belleville quand elle arriva à Paris, et le soleil de Rosario, ville natale du Che, inonde les compositions des deux sœurs dont la complicité musicale vient parfaire leur gémellité créatrice.
Le public ne s’est pas trompé en les rappelant quatre fois et la soixantaine de disques en vente dans le hall ne suffit pas à satisfaire les velléités d’achat de chacun. Les parisiens qui les auraient ratées lors de leur passage au Studio de l’Hermitage au début du mois pourront se rattraper le 11 février à l’Alhambra mais, d’ici là, ce sera en Belgique, en Allemagne et en Suisse qu’on pourra les entendre. Philippe Vincent                          

 

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Il y a des soirs où ce n’est pas du jazz que l’on va écouter même s’il arrive souvent à pointer le bout de sa note bleue quand les musiciens l’appellent de leurs vœux. Les sœurs Caronni sont argentines de naissance et, comme si leurs origines russes et italiennes (entre autres !) ne leur suffisaient pas pour embrasser le monde, elles ont couru aux quatre coins de la planète pour enrichir leur univers musical. Fortes d’une solide formation classique (clarinette pour l’une, violoncelle pour l’autre) qui les a menées jusqu’à l’Opéra de Buenos Aires, elles n’ont pas voulu rester dans le carcan de l’académisme et ont inventé un duo où elles tiennent le tango à distance, fidèles à leur désir de liberté et préférant ne garder dans leur musique que le parfum de leur pays natal.

Gianna Caronni (cl, bcl & voc), Laura Caronni (cello, voc). Le Rocher de Palmer (Cenon, 33), 10 novembre 2015.
Installées à Bordeaux depuis une dizaine d’années, elles n’ont pas eu de peine à remplir la belle salle de 650 places du Rocher de Palmer, même si Thomas Enhco jouait en piano solo le même soir juste à côté. Leur concert était organisé à l’occasion de la sortie de leur troisième CD, « Navega Mundos » (L’Autre Distribution), qui nous avait étonné par le démarquage de plus en plus sensible des deux jumelles par rapport à une « musique du monde » dont l’étiquette pratique pour le marketing ne veut pas dire grand-chose d’un point de vue musical. Pour les avoir entendues plusieurs fois en concert, je n’étais pas surpris du rayon de soleil qui tomba tout d’un coup sur la scène. Mais le renouvellement du répertoire (où on eut droit dès le début à une belle mise en musique d’un poème de Rilke, La mélodie des choses) et, surtout, une liberté musicale de plus en plus affirmée, nous ont conquis. On avait compris à l’écoute de leur nouveau disque que la clarinette basse de Gianna prenait une place grandissante dans leur programme mais on a entendu ce mardi soir, sur une interprétation pleine d’intelligence du Spanish Caravan des Doors, que la clarinettiste de Rosario ne demandait qu’à se lâcher de plus en plus sur l’instrument grave qu’elle affectionne depuis quelque temps. L’écoute d’Eric  Dolphy et de Louis Sclavis a dû lui donner quelques idées pour des improvisations qui commencent à se débrider. De la même façon, sa sœur Laura nous a épaté sur la chanson de Brassens Je me suis fait tout petit, se lançant dans un scat d’un naturel déconcertant, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Combien de jeunes chanteuses de jazz voulant sacrifier à ce qu’elles pensent être un passage obligé, sans en avoir les qualités innées pour le faire, seraient jalouses de tant de facilité … Et puis il y a leur présence rayonnante sur scène, ce qui n’est pas toujours évident pour un simple duo, même si les deux jumelles avaient invité ce soir-là une percussionniste, Ceïba, à les rejoindre pour quelques morceaux. L’humour est toujours à fleur d’archet, comme dans cette Milonga Chinoise que Laura Caronni composa à Belleville quand elle arriva à Paris, et le soleil de Rosario, ville natale du Che, inonde les compositions des deux sœurs dont la complicité musicale vient parfaire leur gémellité créatrice.
Le public ne s’est pas trompé en les rappelant quatre fois et la soixantaine de disques en vente dans le hall ne suffit pas à satisfaire les velléités d’achat de chacun. Les parisiens qui les auraient ratées lors de leur passage au Studio de l’Hermitage au début du mois pourront se rattraper le 11 février à l’Alhambra mais, d’ici là, ce sera en Belgique, en Allemagne et en Suisse qu’on pourra les entendre. Philippe Vincent                          

 

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Il y a des soirs où ce n’est pas du jazz que l’on va écouter même s’il arrive souvent à pointer le bout de sa note bleue quand les musiciens l’appellent de leurs vœux. Les sœurs Caronni sont argentines de naissance et, comme si leurs origines russes et italiennes (entre autres !) ne leur suffisaient pas pour embrasser le monde, elles ont couru aux quatre coins de la planète pour enrichir leur univers musical. Fortes d’une solide formation classique (clarinette pour l’une, violoncelle pour l’autre) qui les a menées jusqu’à l’Opéra de Buenos Aires, elles n’ont pas voulu rester dans le carcan de l’académisme et ont inventé un duo où elles tiennent le tango à distance, fidèles à leur désir de liberté et préférant ne garder dans leur musique que le parfum de leur pays natal.

Gianna Caronni (cl, bcl & voc), Laura Caronni (cello, voc). Le Rocher de Palmer (Cenon, 33), 10 novembre 2015.
Installées à Bordeaux depuis une dizaine d’années, elles n’ont pas eu de peine à remplir la belle salle de 650 places du Rocher de Palmer, même si Thomas Enhco jouait en piano solo le même soir juste à côté. Leur concert était organisé à l’occasion de la sortie de leur troisième CD, « Navega Mundos » (L’Autre Distribution), qui nous avait étonné par le démarquage de plus en plus sensible des deux jumelles par rapport à une « musique du monde » dont l’étiquette pratique pour le marketing ne veut pas dire grand-chose d’un point de vue musical. Pour les avoir entendues plusieurs fois en concert, je n’étais pas surpris du rayon de soleil qui tomba tout d’un coup sur la scène. Mais le renouvellement du répertoire (où on eut droit dès le début à une belle mise en musique d’un poème de Rilke, La mélodie des choses) et, surtout, une liberté musicale de plus en plus affirmée, nous ont conquis. On avait compris à l’écoute de leur nouveau disque que la clarinette basse de Gianna prenait une place grandissante dans leur programme mais on a entendu ce mardi soir, sur une interprétation pleine d’intelligence du Spanish Caravan des Doors, que la clarinettiste de Rosario ne demandait qu’à se lâcher de plus en plus sur l’instrument grave qu’elle affectionne depuis quelque temps. L’écoute d’Eric  Dolphy et de Louis Sclavis a dû lui donner quelques idées pour des improvisations qui commencent à se débrider. De la même façon, sa sœur Laura nous a épaté sur la chanson de Brassens Je me suis fait tout petit, se lançant dans un scat d’un naturel déconcertant, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Combien de jeunes chanteuses de jazz voulant sacrifier à ce qu’elles pensent être un passage obligé, sans en avoir les qualités innées pour le faire, seraient jalouses de tant de facilité … Et puis il y a leur présence rayonnante sur scène, ce qui n’est pas toujours évident pour un simple duo, même si les deux jumelles avaient invité ce soir-là une percussionniste, Ceïba, à les rejoindre pour quelques morceaux. L’humour est toujours à fleur d’archet, comme dans cette Milonga Chinoise que Laura Caronni composa à Belleville quand elle arriva à Paris, et le soleil de Rosario, ville natale du Che, inonde les compositions des deux sœurs dont la complicité musicale vient parfaire leur gémellité créatrice.
Le public ne s’est pas trompé en les rappelant quatre fois et la soixantaine de disques en vente dans le hall ne suffit pas à satisfaire les velléités d’achat de chacun. Les parisiens qui les auraient ratées lors de leur passage au Studio de l’Hermitage au début du mois pourront se rattraper le 11 février à l’Alhambra mais, d’ici là, ce sera en Belgique, en Allemagne et en Suisse qu’on pourra les entendre. Philippe Vincent