Las Hermanas Caronni au Studio de l'Ermitage

Hier, 10 octobre à Paris, au studio de l’Ermitage, Las Hermanas Caronni m’ont emmené loin du jazz, mais finalement…

Pourquoi n’avoir pas été écouter le quartette de Ben Wendel hier au Duc ? Et pourquoi, rédacteur en chef d’un journal de jazz, avoir préféré les sœurs Caronni ? Le désir de musique et de prendre métros, RER et jambes à son cou pour écouter de la musique a ses secrets qui ne s’expliquent pas nécessairement. Disons que j’y avais donné rendez-vous à des amis dont je savais qu’ils seraient sensibles à ce spectacle. On me demandera des comptes sur ma préférence pour les sœurs Caronni dans la rubrique “world” du “Rayon disques” de notre numéro en kiosque. Les relations entre musiques du monde et jazz empruntent aussi, depuis des lustres, et plus encore aujourd’hui, des voies impénétrables qu’il faut considérer, mais avec prudence, car on aurait tôt faire d’y diluer l’identité du jazz. L’attachée de presse : « Chroniquerez-vous le disque de ce merveilleux chanteur congolais avec influences gnaouas, blues, brésiliennes, jazz et balkaniques ? » Et de vous vanter les médias qui ont déjà fait son éloge. Le rédacteur en chef : « Quel jazzman dont aucun média ne parlera jamais autre que Jazz Magazine, voulez-vous que j’écarte de notre rubrique disques pour trouver une place à ce chanteur avec influences jazz [mais qui n’est pas sous influences jazz en cette époque où plus personne ne semble savoir de quoi il retourne ?] dont tout le monde parle déjà. »

Les sœurs Caronni sont certainement sous influence jazz, comme toute le monde. Mais ce n’est pas tant cette influence jazzy tellement banale et répandue, qu’un certain geste sur la clarinette de Gianna et du violoncelle de Laura. Mais là n’est pas l’argument. Je connais des violoncellistes et des clarinettistes beaucoup plus compétentes dans le domaine du jazz que nos deux sœurs qui se donnent une marge d’improvisation bien mince pour pouvoir se réclamer du jazz. C’est aussi une question de qualité de proximité au public, de spontanéité et d’invention de dernière minute, d’humour. Sans parler de leurs deux voix qui s’accordent de façon sublime. Avec tout ça, elles ont une façon légère et tendre d’investir la musique de leur pays, le nord de l’Argentine, d’interroger l’espace et le sens de l’émigration (émigration pour les uns, immigrations pour les autres) où les rejoignent, sur scène, ceux, venus d’autres régions, qu’elles ont croisés sur leur route. Je n’ai pas noté leurs noms pensant les lire sur le site du studio de l’Ermitage. Je crois les retrouver ce matin dans le livret de “Vuela”, leur nouveau disque : Farid Chouali (karakabous, cymbales digitales, chœurs), Javier Estrella (cajon, bombo), un joueur de gumbri dont je ne retrouve pas le nom, plus le comédien Denis Péan. Ce dernier évoquant la caissière d’une salle de bal, Laura tire d’un chapeau les numéros d’un jeu tombola dont le public a reçu les bons à l’entrée et qui permettra de gagner des disques (manière joyeuse et élégante de rappeler qu’il y a un nouveau disque qui sera en vente à la sortie), Gianna tend des guirlandes de fête populaire en fond de scène, les gagnants montent sur scène et les artistes sur scène les invitent à danser. Vous voyez, on est loin du jazz et je ne reparlerai probablement plus des sœurs Caronni dans Jazz Magazine, mais je retournerai probablement les entendre au Studio de l’Ermitage le 17 décembre, parce que ça sent la compote de coings pour reprendre la métaphore de ma dernière chronique du 9 octobre, et ça fait du bien.

Vous pourrez aussi les entendre ce soir à Saint-Victor (Ferme Auberge de Corsas), le 12 octobre à Marseille (L’Éolienne), le 17 à Chapelle-Naude (Artistes en campagne), le 18 à Cestas (Mediathèque), le 19 à Coutras (cinéma), le 23 à Le Haillan (église).

Franck Bergerot

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Hier, 10 octobre à Paris, au studio de l’Ermitage, Las Hermanas Caronni m’ont emmené loin du jazz, mais finalement…

Pourquoi n’avoir pas été écouter le quartette de Ben Wendel hier au Duc ? Et pourquoi, rédacteur en chef d’un journal de jazz, avoir préféré les sœurs Caronni ? Le désir de musique et de prendre métros, RER et jambes à son cou pour écouter de la musique a ses secrets qui ne s’expliquent pas nécessairement. Disons que j’y avais donné rendez-vous à des amis dont je savais qu’ils seraient sensibles à ce spectacle. On me demandera des comptes sur ma préférence pour les sœurs Caronni dans la rubrique “world” du “Rayon disques” de notre numéro en kiosque. Les relations entre musiques du monde et jazz empruntent aussi, depuis des lustres, et plus encore aujourd’hui, des voies impénétrables qu’il faut considérer, mais avec prudence, car on aurait tôt faire d’y diluer l’identité du jazz. L’attachée de presse : « Chroniquerez-vous le disque de ce merveilleux chanteur congolais avec influences gnaouas, blues, brésiliennes, jazz et balkaniques ? » Et de vous vanter les médias qui ont déjà fait son éloge. Le rédacteur en chef : « Quel jazzman dont aucun média ne parlera jamais autre que Jazz Magazine, voulez-vous que j’écarte de notre rubrique disques pour trouver une place à ce chanteur avec influences jazz [mais qui n’est pas sous influences jazz en cette époque où plus personne ne semble savoir de quoi il retourne ?] dont tout le monde parle déjà. »

Les sœurs Caronni sont certainement sous influence jazz, comme toute le monde. Mais ce n’est pas tant cette influence jazzy tellement banale et répandue, qu’un certain geste sur la clarinette de Gianna et du violoncelle de Laura. Mais là n’est pas l’argument. Je connais des violoncellistes et des clarinettistes beaucoup plus compétentes dans le domaine du jazz que nos deux sœurs qui se donnent une marge d’improvisation bien mince pour pouvoir se réclamer du jazz. C’est aussi une question de qualité de proximité au public, de spontanéité et d’invention de dernière minute, d’humour. Sans parler de leurs deux voix qui s’accordent de façon sublime. Avec tout ça, elles ont une façon légère et tendre d’investir la musique de leur pays, le nord de l’Argentine, d’interroger l’espace et le sens de l’émigration (émigration pour les uns, immigrations pour les autres) où les rejoignent, sur scène, ceux, venus d’autres régions, qu’elles ont croisés sur leur route. Je n’ai pas noté leurs noms pensant les lire sur le site du studio de l’Ermitage. Je crois les retrouver ce matin dans le livret de “Vuela”, leur nouveau disque : Farid Chouali (karakabous, cymbales digitales, chœurs), Javier Estrella (cajon, bombo), un joueur de gumbri dont je ne retrouve pas le nom, plus le comédien Denis Péan. Ce dernier évoquant la caissière d’une salle de bal, Laura tire d’un chapeau les numéros d’un jeu tombola dont le public a reçu les bons à l’entrée et qui permettra de gagner des disques (manière joyeuse et élégante de rappeler qu’il y a un nouveau disque qui sera en vente à la sortie), Gianna tend des guirlandes de fête populaire en fond de scène, les gagnants montent sur scène et les artistes sur scène les invitent à danser. Vous voyez, on est loin du jazz et je ne reparlerai probablement plus des sœurs Caronni dans Jazz Magazine, mais je retournerai probablement les entendre au Studio de l’Ermitage le 17 décembre, parce que ça sent la compote de coings pour reprendre la métaphore de ma dernière chronique du 9 octobre, et ça fait du bien.

Vous pourrez aussi les entendre ce soir à Saint-Victor (Ferme Auberge de Corsas), le 12 octobre à Marseille (L’Éolienne), le 17 à Chapelle-Naude (Artistes en campagne), le 18 à Cestas (Mediathèque), le 19 à Coutras (cinéma), le 23 à Le Haillan (église).

Franck Bergerot

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Hier, 10 octobre à Paris, au studio de l’Ermitage, Las Hermanas Caronni m’ont emmené loin du jazz, mais finalement…

Pourquoi n’avoir pas été écouter le quartette de Ben Wendel hier au Duc ? Et pourquoi, rédacteur en chef d’un journal de jazz, avoir préféré les sœurs Caronni ? Le désir de musique et de prendre métros, RER et jambes à son cou pour écouter de la musique a ses secrets qui ne s’expliquent pas nécessairement. Disons que j’y avais donné rendez-vous à des amis dont je savais qu’ils seraient sensibles à ce spectacle. On me demandera des comptes sur ma préférence pour les sœurs Caronni dans la rubrique “world” du “Rayon disques” de notre numéro en kiosque. Les relations entre musiques du monde et jazz empruntent aussi, depuis des lustres, et plus encore aujourd’hui, des voies impénétrables qu’il faut considérer, mais avec prudence, car on aurait tôt faire d’y diluer l’identité du jazz. L’attachée de presse : « Chroniquerez-vous le disque de ce merveilleux chanteur congolais avec influences gnaouas, blues, brésiliennes, jazz et balkaniques ? » Et de vous vanter les médias qui ont déjà fait son éloge. Le rédacteur en chef : « Quel jazzman dont aucun média ne parlera jamais autre que Jazz Magazine, voulez-vous que j’écarte de notre rubrique disques pour trouver une place à ce chanteur avec influences jazz [mais qui n’est pas sous influences jazz en cette époque où plus personne ne semble savoir de quoi il retourne ?] dont tout le monde parle déjà. »

Les sœurs Caronni sont certainement sous influence jazz, comme toute le monde. Mais ce n’est pas tant cette influence jazzy tellement banale et répandue, qu’un certain geste sur la clarinette de Gianna et du violoncelle de Laura. Mais là n’est pas l’argument. Je connais des violoncellistes et des clarinettistes beaucoup plus compétentes dans le domaine du jazz que nos deux sœurs qui se donnent une marge d’improvisation bien mince pour pouvoir se réclamer du jazz. C’est aussi une question de qualité de proximité au public, de spontanéité et d’invention de dernière minute, d’humour. Sans parler de leurs deux voix qui s’accordent de façon sublime. Avec tout ça, elles ont une façon légère et tendre d’investir la musique de leur pays, le nord de l’Argentine, d’interroger l’espace et le sens de l’émigration (émigration pour les uns, immigrations pour les autres) où les rejoignent, sur scène, ceux, venus d’autres régions, qu’elles ont croisés sur leur route. Je n’ai pas noté leurs noms pensant les lire sur le site du studio de l’Ermitage. Je crois les retrouver ce matin dans le livret de “Vuela”, leur nouveau disque : Farid Chouali (karakabous, cymbales digitales, chœurs), Javier Estrella (cajon, bombo), un joueur de gumbri dont je ne retrouve pas le nom, plus le comédien Denis Péan. Ce dernier évoquant la caissière d’une salle de bal, Laura tire d’un chapeau les numéros d’un jeu tombola dont le public a reçu les bons à l’entrée et qui permettra de gagner des disques (manière joyeuse et élégante de rappeler qu’il y a un nouveau disque qui sera en vente à la sortie), Gianna tend des guirlandes de fête populaire en fond de scène, les gagnants montent sur scène et les artistes sur scène les invitent à danser. Vous voyez, on est loin du jazz et je ne reparlerai probablement plus des sœurs Caronni dans Jazz Magazine, mais je retournerai probablement les entendre au Studio de l’Ermitage le 17 décembre, parce que ça sent la compote de coings pour reprendre la métaphore de ma dernière chronique du 9 octobre, et ça fait du bien.

Vous pourrez aussi les entendre ce soir à Saint-Victor (Ferme Auberge de Corsas), le 12 octobre à Marseille (L’Éolienne), le 17 à Chapelle-Naude (Artistes en campagne), le 18 à Cestas (Mediathèque), le 19 à Coutras (cinéma), le 23 à Le Haillan (église).

Franck Bergerot

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Hier, 10 octobre à Paris, au studio de l’Ermitage, Las Hermanas Caronni m’ont emmené loin du jazz, mais finalement…

Pourquoi n’avoir pas été écouter le quartette de Ben Wendel hier au Duc ? Et pourquoi, rédacteur en chef d’un journal de jazz, avoir préféré les sœurs Caronni ? Le désir de musique et de prendre métros, RER et jambes à son cou pour écouter de la musique a ses secrets qui ne s’expliquent pas nécessairement. Disons que j’y avais donné rendez-vous à des amis dont je savais qu’ils seraient sensibles à ce spectacle. On me demandera des comptes sur ma préférence pour les sœurs Caronni dans la rubrique “world” du “Rayon disques” de notre numéro en kiosque. Les relations entre musiques du monde et jazz empruntent aussi, depuis des lustres, et plus encore aujourd’hui, des voies impénétrables qu’il faut considérer, mais avec prudence, car on aurait tôt faire d’y diluer l’identité du jazz. L’attachée de presse : « Chroniquerez-vous le disque de ce merveilleux chanteur congolais avec influences gnaouas, blues, brésiliennes, jazz et balkaniques ? » Et de vous vanter les médias qui ont déjà fait son éloge. Le rédacteur en chef : « Quel jazzman dont aucun média ne parlera jamais autre que Jazz Magazine, voulez-vous que j’écarte de notre rubrique disques pour trouver une place à ce chanteur avec influences jazz [mais qui n’est pas sous influences jazz en cette époque où plus personne ne semble savoir de quoi il retourne ?] dont tout le monde parle déjà. »

Les sœurs Caronni sont certainement sous influence jazz, comme toute le monde. Mais ce n’est pas tant cette influence jazzy tellement banale et répandue, qu’un certain geste sur la clarinette de Gianna et du violoncelle de Laura. Mais là n’est pas l’argument. Je connais des violoncellistes et des clarinettistes beaucoup plus compétentes dans le domaine du jazz que nos deux sœurs qui se donnent une marge d’improvisation bien mince pour pouvoir se réclamer du jazz. C’est aussi une question de qualité de proximité au public, de spontanéité et d’invention de dernière minute, d’humour. Sans parler de leurs deux voix qui s’accordent de façon sublime. Avec tout ça, elles ont une façon légère et tendre d’investir la musique de leur pays, le nord de l’Argentine, d’interroger l’espace et le sens de l’émigration (émigration pour les uns, immigrations pour les autres) où les rejoignent, sur scène, ceux, venus d’autres régions, qu’elles ont croisés sur leur route. Je n’ai pas noté leurs noms pensant les lire sur le site du studio de l’Ermitage. Je crois les retrouver ce matin dans le livret de “Vuela”, leur nouveau disque : Farid Chouali (karakabous, cymbales digitales, chœurs), Javier Estrella (cajon, bombo), un joueur de gumbri dont je ne retrouve pas le nom, plus le comédien Denis Péan. Ce dernier évoquant la caissière d’une salle de bal, Laura tire d’un chapeau les numéros d’un jeu tombola dont le public a reçu les bons à l’entrée et qui permettra de gagner des disques (manière joyeuse et élégante de rappeler qu’il y a un nouveau disque qui sera en vente à la sortie), Gianna tend des guirlandes de fête populaire en fond de scène, les gagnants montent sur scène et les artistes sur scène les invitent à danser. Vous voyez, on est loin du jazz et je ne reparlerai probablement plus des sœurs Caronni dans Jazz Magazine, mais je retournerai probablement les entendre au Studio de l’Ermitage le 17 décembre, parce que ça sent la compote de coings pour reprendre la métaphore de ma dernière chronique du 9 octobre, et ça fait du bien.

Vous pourrez aussi les entendre ce soir à Saint-Victor (Ferme Auberge de Corsas), le 12 octobre à Marseille (L’Éolienne), le 17 à Chapelle-Naude (Artistes en campagne), le 18 à Cestas (Mediathèque), le 19 à Coutras (cinéma), le 23 à Le Haillan (église).

Franck Bergerot