Lee Konitz & Dan Tepfer aux Rendez-vous de l'Erdre
Lee Konitz c’est quand même l’anti-star absolu : il dine en solitaire à la cantine du festival, revient vers la scène Sully en longeant les bords de l’Erdre, s’attarde un moment devant de jeunes musiciens nantais, accepte de répondre à deux ou trois de mes questions, ne se souvient pas du tout d’avoir joué à Bordeaux, monte sur scène dans le même vêtement avec lequel il est arrivé, repart de même, et au passage insulte presque les spectateurs qui lui font un accueil trop vibrant, excessif, en leur demandant de mettre un bémol à leurs acclamations, ou en leur rappelant qu’on n’est pas à un concert de rock.
Avec ça plutôt en forme, le son est d’abord un peu grave, un peu lourd même, il pourrait faire penser au dernier Art Pepper, puis il retrouve de la légèreté au fur et à mesure que le concert se déroule, 52 minutes exactement, des thèmes bien connus qui passent en lambeaux, puis un Body And Soul qui prend forme, la phrase redevient fluide, ductile, pour finir avec un Cherokee envoyé comme aux plus beaux jours. On dira qu’avec Dan Tepfer il a trouvé un partenaire à sa mesure actuelle, à la fois ronflant et bien assis sur les temps, mais capable bien sûr des plus grandes libertés. Lee Konitz a toujours eu besoin de ça, la liberté, le survol des barres de mesure, cette manière qui vient de Lester Young plus que de Charlie Parker parce que Parker lui-même la tenait de Lester.
Pas loin de deux mille personnes pour écouter ça, impossible de trouver une place pour les retardataires, Lee Konitz est, avec Sonny Rollins l’un des fondateurs du jazz moderne, on rappelle qu’ici ce genre de bonheur est offert. L’ancien maire de Nantes s’appelle Jean-Marc Ayrault, il avait (entre autres réussites sur le plan culturel) voulu ça pour les nantais, cette façon de se donner rendez-vous à la fin de l’été. On ne fera aucune comparaison mal placée, mais on dira qu’il y a donc au moins deux modèles socialistes de la diffusion culturelle et artistique, celle qui cherche le développement local à travers une activité, et celle qui offre en partage une occasion de découvrir les beautés actuelles d’un art. Notre choix a toujours été pour le second modèle, même si nous reconnaissons les mérites du premier.
Philippe Méziat
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Lee Konitz c’est quand même l’anti-star absolu : il dine en solitaire à la cantine du festival, revient vers la scène Sully en longeant les bords de l’Erdre, s’attarde un moment devant de jeunes musiciens nantais, accepte de répondre à deux ou trois de mes questions, ne se souvient pas du tout d’avoir joué à Bordeaux, monte sur scène dans le même vêtement avec lequel il est arrivé, repart de même, et au passage insulte presque les spectateurs qui lui font un accueil trop vibrant, excessif, en leur demandant de mettre un bémol à leurs acclamations, ou en leur rappelant qu’on n’est pas à un concert de rock.
Avec ça plutôt en forme, le son est d’abord un peu grave, un peu lourd même, il pourrait faire penser au dernier Art Pepper, puis il retrouve de la légèreté au fur et à mesure que le concert se déroule, 52 minutes exactement, des thèmes bien connus qui passent en lambeaux, puis un Body And Soul qui prend forme, la phrase redevient fluide, ductile, pour finir avec un Cherokee envoyé comme aux plus beaux jours. On dira qu’avec Dan Tepfer il a trouvé un partenaire à sa mesure actuelle, à la fois ronflant et bien assis sur les temps, mais capable bien sûr des plus grandes libertés. Lee Konitz a toujours eu besoin de ça, la liberté, le survol des barres de mesure, cette manière qui vient de Lester Young plus que de Charlie Parker parce que Parker lui-même la tenait de Lester.
Pas loin de deux mille personnes pour écouter ça, impossible de trouver une place pour les retardataires, Lee Konitz est, avec Sonny Rollins l’un des fondateurs du jazz moderne, on rappelle qu’ici ce genre de bonheur est offert. L’ancien maire de Nantes s’appelle Jean-Marc Ayrault, il avait (entre autres réussites sur le plan culturel) voulu ça pour les nantais, cette façon de se donner rendez-vous à la fin de l’été. On ne fera aucune comparaison mal placée, mais on dira qu’il y a donc au moins deux modèles socialistes de la diffusion culturelle et artistique, celle qui cherche le développement local à travers une activité, et celle qui offre en partage une occasion de découvrir les beautés actuelles d’un art. Notre choix a toujours été pour le second modèle, même si nous reconnaissons les mérites du premier.
Philippe Méziat
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Lee Konitz c’est quand même l’anti-star absolu : il dine en solitaire à la cantine du festival, revient vers la scène Sully en longeant les bords de l’Erdre, s’attarde un moment devant de jeunes musiciens nantais, accepte de répondre à deux ou trois de mes questions, ne se souvient pas du tout d’avoir joué à Bordeaux, monte sur scène dans le même vêtement avec lequel il est arrivé, repart de même, et au passage insulte presque les spectateurs qui lui font un accueil trop vibrant, excessif, en leur demandant de mettre un bémol à leurs acclamations, ou en leur rappelant qu’on n’est pas à un concert de rock.
Avec ça plutôt en forme, le son est d’abord un peu grave, un peu lourd même, il pourrait faire penser au dernier Art Pepper, puis il retrouve de la légèreté au fur et à mesure que le concert se déroule, 52 minutes exactement, des thèmes bien connus qui passent en lambeaux, puis un Body And Soul qui prend forme, la phrase redevient fluide, ductile, pour finir avec un Cherokee envoyé comme aux plus beaux jours. On dira qu’avec Dan Tepfer il a trouvé un partenaire à sa mesure actuelle, à la fois ronflant et bien assis sur les temps, mais capable bien sûr des plus grandes libertés. Lee Konitz a toujours eu besoin de ça, la liberté, le survol des barres de mesure, cette manière qui vient de Lester Young plus que de Charlie Parker parce que Parker lui-même la tenait de Lester.
Pas loin de deux mille personnes pour écouter ça, impossible de trouver une place pour les retardataires, Lee Konitz est, avec Sonny Rollins l’un des fondateurs du jazz moderne, on rappelle qu’ici ce genre de bonheur est offert. L’ancien maire de Nantes s’appelle Jean-Marc Ayrault, il avait (entre autres réussites sur le plan culturel) voulu ça pour les nantais, cette façon de se donner rendez-vous à la fin de l’été. On ne fera aucune comparaison mal placée, mais on dira qu’il y a donc au moins deux modèles socialistes de la diffusion culturelle et artistique, celle qui cherche le développement local à travers une activité, et celle qui offre en partage une occasion de découvrir les beautés actuelles d’un art. Notre choix a toujours été pour le second modèle, même si nous reconnaissons les mérites du premier.
Philippe Méziat
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Lee Konitz c’est quand même l’anti-star absolu : il dine en solitaire à la cantine du festival, revient vers la scène Sully en longeant les bords de l’Erdre, s’attarde un moment devant de jeunes musiciens nantais, accepte de répondre à deux ou trois de mes questions, ne se souvient pas du tout d’avoir joué à Bordeaux, monte sur scène dans le même vêtement avec lequel il est arrivé, repart de même, et au passage insulte presque les spectateurs qui lui font un accueil trop vibrant, excessif, en leur demandant de mettre un bémol à leurs acclamations, ou en leur rappelant qu’on n’est pas à un concert de rock.
Avec ça plutôt en forme, le son est d’abord un peu grave, un peu lourd même, il pourrait faire penser au dernier Art Pepper, puis il retrouve de la légèreté au fur et à mesure que le concert se déroule, 52 minutes exactement, des thèmes bien connus qui passent en lambeaux, puis un Body And Soul qui prend forme, la phrase redevient fluide, ductile, pour finir avec un Cherokee envoyé comme aux plus beaux jours. On dira qu’avec Dan Tepfer il a trouvé un partenaire à sa mesure actuelle, à la fois ronflant et bien assis sur les temps, mais capable bien sûr des plus grandes libertés. Lee Konitz a toujours eu besoin de ça, la liberté, le survol des barres de mesure, cette manière qui vient de Lester Young plus que de Charlie Parker parce que Parker lui-même la tenait de Lester.
Pas loin de deux mille personnes pour écouter ça, impossible de trouver une place pour les retardataires, Lee Konitz est, avec Sonny Rollins l’un des fondateurs du jazz moderne, on rappelle qu’ici ce genre de bonheur est offert. L’ancien maire de Nantes s’appelle Jean-Marc Ayrault, il avait (entre autres réussites sur le plan culturel) voulu ça pour les nantais, cette façon de se donner rendez-vous à la fin de l’été. On ne fera aucune comparaison mal placée, mais on dira qu’il y a donc au moins deux modèles socialistes de la diffusion culturelle et artistique, celle qui cherche le développement local à travers une activité, et celle qui offre en partage une occasion de découvrir les beautés actuelles d’un art. Notre choix a toujours été pour le second modèle, même si nous reconnaissons les mérites du premier.
Philippe Méziat