Les Imprévisibles, Marché des Douves à Bordeaux, l’enfance de l’art.
Julie Läderach nous invite à suivre ces trois jours « Imprévisibles », projection à l’Utopia d’un film réalisé par Alsa Achkar, sur et autour du collectif Tutti, performance au marché des Douves à l’invitation de l’Ensemble Proxima Centauri, présentation et mini-concert autour de la figure de Charlotte Moorman. Sinon, vous aurez croisé la violoncelliste ici récemment en compagnie de Étènesh Wassié (Banlieues Bleues). Voilà de quoi baliser un parcours, ou comment vivre de son art dans ces temps qui sont difficiles.
Les Imprévisibles : Julie Läderach, violoncelle, Chris Martineau, alto, Sylvain Meillan, violoncelle, Denise Laborde, mandoline, Bruno Laurent, contrebasse. Et les danseurs Ana Ladas, Léa Cornetti, Sylvain Méret, Wolf Govaerts.
Cette performance a été réalisée dans le cadre du « Spot musiques d’aujourd’hui » une carte blanche offerte par Proxima Centauri à Tutti.
Nous connaissons aussi, et de longue date, Chris Martineau et Denise Laborde, créatrices et interprètes d’un magnifique duo autour de Bartok et des traditions musicales basques, Bruno Laurent contrebassiste talentueux et aventureux, nous découvrons tous les autres en répétition dans la grande salle du 2° étage du Marché des Douves, très beau lieu situé tout près du marché des Capucins, où la fine fleur (avec les branches) se retrouve au moins le samedi matin. Ou le vendredi.
Le travail semble se faire par couples (musicien et danseur), mais ce n’est pas non plus un code figé. L’improvisation est au programme, ce qui veut dire en réaction immédiate aux sollicitations des uns vis à vis des autres. Tout sauf la facilité. L’humeur est belle, souriante, appliquée mais amoureuse de cette application. Pour certain.e.s, une aventure qui les a conduit.e.s de la musique contemporaine au théâtre musical en passant par tous les équilibres, et toutes les instabilités, et bien des rattrapages…
Alors dans la salle du bas, autour et à l’intérieur d’un public complice et attentif, ce sont les gestes et les musiques d’une enfance retrouvée. Les enfants qui y assistent en sont les témoins, sinon les garants. Tomber, glisser, s’arrêter, courir, marcher, regarder, dire, rire, parler, hurler, crier, instrumenter tout ça jusqu’à un arrêt sur image tendu, puis abandonné. Nous n’avons pu suivre les autres « spot » de cette aventure de début mai 2018. On retiendra ces images et ces sons d’un monde pas vraiment en marche. Plutôt en équilibre très instable. Imprévisible, quoi !
Philippe Méziat