Magic Malik Fanfare XP / Onze Heures Onze à La Petite Halle jusqu’à dimanche
Onze heures Onze est tout à la fois un collectif et un label porté par quelques têtes chercheuses de la scène française, tel le claviériste Alexander Herer et le saxophoniste Julien Pontvianne. L’association avec le flûtiste Magic Malik et sa Fanfare XP en a élargi les perspectives avec ce second festival à la Petite Halle qui réunit trois jours durant, du 12 au 13 octobre, des musiciens attachés à approfondir les interactions entre composition et improvisation.
En attendant les impressions dessinées et narrées d’Annie-Claire Alvoët et Jean-François Mondot qui étaient également présents pour Jazz Magazine, quelques mots, jetés entre un RER de banlieue tardif et un train pour Lausanne (où j’entendrai ce soir au Chorus le duo de la pianiste Sylvie Courvoisier et de la guitariste Mary Halvorson dans le cadre de JazzContreband), histoire de rappeler aux lecteurs de ce blog l’existence de ce festival parisien de trois jours (lui même affilié au festival Paris sur Seine ouvert hier même) qui se poursuit ce soir 13 avec le trio Réminiscence et la Fanfare XP de Magic Malik et le 14 avec Yantras du trompettiste Olivier Laisney et Odyssey 808 sur les spoken words de Bruce Sherfield.
Lorsque l’on interroge les relations entre écriture et improvisation, la référence à Steve Coleman est inévitable et son ombre était particulièrement présente tout au long des géométries mouvantes que le trio Mobius Ring de Pascal Mabit (sax alto), Emmanuel Forster (contrebasse) et Kevin Luchetti (batterie) parcourent avec une belle décontraction qui doit à l’éclectisme de son leader-compositeur également (et entre autres) porté sur l’héritage de l’école tristanienne. L’ombre colemanienne était plus directement évidente avec le quartette The Khu – Johan Blanc (trombone), Nicolas Peoc’h (sax alto), Nicolas Bauer (basse électrique) et Vincent Sauve (batterie) – qu’il aurait fallu pouvoir aller entendre la veille dans son fief breton, à l’Atlantique Jazz Festival de Brest qui se termine ce week end. Né au sein du collectif Nimbus où ils travaillèrent notamment avec Steve Coleman, ils s’en sont appropriés les concepts qu’ils réinventent morceau après morceau avec un mélange de précision, de virtuosité métrique, de décontraction et de bonne humeur assez ahurissant. Le fruit d’une longue complicité.
Le quartette Phonem – Reno Silva Couto (sax alto), Maïlys Maronne (piano, moog, voix, compositions), Philippe Burneau (basse élecrique) et Tilo Bertholo (batterie) – n’est pas étranger à l’influence colemanienne avec laquelle il prend toutefois des distances tout à fait singulières que l’on doit à l’organicité très particulière du groupe et à la plume très onirique de Maïlys Maronne, onirisme mélodique et harmonique qui, de ses partitions à son jeu pianistique, n’est pas sans évoquer celui d’une certain Magic Malik venu se joindre au groupe le temps d’un dernier morceau. On le retrouvera d’ailleurs sur le disque du groupe “Animus Volandi” qui paraît sur le label Onze Heures Onze. Chronique bientôt dans les pages de Jazz Magazine. • Franck Bergerot