Marciac (3): Un jazz tricolore et féminin pluriel
Tout l’orchestre s’est réfugié en ligne sur le bord de la scène immense du Chapiteau. Tous regardent avec des yeux écarquillés le duel des deux batteurs qui ferraillent à grand fracas au beau milieu du plateau. Manu Katché à gauche, Louis Moutin à droite font mouliner les baguettes comme si elles se trouvaient soudain stroboscopées.
Anne Paceo (dm), Christophe Panzani (ts,ss), Tony Paeleman (keyb), Leila Martial (voc)
Airelle Besson (tp), Benjamín Moussay (elp, keyb), Isabelle Sörling (voc), Fabrice Moreau (dm)
Henri Texier (b), François Corneloup (bars), Sebastien Texier (as), Louis Moutin (dm) + invités: Airelle Besson (tp), Jocelyn Mienniel (fl), Manu Codjia (elg), Manu Katché (dm)
Jazz in Marciac, Chapiteau Marciac (32230), 5 aout
Trois orchestres made in France en une même soirée sur la grande scène de Marciac. Qui dit mieux ? Et chacun(e) des leaders de ceux-ci remercient à qui mieux mieux la SACEM (Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique) pour les y avoir invités sinon hissés. Deux femmes à la tête de deux des trois orchestres « C’est la relève » dit un animateur de radio sur de lui et de son jugement. Henri Texier, septuagénaire de son état tient toujours le haut du pavé jazzistique dans l’hexagone et même au delà (tournée en Corée du Sud, Chine etc; cet hiver) Mais Airelle Besson comme Anne Paceo obtiennent des récompenses désormais pour leur savoir faire d’instrumentiste; comme compositrice également. Marciac, son grand chapiteau représentent une reconnaissance de leur talent.
Anne ¨Paceo l’a déjà raconté: elle doit son entrée dans le métier des caisses et cymbales à Christian Escoudé. Quel chemin parcouru depuis une décade ! On la voit plus souvent à l’affiche aujourd’hui que son premier mentor. Elle affirme clairement sa manière sur la batterie. Sa griffe sur les peaux. Une légèreté de l’être batteur jazzistique. Mais pas que. Dans une veine de gros drumming elle s’y entend aussi à mettre du volume, générer de la puissance pour tirer vers le haut, vers le large son collectif. Elle insiste sur les caisses, elle fait rouler les toms (Circles) Anne Paceo creuse en parallèle son sillon musical. Dans sa libre entreprise d’écriture, son champ de compositions elle travaille les alliages de sonorités, les couleurs (Tzigane) Dans son sillage Leila Martial (enfant musical -issue des classes de jazz- de Marciac) va chercher les lignes de crêtes tendues du soprano du brillant Christophe Panzani. Avec le clavier de Tony Paelman elle imprime de singuliers motifs circulaires (Toundra) Au bout du compte prédominent des alliances de couleurs. Certaines très représentatives des générations actuelles, tendance électriques, binaires, synthétisées jusqu’à se montrer massive dans l’attaque. Dans et hors un horizon jazz trop strict. Mais sur une scène, elle vit cette musique (Birth and Rebirth)
Dans sa définition comme son exposition (disque, scène) la voie d’Airelle Besson se trace au travers d’une musique qui prend des risques. Question contenu, bien sur. Mais déjà la nature de son orchestre, sans l’assise d’une basse, dit des choses. La trompette, son timbre clair, dessine des lignes aériennes. Elle donne une certaine fraicheur de ton également. Elle s’inscrit dans un mouvement, une mise dans l’espace des notes, des phrases chantées par Isabelle Sörling. Cette intention partagée cadre parfaitement avec l’axe prioritaire du travail des claviers de Benjamin Moussay, musicien toujours en recherche d’élans à impulser entre les univers acoustique et électrique (Radio One) Resterait à qualifier le rôle de Fabrice Moreau. Batteur singulier il l’est. Son jeu le situe dans une certaine finesse, porté vers l’accentuation, la suggestion par touches successives, la nuance. Jamais dans l’affirmation par la force, la séduction par le seul volume sonore (Neige) On a pu le vérifier in situ à Séoul, à Oloron, à Coutances comme hier soir à Marciac. La musique d’Airelle Besson séduit par son brio malgré un fort degré d’exigence vis à vis du public : « Merci pour la qualité de votre écoute ! » prend-elle soin de répéter en chaque occasion. Avant d’offrir en guise de cadeau, à celui de Marciac l’exclusivité d’un thème inédit The sound of your voice, à paraître dans un prochain opus.
Un premier morceau enclenché avec deux batteurs pour pousser la machine. Plus un pupitre de quatre cuivres dont deux invités (Jocelyn Mienniel, flute; Airelle Besson, trompette) pour une formule inaugurée au festival de Jarasum en Corée du Sud. D’où un premier morceau tonitruant (Les Là-Bas) très cuivré qui paraît sortir d’une BO des Jazz Messengers d’Art Blakey. Un hommage à Paul Motian (Sand woman), occasion d’un solo inspiré de Sébastien Texier à l’alto, l’exploration de thèmes écrits par le bassiste en illustration et défense des indiens (François Corneloup, découpeur de phrases qui sonnent justes au sax baryton, Airelle Besson pour ses éclats de trompette, Jocelyn Mienniel étonnant dans son exploitation des étiages de souffles titrés à la flute) , un duo en duel d’explosivité ardente enfin entre les deux Manus, Katché à la batterie et Codjia à la guitare. Henri Texier faiseur de mélodies qui se nichent dans le cerveau pour ne plus en partir se régale à distribuer les rôles dans un pareil contexte d’abondance d’instruments. Marciac l’a constaté de visu: malgré l’heure très tardive du concert le bassiste se régalait à faire tourneur ses standards à lui, perso, une sorte de big band. A la manière d’un Mingus, qui sait ?
Robert Latxague
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Tout l’orchestre s’est réfugié en ligne sur le bord de la scène immense du Chapiteau. Tous regardent avec des yeux écarquillés le duel des deux batteurs qui ferraillent à grand fracas au beau milieu du plateau. Manu Katché à gauche, Louis Moutin à droite font mouliner les baguettes comme si elles se trouvaient soudain stroboscopées.
Anne Paceo (dm), Christophe Panzani (ts,ss), Tony Paeleman (keyb), Leila Martial (voc)
Airelle Besson (tp), Benjamín Moussay (elp, keyb), Isabelle Sörling (voc), Fabrice Moreau (dm)
Henri Texier (b), François Corneloup (bars), Sebastien Texier (as), Louis Moutin (dm) + invités: Airelle Besson (tp), Jocelyn Mienniel (fl), Manu Codjia (elg), Manu Katché (dm)
Jazz in Marciac, Chapiteau Marciac (32230), 5 aout
Trois orchestres made in France en une même soirée sur la grande scène de Marciac. Qui dit mieux ? Et chacun(e) des leaders de ceux-ci remercient à qui mieux mieux la SACEM (Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique) pour les y avoir invités sinon hissés. Deux femmes à la tête de deux des trois orchestres « C’est la relève » dit un animateur de radio sur de lui et de son jugement. Henri Texier, septuagénaire de son état tient toujours le haut du pavé jazzistique dans l’hexagone et même au delà (tournée en Corée du Sud, Chine etc; cet hiver) Mais Airelle Besson comme Anne Paceo obtiennent des récompenses désormais pour leur savoir faire d’instrumentiste; comme compositrice également. Marciac, son grand chapiteau représentent une reconnaissance de leur talent.
Anne ¨Paceo l’a déjà raconté: elle doit son entrée dans le métier des caisses et cymbales à Christian Escoudé. Quel chemin parcouru depuis une décade ! On la voit plus souvent à l’affiche aujourd’hui que son premier mentor. Elle affirme clairement sa manière sur la batterie. Sa griffe sur les peaux. Une légèreté de l’être batteur jazzistique. Mais pas que. Dans une veine de gros drumming elle s’y entend aussi à mettre du volume, générer de la puissance pour tirer vers le haut, vers le large son collectif. Elle insiste sur les caisses, elle fait rouler les toms (Circles) Anne Paceo creuse en parallèle son sillon musical. Dans sa libre entreprise d’écriture, son champ de compositions elle travaille les alliages de sonorités, les couleurs (Tzigane) Dans son sillage Leila Martial (enfant musical -issue des classes de jazz- de Marciac) va chercher les lignes de crêtes tendues du soprano du brillant Christophe Panzani. Avec le clavier de Tony Paelman elle imprime de singuliers motifs circulaires (Toundra) Au bout du compte prédominent des alliances de couleurs. Certaines très représentatives des générations actuelles, tendance électriques, binaires, synthétisées jusqu’à se montrer massive dans l’attaque. Dans et hors un horizon jazz trop strict. Mais sur une scène, elle vit cette musique (Birth and Rebirth)
Dans sa définition comme son exposition (disque, scène) la voie d’Airelle Besson se trace au travers d’une musique qui prend des risques. Question contenu, bien sur. Mais déjà la nature de son orchestre, sans l’assise d’une basse, dit des choses. La trompette, son timbre clair, dessine des lignes aériennes. Elle donne une certaine fraicheur de ton également. Elle s’inscrit dans un mouvement, une mise dans l’espace des notes, des phrases chantées par Isabelle Sörling. Cette intention partagée cadre parfaitement avec l’axe prioritaire du travail des claviers de Benjamin Moussay, musicien toujours en recherche d’élans à impulser entre les univers acoustique et électrique (Radio One) Resterait à qualifier le rôle de Fabrice Moreau. Batteur singulier il l’est. Son jeu le situe dans une certaine finesse, porté vers l’accentuation, la suggestion par touches successives, la nuance. Jamais dans l’affirmation par la force, la séduction par le seul volume sonore (Neige) On a pu le vérifier in situ à Séoul, à Oloron, à Coutances comme hier soir à Marciac. La musique d’Airelle Besson séduit par son brio malgré un fort degré d’exigence vis à vis du public : « Merci pour la qualité de votre écoute ! » prend-elle soin de répéter en chaque occasion. Avant d’offrir en guise de cadeau, à celui de Marciac l’exclusivité d’un thème inédit The sound of your voice, à paraître dans un prochain opus.
Un premier morceau enclenché avec deux batteurs pour pousser la machine. Plus un pupitre de quatre cuivres dont deux invités (Jocelyn Mienniel, flute; Airelle Besson, trompette) pour une formule inaugurée au festival de Jarasum en Corée du Sud. D’où un premier morceau tonitruant (Les Là-Bas) très cuivré qui paraît sortir d’une BO des Jazz Messengers d’Art Blakey. Un hommage à Paul Motian (Sand woman), occasion d’un solo inspiré de Sébastien Texier à l’alto, l’exploration de thèmes écrits par le bassiste en illustration et défense des indiens (François Corneloup, découpeur de phrases qui sonnent justes au sax baryton, Airelle Besson pour ses éclats de trompette, Jocelyn Mienniel étonnant dans son exploitation des étiages de souffles titrés à la flute) , un duo en duel d’explosivité ardente enfin entre les deux Manus, Katché à la batterie et Codjia à la guitare. Henri Texier faiseur de mélodies qui se nichent dans le cerveau pour ne plus en partir se régale à distribuer les rôles dans un pareil contexte d’abondance d’instruments. Marciac l’a constaté de visu: malgré l’heure très tardive du concert le bassiste se régalait à faire tourneur ses standards à lui, perso, une sorte de big band. A la manière d’un Mingus, qui sait ?
Robert Latxague
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Tout l’orchestre s’est réfugié en ligne sur le bord de la scène immense du Chapiteau. Tous regardent avec des yeux écarquillés le duel des deux batteurs qui ferraillent à grand fracas au beau milieu du plateau. Manu Katché à gauche, Louis Moutin à droite font mouliner les baguettes comme si elles se trouvaient soudain stroboscopées.
Anne Paceo (dm), Christophe Panzani (ts,ss), Tony Paeleman (keyb), Leila Martial (voc)
Airelle Besson (tp), Benjamín Moussay (elp, keyb), Isabelle Sörling (voc), Fabrice Moreau (dm)
Henri Texier (b), François Corneloup (bars), Sebastien Texier (as), Louis Moutin (dm) + invités: Airelle Besson (tp), Jocelyn Mienniel (fl), Manu Codjia (elg), Manu Katché (dm)
Jazz in Marciac, Chapiteau Marciac (32230), 5 aout
Trois orchestres made in France en une même soirée sur la grande scène de Marciac. Qui dit mieux ? Et chacun(e) des leaders de ceux-ci remercient à qui mieux mieux la SACEM (Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique) pour les y avoir invités sinon hissés. Deux femmes à la tête de deux des trois orchestres « C’est la relève » dit un animateur de radio sur de lui et de son jugement. Henri Texier, septuagénaire de son état tient toujours le haut du pavé jazzistique dans l’hexagone et même au delà (tournée en Corée du Sud, Chine etc; cet hiver) Mais Airelle Besson comme Anne Paceo obtiennent des récompenses désormais pour leur savoir faire d’instrumentiste; comme compositrice également. Marciac, son grand chapiteau représentent une reconnaissance de leur talent.
Anne ¨Paceo l’a déjà raconté: elle doit son entrée dans le métier des caisses et cymbales à Christian Escoudé. Quel chemin parcouru depuis une décade ! On la voit plus souvent à l’affiche aujourd’hui que son premier mentor. Elle affirme clairement sa manière sur la batterie. Sa griffe sur les peaux. Une légèreté de l’être batteur jazzistique. Mais pas que. Dans une veine de gros drumming elle s’y entend aussi à mettre du volume, générer de la puissance pour tirer vers le haut, vers le large son collectif. Elle insiste sur les caisses, elle fait rouler les toms (Circles) Anne Paceo creuse en parallèle son sillon musical. Dans sa libre entreprise d’écriture, son champ de compositions elle travaille les alliages de sonorités, les couleurs (Tzigane) Dans son sillage Leila Martial (enfant musical -issue des classes de jazz- de Marciac) va chercher les lignes de crêtes tendues du soprano du brillant Christophe Panzani. Avec le clavier de Tony Paelman elle imprime de singuliers motifs circulaires (Toundra) Au bout du compte prédominent des alliances de couleurs. Certaines très représentatives des générations actuelles, tendance électriques, binaires, synthétisées jusqu’à se montrer massive dans l’attaque. Dans et hors un horizon jazz trop strict. Mais sur une scène, elle vit cette musique (Birth and Rebirth)
Dans sa définition comme son exposition (disque, scène) la voie d’Airelle Besson se trace au travers d’une musique qui prend des risques. Question contenu, bien sur. Mais déjà la nature de son orchestre, sans l’assise d’une basse, dit des choses. La trompette, son timbre clair, dessine des lignes aériennes. Elle donne une certaine fraicheur de ton également. Elle s’inscrit dans un mouvement, une mise dans l’espace des notes, des phrases chantées par Isabelle Sörling. Cette intention partagée cadre parfaitement avec l’axe prioritaire du travail des claviers de Benjamin Moussay, musicien toujours en recherche d’élans à impulser entre les univers acoustique et électrique (Radio One) Resterait à qualifier le rôle de Fabrice Moreau. Batteur singulier il l’est. Son jeu le situe dans une certaine finesse, porté vers l’accentuation, la suggestion par touches successives, la nuance. Jamais dans l’affirmation par la force, la séduction par le seul volume sonore (Neige) On a pu le vérifier in situ à Séoul, à Oloron, à Coutances comme hier soir à Marciac. La musique d’Airelle Besson séduit par son brio malgré un fort degré d’exigence vis à vis du public : « Merci pour la qualité de votre écoute ! » prend-elle soin de répéter en chaque occasion. Avant d’offrir en guise de cadeau, à celui de Marciac l’exclusivité d’un thème inédit The sound of your voice, à paraître dans un prochain opus.
Un premier morceau enclenché avec deux batteurs pour pousser la machine. Plus un pupitre de quatre cuivres dont deux invités (Jocelyn Mienniel, flute; Airelle Besson, trompette) pour une formule inaugurée au festival de Jarasum en Corée du Sud. D’où un premier morceau tonitruant (Les Là-Bas) très cuivré qui paraît sortir d’une BO des Jazz Messengers d’Art Blakey. Un hommage à Paul Motian (Sand woman), occasion d’un solo inspiré de Sébastien Texier à l’alto, l’exploration de thèmes écrits par le bassiste en illustration et défense des indiens (François Corneloup, découpeur de phrases qui sonnent justes au sax baryton, Airelle Besson pour ses éclats de trompette, Jocelyn Mienniel étonnant dans son exploitation des étiages de souffles titrés à la flute) , un duo en duel d’explosivité ardente enfin entre les deux Manus, Katché à la batterie et Codjia à la guitare. Henri Texier faiseur de mélodies qui se nichent dans le cerveau pour ne plus en partir se régale à distribuer les rôles dans un pareil contexte d’abondance d’instruments. Marciac l’a constaté de visu: malgré l’heure très tardive du concert le bassiste se régalait à faire tourneur ses standards à lui, perso, une sorte de big band. A la manière d’un Mingus, qui sait ?
Robert Latxague
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Tout l’orchestre s’est réfugié en ligne sur le bord de la scène immense du Chapiteau. Tous regardent avec des yeux écarquillés le duel des deux batteurs qui ferraillent à grand fracas au beau milieu du plateau. Manu Katché à gauche, Louis Moutin à droite font mouliner les baguettes comme si elles se trouvaient soudain stroboscopées.
Anne Paceo (dm), Christophe Panzani (ts,ss), Tony Paeleman (keyb), Leila Martial (voc)
Airelle Besson (tp), Benjamín Moussay (elp, keyb), Isabelle Sörling (voc), Fabrice Moreau (dm)
Henri Texier (b), François Corneloup (bars), Sebastien Texier (as), Louis Moutin (dm) + invités: Airelle Besson (tp), Jocelyn Mienniel (fl), Manu Codjia (elg), Manu Katché (dm)
Jazz in Marciac, Chapiteau Marciac (32230), 5 aout
Trois orchestres made in France en une même soirée sur la grande scène de Marciac. Qui dit mieux ? Et chacun(e) des leaders de ceux-ci remercient à qui mieux mieux la SACEM (Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique) pour les y avoir invités sinon hissés. Deux femmes à la tête de deux des trois orchestres « C’est la relève » dit un animateur de radio sur de lui et de son jugement. Henri Texier, septuagénaire de son état tient toujours le haut du pavé jazzistique dans l’hexagone et même au delà (tournée en Corée du Sud, Chine etc; cet hiver) Mais Airelle Besson comme Anne Paceo obtiennent des récompenses désormais pour leur savoir faire d’instrumentiste; comme compositrice également. Marciac, son grand chapiteau représentent une reconnaissance de leur talent.
Anne ¨Paceo l’a déjà raconté: elle doit son entrée dans le métier des caisses et cymbales à Christian Escoudé. Quel chemin parcouru depuis une décade ! On la voit plus souvent à l’affiche aujourd’hui que son premier mentor. Elle affirme clairement sa manière sur la batterie. Sa griffe sur les peaux. Une légèreté de l’être batteur jazzistique. Mais pas que. Dans une veine de gros drumming elle s’y entend aussi à mettre du volume, générer de la puissance pour tirer vers le haut, vers le large son collectif. Elle insiste sur les caisses, elle fait rouler les toms (Circles) Anne Paceo creuse en parallèle son sillon musical. Dans sa libre entreprise d’écriture, son champ de compositions elle travaille les alliages de sonorités, les couleurs (Tzigane) Dans son sillage Leila Martial (enfant musical -issue des classes de jazz- de Marciac) va chercher les lignes de crêtes tendues du soprano du brillant Christophe Panzani. Avec le clavier de Tony Paelman elle imprime de singuliers motifs circulaires (Toundra) Au bout du compte prédominent des alliances de couleurs. Certaines très représentatives des générations actuelles, tendance électriques, binaires, synthétisées jusqu’à se montrer massive dans l’attaque. Dans et hors un horizon jazz trop strict. Mais sur une scène, elle vit cette musique (Birth and Rebirth)
Dans sa définition comme son exposition (disque, scène) la voie d’Airelle Besson se trace au travers d’une musique qui prend des risques. Question contenu, bien sur. Mais déjà la nature de son orchestre, sans l’assise d’une basse, dit des choses. La trompette, son timbre clair, dessine des lignes aériennes. Elle donne une certaine fraicheur de ton également. Elle s’inscrit dans un mouvement, une mise dans l’espace des notes, des phrases chantées par Isabelle Sörling. Cette intention partagée cadre parfaitement avec l’axe prioritaire du travail des claviers de Benjamin Moussay, musicien toujours en recherche d’élans à impulser entre les univers acoustique et électrique (Radio One) Resterait à qualifier le rôle de Fabrice Moreau. Batteur singulier il l’est. Son jeu le situe dans une certaine finesse, porté vers l’accentuation, la suggestion par touches successives, la nuance. Jamais dans l’affirmation par la force, la séduction par le seul volume sonore (Neige) On a pu le vérifier in situ à Séoul, à Oloron, à Coutances comme hier soir à Marciac. La musique d’Airelle Besson séduit par son brio malgré un fort degré d’exigence vis à vis du public : « Merci pour la qualité de votre écoute ! » prend-elle soin de répéter en chaque occasion. Avant d’offrir en guise de cadeau, à celui de Marciac l’exclusivité d’un thème inédit The sound of your voice, à paraître dans un prochain opus.
Un premier morceau enclenché avec deux batteurs pour pousser la machine. Plus un pupitre de quatre cuivres dont deux invités (Jocelyn Mienniel, flute; Airelle Besson, trompette) pour une formule inaugurée au festival de Jarasum en Corée du Sud. D’où un premier morceau tonitruant (Les Là-Bas) très cuivré qui paraît sortir d’une BO des Jazz Messengers d’Art Blakey. Un hommage à Paul Motian (Sand woman), occasion d’un solo inspiré de Sébastien Texier à l’alto, l’exploration de thèmes écrits par le bassiste en illustration et défense des indiens (François Corneloup, découpeur de phrases qui sonnent justes au sax baryton, Airelle Besson pour ses éclats de trompette, Jocelyn Mienniel étonnant dans son exploitation des étiages de souffles titrés à la flute) , un duo en duel d’explosivité ardente enfin entre les deux Manus, Katché à la batterie et Codjia à la guitare. Henri Texier faiseur de mélodies qui se nichent dans le cerveau pour ne plus en partir se régale à distribuer les rôles dans un pareil contexte d’abondance d’instruments. Marciac l’a constaté de visu: malgré l’heure très tardive du concert le bassiste se régalait à faire tourneur ses standards à lui, perso, une sorte de big band. A la manière d’un Mingus, qui sait ?
Robert Latxague