Marciac : Scott Hamilton Quartet avec Dena DeRose
Depuis des lustres, indifférent aux modes, aux tendances, aux courants, Scott Hamilton trace son propre sillon. Obstination ? Peut-être – c’est ce que prétendent ses détracteurs. Constance, sûrement. Et même un certain courage, car il en faut pour rester en toute circonstance fidèle à soi même. La recette a sans doute du bon, si l’on en juge par la pérennité de sa présence sur la scène du jazz mondial, depuis ses débuts en 1977, présence concrétisée par plus de vingt-cinq albums sous son nom. De là à en faire un chef de file, il y a un pas qu’on se gardera de franchir, même si son influence est perceptible sur certains de ses cadets, tel Harry Allen.
Scott Hamilton (ts), Dena DeRose (p, voc), Reggie Johnson (b), Mario Gonzi (dm). Marciac, l’Astrada, 27 octobre.
Quoi qu’il en soit, il ne fallait pas s’attendre à un concert révolutionnaire – et, du reste, le public qui garnissait copieusement l’Astrada n’était pas venu pour cela. Plutôt, au moins pour certains, pour voir et entendre Dena DeRose. Découvrir cette pianiste-chanteuse qui avait fait forte impression en trio cet été, durant le festival. Pour d’autres, confirmer leur première impression.
Mais d’abord, ses partenaires, à commencer par Hamilton : d’entrée de jeu, le saxophoniste donne le ton avec un somptueux What Is This Thing Called Love qu’il introduit longuement a cappella avant d’en exposer le thème et de laisser le champ libre aux autres membres du quartette. Un schéma qui se répètera au long du concert. Une large place est faite aux ballades, un genre où il excelle et qui permet de mesurer tout ce qu’il doit à ses devanciers, singulièrement à Ben Webster dont il a retenu la sensualité gourmande. Témoin un Skylark pris sur un tempo particulièrement lent, débouchant sur une coda à tiroirs. Ou, de Zoot Sims, Zoot Blues, où se mesure l’influence de Lester à travers celle des ténors de la West Coast.
Il n’en reste pas moins que, par-delà ces liens tangibles, il a su se forger un style où se reflète sa personnalité et sa capacité d’invention. Un son plein et aérien à la fois, un swing robuste sans les outrances ni les âpretés des ténors texans dont les archétypes demeurent Arnett Cobb et Illinois Jacquet. Une chaleur communicative.
Au sein de la rythmique, Reggie Johnson assure avec sa sûreté habituelle le rôle de plaque tournante. Rigueur et sobriété. Pas une note de trop. Il pourrait figurer une allégorie de l’impassibilité marmoréenne. Le batteur autrichien Mario Gonzi, qui se fit connaître avec le Vienna Art Orchestra, est plus exubérant et montre dans ses solos une belle technique. L’un et l’autre faisaient partie de la tournée d’été de la pianiste et leur complicité avec celle-ci se manifeste en plusieurs occurrences, Hamilton faisant alors figure, dans la seconde moitié du concert, d’invité de luxe plus encore que de leader.
Pour en venir à Dena DeRose, Américaine établie en Autriche depuis 2006, c’est une pianiste honorable, capable de développements cohérents qu’elle ponctue de block chords assénés avec vigueur. Capable de swinguer, mais par intermittence. Comme chanteuse, plus convaincante lorsqu’elle scatte à l’unisson de son instrument (encore que son interprétation purement vocale de Travelin’ Light, où le ténor lui fournit un contre-chant magistral, ne soit pas dépourvue de qualités). Une nouvelle Shirley Horn ? La comparaison a été avancée. Un peu abusivement, si l’on s’en tient à sa prestation de ce soir. Il n’en reste pas moins que ceux qui y ont assisté ont passé une agréable soirée.
Jacques Aboucaya
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Depuis des lustres, indifférent aux modes, aux tendances, aux courants, Scott Hamilton trace son propre sillon. Obstination ? Peut-être – c’est ce que prétendent ses détracteurs. Constance, sûrement. Et même un certain courage, car il en faut pour rester en toute circonstance fidèle à soi même. La recette a sans doute du bon, si l’on en juge par la pérennité de sa présence sur la scène du jazz mondial, depuis ses débuts en 1977, présence concrétisée par plus de vingt-cinq albums sous son nom. De là à en faire un chef de file, il y a un pas qu’on se gardera de franchir, même si son influence est perceptible sur certains de ses cadets, tel Harry Allen.
Scott Hamilton (ts), Dena DeRose (p, voc), Reggie Johnson (b), Mario Gonzi (dm). Marciac, l’Astrada, 27 octobre.
Quoi qu’il en soit, il ne fallait pas s’attendre à un concert révolutionnaire – et, du reste, le public qui garnissait copieusement l’Astrada n’était pas venu pour cela. Plutôt, au moins pour certains, pour voir et entendre Dena DeRose. Découvrir cette pianiste-chanteuse qui avait fait forte impression en trio cet été, durant le festival. Pour d’autres, confirmer leur première impression.
Mais d’abord, ses partenaires, à commencer par Hamilton : d’entrée de jeu, le saxophoniste donne le ton avec un somptueux What Is This Thing Called Love qu’il introduit longuement a cappella avant d’en exposer le thème et de laisser le champ libre aux autres membres du quartette. Un schéma qui se répètera au long du concert. Une large place est faite aux ballades, un genre où il excelle et qui permet de mesurer tout ce qu’il doit à ses devanciers, singulièrement à Ben Webster dont il a retenu la sensualité gourmande. Témoin un Skylark pris sur un tempo particulièrement lent, débouchant sur une coda à tiroirs. Ou, de Zoot Sims, Zoot Blues, où se mesure l’influence de Lester à travers celle des ténors de la West Coast.
Il n’en reste pas moins que, par-delà ces liens tangibles, il a su se forger un style où se reflète sa personnalité et sa capacité d’invention. Un son plein et aérien à la fois, un swing robuste sans les outrances ni les âpretés des ténors texans dont les archétypes demeurent Arnett Cobb et Illinois Jacquet. Une chaleur communicative.
Au sein de la rythmique, Reggie Johnson assure avec sa sûreté habituelle le rôle de plaque tournante. Rigueur et sobriété. Pas une note de trop. Il pourrait figurer une allégorie de l’impassibilité marmoréenne. Le batteur autrichien Mario Gonzi, qui se fit connaître avec le Vienna Art Orchestra, est plus exubérant et montre dans ses solos une belle technique. L’un et l’autre faisaient partie de la tournée d’été de la pianiste et leur complicité avec celle-ci se manifeste en plusieurs occurrences, Hamilton faisant alors figure, dans la seconde moitié du concert, d’invité de luxe plus encore que de leader.
Pour en venir à Dena DeRose, Américaine établie en Autriche depuis 2006, c’est une pianiste honorable, capable de développements cohérents qu’elle ponctue de block chords assénés avec vigueur. Capable de swinguer, mais par intermittence. Comme chanteuse, plus convaincante lorsqu’elle scatte à l’unisson de son instrument (encore que son interprétation purement vocale de Travelin’ Light, où le ténor lui fournit un contre-chant magistral, ne soit pas dépourvue de qualités). Une nouvelle Shirley Horn ? La comparaison a été avancée. Un peu abusivement, si l’on s’en tient à sa prestation de ce soir. Il n’en reste pas moins que ceux qui y ont assisté ont passé une agréable soirée.
Jacques Aboucaya
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Depuis des lustres, indifférent aux modes, aux tendances, aux courants, Scott Hamilton trace son propre sillon. Obstination ? Peut-être – c’est ce que prétendent ses détracteurs. Constance, sûrement. Et même un certain courage, car il en faut pour rester en toute circonstance fidèle à soi même. La recette a sans doute du bon, si l’on en juge par la pérennité de sa présence sur la scène du jazz mondial, depuis ses débuts en 1977, présence concrétisée par plus de vingt-cinq albums sous son nom. De là à en faire un chef de file, il y a un pas qu’on se gardera de franchir, même si son influence est perceptible sur certains de ses cadets, tel Harry Allen.
Scott Hamilton (ts), Dena DeRose (p, voc), Reggie Johnson (b), Mario Gonzi (dm). Marciac, l’Astrada, 27 octobre.
Quoi qu’il en soit, il ne fallait pas s’attendre à un concert révolutionnaire – et, du reste, le public qui garnissait copieusement l’Astrada n’était pas venu pour cela. Plutôt, au moins pour certains, pour voir et entendre Dena DeRose. Découvrir cette pianiste-chanteuse qui avait fait forte impression en trio cet été, durant le festival. Pour d’autres, confirmer leur première impression.
Mais d’abord, ses partenaires, à commencer par Hamilton : d’entrée de jeu, le saxophoniste donne le ton avec un somptueux What Is This Thing Called Love qu’il introduit longuement a cappella avant d’en exposer le thème et de laisser le champ libre aux autres membres du quartette. Un schéma qui se répètera au long du concert. Une large place est faite aux ballades, un genre où il excelle et qui permet de mesurer tout ce qu’il doit à ses devanciers, singulièrement à Ben Webster dont il a retenu la sensualité gourmande. Témoin un Skylark pris sur un tempo particulièrement lent, débouchant sur une coda à tiroirs. Ou, de Zoot Sims, Zoot Blues, où se mesure l’influence de Lester à travers celle des ténors de la West Coast.
Il n’en reste pas moins que, par-delà ces liens tangibles, il a su se forger un style où se reflète sa personnalité et sa capacité d’invention. Un son plein et aérien à la fois, un swing robuste sans les outrances ni les âpretés des ténors texans dont les archétypes demeurent Arnett Cobb et Illinois Jacquet. Une chaleur communicative.
Au sein de la rythmique, Reggie Johnson assure avec sa sûreté habituelle le rôle de plaque tournante. Rigueur et sobriété. Pas une note de trop. Il pourrait figurer une allégorie de l’impassibilité marmoréenne. Le batteur autrichien Mario Gonzi, qui se fit connaître avec le Vienna Art Orchestra, est plus exubérant et montre dans ses solos une belle technique. L’un et l’autre faisaient partie de la tournée d’été de la pianiste et leur complicité avec celle-ci se manifeste en plusieurs occurrences, Hamilton faisant alors figure, dans la seconde moitié du concert, d’invité de luxe plus encore que de leader.
Pour en venir à Dena DeRose, Américaine établie en Autriche depuis 2006, c’est une pianiste honorable, capable de développements cohérents qu’elle ponctue de block chords assénés avec vigueur. Capable de swinguer, mais par intermittence. Comme chanteuse, plus convaincante lorsqu’elle scatte à l’unisson de son instrument (encore que son interprétation purement vocale de Travelin’ Light, où le ténor lui fournit un contre-chant magistral, ne soit pas dépourvue de qualités). Une nouvelle Shirley Horn ? La comparaison a été avancée. Un peu abusivement, si l’on s’en tient à sa prestation de ce soir. Il n’en reste pas moins que ceux qui y ont assisté ont passé une agréable soirée.
Jacques Aboucaya
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Depuis des lustres, indifférent aux modes, aux tendances, aux courants, Scott Hamilton trace son propre sillon. Obstination ? Peut-être – c’est ce que prétendent ses détracteurs. Constance, sûrement. Et même un certain courage, car il en faut pour rester en toute circonstance fidèle à soi même. La recette a sans doute du bon, si l’on en juge par la pérennité de sa présence sur la scène du jazz mondial, depuis ses débuts en 1977, présence concrétisée par plus de vingt-cinq albums sous son nom. De là à en faire un chef de file, il y a un pas qu’on se gardera de franchir, même si son influence est perceptible sur certains de ses cadets, tel Harry Allen.
Scott Hamilton (ts), Dena DeRose (p, voc), Reggie Johnson (b), Mario Gonzi (dm). Marciac, l’Astrada, 27 octobre.
Quoi qu’il en soit, il ne fallait pas s’attendre à un concert révolutionnaire – et, du reste, le public qui garnissait copieusement l’Astrada n’était pas venu pour cela. Plutôt, au moins pour certains, pour voir et entendre Dena DeRose. Découvrir cette pianiste-chanteuse qui avait fait forte impression en trio cet été, durant le festival. Pour d’autres, confirmer leur première impression.
Mais d’abord, ses partenaires, à commencer par Hamilton : d’entrée de jeu, le saxophoniste donne le ton avec un somptueux What Is This Thing Called Love qu’il introduit longuement a cappella avant d’en exposer le thème et de laisser le champ libre aux autres membres du quartette. Un schéma qui se répètera au long du concert. Une large place est faite aux ballades, un genre où il excelle et qui permet de mesurer tout ce qu’il doit à ses devanciers, singulièrement à Ben Webster dont il a retenu la sensualité gourmande. Témoin un Skylark pris sur un tempo particulièrement lent, débouchant sur une coda à tiroirs. Ou, de Zoot Sims, Zoot Blues, où se mesure l’influence de Lester à travers celle des ténors de la West Coast.
Il n’en reste pas moins que, par-delà ces liens tangibles, il a su se forger un style où se reflète sa personnalité et sa capacité d’invention. Un son plein et aérien à la fois, un swing robuste sans les outrances ni les âpretés des ténors texans dont les archétypes demeurent Arnett Cobb et Illinois Jacquet. Une chaleur communicative.
Au sein de la rythmique, Reggie Johnson assure avec sa sûreté habituelle le rôle de plaque tournante. Rigueur et sobriété. Pas une note de trop. Il pourrait figurer une allégorie de l’impassibilité marmoréenne. Le batteur autrichien Mario Gonzi, qui se fit connaître avec le Vienna Art Orchestra, est plus exubérant et montre dans ses solos une belle technique. L’un et l’autre faisaient partie de la tournée d’été de la pianiste et leur complicité avec celle-ci se manifeste en plusieurs occurrences, Hamilton faisant alors figure, dans la seconde moitié du concert, d’invité de luxe plus encore que de leader.
Pour en venir à Dena DeRose, Américaine établie en Autriche depuis 2006, c’est une pianiste honorable, capable de développements cohérents qu’elle ponctue de block chords assénés avec vigueur. Capable de swinguer, mais par intermittence. Comme chanteuse, plus convaincante lorsqu’elle scatte à l’unisson de son instrument (encore que son interprétation purement vocale de Travelin’ Light, où le ténor lui fournit un contre-chant magistral, ne soit pas dépourvue de qualités). Une nouvelle Shirley Horn ? La comparaison a été avancée. Un peu abusivement, si l’on s’en tient à sa prestation de ce soir. Il n’en reste pas moins que ceux qui y ont assisté ont passé une agréable soirée.
Jacques Aboucaya