Mare Nostrum : trop calme
Ça n’arrive pas souvent, mais il y a des soirées comme ça. Celle-ci devait avoir lieu d’abord dans la magique carrière de Rognes, mais la sécheresse et les incendies tout proches ont motivé un déplacement de dernière heure vers le Grand Théâtre de Provence, à Aix. Adieu cigales, nuit étoilée. Mais c’est une belle salle, l’affiche est prometteuse, et on y va avec curiosité, plein d’attente, conjecturant ce que donnera la singulière association de ce trio réunissant un accordéoniste français, un trompettiste italien et un pianiste suédois sous l’appellation énigmatique de Mare Nostrum.
Le concert commence, dans un répertoire d’esprit new musette ou apparenté, sur tempo lent ou medium moins. Tout est lisse, impeccablement exécuté. Les artistes s’écoutent sagement, se soutiennent amicalement, improvisent doucement, presque secrètement, chacun à son tour, quand l’autre a terminé. De l’autre côté de la rampe, on attend. L’eau tiède se déverse sans à-coup sur une salle assagie, silencieuse. Mais l’eau est ennemie de l’étincelle, et bientôt c’est l’étonnement, qui s’apaise dans l’ennui.
Tant de perfection formelle ne surprend pas, venant de ces virtuoses de haute volée, dont le souvenir des échappées dans d’autres contextes (Galliano avec Portal, etc, Fresu avec Rava ou son 5tet…) déjà vient hanter tristement la mémoire.
On attend, on espère encore. On se demande : est-ce par égard pour le public plutôt classique du festival, de son goût supposé pour la consonance ? Et les thèmes s’enchaînent : mais non, rien.
Si, tout de même : une envolée de Paolo Fresu, dans son duo avec Richard Galliano, rappelle brièvement quel extraordinaire improvisateur le trompettiste peut être, et quel drive peut habiter son phrasé.
Mais bientôt revient la douceur lénifiante. L’esprit à nouveau vagabonde, dans le rêve de ce qui aurait pu être. Le pianiste, accompagnateur délicat, fait occasionnellement songer à son regretté compatriote Jan Johansson, ce qui est une consolation.
Le thème final, très enlevé, vient comme une surprise au terme d’une introduction soigneusement déconstruite : ici, même le chaos se prépare, se travaille, s’ordonne. Et l’on se prend à penser à Ornette, à l’AACM, à Brötzmann. A Cecil Taylor, à tant d’autres. Au jazz, et à son histoire. Alors vient l’exaspération, qu’une partielle mais désormais inévitable standing ovation transforme au final en colère.
Ne reste plus qu’à prendre son mal en patience dans l’embouteillage de sortie du parking, dans le lecteur un bon CD de l’un ou de l’autre.
Daniel Baillon|Ça n’arrive pas souvent, mais il y a des soirées comme ça. Celle-ci devait avoir lieu d’abord dans la magique carrière de Rognes, mais la sécheresse et les incendies tout proches ont motivé un déplacement de dernière heure vers le Grand Théâtre de Provence, à Aix. Adieu cigales, nuit étoilée. Mais c’est une belle salle, l’affiche est prometteuse, et on y va avec curiosité, plein d’attente, conjecturant ce que donnera la singulière association de ce trio réunissant un accordéoniste français, un trompettiste italien et un pianiste suédois sous l’appellation énigmatique de Mare Nostrum.
Le concert commence, dans un répertoire d’esprit new musette ou apparenté, sur tempo lent ou medium moins. Tout est lisse, impeccablement exécuté. Les artistes s’écoutent sagement, se soutiennent amicalement, improvisent doucement, presque secrètement, chacun à son tour, quand l’autre a terminé. De l’autre côté de la rampe, on attend. L’eau tiède se déverse sans à-coup sur une salle assagie, silencieuse. Mais l’eau est ennemie de l’étincelle, et bientôt c’est l’étonnement, qui s’apaise dans l’ennui.
Tant de perfection formelle ne surprend pas, venant de ces virtuoses de haute volée, dont le souvenir des échappées dans d’autres contextes (Galliano avec Portal, etc, Fresu avec Rava ou son 5tet…) déjà vient hanter tristement la mémoire.
On attend, on espère encore. On se demande : est-ce par égard pour le public plutôt classique du festival, de son goût supposé pour la consonance ? Et les thèmes s’enchaînent : mais non, rien.
Si, tout de même : une envolée de Paolo Fresu, dans son duo avec Richard Galliano, rappelle brièvement quel extraordinaire improvisateur le trompettiste peut être, et quel drive peut habiter son phrasé.
Mais bientôt revient la douceur lénifiante. L’esprit à nouveau vagabonde, dans le rêve de ce qui aurait pu être. Le pianiste, accompagnateur délicat, fait occasionnellement songer à son regretté compatriote Jan Johansson, ce qui est une consolation.
Le thème final, très enlevé, vient comme une surprise au terme d’une introduction soigneusement déconstruite : ici, même le chaos se prépare, se travaille, s’ordonne. Et l’on se prend à penser à Ornette, à l’AACM, à Brötzmann. A Cecil Taylor, à tant d’autres. Au jazz, et à son histoire. Alors vient l’exaspération, qu’une partielle mais désormais inévitable standing ovation transforme au final en colère.
Ne reste plus qu’à prendre son mal en patience dans l’embouteillage de sortie du parking, dans le lecteur un bon CD de l’un ou de l’autre.
Daniel Baillon|Ça n’arrive pas souvent, mais il y a des soirées comme ça. Celle-ci devait avoir lieu d’abord dans la magique carrière de Rognes, mais la sécheresse et les incendies tout proches ont motivé un déplacement de dernière heure vers le Grand Théâtre de Provence, à Aix. Adieu cigales, nuit étoilée. Mais c’est une belle salle, l’affiche est prometteuse, et on y va avec curiosité, plein d’attente, conjecturant ce que donnera la singulière association de ce trio réunissant un accordéoniste français, un trompettiste italien et un pianiste suédois sous l’appellation énigmatique de Mare Nostrum.
Le concert commence, dans un répertoire d’esprit new musette ou apparenté, sur tempo lent ou medium moins. Tout est lisse, impeccablement exécuté. Les artistes s’écoutent sagement, se soutiennent amicalement, improvisent doucement, presque secrètement, chacun à son tour, quand l’autre a terminé. De l’autre côté de la rampe, on attend. L’eau tiède se déverse sans à-coup sur une salle assagie, silencieuse. Mais l’eau est ennemie de l’étincelle, et bientôt c’est l’étonnement, qui s’apaise dans l’ennui.
Tant de perfection formelle ne surprend pas, venant de ces virtuoses de haute volée, dont le souvenir des échappées dans d’autres contextes (Galliano avec Portal, etc, Fresu avec Rava ou son 5tet…) déjà vient hanter tristement la mémoire.
On attend, on espère encore. On se demande : est-ce par égard pour le public plutôt classique du festival, de son goût supposé pour la consonance ? Et les thèmes s’enchaînent : mais non, rien.
Si, tout de même : une envolée de Paolo Fresu, dans son duo avec Richard Galliano, rappelle brièvement quel extraordinaire improvisateur le trompettiste peut être, et quel drive peut habiter son phrasé.
Mais bientôt revient la douceur lénifiante. L’esprit à nouveau vagabonde, dans le rêve de ce qui aurait pu être. Le pianiste, accompagnateur délicat, fait occasionnellement songer à son regretté compatriote Jan Johansson, ce qui est une consolation.
Le thème final, très enlevé, vient comme une surprise au terme d’une introduction soigneusement déconstruite : ici, même le chaos se prépare, se travaille, s’ordonne. Et l’on se prend à penser à Ornette, à l’AACM, à Brötzmann. A Cecil Taylor, à tant d’autres. Au jazz, et à son histoire. Alors vient l’exaspération, qu’une partielle mais désormais inévitable standing ovation transforme au final en colère.
Ne reste plus qu’à prendre son mal en patience dans l’embouteillage de sortie du parking, dans le lecteur un bon CD de l’un ou de l’autre.
Daniel Baillon|Ça n’arrive pas souvent, mais il y a des soirées comme ça. Celle-ci devait avoir lieu d’abord dans la magique carrière de Rognes, mais la sécheresse et les incendies tout proches ont motivé un déplacement de dernière heure vers le Grand Théâtre de Provence, à Aix. Adieu cigales, nuit étoilée. Mais c’est une belle salle, l’affiche est prometteuse, et on y va avec curiosité, plein d’attente, conjecturant ce que donnera la singulière association de ce trio réunissant un accordéoniste français, un trompettiste italien et un pianiste suédois sous l’appellation énigmatique de Mare Nostrum.
Le concert commence, dans un répertoire d’esprit new musette ou apparenté, sur tempo lent ou medium moins. Tout est lisse, impeccablement exécuté. Les artistes s’écoutent sagement, se soutiennent amicalement, improvisent doucement, presque secrètement, chacun à son tour, quand l’autre a terminé. De l’autre côté de la rampe, on attend. L’eau tiède se déverse sans à-coup sur une salle assagie, silencieuse. Mais l’eau est ennemie de l’étincelle, et bientôt c’est l’étonnement, qui s’apaise dans l’ennui.
Tant de perfection formelle ne surprend pas, venant de ces virtuoses de haute volée, dont le souvenir des échappées dans d’autres contextes (Galliano avec Portal, etc, Fresu avec Rava ou son 5tet…) déjà vient hanter tristement la mémoire.
On attend, on espère encore. On se demande : est-ce par égard pour le public plutôt classique du festival, de son goût supposé pour la consonance ? Et les thèmes s’enchaînent : mais non, rien.
Si, tout de même : une envolée de Paolo Fresu, dans son duo avec Richard Galliano, rappelle brièvement quel extraordinaire improvisateur le trompettiste peut être, et quel drive peut habiter son phrasé.
Mais bientôt revient la douceur lénifiante. L’esprit à nouveau vagabonde, dans le rêve de ce qui aurait pu être. Le pianiste, accompagnateur délicat, fait occasionnellement songer à son regretté compatriote Jan Johansson, ce qui est une consolation.
Le thème final, très enlevé, vient comme une surprise au terme d’une introduction soigneusement déconstruite : ici, même le chaos se prépare, se travaille, s’ordonne. Et l’on se prend à penser à Ornette, à l’AACM, à Brötzmann. A Cecil Taylor, à tant d’autres. Au jazz, et à son histoire. Alors vient l’exaspération, qu’une partielle mais désormais inévitable standing ovation transforme au final en colère.
Ne reste plus qu’à prendre son mal en patience dans l’embouteillage de sortie du parking, dans le lecteur un bon CD de l’un ou de l’autre.
Daniel Baillon