Maria Schneider salue son pianiste récemment décédé, Frank Kimbrough
C’est par un mail de la compositrice et chef d’orchestre Maria Schneider que nous apprenons le décès de son pianiste, Frank Kimbrough, victime d’un simple arrêt cardiaque.
« C’est avec une profonde tristesse que je vous écris pour dire que notre cher ami, pianiste et collaborateur, Frank Kimbrough, est mort le 30 décembre. Ç’a été un choc pour nous tous. L’hommage que lui a rendu le critique Nate Chinen décrit la maîtrise artistique de Frank à la perfection: un pianiste d’un goût et d’un toucher infaillible, un compositeur d’une fluidité iréelle, et un improvisateur porté par un art de l’épiphanie. Beaucoup d’entre vous ont fait l’expérience du caractère transcendant de ses introductions improvisées en concert – chacune d’elle unique par son envoûtante beauté, sa créativité, son assurance et sa bravoure. Son art s’épanouissait au fil du rasoir de l’instant. Parmi ses magnifiques enregistrements sous son nom: “Solstice”, “Play”, “Rumors”, “Air” et l’étonnant coffret “Monk’s Dream” (où figure toutes les compositions de Thelonious Monk). »
Frank ne possédait pas de téléphone portable. Il pratiquait la musique en marchant dans le parc et privilégiait dans sa vie les choses qui lui paraissaient vraiment importantes. Il avait un cœur en or. J’aimerais être plus comme lui.
Professeur aussi dévoué que révéré, Frank aimait ses étudiants – je dis bien qu’il AIMAIT ses étudiants. Aussi, n’y a-t-il pas de meilleur moyen d’honorer sa mémoire que de contribuer à la “Frank Kimbrough Scholarship” en mentionnant bien dans les comments: Frank Kimbrough Scholarship.
On trouvera en tête du site de Maria Schneider une longue vidéo comportant concert au Jazz Standard, séance d’enregistrement et échanges entre les membres de l’orchestre en vidéoconférence témoignant de la camaderie qui régne au sein de cette formation et dont Frank Kimbrough était le pilier le plus sûr “toujours le premier arrivé au concert, et le dernier parti”.
Frank Kimbrough était né le 2 novembre 1956 en Caroline du Nord. Arrivé à New York en 1981, il enregistra en trio “Lonely Woman, son premier album sous son nom en 1988. Dans les années 1990, on le remarque au sein du Herbie Nichols Project qu’il co-dirige avec le contrebassiste Ben Allison. En 2003, il figure dans le dossier consacré par le journal français Jazzman à la nouvelle scène new-yorkaise, comme membre du Jazz Composers Collective. Il était le pianiste de l’orchestre de Maria Schneider depuis 1993. FB