Michel Legrand, une vie en musique
Je n’ai jamais rencontré Michel Legrand, j’ai en revanche beaucoup fréquenté son oeuvre.
Les musiciens n’ont pas toujours été tendres à son endroit. Lorsque son nom était évoqué, au détour d’une conversation, je me suis toujours plu à défendre l’idée que cet homme a toujours été lui-même, a donné sans cesse libre cours à sa fantaisie, et que cela en soit est déjà admirable.
Jamais il n’a eu peur du regard des autres, ni même du ridicule (qui rappelons-le ne tue pas..)
La fantaisie, dont il ne manquait pas, pouvait, entre les mains de ses détracteurs, se retourner dangereusement contre lui. Jamais n‘a-t-il tenté d’« être un autre » pour mieux se faire comprendre ou accepter.
Tout ceci fait de lui un cas en tout point unique, surtout si l’on considère le monde parfois contraignant dans lequel il a évolué. Commandes, musiques de films, arrangements, il a toujours su naturellement y trouver un espace de liberté. Il a également eu l’énergie et le talent de convaincre ses partenaires de la pertinence de ses choix.
C’est ce qui lui permet de laisser une œuvre totalement unique, nourrie de multiples influences, mais surtout aussi personnelle qu’une empreinte digitale, d’être un artiste là où il aurait pu rester artisan.
Michel Legrand semble avoir traversé la vie en musique, à chaque seconde, d’en avoir fait un terrain de jeu infini, du premier ou dernier jour, c’est ce qu’on pourrait appeler bien vivre.
Merci à Stéphane Lerouge pour son formidable travail autour de l’oeuvre de Michel Legrand, livres, éditions discographiques luxueuses et abordables, magnifiquement documentées…
Daniel Yvinec