Mino Cinelu et Nils Petter Molvaer, ces âmes sœurs
Entre Mino Cinelu, batteur et percussionniste français, installé de longue date aux Etats-Unis où il a connu les plus grisantes aventures auprès Weather Report ou Miles Davis, et Nils Petter Molvaer, trompettiste onirique, géant du jazz norvégien à l’influence considérable sur des générations de musiciens européens, il y a, à première vue, un monde.
Quand on entre dans la salle, on découvre un impressionnant éventail de percussions et d’objets en tous genres, machines, shakers, pédales d’effets, des triangles (et même quelques ronds) à l’image d’un Mino Cinelu affable, blagueur et énergique. De son côté, Nils Petter Molvaer, discret, presque trop timide pour supporter les applaudissements qu’il préfère rediriger vers son camarade, fait dans la simplicité, avec son sobre ordinateur portable, quelque contrôleur d’effets… et c’est tout. C’est dans leur musique qu’ils se rejoignent, qui oscille entre apesanteur dorée, fulgurances contrôlées, improvisation, chant et même chansons, liés par une entente qui confine à l’osmose et nous a fait perdre toute notion du temps.
On sort de là comme d’un rêve. L’un signe quelques disques (notamment “Sulamadiana”, en duo avec le trompettiste, on vous le conseille), chambre les uns, échange des plaisanteries avec les autres, partage des anecdotes désopilantes sur Joe Zawinul ou imite la voix inoubliable de Miles Davis. L’autre dîne tranquillement, absorbé dans ses pensées : vous avez deviné qui est qui.
Tout ça pour vous convaincre de courir acheter une place lors de leur prochain passage près de chez vous. Car des duos comme celui-ci sont trop rares pour être manqués. Yazid Kouloughli