Noé Codjia remporte la première épreuve du concours Buffet-Crampon au Pop-Up du Label
Mardi dernier, 17 janvier 2017, débutaient les épreuves du concours Buffet-Crampon qui sélectionnera chaque mois, dans le cadre des jams du Pop-Up du label à Paris, un gagnant en vue de la participer à la finale de décembre prochain. Et chaque mois, Jazz Magazine sera représenté au sein du jury présidé par l’altiste Luigi Grasso.
Le pop-up du label est un bar restaurant réparti sur deux étages au 14 rue Abel, Paris XXX qui entre autres soirées musicales proposées tout au long de la semaine (rock, hip hop, dj-sets) accueille tous les mardis une jam session animée par le batteur Stéphane Chandelier que la marque Buffet-Crampon investit désormais un mardi par mois pour un concours parrainé par le saxophoniste alto Luigi Grasso dont la finale aura lieu le 12 décembre, dotée en prix d’un voyage à New York pour deux personnes et de bons d’achat.
Facteur historique d’instruments à vents, Buffet-Crampon prend ses origines en 1825 dans l’atelier du luthier Denis Buffet, passage du Grand Cerf dans le 2ème arrondissement de Paris, qui épouse en 1836 Zoé Crampon. C’est à Mantes-la-Jolie où il s’installe en 1850, qu’en collaboration avec le clarinettiste Hyacinte Klosé il adapte à la clarinette le système Boehm, mécanisme créé pour la flûte en 1832 par Theobald Boehm pour faciliter le jeu polytonal, faisant ainsi entrer la clarinette dans l’air moderne. Pour la petite histoire (ou grande histoire selon l’intérêt qu’on lui porte), un système concurrent, le système Albert, tombé en désuétude au XXe siècle mais recherché par les musiciens traditionnels (Bretagne, Balkans, Turquie) a marqué les débuts du jazz, car c’est celui qu’utilisaient les clarinettiste de la Nouvelle-Orléans dont on vante le son boisé et chaleureux notamment dans le “chalumeau”, la partie inférieur de la clarinette Exemple typique : Barney Bigard (par opposition à Jimmy Hamilton qui lui succéda chez Duke Ellington).
Toujours est-il que le catalogue de Buffet-Crampon, prenant une position de leader au niveau mondial, s’est progressivement élargi, avec l’adoption de la famille des bois (anches simples et doubles), notamment des saxophones où elle fait référence dans le domaine du classique. En outre, Buffet-Crampon a acquis en 2006 des deux marques françaises historiques spécialisées dans les cuivres (Courtois créée en 1803 et Besson créée en 1837) et, en 2010 de la marque allemande de saxophones Keilwerth que l’on a pu entendre notamment sous les doigts de David Liebman. C’est ainsi que désireuse de mieux faire connaître les saxophones Buffet-Crampon dans le milieu jazz, la marque s’est investie dans les jams et le concours du Pop-up.
Le principe : un mardi par mois, Luigi Grasso et Stéphane Chandelier présentent lors d’un premier set une formation de leur choix autour d’une thématique. En seconde partie, les concurrents qui sont venus s’inscrire en début de soirée s’affronte au cours d’une jam session sur un répertoire annoncé sur http://www.popupthejam.com/le-concours devant un jury présidé par Luigi Grasso et constitué des membres de l’orchestre ayant joué en première partie et d’un représentant de Jazz Magazine. Une autre sélection s’opère aussi sur facebook.com/popupthejambybuffetcrampon ou chacun est invité à poster une vidéo de moins de deux minutes en situation de jam, la plus vue désignant un douzième finaliste.
Mardi dernier, 17 janvier, je rejoignait donc le jury pour une soirée animée par Pierre Christophe (p) et Raphaël Dever (contrebasse) autour de Luigi Grasso et Stéphane Chandelier, avec un thème “Side By Side, Duke Ellington et Johnny Hodges” d’ailleurs pas très clair puisqu’aucun des thèmes de l’album évoqué n’y furent joués. Le répertoire n’en était pas moins Hodgellintonien : I Beginning to See the Light, Prelude to a Kiss, Passion Flower, Isfahan, It Don’t Mean a Thing, In a Mellow Tone, I Got It Bad… Luigi Grasso présente, d’une faconde très italienne et d’un didactisme passionné devant un public jeune (où les instrumentistes apparaissent très progressivement), également passionné à l’alto, endossant la sensualité torride d’Hodges combinée à cette articulation parkérienne dont il a fait sa langue maternelle. A vrai dire, c’est Pierre Christophe qui lancera le concert en s’installant sans façon au piano comme pour se mettre en doigt et développant une entrée en matière solo qui rappelle sa proximité avec l’art encyclopédique et fantasque de Jaki Byard. Il est rejoint par Raphaël Dever, contrebassiste fidèle à cet espèce de post-modernisme qui l’a fait remarquer sur les scènes françaises, un discours finalement assez moderne sur un geste à l’ancienne, puis par Stéphane Chandelier, ici en élégant continuateur de la tradition bop initiée par Kenny Clarke.
À l’entracte, quatre candidats se sont présentés, aussitôt entraîné à l’étage supérieur par le jury pour un double tirage au sort qui décide de deux équipes et des deux morceaux qui leur sont confiés choisis dans le répertoire de la soirée. Rejoints par la rythmique de la soirée, l’altiste Neil Saidi et le trompettiste Noe Codjia joueront What’s New et Tea for Two (où ils introduiront un démarquage signé Coleman Hawkins, Bean Soup, témoignant d’une certaine culture et d’une complicité qui ne date pas de la soirée). Quant aux deux ténors Pierre Maury et Thomas Ibanez, ils se sont vus confier Just Friends et Body and Soul, les quatre concurrents se retrouvant autour d’un Tenor Madness où les instruments qui se sont chauffés (les anches humidifiées, les lèvres déliés) parleront plus bravement.
Délibération, notation, questionnement sur le mode de notation puis sur les résultats très serrés obtenus par la seule mathématique électorale et témoignant d’un niveau plus qu’honorable, débat, échange, vote final toujours très serré : c’est le benjamin Noé Codjia (23 ans) qui est sélectionné pour participer à la finale du 12 décembre, le jury ayant été touché par la musicalité des phrases et une sonorité très chantante, plus que par l’expérience technique, la bravoure, la maîtrise des gimmicks…
Prochaine demi-finale, le mardi 7 février où Luigi Grasso et Stéphane Chandelier seront rejoints par Guillaume Naturel. Répertoire du coucours bientôt sur http://www.popupthejam.com/le-concours. • Franck Bergerot|Mardi dernier, 17 janvier 2017, débutaient les épreuves du concours Buffet-Crampon qui sélectionnera chaque mois, dans le cadre des jams du Pop-Up du label à Paris, un gagnant en vue de la participer à la finale de décembre prochain. Et chaque mois, Jazz Magazine sera représenté au sein du jury présidé par l’altiste Luigi Grasso.
Le pop-up du label est un bar restaurant réparti sur deux étages au 14 rue Abel, Paris XXX qui entre autres soirées musicales proposées tout au long de la semaine (rock, hip hop, dj-sets) accueille tous les mardis une jam session animée par le batteur Stéphane Chandelier que la marque Buffet-Crampon investit désormais un mardi par mois pour un concours parrainé par le saxophoniste alto Luigi Grasso dont la finale aura lieu le 12 décembre, dotée en prix d’un voyage à New York pour deux personnes et de bons d’achat.
Facteur historique d’instruments à vents, Buffet-Crampon prend ses origines en 1825 dans l’atelier du luthier Denis Buffet, passage du Grand Cerf dans le 2ème arrondissement de Paris, qui épouse en 1836 Zoé Crampon. C’est à Mantes-la-Jolie où il s’installe en 1850, qu’en collaboration avec le clarinettiste Hyacinte Klosé il adapte à la clarinette le système Boehm, mécanisme créé pour la flûte en 1832 par Theobald Boehm pour faciliter le jeu polytonal, faisant ainsi entrer la clarinette dans l’air moderne. Pour la petite histoire (ou grande histoire selon l’intérêt qu’on lui porte), un système concurrent, le système Albert, tombé en désuétude au XXe siècle mais recherché par les musiciens traditionnels (Bretagne, Balkans, Turquie) a marqué les débuts du jazz, car c’est celui qu’utilisaient les clarinettiste de la Nouvelle-Orléans dont on vante le son boisé et chaleureux notamment dans le “chalumeau”, la partie inférieur de la clarinette Exemple typique : Barney Bigard (par opposition à Jimmy Hamilton qui lui succéda chez Duke Ellington).
Toujours est-il que le catalogue de Buffet-Crampon, prenant une position de leader au niveau mondial, s’est progressivement élargi, avec l’adoption de la famille des bois (anches simples et doubles), notamment des saxophones où elle fait référence dans le domaine du classique. En outre, Buffet-Crampon a acquis en 2006 des deux marques françaises historiques spécialisées dans les cuivres (Courtois créée en 1803 et Besson créée en 1837) et, en 2010 de la marque allemande de saxophones Keilwerth que l’on a pu entendre notamment sous les doigts de David Liebman. C’est ainsi que désireuse de mieux faire connaître les saxophones Buffet-Crampon dans le milieu jazz, la marque s’est investie dans les jams et le concours du Pop-up.
Le principe : un mardi par mois, Luigi Grasso et Stéphane Chandelier présentent lors d’un premier set une formation de leur choix autour d’une thématique. En seconde partie, les concurrents qui sont venus s’inscrire en début de soirée s’affronte au cours d’une jam session sur un répertoire annoncé sur http://www.popupthejam.com/le-concours devant un jury présidé par Luigi Grasso et constitué des membres de l’orchestre ayant joué en première partie et d’un représentant de Jazz Magazine. Une autre sélection s’opère aussi sur facebook.com/popupthejambybuffetcrampon ou chacun est invité à poster une vidéo de moins de deux minutes en situation de jam, la plus vue désignant un douzième finaliste.
Mardi dernier, 17 janvier, je rejoignait donc le jury pour une soirée animée par Pierre Christophe (p) et Raphaël Dever (contrebasse) autour de Luigi Grasso et Stéphane Chandelier, avec un thème “Side By Side, Duke Ellington et Johnny Hodges” d’ailleurs pas très clair puisqu’aucun des thèmes de l’album évoqué n’y furent joués. Le répertoire n’en était pas moins Hodgellintonien : I Beginning to See the Light, Prelude to a Kiss, Passion Flower, Isfahan, It Don’t Mean a Thing, In a Mellow Tone, I Got It Bad… Luigi Grasso présente, d’une faconde très italienne et d’un didactisme passionné devant un public jeune (où les instrumentistes apparaissent très progressivement), également passionné à l’alto, endossant la sensualité torride d’Hodges combinée à cette articulation parkérienne dont il a fait sa langue maternelle. A vrai dire, c’est Pierre Christophe qui lancera le concert en s’installant sans façon au piano comme pour se mettre en doigt et développant une entrée en matière solo qui rappelle sa proximité avec l’art encyclopédique et fantasque de Jaki Byard. Il est rejoint par Raphaël Dever, contrebassiste fidèle à cet espèce de post-modernisme qui l’a fait remarquer sur les scènes françaises, un discours finalement assez moderne sur un geste à l’ancienne, puis par Stéphane Chandelier, ici en élégant continuateur de la tradition bop initiée par Kenny Clarke.
À l’entracte, quatre candidats se sont présentés, aussitôt entraîné à l’étage supérieur par le jury pour un double tirage au sort qui décide de deux équipes et des deux morceaux qui leur sont confiés choisis dans le répertoire de la soirée. Rejoints par la rythmique de la soirée, l’altiste Neil Saidi et le trompettiste Noe Codjia joueront What’s New et Tea for Two (où ils introduiront un démarquage signé Coleman Hawkins, Bean Soup, témoignant d’une certaine culture et d’une complicité qui ne date pas de la soirée). Quant aux deux ténors Pierre Maury et Thomas Ibanez, ils se sont vus confier Just Friends et Body and Soul, les quatre concurrents se retrouvant autour d’un Tenor Madness où les instruments qui se sont chauffés (les anches humidifiées, les lèvres déliés) parleront plus bravement.
Délibération, notation, questionnement sur le mode de notation puis sur les résultats très serrés obtenus par la seule mathématique électorale et témoignant d’un niveau plus qu’honorable, débat, échange, vote final toujours très serré : c’est le benjamin Noé Codjia (23 ans) qui est sélectionné pour participer à la finale du 12 décembre, le jury ayant été touché par la musicalité des phrases et une sonorité très chantante, plus que par l’expérience technique, la bravoure, la maîtrise des gimmicks…
Prochaine demi-finale, le mardi 7 février où Luigi Grasso et Stéphane Chandelier seront rejoints par Guillaume Naturel. Répertoire du coucours bientôt sur http://www.popupthejam.com/le-concours. • Franck Bergerot|Mardi dernier, 17 janvier 2017, débutaient les épreuves du concours Buffet-Crampon qui sélectionnera chaque mois, dans le cadre des jams du Pop-Up du label à Paris, un gagnant en vue de la participer à la finale de décembre prochain. Et chaque mois, Jazz Magazine sera représenté au sein du jury présidé par l’altiste Luigi Grasso.
Le pop-up du label est un bar restaurant réparti sur deux étages au 14 rue Abel, Paris XXX qui entre autres soirées musicales proposées tout au long de la semaine (rock, hip hop, dj-sets) accueille tous les mardis une jam session animée par le batteur Stéphane Chandelier que la marque Buffet-Crampon investit désormais un mardi par mois pour un concours parrainé par le saxophoniste alto Luigi Grasso dont la finale aura lieu le 12 décembre, dotée en prix d’un voyage à New York pour deux personnes et de bons d’achat.
Facteur historique d’instruments à vents, Buffet-Crampon prend ses origines en 1825 dans l’atelier du luthier Denis Buffet, passage du Grand Cerf dans le 2ème arrondissement de Paris, qui épouse en 1836 Zoé Crampon. C’est à Mantes-la-Jolie où il s’installe en 1850, qu’en collaboration avec le clarinettiste Hyacinte Klosé il adapte à la clarinette le système Boehm, mécanisme créé pour la flûte en 1832 par Theobald Boehm pour faciliter le jeu polytonal, faisant ainsi entrer la clarinette dans l’air moderne. Pour la petite histoire (ou grande histoire selon l’intérêt qu’on lui porte), un système concurrent, le système Albert, tombé en désuétude au XXe siècle mais recherché par les musiciens traditionnels (Bretagne, Balkans, Turquie) a marqué les débuts du jazz, car c’est celui qu’utilisaient les clarinettiste de la Nouvelle-Orléans dont on vante le son boisé et chaleureux notamment dans le “chalumeau”, la partie inférieur de la clarinette Exemple typique : Barney Bigard (par opposition à Jimmy Hamilton qui lui succéda chez Duke Ellington).
Toujours est-il que le catalogue de Buffet-Crampon, prenant une position de leader au niveau mondial, s’est progressivement élargi, avec l’adoption de la famille des bois (anches simples et doubles), notamment des saxophones où elle fait référence dans le domaine du classique. En outre, Buffet-Crampon a acquis en 2006 des deux marques françaises historiques spécialisées dans les cuivres (Courtois créée en 1803 et Besson créée en 1837) et, en 2010 de la marque allemande de saxophones Keilwerth que l’on a pu entendre notamment sous les doigts de David Liebman. C’est ainsi que désireuse de mieux faire connaître les saxophones Buffet-Crampon dans le milieu jazz, la marque s’est investie dans les jams et le concours du Pop-up.
Le principe : un mardi par mois, Luigi Grasso et Stéphane Chandelier présentent lors d’un premier set une formation de leur choix autour d’une thématique. En seconde partie, les concurrents qui sont venus s’inscrire en début de soirée s’affronte au cours d’une jam session sur un répertoire annoncé sur http://www.popupthejam.com/le-concours devant un jury présidé par Luigi Grasso et constitué des membres de l’orchestre ayant joué en première partie et d’un représentant de Jazz Magazine. Une autre sélection s’opère aussi sur facebook.com/popupthejambybuffetcrampon ou chacun est invité à poster une vidéo de moins de deux minutes en situation de jam, la plus vue désignant un douzième finaliste.
Mardi dernier, 17 janvier, je rejoignait donc le jury pour une soirée animée par Pierre Christophe (p) et Raphaël Dever (contrebasse) autour de Luigi Grasso et Stéphane Chandelier, avec un thème “Side By Side, Duke Ellington et Johnny Hodges” d’ailleurs pas très clair puisqu’aucun des thèmes de l’album évoqué n’y furent joués. Le répertoire n’en était pas moins Hodgellintonien : I Beginning to See the Light, Prelude to a Kiss, Passion Flower, Isfahan, It Don’t Mean a Thing, In a Mellow Tone, I Got It Bad… Luigi Grasso présente, d’une faconde très italienne et d’un didactisme passionné devant un public jeune (où les instrumentistes apparaissent très progressivement), également passionné à l’alto, endossant la sensualité torride d’Hodges combinée à cette articulation parkérienne dont il a fait sa langue maternelle. A vrai dire, c’est Pierre Christophe qui lancera le concert en s’installant sans façon au piano comme pour se mettre en doigt et développant une entrée en matière solo qui rappelle sa proximité avec l’art encyclopédique et fantasque de Jaki Byard. Il est rejoint par Raphaël Dever, contrebassiste fidèle à cet espèce de post-modernisme qui l’a fait remarquer sur les scènes françaises, un discours finalement assez moderne sur un geste à l’ancienne, puis par Stéphane Chandelier, ici en élégant continuateur de la tradition bop initiée par Kenny Clarke.
À l’entracte, quatre candidats se sont présentés, aussitôt entraîné à l’étage supérieur par le jury pour un double tirage au sort qui décide de deux équipes et des deux morceaux qui leur sont confiés choisis dans le répertoire de la soirée. Rejoints par la rythmique de la soirée, l’altiste Neil Saidi et le trompettiste Noe Codjia joueront What’s New et Tea for Two (où ils introduiront un démarquage signé Coleman Hawkins, Bean Soup, témoignant d’une certaine culture et d’une complicité qui ne date pas de la soirée). Quant aux deux ténors Pierre Maury et Thomas Ibanez, ils se sont vus confier Just Friends et Body and Soul, les quatre concurrents se retrouvant autour d’un Tenor Madness où les instruments qui se sont chauffés (les anches humidifiées, les lèvres déliés) parleront plus bravement.
Délibération, notation, questionnement sur le mode de notation puis sur les résultats très serrés obtenus par la seule mathématique électorale et témoignant d’un niveau plus qu’honorable, débat, échange, vote final toujours très serré : c’est le benjamin Noé Codjia (23 ans) qui est sélectionné pour participer à la finale du 12 décembre, le jury ayant été touché par la musicalité des phrases et une sonorité très chantante, plus que par l’expérience technique, la bravoure, la maîtrise des gimmicks…
Prochaine demi-finale, le mardi 7 février où Luigi Grasso et Stéphane Chandelier seront rejoints par Guillaume Naturel. Répertoire du coucours bientôt sur http://www.popupthejam.com/le-concours. • Franck Bergerot|Mardi dernier, 17 janvier 2017, débutaient les épreuves du concours Buffet-Crampon qui sélectionnera chaque mois, dans le cadre des jams du Pop-Up du label à Paris, un gagnant en vue de la participer à la finale de décembre prochain. Et chaque mois, Jazz Magazine sera représenté au sein du jury présidé par l’altiste Luigi Grasso.
Le pop-up du label est un bar restaurant réparti sur deux étages au 14 rue Abel, Paris XXX qui entre autres soirées musicales proposées tout au long de la semaine (rock, hip hop, dj-sets) accueille tous les mardis une jam session animée par le batteur Stéphane Chandelier que la marque Buffet-Crampon investit désormais un mardi par mois pour un concours parrainé par le saxophoniste alto Luigi Grasso dont la finale aura lieu le 12 décembre, dotée en prix d’un voyage à New York pour deux personnes et de bons d’achat.
Facteur historique d’instruments à vents, Buffet-Crampon prend ses origines en 1825 dans l’atelier du luthier Denis Buffet, passage du Grand Cerf dans le 2ème arrondissement de Paris, qui épouse en 1836 Zoé Crampon. C’est à Mantes-la-Jolie où il s’installe en 1850, qu’en collaboration avec le clarinettiste Hyacinte Klosé il adapte à la clarinette le système Boehm, mécanisme créé pour la flûte en 1832 par Theobald Boehm pour faciliter le jeu polytonal, faisant ainsi entrer la clarinette dans l’air moderne. Pour la petite histoire (ou grande histoire selon l’intérêt qu’on lui porte), un système concurrent, le système Albert, tombé en désuétude au XXe siècle mais recherché par les musiciens traditionnels (Bretagne, Balkans, Turquie) a marqué les débuts du jazz, car c’est celui qu’utilisaient les clarinettiste de la Nouvelle-Orléans dont on vante le son boisé et chaleureux notamment dans le “chalumeau”, la partie inférieur de la clarinette Exemple typique : Barney Bigard (par opposition à Jimmy Hamilton qui lui succéda chez Duke Ellington).
Toujours est-il que le catalogue de Buffet-Crampon, prenant une position de leader au niveau mondial, s’est progressivement élargi, avec l’adoption de la famille des bois (anches simples et doubles), notamment des saxophones où elle fait référence dans le domaine du classique. En outre, Buffet-Crampon a acquis en 2006 des deux marques françaises historiques spécialisées dans les cuivres (Courtois créée en 1803 et Besson créée en 1837) et, en 2010 de la marque allemande de saxophones Keilwerth que l’on a pu entendre notamment sous les doigts de David Liebman. C’est ainsi que désireuse de mieux faire connaître les saxophones Buffet-Crampon dans le milieu jazz, la marque s’est investie dans les jams et le concours du Pop-up.
Le principe : un mardi par mois, Luigi Grasso et Stéphane Chandelier présentent lors d’un premier set une formation de leur choix autour d’une thématique. En seconde partie, les concurrents qui sont venus s’inscrire en début de soirée s’affronte au cours d’une jam session sur un répertoire annoncé sur http://www.popupthejam.com/le-concours devant un jury présidé par Luigi Grasso et constitué des membres de l’orchestre ayant joué en première partie et d’un représentant de Jazz Magazine. Une autre sélection s’opère aussi sur facebook.com/popupthejambybuffetcrampon ou chacun est invité à poster une vidéo de moins de deux minutes en situation de jam, la plus vue désignant un douzième finaliste.
Mardi dernier, 17 janvier, je rejoignait donc le jury pour une soirée animée par Pierre Christophe (p) et Raphaël Dever (contrebasse) autour de Luigi Grasso et Stéphane Chandelier, avec un thème “Side By Side, Duke Ellington et Johnny Hodges” d’ailleurs pas très clair puisqu’aucun des thèmes de l’album évoqué n’y furent joués. Le répertoire n’en était pas moins Hodgellintonien : I Beginning to See the Light, Prelude to a Kiss, Passion Flower, Isfahan, It Don’t Mean a Thing, In a Mellow Tone, I Got It Bad… Luigi Grasso présente, d’une faconde très italienne et d’un didactisme passionné devant un public jeune (où les instrumentistes apparaissent très progressivement), également passionné à l’alto, endossant la sensualité torride d’Hodges combinée à cette articulation parkérienne dont il a fait sa langue maternelle. A vrai dire, c’est Pierre Christophe qui lancera le concert en s’installant sans façon au piano comme pour se mettre en doigt et développant une entrée en matière solo qui rappelle sa proximité avec l’art encyclopédique et fantasque de Jaki Byard. Il est rejoint par Raphaël Dever, contrebassiste fidèle à cet espèce de post-modernisme qui l’a fait remarquer sur les scènes françaises, un discours finalement assez moderne sur un geste à l’ancienne, puis par Stéphane Chandelier, ici en élégant continuateur de la tradition bop initiée par Kenny Clarke.
À l’entracte, quatre candidats se sont présentés, aussitôt entraîné à l’étage supérieur par le jury pour un double tirage au sort qui décide de deux équipes et des deux morceaux qui leur sont confiés choisis dans le répertoire de la soirée. Rejoints par la rythmique de la soirée, l’altiste Neil Saidi et le trompettiste Noe Codjia joueront What’s New et Tea for Two (où ils introduiront un démarquage signé Coleman Hawkins, Bean Soup, témoignant d’une certaine culture et d’une complicité qui ne date pas de la soirée). Quant aux deux ténors Pierre Maury et Thomas Ibanez, ils se sont vus confier Just Friends et Body and Soul, les quatre concurrents se retrouvant autour d’un Tenor Madness où les instruments qui se sont chauffés (les anches humidifiées, les lèvres déliés) parleront plus bravement.
Délibération, notation, questionnement sur le mode de notation puis sur les résultats très serrés obtenus par la seule mathématique électorale et témoignant d’un niveau plus qu’honorable, débat, échange, vote final toujours très serré : c’est le benjamin Noé Codjia (23 ans) qui est sélectionné pour participer à la finale du 12 décembre, le jury ayant été touché par la musicalité des phrases et une sonorité très chantante, plus que par l’expérience technique, la bravoure, la maîtrise des gimmicks…
Prochaine demi-finale, le mardi 7 février où Luigi Grasso et Stéphane Chandelier seront rejoints par Guillaume Naturel. Répertoire du coucours bientôt sur http://www.popupthejam.com/le-concours. • Franck Bergerot