Oloron, histoires de jazz sans Russe
Deux petites histoires recueillies auprès de commerçants locaux illustrent l’adage “Nul n’est prophète de jazz en son pays”, à l’attention d’un festival pyrénéen qui fêtera tout de même son vingtième anniversaire l’an prochain.Un hôtelier à une cliente : « Le jazz ? Trop compliqué ! Moi ici j’écoute Balavoine, lui c’est clair et net pour tout le monde. » Un pâtissier du centre ville, chez qui une festivalière gourmande venait quérir un Russe, merveilleux gâteau à la crème et spécialité renommée de la ville : « Le festival de jazz ? Il ne m’apporte rien question clientèle. Donc je ferme ma boutique cette semaine là. » Les bonnes notes du festival ne suffisent pas forcément à faire la jonction entre les deux rives du Gave…
Des Rives et des Notes, Oloron, 6 et 7 juillet
Michel Benita Quintet « Ethics », Bojan Z solo, Enrico Rava Quintet « Tribe »
Ethics donc, ou une musique basée sur la rencontre, sur des univers peuplés de sons et d’images contrastés type l’artisanat traditionnel du koto japonais (il faut accorder cette sorte de harpe rudimentaire à l’occasion de chaque morceau selon la tonalité choisie) et l’industrie électronique des guitares d’Elvind Aarset. Ce groupe ne génère pas de choc de culture pour autant, une fusion plutôt voire une infusion question arômes dégagés. Dans ce projet Michel Bénita joue légitimement les passeurs sur le fil d’une musique fine, un effet de passage d’autant plus riche, explicite qu’à priori non obligé par le souci d’une quelconque singularité forcée.
Bojan Z, c’est dans sa nature, se joue des claviers. Ainsi lorsqu’il se trouve confronté à l’un, beauté nature du Steinway, et à l’autre savamment bricolé (Fender Rhodes aménagé) en simultané, histoire d’illustrer la réalité musicale de son âme comme refuge (Soul Shelter, Emarcy/Universal) c’est bien de richesse de contenu qu’il convient de parler. Seul sur scène il se lance dans des constructions mélodiques, prend le risque assumé d’improbables jeux de rythmes à deux mains et sur deux claviers à la fois. Soit l’expression directe d’un art maîtrisé de la narration musicale. Oui, Bojan Z se plait à raconter des histoires. Celle, gorgée d’émotions, lui fait revisiter le morceau de piano préféré de son père. Ou le récit contrasté qui livre en teintes noires et blanches, signe d’amour et de répulsion conjugués, un reflet sonore des réalités de Belgrade, sa ville natale.
Des histoires ? Enrico Rava commence par livrer sa version de celle du jazz tel que vécu par le trompettiste italien dans des contextes aussi différents que le New York des années 70, l’Italie actuelle en passant par la marque de tous ses périples européens. A partir d’un dénominateur commun, la mélodie. Certes, ce soir à Oloron un musicien manque à l’appel. Giovanni Guidi, le pianiste a loupé son avion…Qu’importe ! Gianlucca Petrella au trombone fait le show. Et crève l’écran à lui tout seul, fou d’invention, de liberté de mouvement, de vitalité et d’initiatives réitérées « Je retrouve ainsi par défaut mon quartet d’autrefois sans piano. Une formule qui fonctionne bien aussi… » glisse Rava avec malice. Et dans un espace ainsi libéré, les deux cuivres se livrent et brillent à tour passé invitant au passage de drôles d’ombres d’hier en décalque, qui de Mangelsdorf ou Don Cherry…Après coup Enrico, sourcils broussailleux noirs et chevelure argent en corne d’abondance revient sur une dite « petite histoire » invoquant une icône du jazz « Le hasard sans doute mais bon…j’achète cette trompette à Rome à un particulier sur recommandation. J’apprends quelques jours plus tard que cet instrument brillant avait été volé à Louis Amstrong lui-même !… » A son invitation expresse Bojan Z viendra reformer le quintet pour trois thèmes conclusifs et concluants. La boucle est bouclée mais l’histoire du festival continue.
Robert Latxague
Michel Bénita (b), Andy Sheppard (ts), Elvind Aarset (g), Mieko Myazaki (koto), Philippe García (dm)
Bojan Z (p)
Enrico Rava (tp), Gianlucca Petrella (tb), Gabriele Evangelista (b),
Fabrizio Sferra (dm)
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Deux petites histoires recueillies auprès de commerçants locaux illustrent l’adage “Nul n’est prophète de jazz en son pays”, à l’attention d’un festival pyrénéen qui fêtera tout de même son vingtième anniversaire l’an prochain.Un hôtelier à une cliente : « Le jazz ? Trop compliqué ! Moi ici j’écoute Balavoine, lui c’est clair et net pour tout le monde. » Un pâtissier du centre ville, chez qui une festivalière gourmande venait quérir un Russe, merveilleux gâteau à la crème et spécialité renommée de la ville : « Le festival de jazz ? Il ne m’apporte rien question clientèle. Donc je ferme ma boutique cette semaine là. » Les bonnes notes du festival ne suffisent pas forcément à faire la jonction entre les deux rives du Gave…
Des Rives et des Notes, Oloron, 6 et 7 juillet
Michel Benita Quintet « Ethics », Bojan Z solo, Enrico Rava Quintet « Tribe »
Ethics donc, ou une musique basée sur la rencontre, sur des univers peuplés de sons et d’images contrastés type l’artisanat traditionnel du koto japonais (il faut accorder cette sorte de harpe rudimentaire à l’occasion de chaque morceau selon la tonalité choisie) et l’industrie électronique des guitares d’Elvind Aarset. Ce groupe ne génère pas de choc de culture pour autant, une fusion plutôt voire une infusion question arômes dégagés. Dans ce projet Michel Bénita joue légitimement les passeurs sur le fil d’une musique fine, un effet de passage d’autant plus riche, explicite qu’à priori non obligé par le souci d’une quelconque singularité forcée.
Bojan Z, c’est dans sa nature, se joue des claviers. Ainsi lorsqu’il se trouve confronté à l’un, beauté nature du Steinway, et à l’autre savamment bricolé (Fender Rhodes aménagé) en simultané, histoire d’illustrer la réalité musicale de son âme comme refuge (Soul Shelter, Emarcy/Universal) c’est bien de richesse de contenu qu’il convient de parler. Seul sur scène il se lance dans des constructions mélodiques, prend le risque assumé d’improbables jeux de rythmes à deux mains et sur deux claviers à la fois. Soit l’expression directe d’un art maîtrisé de la narration musicale. Oui, Bojan Z se plait à raconter des histoires. Celle, gorgée d’émotions, lui fait revisiter le morceau de piano préféré de son père. Ou le récit contrasté qui livre en teintes noires et blanches, signe d’amour et de répulsion conjugués, un reflet sonore des réalités de Belgrade, sa ville natale.
Des histoires ? Enrico Rava commence par livrer sa version de celle du jazz tel que vécu par le trompettiste italien dans des contextes aussi différents que le New York des années 70, l’Italie actuelle en passant par la marque de tous ses périples européens. A partir d’un dénominateur commun, la mélodie. Certes, ce soir à Oloron un musicien manque à l’appel. Giovanni Guidi, le pianiste a loupé son avion…Qu’importe ! Gianlucca Petrella au trombone fait le show. Et crève l’écran à lui tout seul, fou d’invention, de liberté de mouvement, de vitalité et d’initiatives réitérées « Je retrouve ainsi par défaut mon quartet d’autrefois sans piano. Une formule qui fonctionne bien aussi… » glisse Rava avec malice. Et dans un espace ainsi libéré, les deux cuivres se livrent et brillent à tour passé invitant au passage de drôles d’ombres d’hier en décalque, qui de Mangelsdorf ou Don Cherry…Après coup Enrico, sourcils broussailleux noirs et chevelure argent en corne d’abondance revient sur une dite « petite histoire » invoquant une icône du jazz « Le hasard sans doute mais bon…j’achète cette trompette à Rome à un particulier sur recommandation. J’apprends quelques jours plus tard que cet instrument brillant avait été volé à Louis Amstrong lui-même !… » A son invitation expresse Bojan Z viendra reformer le quintet pour trois thèmes conclusifs et concluants. La boucle est bouclée mais l’histoire du festival continue.
Robert Latxague
Michel Bénita (b), Andy Sheppard (ts), Elvind Aarset (g), Mieko Myazaki (koto), Philippe García (dm)
Bojan Z (p)
Enrico Rava (tp), Gianlucca Petrella (tb), Gabriele Evangelista (b),
Fabrizio Sferra (dm)
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Deux petites histoires recueillies auprès de commerçants locaux illustrent l’adage “Nul n’est prophète de jazz en son pays”, à l’attention d’un festival pyrénéen qui fêtera tout de même son vingtième anniversaire l’an prochain.Un hôtelier à une cliente : « Le jazz ? Trop compliqué ! Moi ici j’écoute Balavoine, lui c’est clair et net pour tout le monde. » Un pâtissier du centre ville, chez qui une festivalière gourmande venait quérir un Russe, merveilleux gâteau à la crème et spécialité renommée de la ville : « Le festival de jazz ? Il ne m’apporte rien question clientèle. Donc je ferme ma boutique cette semaine là. » Les bonnes notes du festival ne suffisent pas forcément à faire la jonction entre les deux rives du Gave…
Des Rives et des Notes, Oloron, 6 et 7 juillet
Michel Benita Quintet « Ethics », Bojan Z solo, Enrico Rava Quintet « Tribe »
Ethics donc, ou une musique basée sur la rencontre, sur des univers peuplés de sons et d’images contrastés type l’artisanat traditionnel du koto japonais (il faut accorder cette sorte de harpe rudimentaire à l’occasion de chaque morceau selon la tonalité choisie) et l’industrie électronique des guitares d’Elvind Aarset. Ce groupe ne génère pas de choc de culture pour autant, une fusion plutôt voire une infusion question arômes dégagés. Dans ce projet Michel Bénita joue légitimement les passeurs sur le fil d’une musique fine, un effet de passage d’autant plus riche, explicite qu’à priori non obligé par le souci d’une quelconque singularité forcée.
Bojan Z, c’est dans sa nature, se joue des claviers. Ainsi lorsqu’il se trouve confronté à l’un, beauté nature du Steinway, et à l’autre savamment bricolé (Fender Rhodes aménagé) en simultané, histoire d’illustrer la réalité musicale de son âme comme refuge (Soul Shelter, Emarcy/Universal) c’est bien de richesse de contenu qu’il convient de parler. Seul sur scène il se lance dans des constructions mélodiques, prend le risque assumé d’improbables jeux de rythmes à deux mains et sur deux claviers à la fois. Soit l’expression directe d’un art maîtrisé de la narration musicale. Oui, Bojan Z se plait à raconter des histoires. Celle, gorgée d’émotions, lui fait revisiter le morceau de piano préféré de son père. Ou le récit contrasté qui livre en teintes noires et blanches, signe d’amour et de répulsion conjugués, un reflet sonore des réalités de Belgrade, sa ville natale.
Des histoires ? Enrico Rava commence par livrer sa version de celle du jazz tel que vécu par le trompettiste italien dans des contextes aussi différents que le New York des années 70, l’Italie actuelle en passant par la marque de tous ses périples européens. A partir d’un dénominateur commun, la mélodie. Certes, ce soir à Oloron un musicien manque à l’appel. Giovanni Guidi, le pianiste a loupé son avion…Qu’importe ! Gianlucca Petrella au trombone fait le show. Et crève l’écran à lui tout seul, fou d’invention, de liberté de mouvement, de vitalité et d’initiatives réitérées « Je retrouve ainsi par défaut mon quartet d’autrefois sans piano. Une formule qui fonctionne bien aussi… » glisse Rava avec malice. Et dans un espace ainsi libéré, les deux cuivres se livrent et brillent à tour passé invitant au passage de drôles d’ombres d’hier en décalque, qui de Mangelsdorf ou Don Cherry…Après coup Enrico, sourcils broussailleux noirs et chevelure argent en corne d’abondance revient sur une dite « petite histoire » invoquant une icône du jazz « Le hasard sans doute mais bon…j’achète cette trompette à Rome à un particulier sur recommandation. J’apprends quelques jours plus tard que cet instrument brillant avait été volé à Louis Amstrong lui-même !… » A son invitation expresse Bojan Z viendra reformer le quintet pour trois thèmes conclusifs et concluants. La boucle est bouclée mais l’histoire du festival continue.
Robert Latxague
Michel Bénita (b), Andy Sheppard (ts), Elvind Aarset (g), Mieko Myazaki (koto), Philippe García (dm)
Bojan Z (p)
Enrico Rava (tp), Gianlucca Petrella (tb), Gabriele Evangelista (b),
Fabrizio Sferra (dm)
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Deux petites histoires recueillies auprès de commerçants locaux illustrent l’adage “Nul n’est prophète de jazz en son pays”, à l’attention d’un festival pyrénéen qui fêtera tout de même son vingtième anniversaire l’an prochain.Un hôtelier à une cliente : « Le jazz ? Trop compliqué ! Moi ici j’écoute Balavoine, lui c’est clair et net pour tout le monde. » Un pâtissier du centre ville, chez qui une festivalière gourmande venait quérir un Russe, merveilleux gâteau à la crème et spécialité renommée de la ville : « Le festival de jazz ? Il ne m’apporte rien question clientèle. Donc je ferme ma boutique cette semaine là. » Les bonnes notes du festival ne suffisent pas forcément à faire la jonction entre les deux rives du Gave…
Des Rives et des Notes, Oloron, 6 et 7 juillet
Michel Benita Quintet « Ethics », Bojan Z solo, Enrico Rava Quintet « Tribe »
Ethics donc, ou une musique basée sur la rencontre, sur des univers peuplés de sons et d’images contrastés type l’artisanat traditionnel du koto japonais (il faut accorder cette sorte de harpe rudimentaire à l’occasion de chaque morceau selon la tonalité choisie) et l’industrie électronique des guitares d’Elvind Aarset. Ce groupe ne génère pas de choc de culture pour autant, une fusion plutôt voire une infusion question arômes dégagés. Dans ce projet Michel Bénita joue légitimement les passeurs sur le fil d’une musique fine, un effet de passage d’autant plus riche, explicite qu’à priori non obligé par le souci d’une quelconque singularité forcée.
Bojan Z, c’est dans sa nature, se joue des claviers. Ainsi lorsqu’il se trouve confronté à l’un, beauté nature du Steinway, et à l’autre savamment bricolé (Fender Rhodes aménagé) en simultané, histoire d’illustrer la réalité musicale de son âme comme refuge (Soul Shelter, Emarcy/Universal) c’est bien de richesse de contenu qu’il convient de parler. Seul sur scène il se lance dans des constructions mélodiques, prend le risque assumé d’improbables jeux de rythmes à deux mains et sur deux claviers à la fois. Soit l’expression directe d’un art maîtrisé de la narration musicale. Oui, Bojan Z se plait à raconter des histoires. Celle, gorgée d’émotions, lui fait revisiter le morceau de piano préféré de son père. Ou le récit contrasté qui livre en teintes noires et blanches, signe d’amour et de répulsion conjugués, un reflet sonore des réalités de Belgrade, sa ville natale.
Des histoires ? Enrico Rava commence par livrer sa version de celle du jazz tel que vécu par le trompettiste italien dans des contextes aussi différents que le New York des années 70, l’Italie actuelle en passant par la marque de tous ses périples européens. A partir d’un dénominateur commun, la mélodie. Certes, ce soir à Oloron un musicien manque à l’appel. Giovanni Guidi, le pianiste a loupé son avion…Qu’importe ! Gianlucca Petrella au trombone fait le show. Et crève l’écran à lui tout seul, fou d’invention, de liberté de mouvement, de vitalité et d’initiatives réitérées « Je retrouve ainsi par défaut mon quartet d’autrefois sans piano. Une formule qui fonctionne bien aussi… » glisse Rava avec malice. Et dans un espace ainsi libéré, les deux cuivres se livrent et brillent à tour passé invitant au passage de drôles d’ombres d’hier en décalque, qui de Mangelsdorf ou Don Cherry…Après coup Enrico, sourcils broussailleux noirs et chevelure argent en corne d’abondance revient sur une dite « petite histoire » invoquant une icône du jazz « Le hasard sans doute mais bon…j’achète cette trompette à Rome à un particulier sur recommandation. J’apprends quelques jours plus tard que cet instrument brillant avait été volé à Louis Amstrong lui-même !… » A son invitation expresse Bojan Z viendra reformer le quintet pour trois thèmes conclusifs et concluants. La boucle est bouclée mais l’histoire du festival continue.
Robert Latxague
Michel Bénita (b), Andy Sheppard (ts), Elvind Aarset (g), Mieko Myazaki (koto), Philippe García (dm)
Bojan Z (p)
Enrico Rava (tp), Gianlucca Petrella (tb), Gabriele Evangelista (b),
Fabrizio Sferra (dm)