Jazz live
Publié le 1 Juil 2019

Oloron: Mirabassi piano impressionniste

Une 26e édition à assumer pour une nouvelle équipe à mettre en place, live, sur le vif d’un festival qui a déjà une histoire. Une ligne directrice à garder quelque part entre le réservoir d’un jazz aux couleurs d’Europe et la volonté manifeste de faire goût au découvertes. Le pari, comme le festival se trouve ainsi lancé.

Petites lunettes cerclées posées sur un nez aquilin, chevelure cadrée, fins accents d’ironie piqués au coin des lèvres, il a de faux airs de Nani Moretti dans sa pleine expression d’acteur. Verbe français sans fausse note aucune Giovani Mirabassi justifie avec humour les titres de ses compositions  « ces morceaux que je connais le mieux… » 

Giovanni Mirabassi (p) Gianluca Renzi (b), Lukmil Perez (dm)

Des Rives et des Notes, Salle Jéliote, Oloron Sainte Marie (64400)

 

 

Un premier thème exploré sans histoire « Il ne figure sur aucun disque que j’ai enregistré … » La marque de fabrique du pianiste de Pérouse installé en France depuis plus de ving cinq ans s’expose aussitôt. Du délié dans dans le toucher, une sensiblité certaine dans l’expression pianistique. Mais sur l’instrument, le registre peut tout aussi bien se trouver modifé, s’inverser question climat telle cette séquence d’intensité d’une main droite voyageant très libre, en accélération histoire d’aller chercher l’accroche de la basse (Requiem pour NF) Depuis bon nombre d’années maintenant Gianluca Renzi demeure son complice de scène préféré « même si comme aujourd’hui pour notre bonne cause il doit affronter un voyage sans beaucoup de repos depuis New York…  et du jet lag! » Tous deux figurent de généreux générateurs de mélodies à imprimer dans l’instant, improvisation, échanges, habitude de partage  obligent.

 

Gianluca Renzi Lukmil Perez

 

Le bassiste là dans un modèle de solo marquant, Mirabassi plutôt dans une manière d’impressionisme du clavier. Qui suggère, qui souligne. De quoi provoquer en tous cas chez le troisième homme, Lukmil Perez, l’impression d’un chant, de couplets récités sur ses caisses et cymbales. L’art du pianiste italien dans le trio (formule icônique du jazz rapportée, analysée, commentée dans la dernière livraison de Jazz Magazine) garde malgré tout un côté, des constructions minimalistes. Comme si face à la tentation de l’effervescence il lui fallait apporter le moment venu un zeste de tempérance. Ainsi de ce Nana Nana Nana, composition  « née d’un voyage, vol aller retour, au Japon et qui dans cette langue nippone signifie 777… » Occasion d’une grosse partie rythmique impulsée à trois sur la trame complexe de rythme sur temps joués en nombre impair. De quoi faire tourner les mesures de façon savante de la part du batteur cubain de Paris dans un rôle -qu’on dirait- à contre emploi. Parfaitement exécuté, assumé pour autant. Et puisqu’il fallait bien qu’on retourne à la mélodie, à cette dose de jazz distillée en impressions moirées, Giovanni Mirabassi, technicien oui mais sans trop,  nous laissa sur un hommage à Kenny Baron. En finesse, à trois voix. Douces.

 

Robert Latxague