Omar Sosa, prestigieux prestidigitateur
« Pourquoi Omar Sosa attire-t-il tant de monde ? », me demandai-je avant même d’entrer dans l’ex salle des fêtes d’Eymet rebaptisée Espace culturel, relookée et surtout réinsonorisée depuis quelques mois. Examen de concert totalement réussi de ce point de vue : 350 personnes, enchantées par quasi deux heures de concert non-stop, deux rappels, standing ovation, que demander de plus ?
Omar Sosa Quarteto AfroCubano
Samedi 16 mai 2015, Espace culturel, Eymet (24)
Omar SOsa (p, keyb), Leandro Saint-Hill (as, ss, fl), Childo Tomas (b, voc), Ernesto Simpson (dm).
« Pourquoi Omar Sosa attire-t-il tant de monde ? », me demandai-je avant même d’entrer dans l’ex salle des fêtes d’Eymet rebaptisée Espace culturel, relookée et surtout réinsonorisée depuis quelques mois. Examen de concert totalement réussi de ce point de vue : 350 personnes, enchantées par quasi deux heures de concert non-stop, deux rappels, standing ovation, que demander de plus ?
Peut-être, de mon strict point de vue, un peu moins d’appel au public, clapping ou chant. Heureusement, Omar Sosa s’est aperçu rapidement qu’il ne fallait pas trop en demander et après une demi-heure, on n’eut plus que le Quarteto AfroCubano à écouter et à entendre. Il faut dire qu’un concert d’Omar se rapproche davantage d’un cérémonial que d’une simple exposition de musique. Voilà peut-être pourquoi on y demande la participation – même modeste – du public. Entrée processionnaire des musiciens, initiée par le maître, géant tout de blanc vêtu, suivie après une introduction en auto-duo piano-claviers hispanisante et quelques mots non moins espagnols (de Cuba, cela va de soi) par l’apparition du bassiste mozambicain Childo Tomas et ses chaussures à grelots, enfin et l’un après l’autre d’Ernesto Simpson puis de Leandro Saint-Hill, cubains comme leur patronyme ne l’indique pas forcément. Le répertoire prenait appui sur le récent album d’Omar Sosa, “Ilé”, mais contrairement à celui-ci, la version scénique est déroulante, non fragmentée, ce qui en donne une perception beaucoup plus globale. Ce nom, Ilé, fait référence à Ilé-Ifé, ville immémoriale yoruba, au Nigéria. On sait ce qu’il se passe en ce moment dans ce pays, pour lui lointainement mais sûrement maternel, et un titre comme Mentiras Enemigas y fait probablement allusion (faute de comprendre les palavras…). Certes, il y a ce mélange, cette fusion presque au sens volcanique du terme, d’ingrédients musicaux (racines) qui s’appellent cha-cha-cha, danzón et autres boléro cubains, qui invitent irrépressiblement à la danse. Certes, il y a Mama Africa, qui sera toujours là, rauque et douce, violente et tendre. Certes, il y a le jazz, ses complexités harmonique et rythmique, son exigence de mise en place (la salsa también !). De ces points de vue, aucune réticence à avoir vis-à-vis des musiciens qui accompagnaient le pianiste claviériste magicien qui fait sortir les voix de ses doigts (oui je sais, l’électronique est passée par là, le pré-recording, etc., il suffit d’appuyer sur une touche, mais vu de dos dans ses grands habits blancs qui l’apparentent à un fantôme dégingandé, Omar était comme un prestidigitateur). Childo Tomas est un de ses compagnons de longue date, lui aussi chante, et la fêlure de sa voix n’avait d’égale que la raucité du saxo alto de Leandro Saint-Hill, davantage mesuré sur cet instrument (et ce soir-là en tout cas) qu’au soprano ou à la flûte. A l’inverse de son leader, à la gestuelle de sorcier bénéfique, Ernesto Simpson reste quasi impassible derrière ses multiples fûts, ses cymbales, ses cloches, sa mbira, sachant créer le climat pas uniquement rythmique mais sonore au moment adéquat, au millième de seconde près ! Mais toute cette excellence ne justifie pas un tel succès. Il y a quelque chose de plus que cette capacité à se nourrir de toutes les formes musicales possibles. A l’image de ce (trop) bref morceau joué sur le grand piano en rappel, de somptueuses lignes rentraient et sortaient de l’harmonie pour déchirer le silence et faire place à la beauté. La musique d’Omar Sosa est habitée, voilà pourquoi elle plaît : en profondeur. C’est un livre qui nous raconte l’histoire d’un déracinement ancestral, l’histoire d’un homme qui loin de s’en meurtrir le surmonte sans l’oublier jamais, et va le chanter partout sur cette terre qui, après tout, n’est jamais que le sol sur lequel nous dansons. FRS
P.S. Ce concert venait en point d’orgue du festival ‘Off’, une cerise sur ce gâteau d’hiver que Laurent Pasquon et son admirable équipe de bénévoles de Maquiz’art fait vivre depuis des années dans une petite bourgade de Dordogne. D’accord, il y a des aides, des sponsors, mais il faut les convaincre. Le ‘Off’ est une prouesse. L’an prochain, il fêtera ses dix ans. Avec une programmation de choix : Emile Parisien, Daniel Humair, Michel Portal, peut-être Nicole Mitchell en duo avec Tyshawn Sorey (négociations en cours), et bien d’autres. Douze dates. Suivez les annonces dans “le live” de JazzMag.
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« Pourquoi Omar Sosa attire-t-il tant de monde ? », me demandai-je avant même d’entrer dans l’ex salle des fêtes d’Eymet rebaptisée Espace culturel, relookée et surtout réinsonorisée depuis quelques mois. Examen de concert totalement réussi de ce point de vue : 350 personnes, enchantées par quasi deux heures de concert non-stop, deux rappels, standing ovation, que demander de plus ?
Omar Sosa Quarteto AfroCubano
Samedi 16 mai 2015, Espace culturel, Eymet (24)
Omar SOsa (p, keyb), Leandro Saint-Hill (as, ss, fl), Childo Tomas (b, voc), Ernesto Simpson (dm).
« Pourquoi Omar Sosa attire-t-il tant de monde ? », me demandai-je avant même d’entrer dans l’ex salle des fêtes d’Eymet rebaptisée Espace culturel, relookée et surtout réinsonorisée depuis quelques mois. Examen de concert totalement réussi de ce point de vue : 350 personnes, enchantées par quasi deux heures de concert non-stop, deux rappels, standing ovation, que demander de plus ?
Peut-être, de mon strict point de vue, un peu moins d’appel au public, clapping ou chant. Heureusement, Omar Sosa s’est aperçu rapidement qu’il ne fallait pas trop en demander et après une demi-heure, on n’eut plus que le Quarteto AfroCubano à écouter et à entendre. Il faut dire qu’un concert d’Omar se rapproche davantage d’un cérémonial que d’une simple exposition de musique. Voilà peut-être pourquoi on y demande la participation – même modeste – du public. Entrée processionnaire des musiciens, initiée par le maître, géant tout de blanc vêtu, suivie après une introduction en auto-duo piano-claviers hispanisante et quelques mots non moins espagnols (de Cuba, cela va de soi) par l’apparition du bassiste mozambicain Childo Tomas et ses chaussures à grelots, enfin et l’un après l’autre d’Ernesto Simpson puis de Leandro Saint-Hill, cubains comme leur patronyme ne l’indique pas forcément. Le répertoire prenait appui sur le récent album d’Omar Sosa, “Ilé”, mais contrairement à celui-ci, la version scénique est déroulante, non fragmentée, ce qui en donne une perception beaucoup plus globale. Ce nom, Ilé, fait référence à Ilé-Ifé, ville immémoriale yoruba, au Nigéria. On sait ce qu’il se passe en ce moment dans ce pays, pour lui lointainement mais sûrement maternel, et un titre comme Mentiras Enemigas y fait probablement allusion (faute de comprendre les palavras…). Certes, il y a ce mélange, cette fusion presque au sens volcanique du terme, d’ingrédients musicaux (racines) qui s’appellent cha-cha-cha, danzón et autres boléro cubains, qui invitent irrépressiblement à la danse. Certes, il y a Mama Africa, qui sera toujours là, rauque et douce, violente et tendre. Certes, il y a le jazz, ses complexités harmonique et rythmique, son exigence de mise en place (la salsa también !). De ces points de vue, aucune réticence à avoir vis-à-vis des musiciens qui accompagnaient le pianiste claviériste magicien qui fait sortir les voix de ses doigts (oui je sais, l’électronique est passée par là, le pré-recording, etc., il suffit d’appuyer sur une touche, mais vu de dos dans ses grands habits blancs qui l’apparentent à un fantôme dégingandé, Omar était comme un prestidigitateur). Childo Tomas est un de ses compagnons de longue date, lui aussi chante, et la fêlure de sa voix n’avait d’égale que la raucité du saxo alto de Leandro Saint-Hill, davantage mesuré sur cet instrument (et ce soir-là en tout cas) qu’au soprano ou à la flûte. A l’inverse de son leader, à la gestuelle de sorcier bénéfique, Ernesto Simpson reste quasi impassible derrière ses multiples fûts, ses cymbales, ses cloches, sa mbira, sachant créer le climat pas uniquement rythmique mais sonore au moment adéquat, au millième de seconde près ! Mais toute cette excellence ne justifie pas un tel succès. Il y a quelque chose de plus que cette capacité à se nourrir de toutes les formes musicales possibles. A l’image de ce (trop) bref morceau joué sur le grand piano en rappel, de somptueuses lignes rentraient et sortaient de l’harmonie pour déchirer le silence et faire place à la beauté. La musique d’Omar Sosa est habitée, voilà pourquoi elle plaît : en profondeur. C’est un livre qui nous raconte l’histoire d’un déracinement ancestral, l’histoire d’un homme qui loin de s’en meurtrir le surmonte sans l’oublier jamais, et va le chanter partout sur cette terre qui, après tout, n’est jamais que le sol sur lequel nous dansons. FRS
P.S. Ce concert venait en point d’orgue du festival ‘Off’, une cerise sur ce gâteau d’hiver que Laurent Pasquon et son admirable équipe de bénévoles de Maquiz’art fait vivre depuis des années dans une petite bourgade de Dordogne. D’accord, il y a des aides, des sponsors, mais il faut les convaincre. Le ‘Off’ est une prouesse. L’an prochain, il fêtera ses dix ans. Avec une programmation de choix : Emile Parisien, Daniel Humair, Michel Portal, peut-être Nicole Mitchell en duo avec Tyshawn Sorey (négociations en cours), et bien d’autres. Douze dates. Suivez les annonces dans “le live” de JazzMag.
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« Pourquoi Omar Sosa attire-t-il tant de monde ? », me demandai-je avant même d’entrer dans l’ex salle des fêtes d’Eymet rebaptisée Espace culturel, relookée et surtout réinsonorisée depuis quelques mois. Examen de concert totalement réussi de ce point de vue : 350 personnes, enchantées par quasi deux heures de concert non-stop, deux rappels, standing ovation, que demander de plus ?
Omar Sosa Quarteto AfroCubano
Samedi 16 mai 2015, Espace culturel, Eymet (24)
Omar SOsa (p, keyb), Leandro Saint-Hill (as, ss, fl), Childo Tomas (b, voc), Ernesto Simpson (dm).
« Pourquoi Omar Sosa attire-t-il tant de monde ? », me demandai-je avant même d’entrer dans l’ex salle des fêtes d’Eymet rebaptisée Espace culturel, relookée et surtout réinsonorisée depuis quelques mois. Examen de concert totalement réussi de ce point de vue : 350 personnes, enchantées par quasi deux heures de concert non-stop, deux rappels, standing ovation, que demander de plus ?
Peut-être, de mon strict point de vue, un peu moins d’appel au public, clapping ou chant. Heureusement, Omar Sosa s’est aperçu rapidement qu’il ne fallait pas trop en demander et après une demi-heure, on n’eut plus que le Quarteto AfroCubano à écouter et à entendre. Il faut dire qu’un concert d’Omar se rapproche davantage d’un cérémonial que d’une simple exposition de musique. Voilà peut-être pourquoi on y demande la participation – même modeste – du public. Entrée processionnaire des musiciens, initiée par le maître, géant tout de blanc vêtu, suivie après une introduction en auto-duo piano-claviers hispanisante et quelques mots non moins espagnols (de Cuba, cela va de soi) par l’apparition du bassiste mozambicain Childo Tomas et ses chaussures à grelots, enfin et l’un après l’autre d’Ernesto Simpson puis de Leandro Saint-Hill, cubains comme leur patronyme ne l’indique pas forcément. Le répertoire prenait appui sur le récent album d’Omar Sosa, “Ilé”, mais contrairement à celui-ci, la version scénique est déroulante, non fragmentée, ce qui en donne une perception beaucoup plus globale. Ce nom, Ilé, fait référence à Ilé-Ifé, ville immémoriale yoruba, au Nigéria. On sait ce qu’il se passe en ce moment dans ce pays, pour lui lointainement mais sûrement maternel, et un titre comme Mentiras Enemigas y fait probablement allusion (faute de comprendre les palavras…). Certes, il y a ce mélange, cette fusion presque au sens volcanique du terme, d’ingrédients musicaux (racines) qui s’appellent cha-cha-cha, danzón et autres boléro cubains, qui invitent irrépressiblement à la danse. Certes, il y a Mama Africa, qui sera toujours là, rauque et douce, violente et tendre. Certes, il y a le jazz, ses complexités harmonique et rythmique, son exigence de mise en place (la salsa también !). De ces points de vue, aucune réticence à avoir vis-à-vis des musiciens qui accompagnaient le pianiste claviériste magicien qui fait sortir les voix de ses doigts (oui je sais, l’électronique est passée par là, le pré-recording, etc., il suffit d’appuyer sur une touche, mais vu de dos dans ses grands habits blancs qui l’apparentent à un fantôme dégingandé, Omar était comme un prestidigitateur). Childo Tomas est un de ses compagnons de longue date, lui aussi chante, et la fêlure de sa voix n’avait d’égale que la raucité du saxo alto de Leandro Saint-Hill, davantage mesuré sur cet instrument (et ce soir-là en tout cas) qu’au soprano ou à la flûte. A l’inverse de son leader, à la gestuelle de sorcier bénéfique, Ernesto Simpson reste quasi impassible derrière ses multiples fûts, ses cymbales, ses cloches, sa mbira, sachant créer le climat pas uniquement rythmique mais sonore au moment adéquat, au millième de seconde près ! Mais toute cette excellence ne justifie pas un tel succès. Il y a quelque chose de plus que cette capacité à se nourrir de toutes les formes musicales possibles. A l’image de ce (trop) bref morceau joué sur le grand piano en rappel, de somptueuses lignes rentraient et sortaient de l’harmonie pour déchirer le silence et faire place à la beauté. La musique d’Omar Sosa est habitée, voilà pourquoi elle plaît : en profondeur. C’est un livre qui nous raconte l’histoire d’un déracinement ancestral, l’histoire d’un homme qui loin de s’en meurtrir le surmonte sans l’oublier jamais, et va le chanter partout sur cette terre qui, après tout, n’est jamais que le sol sur lequel nous dansons. FRS
P.S. Ce concert venait en point d’orgue du festival ‘Off’, une cerise sur ce gâteau d’hiver que Laurent Pasquon et son admirable équipe de bénévoles de Maquiz’art fait vivre depuis des années dans une petite bourgade de Dordogne. D’accord, il y a des aides, des sponsors, mais il faut les convaincre. Le ‘Off’ est une prouesse. L’an prochain, il fêtera ses dix ans. Avec une programmation de choix : Emile Parisien, Daniel Humair, Michel Portal, peut-être Nicole Mitchell en duo avec Tyshawn Sorey (négociations en cours), et bien d’autres. Douze dates. Suivez les annonces dans “le live” de JazzMag.
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« Pourquoi Omar Sosa attire-t-il tant de monde ? », me demandai-je avant même d’entrer dans l’ex salle des fêtes d’Eymet rebaptisée Espace culturel, relookée et surtout réinsonorisée depuis quelques mois. Examen de concert totalement réussi de ce point de vue : 350 personnes, enchantées par quasi deux heures de concert non-stop, deux rappels, standing ovation, que demander de plus ?
Omar Sosa Quarteto AfroCubano
Samedi 16 mai 2015, Espace culturel, Eymet (24)
Omar SOsa (p, keyb), Leandro Saint-Hill (as, ss, fl), Childo Tomas (b, voc), Ernesto Simpson (dm).
« Pourquoi Omar Sosa attire-t-il tant de monde ? », me demandai-je avant même d’entrer dans l’ex salle des fêtes d’Eymet rebaptisée Espace culturel, relookée et surtout réinsonorisée depuis quelques mois. Examen de concert totalement réussi de ce point de vue : 350 personnes, enchantées par quasi deux heures de concert non-stop, deux rappels, standing ovation, que demander de plus ?
Peut-être, de mon strict point de vue, un peu moins d’appel au public, clapping ou chant. Heureusement, Omar Sosa s’est aperçu rapidement qu’il ne fallait pas trop en demander et après une demi-heure, on n’eut plus que le Quarteto AfroCubano à écouter et à entendre. Il faut dire qu’un concert d’Omar se rapproche davantage d’un cérémonial que d’une simple exposition de musique. Voilà peut-être pourquoi on y demande la participation – même modeste – du public. Entrée processionnaire des musiciens, initiée par le maître, géant tout de blanc vêtu, suivie après une introduction en auto-duo piano-claviers hispanisante et quelques mots non moins espagnols (de Cuba, cela va de soi) par l’apparition du bassiste mozambicain Childo Tomas et ses chaussures à grelots, enfin et l’un après l’autre d’Ernesto Simpson puis de Leandro Saint-Hill, cubains comme leur patronyme ne l’indique pas forcément. Le répertoire prenait appui sur le récent album d’Omar Sosa, “Ilé”, mais contrairement à celui-ci, la version scénique est déroulante, non fragmentée, ce qui en donne une perception beaucoup plus globale. Ce nom, Ilé, fait référence à Ilé-Ifé, ville immémoriale yoruba, au Nigéria. On sait ce qu’il se passe en ce moment dans ce pays, pour lui lointainement mais sûrement maternel, et un titre comme Mentiras Enemigas y fait probablement allusion (faute de comprendre les palavras…). Certes, il y a ce mélange, cette fusion presque au sens volcanique du terme, d’ingrédients musicaux (racines) qui s’appellent cha-cha-cha, danzón et autres boléro cubains, qui invitent irrépressiblement à la danse. Certes, il y a Mama Africa, qui sera toujours là, rauque et douce, violente et tendre. Certes, il y a le jazz, ses complexités harmonique et rythmique, son exigence de mise en place (la salsa también !). De ces points de vue, aucune réticence à avoir vis-à-vis des musiciens qui accompagnaient le pianiste claviériste magicien qui fait sortir les voix de ses doigts (oui je sais, l’électronique est passée par là, le pré-recording, etc., il suffit d’appuyer sur une touche, mais vu de dos dans ses grands habits blancs qui l’apparentent à un fantôme dégingandé, Omar était comme un prestidigitateur). Childo Tomas est un de ses compagnons de longue date, lui aussi chante, et la fêlure de sa voix n’avait d’égale que la raucité du saxo alto de Leandro Saint-Hill, davantage mesuré sur cet instrument (et ce soir-là en tout cas) qu’au soprano ou à la flûte. A l’inverse de son leader, à la gestuelle de sorcier bénéfique, Ernesto Simpson reste quasi impassible derrière ses multiples fûts, ses cymbales, ses cloches, sa mbira, sachant créer le climat pas uniquement rythmique mais sonore au moment adéquat, au millième de seconde près ! Mais toute cette excellence ne justifie pas un tel succès. Il y a quelque chose de plus que cette capacité à se nourrir de toutes les formes musicales possibles. A l’image de ce (trop) bref morceau joué sur le grand piano en rappel, de somptueuses lignes rentraient et sortaient de l’harmonie pour déchirer le silence et faire place à la beauté. La musique d’Omar Sosa est habitée, voilà pourquoi elle plaît : en profondeur. C’est un livre qui nous raconte l’histoire d’un déracinement ancestral, l’histoire d’un homme qui loin de s’en meurtrir le surmonte sans l’oublier jamais, et va le chanter partout sur cette terre qui, après tout, n’est jamais que le sol sur lequel nous dansons. FRS
P.S. Ce concert venait en point d’orgue du festival ‘Off’, une cerise sur ce gâteau d’hiver que Laurent Pasquon et son admirable équipe de bénévoles de Maquiz’art fait vivre depuis des années dans une petite bourgade de Dordogne. D’accord, il y a des aides, des sponsors, mais il faut les convaincre. Le ‘Off’ est une prouesse. L’an prochain, il fêtera ses dix ans. Avec une programmation de choix : Emile Parisien, Daniel Humair, Michel Portal, peut-être Nicole Mitchell en duo avec Tyshawn Sorey (négociations en cours), et bien d’autres. Douze dates. Suivez les annonces dans “le live” de JazzMag.