Une rencontre entre 7 solistes de l’Orchestre National de Jazz et 7 solistes de l’Ensemble Intercontemporain. Un projet mûri depuis la rencontre, 7 ans plus tôt, entre le responsable de l’ensemble de musique contemporaine et celui qui allait devenir, en janvier 2019, le directeur artistique de l’ONJ. Frédéric Maurin a terminé son mandat fin décembre 2024, c’est Sylvaine Hélary qui lui succède à la tête de l’ONJ, et ce concert est l’ultime prestation de Frédéric Maurin à la tête de l’orchestre, pour ce projet dont la création a eu lieu en octobre dernier : compte rendu des répétitions par Franck Bergerot dans ces colonnes en suivant ce lien : https://www.jazzmagazine.com/les-news/jazz-live/les-jeux-collectifs-de-lonj-et-de-lensemble-intercontemporain/
Orchestre National de Jazz – Ensemble intercontemporain «Jeux»
Ensemble intercontemporain : Alain Billard (clarinette, clarinettes basse et contrebasse), Jeanne-Marie Conquer (violon), Renaud Déjardin (violoncelle), Valeria Kafelnikov (harpe), Nicolas Crosse (contrebasse), Aurélien Gignoux & Samuel Favre (percussions)
ONJ : Christiane Bopp (trombone), Fanny Meteier (tuba), Catherine Delaunay (clarinette, cor de basset), Julien Soro (saxophone alto), (Mat Maneri) alto), Bruno Ruder (piano), Rafaël Koerner (batterie)
Sofia Avramidou, Andy Emler (composition)
Frédérice Maurin (composition, direction musicale)
Montreuil-sous-Bois, Conservatoire Pina Bausch, 24 janvier 2025, 20h30
La musique est écrite par deux compositeurs qui me sont familiers (Andy Emler depuis 40 ans, Frédéric Marin depuis une vingtaine d’années) et une compositrice que je ne connaissais pas, Sofia Avramidou, qui est une personnalité musicale très singulière : chanteuse attachée au répertoire traditionnel de sa Grèce natale (mais pas que….) et compositrice réputée de musique contemporaine. Cela commence par une sorte d’improvisation collective, avec un effet de répons, individuel ou par sections. Dans chaque séquence, plusieurs pièces enchaînées, où mes oreilles jazzophiles identifient parfois l’univers d’Andy Emler (enchaînements acrobatiques, interventions vocales de tous les instrumentistes en mode ‘vocalogue’ : profération de paroles vives qui paraissent se répondre) ; et aussi celui de Frédéric Maurin, notamment dans une certaine façon d’envisager les transitions entre les solistes. Pour Sofia Avramidou, j’en suis réduit aux conjectures : sa pluralité de pratiques, comme soliste autant que comme compositrice, ne m’aide pas à percer le mystère. Et je crois que son expérience personnelle de différents langages peut l’avoir amenée à être, ici et pour moi qui écoute en béotien, indéchiffrable. Quand une séquence commence par la harpe sur un mode de groove assez funky, et qui conduira sur un retour du motif initial de la harpe par la clarinette contrebasse, je me dis que ce pourrait être son fait…. mais en fait je n’en sais rien !
Quoi qu’il en soit, l’essentiel est ailleurs, dans une sorte de fluidité instrumentale et esthétique qui transcende l’apparente hétérogénéité. Et puis des solistes flamboyants, dans les deux camps (ONJ & Ensemble intercontemorain). Guillaume Roy, altiste du concert initial et récemment hospitalisé (mais les nouvelles sont rassurantes) était remplacé par Mat Maneri. Bref un concert d’une vive densité qui manifeste avec éclat la cohérence artistique du projet : très belle idée de Frédéric Maurin.
Xavier Prévost (texte)
photos Maxim François
Infos sur le site de l’ONJ
https://www.onj.org/programme/jeux
