À l’initiative des Vendanges du Savoir, une action culturelle portée à la fois par l’Université de Bordeaux et l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV), rendez-vous était pris à Paris le 19 mars au Bal Blomet pour célébrer les correspondances (au sens baudelairien) entre le jazz et le vin
18 heures pile : après le communiqué qui annonce sur France Musique un mouvement de grève en cours (l’émission suivante sera une rediffusion), le direct peut commencer. Alex Dutilh salue le public présent et ses invités : Thomas Duroux, directeur de Château Palmer, cru classé de l’appellation Margaux ; Laure Gasparotto, journaliste spécialiste du vin et vigneronne dans les Terrasses du Larzac ; Franck Tortiller, musicien et fils d’un vigneron bourguignon ; et Émile Parisien, qui fut à deux reprises l’invité de Château Palmer pour les résidences de création autour du jazz et du vin : une première fois comme membre du groupe de Daniel Humair, et une seconde fois sous son nom propre.
Pour la mise en oreille (une sorte de mise en bouche métaphorique), on écoute un millésime 1966 de Duke Ellington : The Day of Wine and Roses, avec un capiteux solo de ténor de Paul Gonsalves. Et le débat est lancé, sur le thème des correspondances tissées entre le nez, le palais, et l’art du jazz. Riche dialogue de sensations, d’émotions et de souvenirs entre tous les participants. Le programme de disques accueillera aussi bien Nina Simone qu’Hélène Merrill, Bojan Z avec Nils Wogram, Andy Sheppard, Bill Evans, et aussi une plage du disque «Cépage(s)» de Franck Tortiller, avec le Quatuor Debussy : le vibraphoniste-compositeur n’est pas chauvin, car il célèbre surtout les grappes des autres régions. Nous écouterons également Émile Parisien dans un disque de Yaron Hermann sur une composition du pianiste inspirée par un leurre tendu aux papillons mâles pour différer l’accouplement qui produit des chenilles dévastatrices pour la vigne. Beau programme et vibrants échanges, à réécouter sur le site de France Musique en suivant ce lien
Puis, l’émission terminée, c’est la dégustation offerte au public : d’abord un vin blanc des Îles Éoliennes, au large de la Sicile. Je le hume longuement et, me rappelant la présence des Grecs en Sicile dès le VIIIème siècle avant Jésus-Christ, je lui trouve…. un nez grec ! Ce vin a été choisi par Thomas Duroux, qui en parle éloquemment. Le public commente, et partage ses émois gustatifs
Puis c’est le second vin de Château Palmer, Alter Ego. Là encore les commentaires fusent, et ils sont souvent inspirés. Bref ce fut un beau moment de radio : partage, convivialité…. Le vin a de l’esprit, et il est bon de s’en souvenir
Xavier Prévost (texte & photos)