Paar Linien : il est passé par ici, il repassera par là…
Paar Linien : il est passé par là, il repassera par là…
Cet étrange quartette passait hier soir Aux Anges de Quelven et jouera ce soir 15 octobre à 18 heures dans le cadre de l’Atlantique Jazz Festival au Mac Orlan de Brest et repassera encore le lendemain 16 à 21h à la librairie L’Ivraie de Douarnenez.
On connaît depuis quelques quinze ans le saxophoniste Nicolas Stephan, membre actif du Surnatural Orchestra, ainsi que du Bruit du [Sign] où l’on découvrit Jeanne Added, Julien Omé, Sébastien Brun, Théo Girard et quelques autres. Il fut aussi l’animateur de la série “Sophie aime…” aux Voutes du Quai de la Gare, lieu d’émergence de toute une génération. Peut-être parce que la dernière de ses productions que j’ai chroniquées dans Jazz Magazine était un roman avec bande-son jointe (De la Violence dans les détails), la dimension littéraire de son travail m’avait fait oublié quelques-unes des lignes de forces auxquelles il reste fidèle au sein de ce quartette Paar Linien avec Basile Naudet (sax alto et sopranino, guitare électrique), Louis Freres (basse électrique), Augustin Bette (batterie), Nicolas Stephan n’abandonnant ses saxes (ténor et alto droit) que le temps d’une “chanson”.
Musique sans façon, à la première apparence négligée, à prendre ou à laisser, qui se révèle rapidement hyper élaborée, de la décontraction (attitude scénique, son, phrasé, lignes) dans l’élégance du résultat. Donnons leur la parole, empruntée aux liner notes de leur CD « Paar Linien » : « Les “Lignes” sont improvisées à partir d’un réservoir de plusieurs compositions. Ces morceaux peuvent se superposer aléatoirement les uns les autres. Chaque musicien est libre de jouer n’importe quelle partie de n’importe lequel de ces morceaux (ou lignes) à n’importe quel moment. Il peut également jouer autre chose ou ne pas jouer du tout. Vous entendrez donc plusieurs fois les mêmes lignes habillées différemment par la présence des autres. » Avons-nous entendus ça ? Nous nous sommes en tout cas laissé promener au fil de faux unissons, de vrais rendez-vous, de fausses boucles, d’écartèlements métriques, de mélodies aussi entêtantes qu’insaisissables, d’orages et de brouillards spectraux… et nous avons rêvé. C’était “Aux Anges”, l’improbable café à Quelven, hameau de la commune de Guern, où nous venions de déguster de savoureuses joues de porc au cidre comme seul Jean-Marie Le Bagne, le tôlier du lieu alias Big Jim, sait en imaginer. Demain, 16 octobre, on pourra y entendre le quintette Mokhtar, où se mêlent ténor et basson dans le cadre rythmique d’une fusion aux accents orientaux. Franck Bergerot (photo © X. Deher)