Pascal Mabit revient au 38 Riv !
L’an dernier, déjà au 38 Riv, le jeune saxophoniste Pascal Mabit avait donné son premier concert sous son nom. Mercredi dernier, toujours au 38 Riv, lieu qui donne sa chance à beaucoup de jeunes musiciens, il a réédité cette expérience.
Pascal Mabit trio Pascal Mabit (saxophone alto) Emmanuel Forster (contrebasse) jean-benoît Culot (batterie), le 38 riv, 38 rue de Rivoli 75004 Paris, 25 frévrier 2015
Annie-Claire Alvoët (directrice générale du séquençage visuel et illustratif de cette rubrique) et moi-même ( président directeur général attaché à l’architecture narrative et sémiologique de cette chronique) avons repéré il y a deux ans le jeune saxophoniste Pascal Mabit, et nous nous sommes promis-jurés de garder un œil sur ce jeune gars qui est en plus d’être un musicien plein de promesses est un type très attachant. On ne l’avait pas entendu depuis quelques mois. On se demandait ce qu’il devenait. Il s’avère que beaucoup de choses ont changé dans son jeu. A commencer par le son qui sort de son saxophone alto. Il est plus dense, plus profond, avec de petits effets sous-terrains de souffle, de grésillements qui lui donnent une sorte de dimension supplémentaire. Le débit a également changé. Ça va beaucoup plus vite. Pascal montre une virtuosité nouvelle dans sa manière de négocier les virages à grande vitesse, par exemple sur le parkérien Yardbird suite.
Le répertoire joué par le trio est double, presque duel. Pascal Mabit et ses musiciens jouent des compositions qui renvoient à Lennie Tristano et ses épigones (Warne marsh, Lee Konitz) : All about you et Background Music de Warne Marsh, 317 east 32nd street, de Lennie Tristano (démarcation de Out of nowhere). Mais Pascal Mabit joue aussi des standards ellingtoniens, Ispahan, The Mooche (formidable version en trio, où Pascal Mabit réussit à suggérer la présence d’un grand orchestre) I got it bad and that aint good. Quand il joue ces morceaux, Pascal prend des inflexions moelleuses et suaves à la Johnny Hodges, avec parfois un petit sourire en coin, mais pas toujours. Il est entouré d’une très belle équipe. Emmanuel Forster, à la contrebasse, ne joue que des phrases qui ont de la classe et du goût. Jean-Benoît Culot (avec qui pascal Mabit a fait ses premiers bœufs à Caen) produit du swing comme un pommier donne des pommes. Il fait montre également d’une belle musicalité, par exemple aux balais sur I got it bad and that aint good.
On ressent un vif plaisir à entendre ce répertoire en apparence si contrasté, qui confronte le premier et le second degré, l’abstraction et la sensualité. Dans le dernier livre d’Alain Gerber (Bu, Bud, Bird, Mingus, Martial et autres fauteurs de trouble) on trouve cette phrase lapidaire et gerberissime : « La vérité d’un artiste consiste à aller jusqu’au bout de ses contradictions ». On espère que Pascal Mabit ne se réconciliera pas avec lui-même et continuera d’embrasser des univers aussi contrastés.
Vladimir Medail (guitare) au Bonbon, 194 rue de la Croix-Nivert 75015
Un peu avant d’aller écouter Pascal Mabit, nous avions fait un détour par un petit café du Xve arrondissement où se produisait Vladimir Médail, autre musicien prometteur également au CNSM. On apprécie ce musicien notamment pour l’accompagnement raffiné qu’il prodigue à la chanteuse Mathilde. Mais ce soir-là, il était en solo, et l’on se demandait ce que cela donnerait. Privé de chanteuse, Vladimir Médail est tout naturellement devenu chanteur lui-même. On l’a senti se dédoubler. De sa guitare s’élevaient deux voix bien distinctes, l’une chargée de la mélodie, l’autre chargée de l’accompagnement, du commentaire, des contrepoints. Vladimir Médail fait partie de ces musiciens qui savent faire entendre non seulement les notes, mais les mots. Tout dans son discours musical indique l’attention portée aux textes des standards qu’il a interprétés ce soir-là après un très beau Sundance dédié à Wes Montgomery : How deep the ocean, someone to watch over you, I’m thru with love. On admire la beauté de ses lignes mélodiques, son sens de l’espace et du silence, l’architecture de ses solos. Vladimir Médail a l’art de vous cueillir en douceur. On écoute ce musicien en disant « tiens, mais c’est beau, cette phrase », et l’instant d’après on a les yeux qui piquent…Comme Pascal Mabit , voici un jeune musicien à suivre de très près.
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët
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L’an dernier, déjà au 38 Riv, le jeune saxophoniste Pascal Mabit avait donné son premier concert sous son nom. Mercredi dernier, toujours au 38 Riv, lieu qui donne sa chance à beaucoup de jeunes musiciens, il a réédité cette expérience.
Pascal Mabit trio Pascal Mabit (saxophone alto) Emmanuel Forster (contrebasse) jean-benoît Culot (batterie), le 38 riv, 38 rue de Rivoli 75004 Paris, 25 frévrier 2015
Annie-Claire Alvoët (directrice générale du séquençage visuel et illustratif de cette rubrique) et moi-même ( président directeur général attaché à l’architecture narrative et sémiologique de cette chronique) avons repéré il y a deux ans le jeune saxophoniste Pascal Mabit, et nous nous sommes promis-jurés de garder un œil sur ce jeune gars qui est en plus d’être un musicien plein de promesses est un type très attachant. On ne l’avait pas entendu depuis quelques mois. On se demandait ce qu’il devenait. Il s’avère que beaucoup de choses ont changé dans son jeu. A commencer par le son qui sort de son saxophone alto. Il est plus dense, plus profond, avec de petits effets sous-terrains de souffle, de grésillements qui lui donnent une sorte de dimension supplémentaire. Le débit a également changé. Ça va beaucoup plus vite. Pascal montre une virtuosité nouvelle dans sa manière de négocier les virages à grande vitesse, par exemple sur le parkérien Yardbird suite.
Le répertoire joué par le trio est double, presque duel. Pascal Mabit et ses musiciens jouent des compositions qui renvoient à Lennie Tristano et ses épigones (Warne marsh, Lee Konitz) : All about you et Background Music de Warne Marsh, 317 east 32nd street, de Lennie Tristano (démarcation de Out of nowhere). Mais Pascal Mabit joue aussi des standards ellingtoniens, Ispahan, The Mooche (formidable version en trio, où Pascal Mabit réussit à suggérer la présence d’un grand orchestre) I got it bad and that aint good. Quand il joue ces morceaux, Pascal prend des inflexions moelleuses et suaves à la Johnny Hodges, avec parfois un petit sourire en coin, mais pas toujours. Il est entouré d’une très belle équipe. Emmanuel Forster, à la contrebasse, ne joue que des phrases qui ont de la classe et du goût. Jean-Benoît Culot (avec qui pascal Mabit a fait ses premiers bœufs à Caen) produit du swing comme un pommier donne des pommes. Il fait montre également d’une belle musicalité, par exemple aux balais sur I got it bad and that aint good.
On ressent un vif plaisir à entendre ce répertoire en apparence si contrasté, qui confronte le premier et le second degré, l’abstraction et la sensualité. Dans le dernier livre d’Alain Gerber (Bu, Bud, Bird, Mingus, Martial et autres fauteurs de trouble) on trouve cette phrase lapidaire et gerberissime : « La vérité d’un artiste consiste à aller jusqu’au bout de ses contradictions ». On espère que Pascal Mabit ne se réconciliera pas avec lui-même et continuera d’embrasser des univers aussi contrastés.
Vladimir Medail (guitare) au Bonbon, 194 rue de la Croix-Nivert 75015
Un peu avant d’aller écouter Pascal Mabit, nous avions fait un détour par un petit café du Xve arrondissement où se produisait Vladimir Médail, autre musicien prometteur également au CNSM. On apprécie ce musicien notamment pour l’accompagnement raffiné qu’il prodigue à la chanteuse Mathilde. Mais ce soir-là, il était en solo, et l’on se demandait ce que cela donnerait. Privé de chanteuse, Vladimir Médail est tout naturellement devenu chanteur lui-même. On l’a senti se dédoubler. De sa guitare s’élevaient deux voix bien distinctes, l’une chargée de la mélodie, l’autre chargée de l’accompagnement, du commentaire, des contrepoints. Vladimir Médail fait partie de ces musiciens qui savent faire entendre non seulement les notes, mais les mots. Tout dans son discours musical indique l’attention portée aux textes des standards qu’il a interprétés ce soir-là après un très beau Sundance dédié à Wes Montgomery : How deep the ocean, someone to watch over you, I’m thru with love. On admire la beauté de ses lignes mélodiques, son sens de l’espace et du silence, l’architecture de ses solos. Vladimir Médail a l’art de vous cueillir en douceur. On écoute ce musicien en disant « tiens, mais c’est beau, cette phrase », et l’instant d’après on a les yeux qui piquent…Comme Pascal Mabit , voici un jeune musicien à suivre de très près.
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët
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L’an dernier, déjà au 38 Riv, le jeune saxophoniste Pascal Mabit avait donné son premier concert sous son nom. Mercredi dernier, toujours au 38 Riv, lieu qui donne sa chance à beaucoup de jeunes musiciens, il a réédité cette expérience.
Pascal Mabit trio Pascal Mabit (saxophone alto) Emmanuel Forster (contrebasse) jean-benoît Culot (batterie), le 38 riv, 38 rue de Rivoli 75004 Paris, 25 frévrier 2015
Annie-Claire Alvoët (directrice générale du séquençage visuel et illustratif de cette rubrique) et moi-même ( président directeur général attaché à l’architecture narrative et sémiologique de cette chronique) avons repéré il y a deux ans le jeune saxophoniste Pascal Mabit, et nous nous sommes promis-jurés de garder un œil sur ce jeune gars qui est en plus d’être un musicien plein de promesses est un type très attachant. On ne l’avait pas entendu depuis quelques mois. On se demandait ce qu’il devenait. Il s’avère que beaucoup de choses ont changé dans son jeu. A commencer par le son qui sort de son saxophone alto. Il est plus dense, plus profond, avec de petits effets sous-terrains de souffle, de grésillements qui lui donnent une sorte de dimension supplémentaire. Le débit a également changé. Ça va beaucoup plus vite. Pascal montre une virtuosité nouvelle dans sa manière de négocier les virages à grande vitesse, par exemple sur le parkérien Yardbird suite.
Le répertoire joué par le trio est double, presque duel. Pascal Mabit et ses musiciens jouent des compositions qui renvoient à Lennie Tristano et ses épigones (Warne marsh, Lee Konitz) : All about you et Background Music de Warne Marsh, 317 east 32nd street, de Lennie Tristano (démarcation de Out of nowhere). Mais Pascal Mabit joue aussi des standards ellingtoniens, Ispahan, The Mooche (formidable version en trio, où Pascal Mabit réussit à suggérer la présence d’un grand orchestre) I got it bad and that aint good. Quand il joue ces morceaux, Pascal prend des inflexions moelleuses et suaves à la Johnny Hodges, avec parfois un petit sourire en coin, mais pas toujours. Il est entouré d’une très belle équipe. Emmanuel Forster, à la contrebasse, ne joue que des phrases qui ont de la classe et du goût. Jean-Benoît Culot (avec qui pascal Mabit a fait ses premiers bœufs à Caen) produit du swing comme un pommier donne des pommes. Il fait montre également d’une belle musicalité, par exemple aux balais sur I got it bad and that aint good.
On ressent un vif plaisir à entendre ce répertoire en apparence si contrasté, qui confronte le premier et le second degré, l’abstraction et la sensualité. Dans le dernier livre d’Alain Gerber (Bu, Bud, Bird, Mingus, Martial et autres fauteurs de trouble) on trouve cette phrase lapidaire et gerberissime : « La vérité d’un artiste consiste à aller jusqu’au bout de ses contradictions ». On espère que Pascal Mabit ne se réconciliera pas avec lui-même et continuera d’embrasser des univers aussi contrastés.
Vladimir Medail (guitare) au Bonbon, 194 rue de la Croix-Nivert 75015
Un peu avant d’aller écouter Pascal Mabit, nous avions fait un détour par un petit café du Xve arrondissement où se produisait Vladimir Médail, autre musicien prometteur également au CNSM. On apprécie ce musicien notamment pour l’accompagnement raffiné qu’il prodigue à la chanteuse Mathilde. Mais ce soir-là, il était en solo, et l’on se demandait ce que cela donnerait. Privé de chanteuse, Vladimir Médail est tout naturellement devenu chanteur lui-même. On l’a senti se dédoubler. De sa guitare s’élevaient deux voix bien distinctes, l’une chargée de la mélodie, l’autre chargée de l’accompagnement, du commentaire, des contrepoints. Vladimir Médail fait partie de ces musiciens qui savent faire entendre non seulement les notes, mais les mots. Tout dans son discours musical indique l’attention portée aux textes des standards qu’il a interprétés ce soir-là après un très beau Sundance dédié à Wes Montgomery : How deep the ocean, someone to watch over you, I’m thru with love. On admire la beauté de ses lignes mélodiques, son sens de l’espace et du silence, l’architecture de ses solos. Vladimir Médail a l’art de vous cueillir en douceur. On écoute ce musicien en disant « tiens, mais c’est beau, cette phrase », et l’instant d’après on a les yeux qui piquent…Comme Pascal Mabit , voici un jeune musicien à suivre de très près.
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët
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L’an dernier, déjà au 38 Riv, le jeune saxophoniste Pascal Mabit avait donné son premier concert sous son nom. Mercredi dernier, toujours au 38 Riv, lieu qui donne sa chance à beaucoup de jeunes musiciens, il a réédité cette expérience.
Pascal Mabit trio Pascal Mabit (saxophone alto) Emmanuel Forster (contrebasse) jean-benoît Culot (batterie), le 38 riv, 38 rue de Rivoli 75004 Paris, 25 frévrier 2015
Annie-Claire Alvoët (directrice générale du séquençage visuel et illustratif de cette rubrique) et moi-même ( président directeur général attaché à l’architecture narrative et sémiologique de cette chronique) avons repéré il y a deux ans le jeune saxophoniste Pascal Mabit, et nous nous sommes promis-jurés de garder un œil sur ce jeune gars qui est en plus d’être un musicien plein de promesses est un type très attachant. On ne l’avait pas entendu depuis quelques mois. On se demandait ce qu’il devenait. Il s’avère que beaucoup de choses ont changé dans son jeu. A commencer par le son qui sort de son saxophone alto. Il est plus dense, plus profond, avec de petits effets sous-terrains de souffle, de grésillements qui lui donnent une sorte de dimension supplémentaire. Le débit a également changé. Ça va beaucoup plus vite. Pascal montre une virtuosité nouvelle dans sa manière de négocier les virages à grande vitesse, par exemple sur le parkérien Yardbird suite.
Le répertoire joué par le trio est double, presque duel. Pascal Mabit et ses musiciens jouent des compositions qui renvoient à Lennie Tristano et ses épigones (Warne marsh, Lee Konitz) : All about you et Background Music de Warne Marsh, 317 east 32nd street, de Lennie Tristano (démarcation de Out of nowhere). Mais Pascal Mabit joue aussi des standards ellingtoniens, Ispahan, The Mooche (formidable version en trio, où Pascal Mabit réussit à suggérer la présence d’un grand orchestre) I got it bad and that aint good. Quand il joue ces morceaux, Pascal prend des inflexions moelleuses et suaves à la Johnny Hodges, avec parfois un petit sourire en coin, mais pas toujours. Il est entouré d’une très belle équipe. Emmanuel Forster, à la contrebasse, ne joue que des phrases qui ont de la classe et du goût. Jean-Benoît Culot (avec qui pascal Mabit a fait ses premiers bœufs à Caen) produit du swing comme un pommier donne des pommes. Il fait montre également d’une belle musicalité, par exemple aux balais sur I got it bad and that aint good.
On ressent un vif plaisir à entendre ce répertoire en apparence si contrasté, qui confronte le premier et le second degré, l’abstraction et la sensualité. Dans le dernier livre d’Alain Gerber (Bu, Bud, Bird, Mingus, Martial et autres fauteurs de trouble) on trouve cette phrase lapidaire et gerberissime : « La vérité d’un artiste consiste à aller jusqu’au bout de ses contradictions ». On espère que Pascal Mabit ne se réconciliera pas avec lui-même et continuera d’embrasser des univers aussi contrastés.
Vladimir Medail (guitare) au Bonbon, 194 rue de la Croix-Nivert 75015
Un peu avant d’aller écouter Pascal Mabit, nous avions fait un détour par un petit café du Xve arrondissement où se produisait Vladimir Médail, autre musicien prometteur également au CNSM. On apprécie ce musicien notamment pour l’accompagnement raffiné qu’il prodigue à la chanteuse Mathilde. Mais ce soir-là, il était en solo, et l’on se demandait ce que cela donnerait. Privé de chanteuse, Vladimir Médail est tout naturellement devenu chanteur lui-même. On l’a senti se dédoubler. De sa guitare s’élevaient deux voix bien distinctes, l’une chargée de la mélodie, l’autre chargée de l’accompagnement, du commentaire, des contrepoints. Vladimir Médail fait partie de ces musiciens qui savent faire entendre non seulement les notes, mais les mots. Tout dans son discours musical indique l’attention portée aux textes des standards qu’il a interprétés ce soir-là après un très beau Sundance dédié à Wes Montgomery : How deep the ocean, someone to watch over you, I’m thru with love. On admire la beauté de ses lignes mélodiques, son sens de l’espace et du silence, l’architecture de ses solos. Vladimir Médail a l’art de vous cueillir en douceur. On écoute ce musicien en disant « tiens, mais c’est beau, cette phrase », et l’instant d’après on a les yeux qui piquent…Comme Pascal Mabit , voici un jeune musicien à suivre de très près.
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët