Pause Muziquale n° 2 : D’Angelo, le Messie Noir
Comme promis dans notre “Pause Muziquale n° 1”, Muziq n° 3 est en vente chez vos libraires favoris et sur le Net. En attendant le n° 4, qui sera disponible dès fin février 2015 (si, si !), nous écoutons en boucle le troisième album de D’Angelo, de retour des limbes avec son “Black Messiah” tombé du ciel.
Paris, 63, avenue des Champs-Elysées, fin 1999. Un cd “promo” tourne en boucle sur la chaîne hi-fi de Jazz Magazine. Il s’agit du deuxième album de D’Angelo, “Voodoo”, qui doit sortir le 25 janvier 2000. Cinq après “Brown Sugar”, qui avait déjà suscité des critiques élogieuses, l’émoi est encore plus grand. Sans commune mesure même.
Dès les premières écoutes, on est certain de tenir un authentique chef-d’œuvre, un disque novateur ancré dans le continuum des grandes musiques noires. Il y a peu, dans Jazzmag (n° 659, mars 2014), la tête pensante de Snarky Puppy, Michael League, rappelait au micro de Pascal Rozat que “Voodoo” avait « complètement changé la manière de jouer la soul, le funk, le R&B, et jusqu’au jazz. Si vous faites de la musique qui groove – en tout cas aux Etats-Unis –, vous connaissez forcément ce disque. D’Angelo a une telle personnalité, un tel style : la richesse de ses harmonies vocales, sa manière de sous-articuler certaines syllabes, son sens du placement rhtymique… C’est un artiste accompli qui a su s’entourer de musiciens exceptionnels pour réaliser sa vision : Roy Hargrove, Pino Palladino, Ahmir “Questlove” Thompson… ». Dans la foulée, deux autres disques enregistrés par la même communauté de musiciens, les Soulquarians, firent leur apparition dans les bacs : “Like Water For Chocolate” du rappeur Common et “Mama”s Gun” de la chanteuse Erykah Badu.
De son côté, D’Angelo partit dès le mois de mars en tournée américaine avec les Soultronics, constitués, selon les concerts, de Roy Hargrove à la trompette, Jacques Schwartz-Bart au saxophone, James Poyser aux claviers, Pino Palladino à la basse électrique, Ahmir “Questlove” Thompson à la batterie… En Europe, même succès. Au Grand Rex de Paris, son fabuleux concert est dans toutes les mémoires.
D’Angelo réinventait la soul, revitalisait le funk, phagocytait le hip-hop et le jazz ; ses clips le montraient torse-nu, peau luisante et abdos saillants (« les filles rêvaient d’être avec lui, les garçons d’être comme lui », disait le poète). Ses concerts faisaient chavirer les foules. Bref, D’Angelo triomphait artistiquement et commercialement – “Voodoo” fut rapidement certifié disque de platine aux Etats-Unis. La musique noire populaire pouvait encore rêver d’un futur qui ne ressemblait pas forcément à son passé.
Les admirateurs de Prince, dont D’Angelo s’imposait alors comme le rival le plus crédible, s’avouaient en aparté que leur artiste favori venait certes de retrouver son nom – et, qui sait, de nouvelles ambitions –, mais qu’il n’allait sans doute pas tarder à perdre sa couronne…
Mauvais Hummer
Quelques mois plus tard, le regretté Jef Lee Johnson, l’un de deux guitaristes du groupe de scène de D’Angelo, les Soultronics, nous confiait en “off” qu’il craignait pour l’avenir du chanteur, qu’il avait connu tout jeune et qui, selon lui, n’était pas assez solide pour supporter la pression des tournées et les tentations liées à son nouveau statut de star. On mit ça sur le compte d’une inquiétude excessive – mais bienveillante.
Les paroles de Jef Lee Johnson s’avèrent cependant justes. Dans les années qui suivirent, la toile et les gazettes à scandale se firent l’écho des multiples écarts de conduite et autres dérapages de D’Angelo : 4×4 de la marque Hummer retourné, dit-on, dans un virage (Rémy Julienne lui-même y serait-il arrivé ?), prises de substances illégales à gogo, brigade des mœurs aux fesses, etc. etc.
2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009… : rien à se mettre sous le tympan, sinon des rumeurs. « Le nouvel album est terminé, il sort le mois prochain » : les breaking news délivrées par ce grand bavard d’Ahmir “Queslove” Thompson firent d’abord espérer, puis sourire, puis rire.
C’est donc sans la moindre nouvelle note de musique griffée “D’” – comme déprime ? – que l’on entra dans la deuxième décennie du XXIè siècle.
Mais si, le Messie…
Pendant ce temps-là, Roy Hargrove faisait fructifier la musique de son employeur de chanteur façon “nu jazz funk”, la
nu soul commençait déjà à battre de l’aile et Prince, trois ans après avoir publié “The Rainbow Children” (que d’aucuns avaient volontiers comparé à “Voodoo”), faisait en 2004 une tournée américaine triomphale saluée comme son inespéré comeback.
2010, 2011…
Jusqu’à ce soir de janvier 2012 où, médusé, nous nous retrouvâmes au Zénith de Paris pour assister à… UN CONCERT DE D’ANGELO !!! Entouré, comme toujours, de musiciens exceptionnels : l’inamovible Pino Palladino, mais aussi le batteur Chris Dave et Jef Lee Johnson, un an tout juste avant qu’il ne tire sa révérence, histoire de rejoindre un monde meilleur – aux dernières nouvelles, il jamme chaque soir avec, c’est selon, Jimi Hendrix, John Coltrane ou John Lennon [on pense à toi Jef Lee, NDR].
Et si D’Angelo affichait sans complexe certaine surcharge pondérale, c’est musicalement que l’on était venu voir s’il faisait toujours le poids. Malgré une sono défaillante, on ne fut pas déçu. La magie opérait toujours, le charisme était intact, et les nouveaux morceaux auguraient d’un album qui fleurait bon le digne successeur de “Voodoo” – on s’était résigné à ne plus l’espérer mais, d’un coup, on voulait à nouveau y croire…
Enfin, le comeb(l)ack
2012, 2013, 2014… Michael mon frère Michael, pourquoi ne voit-on rien venir ? Juste une illusion, c’était donc ça ? Décidément…
Bon, il sort quand ce nouvel album ?
Hé bien tout simplement au moment où plus personne n’y croyait – où plus personne n’y pensait ! Une annonce, d’abord, qui met le feu aux poudres : une séance d’écoute étatsunienne en présence de professionnels de la profession ! Suivie d’une autre : “Black Messiah” en vente libre sur iTunes dès lundi prochain ! [Le 15 décembre dernier, NDR] Et d’une autre : Le CD dans la foulée ! [Le vinyle, ce sera pour février prochain, NDR.] On relaie l’info aux spécialistes de la vente en magasin de disques, qui éclatent de rire – comme on les comprend.
Seulement voilà : “Black Messiah” est là, et bien là.
Qui depuis douze jours tourne en boucle sur nos platines (CD offert par la sympathique attachée de presse de RCA / Sony Music) et autres iPod (mp3 téléchargés légalement dans la minute où iTunes a mis l’album en vente).
Qui depuis douze jours nous donne beaucoup d’espoir. La deuxièm moitié des années 2010 sera-t-elle celle du retour de la M.A.A.P.C ? [La Musique Afro-Américaine Populaire Créative, NDR.] On veut y croire. On doit y croire. D’Angelo, s’il ne faillit pas une nouvelle fois à sa mission, pourrait en être la figure de proue. Avec un disque d’une telle qualité sous le bras, il a tous les atouts en main pour retrouver son aura début de siècle et titiller son grand-frère Prince qui, espérons-le, a jugé bon de jeter ne serait-ce qu’une oreille distraite à “Black Messiah”, tout en s’activant déjà – on parie ? – à relever le défi.
Vous l’avez compris : on adore “Black Messiah”. Et on vous dira pourquoi dans le prochain numéro de Jazz Magazine, le n° 669, en vente le 31 janvier. En attendant, vous lirez très prochainement notre “Pause Muziquale n° 3” consacrée à, entre autres, Public Enemy, Royal Blood, Kidsaredead, Dick Wagner, Mandré et Led Zep…, non, pas Led Zeppelin. Frédéric Goaty
Disques de platine muziquaux
D’Angelo And The Vanguard : “Black Messiah” (RCA Records / Sony Music)
D’Angelo : “Voodoo” (Virgin Records, 2000)
D’Angelo : “Live At The Jazz Cafe, London, The Complete Show” (Virgin, 1995)
D’Angelo : “Brown Sugar” (EMI, 1995)
Common : “Like Water For Chocolate” (MCA, 2000)
Erykah Badu : “Mama’s Gun” (Motown, 2000)
Jay Dee aka J Dilla : “Welcome 2 Detroit” (BBE, 2001)
The Roots : “Phrenology” (MCA, 2002)
Roy Hargrove : “Presents The RH Factor – HardGroove” (Verve, 2003)
J Dilla Jay Dee : “Donuts” (Stones Throw, 2006)
Roy Hargrove : “The RH Factor – Distractions” (Verve, 2006)
Sortie muziquale
D’Angelo And The Vang
uard à Paris le 16 février 2015 (Palais des Congrès).
Livre de chevet muziqual
Muziq n° 3 (éd. Jazz & Cie, distribution Volumen), avec un dossier géant consacré à Kate Bush, qui vient d’effectuer un retour triomphal sur scène à Londres.Biographie, articles thématiques, plongée dans son album culte “The Dreaming”, photos rares, playlists originales, etc., etc. : vosu en rêviez, notre fine plume Jean-Stéphane Guitton l’a fait. (Rendez-vous le lundi 5 janvier à 22h30 dans Total Pop sur France Musique, présenté par Vincent Théval : Jean-Stéphane Guitton et Frédéric Goaty seront au micro pour parler de leur Reine d’Angleterre préféré, « The one and only Kate »)
Mais aussi : un second dossier géant en forme de sélection discographique commentée, “80 CD des années 80”, autour duquel s’articulent une myriade d’articles richement documentés, de George Harrison à Deep Purple, de Jeff Beck à New Order, d’Ali Farka Touré à la Naissance de la techno à Detroit, de Pat Metheny à Miles Davis…
Mais encore : des “Tops” icconoclastes, des comptes-rendus de concerts vintage inatttendus (Lou Reed, Kiss…), des interviews en profondeur (Gotainer, Ramon Pipin…).
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Comme promis dans notre “Pause Muziquale n° 1”, Muziq n° 3 est en vente chez vos libraires favoris et sur le Net. En attendant le n° 4, qui sera disponible dès fin février 2015 (si, si !), nous écoutons en boucle le troisième album de D’Angelo, de retour des limbes avec son “Black Messiah” tombé du ciel.
Paris, 63, avenue des Champs-Elysées, fin 1999. Un cd “promo” tourne en boucle sur la chaîne hi-fi de Jazz Magazine. Il s’agit du deuxième album de D’Angelo, “Voodoo”, qui doit sortir le 25 janvier 2000. Cinq après “Brown Sugar”, qui avait déjà suscité des critiques élogieuses, l’émoi est encore plus grand. Sans commune mesure même.
Dès les premières écoutes, on est certain de tenir un authentique chef-d’œuvre, un disque novateur ancré dans le continuum des grandes musiques noires. Il y a peu, dans Jazzmag (n° 659, mars 2014), la tête pensante de Snarky Puppy, Michael League, rappelait au micro de Pascal Rozat que “Voodoo” avait « complètement changé la manière de jouer la soul, le funk, le R&B, et jusqu’au jazz. Si vous faites de la musique qui groove – en tout cas aux Etats-Unis –, vous connaissez forcément ce disque. D’Angelo a une telle personnalité, un tel style : la richesse de ses harmonies vocales, sa manière de sous-articuler certaines syllabes, son sens du placement rhtymique… C’est un artiste accompli qui a su s’entourer de musiciens exceptionnels pour réaliser sa vision : Roy Hargrove, Pino Palladino, Ahmir “Questlove” Thompson… ». Dans la foulée, deux autres disques enregistrés par la même communauté de musiciens, les Soulquarians, firent leur apparition dans les bacs : “Like Water For Chocolate” du rappeur Common et “Mama”s Gun” de la chanteuse Erykah Badu.
De son côté, D’Angelo partit dès le mois de mars en tournée américaine avec les Soultronics, constitués, selon les concerts, de Roy Hargrove à la trompette, Jacques Schwartz-Bart au saxophone, James Poyser aux claviers, Pino Palladino à la basse électrique, Ahmir “Questlove” Thompson à la batterie… En Europe, même succès. Au Grand Rex de Paris, son fabuleux concert est dans toutes les mémoires.
D’Angelo réinventait la soul, revitalisait le funk, phagocytait le hip-hop et le jazz ; ses clips le montraient torse-nu, peau luisante et abdos saillants (« les filles rêvaient d’être avec lui, les garçons d’être comme lui », disait le poète). Ses concerts faisaient chavirer les foules. Bref, D’Angelo triomphait artistiquement et commercialement – “Voodoo” fut rapidement certifié disque de platine aux Etats-Unis. La musique noire populaire pouvait encore rêver d’un futur qui ne ressemblait pas forcément à son passé.
Les admirateurs de Prince, dont D’Angelo s’imposait alors comme le rival le plus crédible, s’avouaient en aparté que leur artiste favori venait certes de retrouver son nom – et, qui sait, de nouvelles ambitions –, mais qu’il n’allait sans doute pas tarder à perdre sa couronne…
Mauvais Hummer
Quelques mois plus tard, le regretté Jef Lee Johnson, l’un de deux guitaristes du groupe de scène de D’Angelo, les Soultronics, nous confiait en “off” qu’il craignait pour l’avenir du chanteur, qu’il avait connu tout jeune et qui, selon lui, n’était pas assez solide pour supporter la pression des tournées et les tentations liées à son nouveau statut de star. On mit ça sur le compte d’une inquiétude excessive – mais bienveillante.
Les paroles de Jef Lee Johnson s’avèrent cependant justes. Dans les années qui suivirent, la toile et les gazettes à scandale se firent l’écho des multiples écarts de conduite et autres dérapages de D’Angelo : 4×4 de la marque Hummer retourné, dit-on, dans un virage (Rémy Julienne lui-même y serait-il arrivé ?), prises de substances illégales à gogo, brigade des mœurs aux fesses, etc. etc.
2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009… : rien à se mettre sous le tympan, sinon des rumeurs. « Le nouvel album est terminé, il sort le mois prochain » : les breaking news délivrées par ce grand bavard d’Ahmir “Queslove” Thompson firent d’abord espérer, puis sourire, puis rire.
C’est donc sans la moindre nouvelle note de musique griffée “D’” – comme déprime ? – que l’on entra dans la deuxième décennie du XXIè siècle.
Mais si, le Messie…
Pendant ce temps-là, Roy Hargrove faisait fructifier la musique de son employeur de chanteur façon “nu jazz funk”, la
nu soul commençait déjà à battre de l’aile et Prince, trois ans après avoir publié “The Rainbow Children” (que d’aucuns avaient volontiers comparé à “Voodoo”), faisait en 2004 une tournée américaine triomphale saluée comme son inespéré comeback.
2010, 2011…
Jusqu’à ce soir de janvier 2012 où, médusé, nous nous retrouvâmes au Zénith de Paris pour assister à… UN CONCERT DE D’ANGELO !!! Entouré, comme toujours, de musiciens exceptionnels : l’inamovible Pino Palladino, mais aussi le batteur Chris Dave et Jef Lee Johnson, un an tout juste avant qu’il ne tire sa révérence, histoire de rejoindre un monde meilleur – aux dernières nouvelles, il jamme chaque soir avec, c’est selon, Jimi Hendrix, John Coltrane ou John Lennon [on pense à toi Jef Lee, NDR].
Et si D’Angelo affichait sans complexe certaine surcharge pondérale, c’est musicalement que l’on était venu voir s’il faisait toujours le poids. Malgré une sono défaillante, on ne fut pas déçu. La magie opérait toujours, le charisme était intact, et les nouveaux morceaux auguraient d’un album qui fleurait bon le digne successeur de “Voodoo” – on s’était résigné à ne plus l’espérer mais, d’un coup, on voulait à nouveau y croire…
Enfin, le comeb(l)ack
2012, 2013, 2014… Michael mon frère Michael, pourquoi ne voit-on rien venir ? Juste une illusion, c’était donc ça ? Décidément…
Bon, il sort quand ce nouvel album ?
Hé bien tout simplement au moment où plus personne n’y croyait – où plus personne n’y pensait ! Une annonce, d’abord, qui met le feu aux poudres : une séance d’écoute étatsunienne en présence de professionnels de la profession ! Suivie d’une autre : “Black Messiah” en vente libre sur iTunes dès lundi prochain ! [Le 15 décembre dernier, NDR] Et d’une autre : Le CD dans la foulée ! [Le vinyle, ce sera pour février prochain, NDR.] On relaie l’info aux spécialistes de la vente en magasin de disques, qui éclatent de rire – comme on les comprend.
Seulement voilà : “Black Messiah” est là, et bien là.
Qui depuis douze jours tourne en boucle sur nos platines (CD offert par la sympathique attachée de presse de RCA / Sony Music) et autres iPod (mp3 téléchargés légalement dans la minute où iTunes a mis l’album en vente).
Qui depuis douze jours nous donne beaucoup d’espoir. La deuxièm moitié des années 2010 sera-t-elle celle du retour de la M.A.A.P.C ? [La Musique Afro-Américaine Populaire Créative, NDR.] On veut y croire. On doit y croire. D’Angelo, s’il ne faillit pas une nouvelle fois à sa mission, pourrait en être la figure de proue. Avec un disque d’une telle qualité sous le bras, il a tous les atouts en main pour retrouver son aura début de siècle et titiller son grand-frère Prince qui, espérons-le, a jugé bon de jeter ne serait-ce qu’une oreille distraite à “Black Messiah”, tout en s’activant déjà – on parie ? – à relever le défi.
Vous l’avez compris : on adore “Black Messiah”. Et on vous dira pourquoi dans le prochain numéro de Jazz Magazine, le n° 669, en vente le 31 janvier. En attendant, vous lirez très prochainement notre “Pause Muziquale n° 3” consacrée à, entre autres, Public Enemy, Royal Blood, Kidsaredead, Dick Wagner, Mandré et Led Zep…, non, pas Led Zeppelin. Frédéric Goaty
Disques de platine muziquaux
D’Angelo And The Vanguard : “Black Messiah” (RCA Records / Sony Music)
D’Angelo : “Voodoo” (Virgin Records, 2000)
D’Angelo : “Live At The Jazz Cafe, London, The Complete Show” (Virgin, 1995)
D’Angelo : “Brown Sugar” (EMI, 1995)
Common : “Like Water For Chocolate” (MCA, 2000)
Erykah Badu : “Mama’s Gun” (Motown, 2000)
Jay Dee aka J Dilla : “Welcome 2 Detroit” (BBE, 2001)
The Roots : “Phrenology” (MCA, 2002)
Roy Hargrove : “Presents The RH Factor – HardGroove” (Verve, 2003)
J Dilla Jay Dee : “Donuts” (Stones Throw, 2006)
Roy Hargrove : “The RH Factor – Distractions” (Verve, 2006)
Sortie muziquale
D’Angelo And The Vang
uard à Paris le 16 février 2015 (Palais des Congrès).
Livre de chevet muziqual
Muziq n° 3 (éd. Jazz & Cie, distribution Volumen), avec un dossier géant consacré à Kate Bush, qui vient d’effectuer un retour triomphal sur scène à Londres.Biographie, articles thématiques, plongée dans son album culte “The Dreaming”, photos rares, playlists originales, etc., etc. : vosu en rêviez, notre fine plume Jean-Stéphane Guitton l’a fait. (Rendez-vous le lundi 5 janvier à 22h30 dans Total Pop sur France Musique, présenté par Vincent Théval : Jean-Stéphane Guitton et Frédéric Goaty seront au micro pour parler de leur Reine d’Angleterre préféré, « The one and only Kate »)
Mais aussi : un second dossier géant en forme de sélection discographique commentée, “80 CD des années 80”, autour duquel s’articulent une myriade d’articles richement documentés, de George Harrison à Deep Purple, de Jeff Beck à New Order, d’Ali Farka Touré à la Naissance de la techno à Detroit, de Pat Metheny à Miles Davis…
Mais encore : des “Tops” icconoclastes, des comptes-rendus de concerts vintage inatttendus (Lou Reed, Kiss…), des interviews en profondeur (Gotainer, Ramon Pipin…).
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Comme promis dans notre “Pause Muziquale n° 1”, Muziq n° 3 est en vente chez vos libraires favoris et sur le Net. En attendant le n° 4, qui sera disponible dès fin février 2015 (si, si !), nous écoutons en boucle le troisième album de D’Angelo, de retour des limbes avec son “Black Messiah” tombé du ciel.
Paris, 63, avenue des Champs-Elysées, fin 1999. Un cd “promo” tourne en boucle sur la chaîne hi-fi de Jazz Magazine. Il s’agit du deuxième album de D’Angelo, “Voodoo”, qui doit sortir le 25 janvier 2000. Cinq après “Brown Sugar”, qui avait déjà suscité des critiques élogieuses, l’émoi est encore plus grand. Sans commune mesure même.
Dès les premières écoutes, on est certain de tenir un authentique chef-d’œuvre, un disque novateur ancré dans le continuum des grandes musiques noires. Il y a peu, dans Jazzmag (n° 659, mars 2014), la tête pensante de Snarky Puppy, Michael League, rappelait au micro de Pascal Rozat que “Voodoo” avait « complètement changé la manière de jouer la soul, le funk, le R&B, et jusqu’au jazz. Si vous faites de la musique qui groove – en tout cas aux Etats-Unis –, vous connaissez forcément ce disque. D’Angelo a une telle personnalité, un tel style : la richesse de ses harmonies vocales, sa manière de sous-articuler certaines syllabes, son sens du placement rhtymique… C’est un artiste accompli qui a su s’entourer de musiciens exceptionnels pour réaliser sa vision : Roy Hargrove, Pino Palladino, Ahmir “Questlove” Thompson… ». Dans la foulée, deux autres disques enregistrés par la même communauté de musiciens, les Soulquarians, firent leur apparition dans les bacs : “Like Water For Chocolate” du rappeur Common et “Mama”s Gun” de la chanteuse Erykah Badu.
De son côté, D’Angelo partit dès le mois de mars en tournée américaine avec les Soultronics, constitués, selon les concerts, de Roy Hargrove à la trompette, Jacques Schwartz-Bart au saxophone, James Poyser aux claviers, Pino Palladino à la basse électrique, Ahmir “Questlove” Thompson à la batterie… En Europe, même succès. Au Grand Rex de Paris, son fabuleux concert est dans toutes les mémoires.
D’Angelo réinventait la soul, revitalisait le funk, phagocytait le hip-hop et le jazz ; ses clips le montraient torse-nu, peau luisante et abdos saillants (« les filles rêvaient d’être avec lui, les garçons d’être comme lui », disait le poète). Ses concerts faisaient chavirer les foules. Bref, D’Angelo triomphait artistiquement et commercialement – “Voodoo” fut rapidement certifié disque de platine aux Etats-Unis. La musique noire populaire pouvait encore rêver d’un futur qui ne ressemblait pas forcément à son passé.
Les admirateurs de Prince, dont D’Angelo s’imposait alors comme le rival le plus crédible, s’avouaient en aparté que leur artiste favori venait certes de retrouver son nom – et, qui sait, de nouvelles ambitions –, mais qu’il n’allait sans doute pas tarder à perdre sa couronne…
Mauvais Hummer
Quelques mois plus tard, le regretté Jef Lee Johnson, l’un de deux guitaristes du groupe de scène de D’Angelo, les Soultronics, nous confiait en “off” qu’il craignait pour l’avenir du chanteur, qu’il avait connu tout jeune et qui, selon lui, n’était pas assez solide pour supporter la pression des tournées et les tentations liées à son nouveau statut de star. On mit ça sur le compte d’une inquiétude excessive – mais bienveillante.
Les paroles de Jef Lee Johnson s’avèrent cependant justes. Dans les années qui suivirent, la toile et les gazettes à scandale se firent l’écho des multiples écarts de conduite et autres dérapages de D’Angelo : 4×4 de la marque Hummer retourné, dit-on, dans un virage (Rémy Julienne lui-même y serait-il arrivé ?), prises de substances illégales à gogo, brigade des mœurs aux fesses, etc. etc.
2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009… : rien à se mettre sous le tympan, sinon des rumeurs. « Le nouvel album est terminé, il sort le mois prochain » : les breaking news délivrées par ce grand bavard d’Ahmir “Queslove” Thompson firent d’abord espérer, puis sourire, puis rire.
C’est donc sans la moindre nouvelle note de musique griffée “D’” – comme déprime ? – que l’on entra dans la deuxième décennie du XXIè siècle.
Mais si, le Messie…
Pendant ce temps-là, Roy Hargrove faisait fructifier la musique de son employeur de chanteur façon “nu jazz funk”, la
nu soul commençait déjà à battre de l’aile et Prince, trois ans après avoir publié “The Rainbow Children” (que d’aucuns avaient volontiers comparé à “Voodoo”), faisait en 2004 une tournée américaine triomphale saluée comme son inespéré comeback.
2010, 2011…
Jusqu’à ce soir de janvier 2012 où, médusé, nous nous retrouvâmes au Zénith de Paris pour assister à… UN CONCERT DE D’ANGELO !!! Entouré, comme toujours, de musiciens exceptionnels : l’inamovible Pino Palladino, mais aussi le batteur Chris Dave et Jef Lee Johnson, un an tout juste avant qu’il ne tire sa révérence, histoire de rejoindre un monde meilleur – aux dernières nouvelles, il jamme chaque soir avec, c’est selon, Jimi Hendrix, John Coltrane ou John Lennon [on pense à toi Jef Lee, NDR].
Et si D’Angelo affichait sans complexe certaine surcharge pondérale, c’est musicalement que l’on était venu voir s’il faisait toujours le poids. Malgré une sono défaillante, on ne fut pas déçu. La magie opérait toujours, le charisme était intact, et les nouveaux morceaux auguraient d’un album qui fleurait bon le digne successeur de “Voodoo” – on s’était résigné à ne plus l’espérer mais, d’un coup, on voulait à nouveau y croire…
Enfin, le comeb(l)ack
2012, 2013, 2014… Michael mon frère Michael, pourquoi ne voit-on rien venir ? Juste une illusion, c’était donc ça ? Décidément…
Bon, il sort quand ce nouvel album ?
Hé bien tout simplement au moment où plus personne n’y croyait – où plus personne n’y pensait ! Une annonce, d’abord, qui met le feu aux poudres : une séance d’écoute étatsunienne en présence de professionnels de la profession ! Suivie d’une autre : “Black Messiah” en vente libre sur iTunes dès lundi prochain ! [Le 15 décembre dernier, NDR] Et d’une autre : Le CD dans la foulée ! [Le vinyle, ce sera pour février prochain, NDR.] On relaie l’info aux spécialistes de la vente en magasin de disques, qui éclatent de rire – comme on les comprend.
Seulement voilà : “Black Messiah” est là, et bien là.
Qui depuis douze jours tourne en boucle sur nos platines (CD offert par la sympathique attachée de presse de RCA / Sony Music) et autres iPod (mp3 téléchargés légalement dans la minute où iTunes a mis l’album en vente).
Qui depuis douze jours nous donne beaucoup d’espoir. La deuxièm moitié des années 2010 sera-t-elle celle du retour de la M.A.A.P.C ? [La Musique Afro-Américaine Populaire Créative, NDR.] On veut y croire. On doit y croire. D’Angelo, s’il ne faillit pas une nouvelle fois à sa mission, pourrait en être la figure de proue. Avec un disque d’une telle qualité sous le bras, il a tous les atouts en main pour retrouver son aura début de siècle et titiller son grand-frère Prince qui, espérons-le, a jugé bon de jeter ne serait-ce qu’une oreille distraite à “Black Messiah”, tout en s’activant déjà – on parie ? – à relever le défi.
Vous l’avez compris : on adore “Black Messiah”. Et on vous dira pourquoi dans le prochain numéro de Jazz Magazine, le n° 669, en vente le 31 janvier. En attendant, vous lirez très prochainement notre “Pause Muziquale n° 3” consacrée à, entre autres, Public Enemy, Royal Blood, Kidsaredead, Dick Wagner, Mandré et Led Zep…, non, pas Led Zeppelin. Frédéric Goaty
Disques de platine muziquaux
D’Angelo And The Vanguard : “Black Messiah” (RCA Records / Sony Music)
D’Angelo : “Voodoo” (Virgin Records, 2000)
D’Angelo : “Live At The Jazz Cafe, London, The Complete Show” (Virgin, 1995)
D’Angelo : “Brown Sugar” (EMI, 1995)
Common : “Like Water For Chocolate” (MCA, 2000)
Erykah Badu : “Mama’s Gun” (Motown, 2000)
Jay Dee aka J Dilla : “Welcome 2 Detroit” (BBE, 2001)
The Roots : “Phrenology” (MCA, 2002)
Roy Hargrove : “Presents The RH Factor – HardGroove” (Verve, 2003)
J Dilla Jay Dee : “Donuts” (Stones Throw, 2006)
Roy Hargrove : “The RH Factor – Distractions” (Verve, 2006)
Sortie muziquale
D’Angelo And The Vang
uard à Paris le 16 février 2015 (Palais des Congrès).
Livre de chevet muziqual
Muziq n° 3 (éd. Jazz & Cie, distribution Volumen), avec un dossier géant consacré à Kate Bush, qui vient d’effectuer un retour triomphal sur scène à Londres.Biographie, articles thématiques, plongée dans son album culte “The Dreaming”, photos rares, playlists originales, etc., etc. : vosu en rêviez, notre fine plume Jean-Stéphane Guitton l’a fait. (Rendez-vous le lundi 5 janvier à 22h30 dans Total Pop sur France Musique, présenté par Vincent Théval : Jean-Stéphane Guitton et Frédéric Goaty seront au micro pour parler de leur Reine d’Angleterre préféré, « The one and only Kate »)
Mais aussi : un second dossier géant en forme de sélection discographique commentée, “80 CD des années 80”, autour duquel s’articulent une myriade d’articles richement documentés, de George Harrison à Deep Purple, de Jeff Beck à New Order, d’Ali Farka Touré à la Naissance de la techno à Detroit, de Pat Metheny à Miles Davis…
Mais encore : des “Tops” icconoclastes, des comptes-rendus de concerts vintage inatttendus (Lou Reed, Kiss…), des interviews en profondeur (Gotainer, Ramon Pipin…).
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Comme promis dans notre “Pause Muziquale n° 1”, Muziq n° 3 est en vente chez vos libraires favoris et sur le Net. En attendant le n° 4, qui sera disponible dès fin février 2015 (si, si !), nous écoutons en boucle le troisième album de D’Angelo, de retour des limbes avec son “Black Messiah” tombé du ciel.
Paris, 63, avenue des Champs-Elysées, fin 1999. Un cd “promo” tourne en boucle sur la chaîne hi-fi de Jazz Magazine. Il s’agit du deuxième album de D’Angelo, “Voodoo”, qui doit sortir le 25 janvier 2000. Cinq après “Brown Sugar”, qui avait déjà suscité des critiques élogieuses, l’émoi est encore plus grand. Sans commune mesure même.
Dès les premières écoutes, on est certain de tenir un authentique chef-d’œuvre, un disque novateur ancré dans le continuum des grandes musiques noires. Il y a peu, dans Jazzmag (n° 659, mars 2014), la tête pensante de Snarky Puppy, Michael League, rappelait au micro de Pascal Rozat que “Voodoo” avait « complètement changé la manière de jouer la soul, le funk, le R&B, et jusqu’au jazz. Si vous faites de la musique qui groove – en tout cas aux Etats-Unis –, vous connaissez forcément ce disque. D’Angelo a une telle personnalité, un tel style : la richesse de ses harmonies vocales, sa manière de sous-articuler certaines syllabes, son sens du placement rhtymique… C’est un artiste accompli qui a su s’entourer de musiciens exceptionnels pour réaliser sa vision : Roy Hargrove, Pino Palladino, Ahmir “Questlove” Thompson… ». Dans la foulée, deux autres disques enregistrés par la même communauté de musiciens, les Soulquarians, firent leur apparition dans les bacs : “Like Water For Chocolate” du rappeur Common et “Mama”s Gun” de la chanteuse Erykah Badu.
De son côté, D’Angelo partit dès le mois de mars en tournée américaine avec les Soultronics, constitués, selon les concerts, de Roy Hargrove à la trompette, Jacques Schwartz-Bart au saxophone, James Poyser aux claviers, Pino Palladino à la basse électrique, Ahmir “Questlove” Thompson à la batterie… En Europe, même succès. Au Grand Rex de Paris, son fabuleux concert est dans toutes les mémoires.
D’Angelo réinventait la soul, revitalisait le funk, phagocytait le hip-hop et le jazz ; ses clips le montraient torse-nu, peau luisante et abdos saillants (« les filles rêvaient d’être avec lui, les garçons d’être comme lui », disait le poète). Ses concerts faisaient chavirer les foules. Bref, D’Angelo triomphait artistiquement et commercialement – “Voodoo” fut rapidement certifié disque de platine aux Etats-Unis. La musique noire populaire pouvait encore rêver d’un futur qui ne ressemblait pas forcément à son passé.
Les admirateurs de Prince, dont D’Angelo s’imposait alors comme le rival le plus crédible, s’avouaient en aparté que leur artiste favori venait certes de retrouver son nom – et, qui sait, de nouvelles ambitions –, mais qu’il n’allait sans doute pas tarder à perdre sa couronne…
Mauvais Hummer
Quelques mois plus tard, le regretté Jef Lee Johnson, l’un de deux guitaristes du groupe de scène de D’Angelo, les Soultronics, nous confiait en “off” qu’il craignait pour l’avenir du chanteur, qu’il avait connu tout jeune et qui, selon lui, n’était pas assez solide pour supporter la pression des tournées et les tentations liées à son nouveau statut de star. On mit ça sur le compte d’une inquiétude excessive – mais bienveillante.
Les paroles de Jef Lee Johnson s’avèrent cependant justes. Dans les années qui suivirent, la toile et les gazettes à scandale se firent l’écho des multiples écarts de conduite et autres dérapages de D’Angelo : 4×4 de la marque Hummer retourné, dit-on, dans un virage (Rémy Julienne lui-même y serait-il arrivé ?), prises de substances illégales à gogo, brigade des mœurs aux fesses, etc. etc.
2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009… : rien à se mettre sous le tympan, sinon des rumeurs. « Le nouvel album est terminé, il sort le mois prochain » : les breaking news délivrées par ce grand bavard d’Ahmir “Queslove” Thompson firent d’abord espérer, puis sourire, puis rire.
C’est donc sans la moindre nouvelle note de musique griffée “D’” – comme déprime ? – que l’on entra dans la deuxième décennie du XXIè siècle.
Mais si, le Messie…
Pendant ce temps-là, Roy Hargrove faisait fructifier la musique de son employeur de chanteur façon “nu jazz funk”, la
nu soul commençait déjà à battre de l’aile et Prince, trois ans après avoir publié “The Rainbow Children” (que d’aucuns avaient volontiers comparé à “Voodoo”), faisait en 2004 une tournée américaine triomphale saluée comme son inespéré comeback.
2010, 2011…
Jusqu’à ce soir de janvier 2012 où, médusé, nous nous retrouvâmes au Zénith de Paris pour assister à… UN CONCERT DE D’ANGELO !!! Entouré, comme toujours, de musiciens exceptionnels : l’inamovible Pino Palladino, mais aussi le batteur Chris Dave et Jef Lee Johnson, un an tout juste avant qu’il ne tire sa révérence, histoire de rejoindre un monde meilleur – aux dernières nouvelles, il jamme chaque soir avec, c’est selon, Jimi Hendrix, John Coltrane ou John Lennon [on pense à toi Jef Lee, NDR].
Et si D’Angelo affichait sans complexe certaine surcharge pondérale, c’est musicalement que l’on était venu voir s’il faisait toujours le poids. Malgré une sono défaillante, on ne fut pas déçu. La magie opérait toujours, le charisme était intact, et les nouveaux morceaux auguraient d’un album qui fleurait bon le digne successeur de “Voodoo” – on s’était résigné à ne plus l’espérer mais, d’un coup, on voulait à nouveau y croire…
Enfin, le comeb(l)ack
2012, 2013, 2014… Michael mon frère Michael, pourquoi ne voit-on rien venir ? Juste une illusion, c’était donc ça ? Décidément…
Bon, il sort quand ce nouvel album ?
Hé bien tout simplement au moment où plus personne n’y croyait – où plus personne n’y pensait ! Une annonce, d’abord, qui met le feu aux poudres : une séance d’écoute étatsunienne en présence de professionnels de la profession ! Suivie d’une autre : “Black Messiah” en vente libre sur iTunes dès lundi prochain ! [Le 15 décembre dernier, NDR] Et d’une autre : Le CD dans la foulée ! [Le vinyle, ce sera pour février prochain, NDR.] On relaie l’info aux spécialistes de la vente en magasin de disques, qui éclatent de rire – comme on les comprend.
Seulement voilà : “Black Messiah” est là, et bien là.
Qui depuis douze jours tourne en boucle sur nos platines (CD offert par la sympathique attachée de presse de RCA / Sony Music) et autres iPod (mp3 téléchargés légalement dans la minute où iTunes a mis l’album en vente).
Qui depuis douze jours nous donne beaucoup d’espoir. La deuxièm moitié des années 2010 sera-t-elle celle du retour de la M.A.A.P.C ? [La Musique Afro-Américaine Populaire Créative, NDR.] On veut y croire. On doit y croire. D’Angelo, s’il ne faillit pas une nouvelle fois à sa mission, pourrait en être la figure de proue. Avec un disque d’une telle qualité sous le bras, il a tous les atouts en main pour retrouver son aura début de siècle et titiller son grand-frère Prince qui, espérons-le, a jugé bon de jeter ne serait-ce qu’une oreille distraite à “Black Messiah”, tout en s’activant déjà – on parie ? – à relever le défi.
Vous l’avez compris : on adore “Black Messiah”. Et on vous dira pourquoi dans le prochain numéro de Jazz Magazine, le n° 669, en vente le 31 janvier. En attendant, vous lirez très prochainement notre “Pause Muziquale n° 3” consacrée à, entre autres, Public Enemy, Royal Blood, Kidsaredead, Dick Wagner, Mandré et Led Zep…, non, pas Led Zeppelin. Frédéric Goaty
Disques de platine muziquaux
D’Angelo And The Vanguard : “Black Messiah” (RCA Records / Sony Music)
D’Angelo : “Voodoo” (Virgin Records, 2000)
D’Angelo : “Live At The Jazz Cafe, London, The Complete Show” (Virgin, 1995)
D’Angelo : “Brown Sugar” (EMI, 1995)
Common : “Like Water For Chocolate” (MCA, 2000)
Erykah Badu : “Mama’s Gun” (Motown, 2000)
Jay Dee aka J Dilla : “Welcome 2 Detroit” (BBE, 2001)
The Roots : “Phrenology” (MCA, 2002)
Roy Hargrove : “Presents The RH Factor – HardGroove” (Verve, 2003)
J Dilla Jay Dee : “Donuts” (Stones Throw, 2006)
Roy Hargrove : “The RH Factor – Distractions” (Verve, 2006)
Sortie muziquale
D’Angelo And The Vang
uard à Paris le 16 février 2015 (Palais des Congrès).
Livre de chevet muziqual
Muziq n° 3 (éd. Jazz & Cie, distribution Volumen), avec un dossier géant consacré à Kate Bush, qui vient d’effectuer un retour triomphal sur scène à Londres.Biographie, articles thématiques, plongée dans son album culte “The Dreaming”, photos rares, playlists originales, etc., etc. : vosu en rêviez, notre fine plume Jean-Stéphane Guitton l’a fait. (Rendez-vous le lundi 5 janvier à 22h30 dans Total Pop sur France Musique, présenté par Vincent Théval : Jean-Stéphane Guitton et Frédéric Goaty seront au micro pour parler de leur Reine d’Angleterre préféré, « The one and only Kate »)
Mais aussi : un second dossier géant en forme de sélection discographique commentée, “80 CD des années 80”, autour duquel s’articulent une myriade d’articles richement documentés, de George Harrison à Deep Purple, de Jeff Beck à New Order, d’Ali Farka Touré à la Naissance de la techno à Detroit, de Pat Metheny à Miles Davis…
Mais encore : des “Tops” icconoclastes, des comptes-rendus de concerts vintage inatttendus (Lou Reed, Kiss…), des interviews en profondeur (Gotainer, Ramon Pipin…).