Ping Machine fait ses adieux
Hier 29 novembre, à Paris, au Studio de l’Ermitage, Ping Machine donnait son dernier concert, Frédéric Maurin, son fondateur compositeur, ayant été nommé à la tête du futur ONJ. Un bel adieu.
Fabien Norbert, Quentin Ghomari, Andrew Crocker (tp), Bastien Ballaz (tb), Didier Havet (b tb, tu), Florent Dupuit (ts, fl), Fabien Debellefontaine (fl, cl, as), Jean-Michel Couchet (ss, as), Jonas Muel (ts), Guillaume Christophel (bars, bcl), Stéphan Caracci (vib, perc), Bruno Ruder (p, cla), Fred Maurin (elg, comp, arrt), Raphaël Schwab (b), Rafaël Kœrner (dm).
Montage vidéo, sons et photos et souvenirs, le sérieux de la musique contrastant avec l’élan joyeux qui la porta pendant 14 ans. L’orchestre monte enfin sur scène pour un concert d’adieu qui sera ponctué de messages vidéo (notamment du saxophoniste Julien Soro en tournée de plusieurs semaines en Inde avec Ozma, remplacé pour l’occasion Jonas Muel) et de surprises de l’orchestre à son chef. Un concert à rebours, des dernières expériences spectrales de Ubik au premier véritable album (après un coup d’essai autoproduit en 2007) “Random Issues (son mystérieux Eït-Für-Für / Noïne-Für-Für, 2009). Un parcours phonographique ponctué de “Chocs Jazz Magazine” et, par-delà les visions toujours plus aventureuses de Fred Maurin, traversé par un fil rouge, le sens de l’orchestre et une qualité de son orchestral que l’on remarquait dès les premiers concerts avec ou sans sono, dans les salles les plus inconfortables, autour d’une rythmique qui n’y était pas pour rien : Yoram Rosilio à l’époque (depuis relayé par Raphaël Schwab) et Rafal Kœrner (premiers membres de Ping avec le flûtiste Florent Dupuit). Cet orchestre sonnait. À plus forte raison au Studio de l’Hermitage – hier soir plein comme un œuf – où Ping était comme chez lui, et avec son sonorisateur Erwan Boulay, un vrai technicien du son qui sait faire entendre la puissance (et les nuances) d’un big band, et non comme c’est trop souvent le cas, la puissance de son équipement.
Une heure et demie qui sont passées comme une petite demie heure. C’était déjà fini. Alors, en guise de rappel, Fred Maurin a proposé un bal et Ping a mis de côté le répertoire de son chef et, sur un morceau de Tower Power, Andrew Crocker a chanté l’aventure Ping Machine avec ses propres paroles en français et le public s’est levé. On vous passe les effusions, les hommages, mais on mentionnera ce rappel que la compagnie Pegazz et l’Hélicon constituée autour de Ping Machine continue sa route avec Big Four (Soro-Debellefontaine-Caracci-Kœrner) et le duo Schwab-Soro (deux formations nées au sein de Ping Machine), Gonam City (le duo de Quentin Ghomari avec le pianiste Marc Benham), différents projets du guitariste Paul Jarret dont PJ5 qui fêtera son nouveau disque “I Told the Little Bird” le 4 décembre au New Morning et son trio Sweet Dog (Julien Soro, Ariel Tessier) le 24 janvier à La Petite Halle. Quant aux projets de Fred Maurin (trio RCM et Flamenco Punk), que deviendront-ils en 2019 alors qu’il nous concocte le plus ambitieux des ONJ jamais imaginé, avec cette clairvoyance que nous avions déjà remarqué voici 14 ans alors qu’il défendait son rapport sur les publics du jazz au conservatoire de Bourg-la-Reine pour l’obtention de son Diplôme d’Etat. On sait déjà qu’il tient l’improbable pari de se plier sans concession sur l’exigence artistique, à toutes les contraintes qu’impose à la fonction un Ministère que l’on sait un rien dogmatique, notamment en réunissant plus de femmes au sein de son premier ONJ que l’on en compte en totalisant les ONJ passés, exploit qu’il a réussi en recrutant au-delà des frontières avec la ténacité qu’on lui connaît. On sait déjà que son orchestre sera modulable au service de compositeurs extérieurs. On murmure déjà les noms d’Eve Risser, Steve Lehmann, et d’un hommage à Ornette Coleman commandé à Fred Pallem avec Tim Berne en invité… On sait encore que le recrutement d’un ONJ des jeunes a commencé. Un adieu donc, qui n’est en fait qu’un à tout à l’heure ! • Franck Bergerot